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De l’écologie à l’équilibre ?

Café-géo liégeois du 15 novembre 2013.

Intervenant : Emmanuël Sérusiaux, président de Natagora, professeur à l’Université de Liège.

Les débuts de la politique de l’Environnement remontent à 1970 quand le Conseil de l’Europe décrète une « Année de la Conservation de la Nature ». Sont alors fixées les références en matière de protection de l’environnement :

Les problèmes envisagés sont notamment l’énergie nucléaire (sécurité, déchets, usages civils et militaires), l’accroissement de la population humaine et sa pression sur l’environnement, l’usage du plastique, matériau non biodégradable.
La conservation de la nature peut suivre trois grands modèles :

Le modèle européen de protection de la nature se situe hors de ces trois modèles : des espaces délimités, caractérisés par une grande biodiversité, sont accessibles à l’activité agricole. L’homme est ici considéré comme un rédempteur.

La nouvelle écologie s’intéresse au statut de la conservation de la nature, au syndrome de l’équilibre et aux relations homme-monde animal. La conservation de la nature est devenue un métier, un choix dont il faut assumer les coûts.

Dans le modèle de l’équilibre écologique, la politique environnemental « répare » un environnement considéré comme déréglé par la croyance populaire. Dans l’écologie de la trajectoire, la planète est vue comme une réalité dynamique: arrêter l’évolution de la nature est impossible. L’homme doit donc construire un projet en espérant des résultats.

Actuellement, biodiversité et territoires sont en grand danger, notamment suite au développement des pays du Tiers Monde. Il est donc nécessaire de refondre la politique environnementale : la gestion de l’environnement donne une obligation de protection de la biodiversité.

La nature est une dynamique dont nous devrions nous satisfaire.

Débat :

1. Quel est le rôle de l’homme dans l’évolution de la nature, du climat?

Il est responsable de modifications rapides.

2. Si l’écologie est un retour à la nature, une trajectoire, quelle est la voie à suivre?

Le processus consiste à ne pas prévoir l’avenir. Il faut éviter de rester bloquer sur la gestion des problèmes.

3. Il n’y a donc pas de solution?

Il faut travailler sur l’avenir mais il faut changer notre façon d’appréhender les problèmes.

L’écosystémologie a atteint ses limites.

4. Quel est votre avis sur la construction d’éoliennes en Wallonie?

Je ne vois aucun problème sur le principe, tout en sachant que les rendements sont meilleurs dans les régions proches de la mer.

 

5. Et sur l’occupation du territoire et la biodiversité?

La biodiversité est une conséquence de l’activité agricole (introduction d’espèces). Les  pays de l’Est militent pour une politique de protection : laisser la nature évoluer à sa guise, sans entretien. Dans les pays voisins de la Belgique, la nature est considérée comme une dynamique.

6. Que pensez-vous du problème des espèces invasives?

Il faut les gérer, pas les éradiquer, comme aux Pays-Bas où on les laisse en place.

7. Comment intégrer la notion de « trajectoire » dans la conservation de la biodiversité?

L’écologie de la trajectoire a un objectif différent de celui de la conservation : il faut abandonner la « gestion de l’équilibre » pour laisser faire les systèmes naturels en ignorant ce qui adviendra. Ainsi apparaîtront de nouveaux modèles.

8. Que pensez-vous des espaces « Natura 2000 » qui fixent un milieu dans un état non  

    évolutif ?

Natura 2000 ne protège pas la Nature mais des sites d’habitat.

Compte rendu:
Claude Richardeau