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Géographie et littérature (1/2) : Julien Gracq et la géographie

Une première version de ce dossier a été mise en ligne le 24 janvier 2013. Suite à la panne du site, les liens étaient morts et le travail de republication a nécessité un long travail. Voici donc une seconde version – actualisée – du premier dossier sur « Géographie et littérature » concernant l’œuvre majeure de Julien Gracq, avec les liens vers les articles tels que republiés sur le nouveau site des Cafés géographiques.

Pour le lancement de la rubrique « Littérature » des Cafés géographiques, Daniel Oster a consacré les quatre premiers textes à l’œuvre de Julien Gracq, dont la littérature est empreinte de géographie. Comment ne pas commencer cette série de dossiers « Géographie et littérature » avec l’évocation des textes sur Julien Gracq ? Que ce soit dans le Rivage des Syrtes (qu’Yves Lacoste qualifie de « roman géopolitique »), dans La forme des villes ou encore dans Un Balcon en forêt, Louis Poirier (professeur d’histoire- géographie) inspire Julien Gracq (son pseudonyme) : « un écrivain-géographe puise dans sa culture géographique pour nourrir son œuvre »[1]. Et la culture géographique de Julien Gracq (de son vrai nom Louis Poirier) est celle d’un professeur de géographie, particulièrement attentif aux paysages. Les lignes de Julien Gracq « ne peuvent laisser un géographe indifférent. Au détour d’une page, au moment où, la description se fait habituellement plus lâche, plus distante, car en tant que géographes, nous sommes souvent gênés par la rencontre du paysage et de la littérature, soudain nous reconnaissons des mots, une démarche, des attitudes »[2].

Des paysages de l’Amérique (dans Lettrines II) à ceux de la Scandinavie, en passant par les paysages du bocage (La Presqu’île) et par l’image cartographique (Le Rivage des Syrtes, Un Balcon en forêt) et par son « goût pour les zones bordières »[3], Julien Gracq, par sa géographie sentimentale, s’impose comme l’une des références des géographes, par-delà la seule géographie littéraire. Son nom et ses romans sont évoqués dans bon nombre de travaux sur les paysages (paysages ruraux, urbains, de guerre, etc.). Son œuvre interroge l’espace du récit, mais aussi la culture géographique (qui « n’est pas dépoétisante » [4]). Les choix géographiques de Julien Gracq ne doivent rien au hasard : sa culture géographique l’amène à « situer » ses récits, l’espace du récit devenant un personnage à part entière. Par sa capacité à dire ce qu’il appelait le « paysage-histoire »[5], « il posait la question d’un rapport au monde qui fut celui de l’homme du 20e siècle, le surréalisme, les guerres, un rapport qui passait par les paysages et, dans les paysages, par la géomorphologie »[6]

 

La carte des Syrtes selon Yves Lacoste Source : Yves Lacoste, 1987, « Julien Gracq, un écrivain géographe. Le Rivage des Syrtes, un roman géopolitique », Hérodote, n°44, 1er trimestre 1987, p. 29.

La carte des Syrtes selon Yves Lacoste
Source : Yves Lacoste, 1987, « Julien Gracq, un écrivain géographe. Le Rivage des Syrtes, un roman géopolitique », Hérodote, n°44, 1er trimestre 1987, p. 29.

Les textes des Cafés géographiques :

Quelques autres ressources :

Bénédicte Tratnjek

 

[1] Daniel Oster, « Julien-Gracq, un écrivain-géographe (1/3) : des mots et des paysages », Cafés géographiques, rubrique Littérature, 18 novembre 2012.

[2] Jean-Louis Tissier, 1981, « De l’esprit géographique dans l’œuvre de Julien Gracq », L’Espace géographique, vol. 10, n°1/1981, p. 50.

[3] Yves Lacoste, 1987, « Julien Gracq, un écrivain géographe. Le Rivage des Syrtes, un roman géopolitique », Hérodote, n°44, 1er trimestre 1987, p. 13.

[4] Jean-Louis Tissier, 1981, « De l’esprit géographique dans l’œuvre de Julien Gracq », L’Espace géographique, vol. 10, n°1/1981, p. 59.

[5] Julien Gracq, 1995, « Entretien avec Jean-Louis Tissier (1978) », Œuvres complètes, Gallimard, Paris, pp. 1193-1210.

[6] Gilles Fumey, « Julien Gracq, la géographie à l’estomac », Cafés géographiques, rubrique Brèves de comptoir, 27 décembre 2007.