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L’impact migratoire du changement climatique au Burkina Faso

Date / Heure
30/03/2016
18:30

Emplacement
Bistrot de Julie

Catégories


« L’impact migratoire du changement climatique au Burkina Faso », par Véronique LAISSAILLY JACOB, Professeur émérite de Géographie à l’Université de Poitiers, le mercredi 30 mars 2016 à 18h30 au Bistrot de Julie, 3 Allée Paul Feuga  (M° et Tram Palais de Justice).

Présentation

La réalité migratoire s’est élargie récemment aux migrations environnementales et climatiques qui effraient et nourrissent des fantasmes d’invasion et de conflits. L’objet de notre présentation est de nuancer ces propos en prenant l’exemple des migrations et déplacements survenus Au Burkina Faso suite aux inondations qui se sont produites en 2009 et 2010. Dans ce pays sahélien où les épisodes de sécheresses sont récurrents, ce sont les fortes précipitations des hivernages récents et l’ampleur des inondations produites qui furent les évènements fondateurs d’une prise de conscience collective du changement climatique et de ses impacts.

carte-inondations-burkina-faso

Les inondations furent meurtrières et destructrices entrainant des mobilités diversifiées des populations sinistrées. Les unes, habitantes des quartiers non-lotis de Ouagadougou, furent prises en charge par les autorités et furent évacuées vers un site de réinstallation dans la grande périphérie de la capitale ; les autres, les plus nombreuses, habitantes des campagnes et des petites villes, oubliées des média et des pouvoirs publics, se déplacèrent à proximité et de façon temporaire, avant de reconstruire dans leur zones à risques. Et dans les communes rurales où une infrastructure vitale comme un barrage-réservoir avait été détruite et non reconstruite par les autorités quelques années plus tard, les jeunes migrèrent en masse pendant la saison sèche pour s’embaucher dans d’autres zones maraîchères ou pour travailler dans des sites aurifères situés au Burkina Faso ou dans des pays voisins.

Nous montrerons que ces mobilités sont en grande partie internes et que leur étude apporte des éléments de compréhension d’une part sur l’Etat et sa capacité à gérer une catastrophe, d’autre part, sur l’injustice spatiale produite entre des sinistrés « visibles » et aidés, ceux de la capitale et des sinistrés « invisibles » et oubliés, ceux du monde rural et des petites villes. En outre, elles éclairent le lien entre absence de réhabilitation des infrastructures et migrations des jeunes et enfin, elles soulignent l’instrumentalisation derrière l’opération d’évacuation et de réinstallation des citadins les plus pauvres de la capitale.

Véronique LASSAILLY-JACOB
Professeur émérite de géographie
Université de Poitiers