Une région française peut-elle anticiper le changement climatique ?

prevoir_pour_agir195 pays de la planète, réunis à Varsovie dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques, viennent péniblement de se mettre d’accord sur un compromis fixant la feuille de route des grandes échéances qui doit conduire à un accord mondial sur le climat en 2015. Dans le même temps, depuis de nombreuses années déjà, de réels efforts sont entrepris à l’échelle locale, particulièrement sur les continents européen et américain, pour faire face à l’impact du changement climatique.

Ainsi, en France, la région Aquitaine mène dans le cadre de son Plan Climat-Energie une politique volontariste en faveur des énergies renouvelables, de la sobriété énergétique et des transports durables. L’objectif du conseil régional est de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Dans cette perspective, une mission pilotée par le climatologue Hervé Le Treut et réunissant de très nombreux scientifiques vient de publier un rapport après deux années de travaux et d’expérimentations. Ce rapport représente la première étude de ce type et de cette envergure jamais menée par une région française, mais le conseil régional d’Aquitaine n’a pas attendu les recommandations de cette publication pour conduire depuis plusieurs années diverses actions visant à consolider des filières industrielles capables de relever le défi climatique.

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La Mondialisation contemporaine (2/2)

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Le  navire porte-conteneurs, symbole de la maritimisation du monde actuel 

1- Quelques  aspects de la mondialisation contemporaine[1]

a-   Les nouveaux enjeux maritimes

La maritimisation du monde actuel constitue à l’évidence un des aspects majeurs de la mondialisation contemporaine. Cette réalité est en rapport avec l’accroissement exceptionnel des mobilités et des échanges, à toutes les échelles, dont le transport maritime représente l’élément central. Jamais le monde n’a été aussi tributaire des flux maritimes et la révolution du conteneur incarne cette capacité d’interconnexion croissante de la planète.

Mais la maritimisation ne se résume pas à la question des transports maritimes. Les mers et les océans sont désormais présentés comme la « dernière frontière » du monde contemporain dont les immenses ressources, prouvées ou espérées, aiguisent les appétits des Etats et des entreprises. Dans cette perspective, le nouveau droit de la mer, mis en place depuis trois décennies, favorise une territorialisation grandissante du domaine océanique, battant ainsi en brèche la traditionnelle liberté des mers. Cette stratégie cherche à fixer des règles pour l’exploitation de l’espace maritime sans pouvoir empêcher les contestations entre les Etats. La modestie des actions de réglementation internationale et les difficultés croissantes liées à la criminalité transnationale comme aux questions environnementales soulignent l’importance des nouveaux enjeux maritimes.

Ceux-ci expliquent la montée en puissance des aspects géopolitiques et géostratégiques des océans provoquant une recomposition des puissances maritimes.

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Bordeaux en son miroir

Bordeaux, la « belle endormie », s’est réveillée maintenant il y a plusieurs années, à tel point qu’une importante partie de la ville, le port de la Lune,  est inscrite depuis 2007 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. L’arrivée d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux en 1995 a incontestablement apporté un souffle nouveau à la gestion municipale après les 48 ans de l’ère Chaban-Delmas (1947-1995) : création du tramway (première ligne inaugurée en 2003), nouveaux ponts sur la Garonne, reconquête des quais, redynamisation de la rive droite, etc. Nouveau visage, nouvelle image. Désormais, Bordeaux figure parmi les  villes préférées des Français (au deuxième rang après Paris selon un sondage BVA réalisé en 2013).

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Photo prise à Bordeaux le 10 août 2011, par Daniel Oster

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Guerlain ou les territoires du luxe français
La nouvelle boutique Guerlain des Champs-Elysées

La nouvelle boutique Guerlain des Champs-Elysées

Guerlain,  l’un des fleurons du luxe français, vient de rouvrir sa boutique historique à Paris. Entièrement rénovée par l’architecte Peter Marino, la boutique est désormais dotée d’un restaurant animé par le chef étoilé Guy Martin.

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Le match Boeing-Airbus arbitré par les compagnies du Golfe

salon_aeroLe 13e salon aéronautique de Dubaï a ouvert ses portes le 17 novembre 2013 et, dès le premier jour, il  a enregistré un montant record de commandes qui profite surtout à l’américain Boeing avec son nouveau long-courrier Boeing 777X. Mais l’européen Airbus tire également bénéfice de ces commandes historiques grâce notamment à son A380, le plus gros avion civil de transport de passagers actuellement en service. C’est du jamais vu. Ce sont les trois principales compagnies du Golfe qui sont à l’origine de cet événement. Emirates de Dubaï, Etihad d’Abu Dhabi et Qatar Airways ont commandé pour environ 140 milliards de dollars dans ce qui s’avère être une nouvelle manche du match Boeing-Airbus, après le salon du Bourget qui avait vu la victoire de justesse de l’avionneur européen sur son rival de Seattle. La bataille entre les deux constructeurs se concentre désormais sur les long-courriers alors qu’elle a longtemps porté sur le marché des appareils moyen-courriers.

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La Mondialisation contemporaine (1/2)

mondialisation_drapeauxSi la mondialisation est devenue incontournable pour appréhender les mutations du monde actuel, il n’est pas toujours aisé de se retrouver dans le maquis, parfois bien confus, des définitions et des notions telles que la mondialisation et la globalisation, sans parler des hypothèses formulées par les chercheurs et des controverses suscitées par la dynamique mondialisante.

1 Est-il possible de définir et de dater la mondialisation ?

Le développement du capitalisme libéral depuis le XIXe siècle se traduit par une expansion géographique continue mais contrariée par les guerres mondiales, le colonialisme et le socialisme. Dans le dernier quart du XIXe siècle, l’internationalisation des échanges ne connaît quasiment plus de limites spatiales. La mondialisation contemporaine favorise la convergence des prix, homogénéise les marchés locaux en un seul marché unique, intégré. Ce qui n’existait à aucune autre époque d’élargissement des échanges, ni à la Renaissance, ni au début du XXe siècle. Sans doute est-ce la raison de l’apparition du terme « mondialisation » en 1961 dans sa version anglaise de « globalization », un terme qui ne s’est imposé véritablement qu’au début des années 1980, il y a donc 30 ans environ. Un terme aujourd’hui dont le contenu fluctue selon les utilisateurs  qui l’emploient. A cela plusieurs raisons :

– La traduction française du terme anglais « globalization » hésite entre « mondialisation » et « globalisation ».

– La mondialisation est un processus, à la fois inédit et en évolution constante.

– L’idée reçue d’un phénomène essentiellement économique, associé au triomphe du capitalisme néolibéral.

– Les jugements de valeur, écartelés entre ceux qui l’encensent et les autres qui l’accusent de dérives préjudiciables à des territoires et des populations considérables, voire à l’ensemble de la Terre sur le plan environnemental.

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Un abécédaire géolittéraire (2/26) : B comme Balcon

un_balcon_en_foretUn géographe qui voyage cherche assez vite à «  prendre de la hauteur », non par un quelconque complexe de supériorité mais plutôt pour embrasser le paysage qu’il découvre. Cette position lui permet d’exercer ses capacités d’analyse spatiale liées à sa formation géographique. Julien Gracq appartient à cette catégorie d’écrivains pour qui un paysage révèle plus facilement ses secrets depuis un promontoire ou un belvédère, ce qui lui fait préférer les vues panoramiques, les vastes espaces et les horizons vertigineux. Dans Un balcon en forêt (1958), dès les premières pages du livre, le personnage principal s’arrête un instant sur un point haut aménagé au bord de la route en lacets pour regarder le paysage de la vallée en contrebas :

« De là le regard effleurait le sommet du versant d’en face, un peu moins élevé ; on voyait les bois courir jusqu’à l’horizon, rêches et hersés comme une peau de loup, vastes comme un ciel d’orage. A ses pieds, on avait la Meuse étroite et molle, engluée sur ses fonds par la distance, et Moriarmé terrée au creux de l’énorme conque de forêts comme le fourmilion au fond de son entonnoir. La ville était faite de trois rues convexes qui suivaient le cintre du méandre et couraient étagées au-dessus de la Meuse à la manière des courbes de niveau ; entre la rue la plus basse et la rivière, un pâté de maisons avait sauté, laissant un carré vide que rayait sous le soleil oblique un stylet sec de cadran solaire : la place de l’église. Le paysage tout entier lisible, avec ses amples masses d’ombre et sa coulée de prairies nues, avait une clarté sèche et militaire, une beauté presque géodésique (…) »

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La Renaissance et le rêve

Musée du Luxembourg, 9 octobre 2013- 26 janvier 2014

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Pâris Bordone, Vénus endormie et Cupidon, Venise, collection G. Franchetti (détail)

Les expositions thématiques s’attachent désormais à explorer des sujets originaux comme cette exposition du Musée du Luxembourg qui montre,  pour la première fois à notre connaissance, la façon dont les artistes de la Renaissance ont représenté le rêve. Même si ce thème est très présent dès l’Antiquité, la Renaissance lui donne une dimension nouvelle entre le XIVe et le début du XVIIe siècle, non seulement dans les arts et la littérature, mais aussi dans la vie politique et sociale, et même les débats théologiques. Les plus grands peintres et sculpteurs européens s’emparent de ce sujet pour l’interpréter de façon très diverse, soit comme la mise en contact avec le divin ou le démoniaque, soit comme le moyen de transfigurer le vécu du quotidien. Et même pour certains, le rêve est perçu comme une métaphore de l’art lui-même. Mais tous doivent tenter de représenter l’irreprésentable, comment peindre l’onirique ? En suivant un parcours débutant à la tombée de la nuit et s’achevant à l’aube, l’exposition entraîne le visiteur dans un monde de rêves et de visions qui témoigne de la puissance de l’art et de l’imaginaire.

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Reims et la Champagne

 Un week-end  champenois, 20-22 septembre 2013

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L’histoire prestigieuse de Reims vaut à la ville des sacres d’avoir 4 sites inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1991. L’autre attraction touristique de la métropole champenoise réside dans la présence de nombreuses maisons de champagne avec leurs caves et leurs hôtels particuliers. Mais les Cafés Géographiques ont préféré  sortir des « lieux communs » pour découvrir différentes facettes de la ville et de sa région : des témoins de l’histoire urbaine de Reims, un joyau Art nouveau (la Villa Demoiselle), des paysages forestiers et viticoles, le fonctionnement d’une coopérative viticole, un spectacle son et lumière, un circuit Art Déco, la visite de la cathédrale guidée par le meilleur spécialiste de ce monument prestigieux, etc.

Ce week-end champenois a été organisé par Daniel Oster, avec le concours de Marc Béteille et les conseils avisés de Maryse Verfaillie, pour un groupe de 30 personnes, toutes adhérentes de l’association des Cafés Géographiques. Dix intervenants ont apporté leur contribution pour éclairer les différents thèmes retenus pour ce séjour tandis que plusieurs participants ont prêté leurs belles photographies qui agrémentent le compte rendu qui suit.

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Un abécédaire géolittéraire (1/26) : A comme Abécédaire

abecedaireLa littérature contemporaine aime les listes, témoignant ainsi de la fécondité des formes de l’abécédaire, du dictionnaire, du florilège et de l’inventaire. Un écrivain comme Gérard Genette, a consacré sa carrière professionnelle à l’étude de la théorie littéraire, notamment le sens du discours et les aspects du langage. Mais il occupe désormais une partie de sa retraite à écrire des ouvrages à la fois savoureux et érudits qui prennent la forme d’abécédaires où l’émotion le dispute à la clairvoyance. C’est ainsi qu’après Bardadrac (2006) ont suivi Codicille (2009) et Apostille (2012). Dans ces trois livres où l’auteur regarde avec humour et tendresse son passé, la géographie n’est pas négligée. Accordant une place importante à son goût des villes et des rivières, aux lacs et aux ponts, aux Etats-Unis et à la France, à ses rêveries géographiques, Gérard Genette révèle une inclination géographique évidente en  même temps qu’un regard capable d’analyser l’espace avec lucidité.

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