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Iles en Seine en aval de Paris

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La journée «  îles en Seine » a été préparée par Maryse Verfaillie pour l’association Les Cafés géographiques (de Paris). Nous ignorerons Boulogne, ville dotée d’un patrimoine exceptionnel des années 30, où sont nées l’automobile et l’aviation, entre bois et fleuve, tout près de la capitale.

Nous concentrerons nos découvertes sur Billancourt, la ville que Sartre ne voulait pas désespérer, mais qui n’existe plus. Une nouvelle ville pionnière, du XXI ème siècle,  est en cours d’édification sur la ZAC- Ile Seguin – Rives de Seine. Quatre communes sont associées au projet : Boulogne-Billancourt, Issy-les-Moulineaux, Meudon et Sèvres. Une nouvelle fois, les plus grands architectes  sont convoqués : Jean Nouvel, Norman Foster, Dominique Perrault, etc. Il suffit de passer des ponts, d’enjamber des îles  et c’est tout de suite l’aventure…

Historique

Landes, forêts et marécages ont dissuadé l’installation des hommes avant le Moyen Age dans le méandre de la Seine, royaume des lièvres ou repère des canailles. Mais lorsque Louis XIV, « le premier banlieusard » fit construire le château de Versailles en 1682, il fallut lancer un  pont sur la Seine. Il traversait alors l’île de Sèvres devenue île Seguin.

Dès le XVIII ème, les abords de la route royale se couvrent des demeures bourgeoises des commerçants et artisans du roi tandis que des châteaux aristocratiques, ceux des courtisans, s’élèvent sur les coteaux de Sèvres et de Meudon. A l’orée du XIX ème s’invitent les artistes, qui plantent leurs chevalets parmi les coquelicots de l’île Seguin.

Une ville bicéphale : de Boulogne à Boulogne-Billancourt

Au XIX ème, entre 1825 et 1840, un certain monsieur de Gourcuff achète une ferme  et crée un « village de Billancourt » avec son église, ses rues, ses maisons. Ce lotissement, centré sur la place Jules Guesde, est la première opération d’urbanisme billancourtois. De nombreuses usines s’implantent alors : céramique, chimie, parfumerie. Les blanchisseries très nombreuses sur la Seine s’industrialisent. La dernière ne disparaît qu’en 1995 ! Une architecture industrielle naît : de grands ateliers sont couverts de sheds –toits en dents de scie, asymétriques – et sont surplombés de grandes cheminées en brique. Bientôt Boulogne et Billancourt ne feront plus qu’une, résidentielle au nord, ouvrière au sud

Dans les années 1920-1930, les époux Kahnweiler, marchands d’art et mécènes, instituent les « dimanches à Boulogne ». Ils reçoivent : Braque, Satie, Artaud, Max Jacob, Man Ray, Diaghilev, Malraux, Juan gris …. Le maire, André Morizet, entouré d’architectes et d’urbanistes (Le Corbusier, Mallet Stevens, Tony Garnier, etc.) va faire de Boulogne une ville d’art. C’est ici que s’installent les premiers studios de cinéma, ceux qui créèrent le Napoléon d’Abel Gance et la Grande Illusion de Jean Renoir.

Boulogne-Billancourt, ville de modernité et d’inventivité

Et puis un jour, une rumeur mécanique enfle dans la ville, qui devait aboutir à la naissance de la 4 CV Renault, en 1945. Finie la pastorale. Les premiers tanks sont nés à Boulogne-Billancourt. Les usines ont chassé les guinguettes, les fumées ont chassé l’odeur de l’aubépine et du linge frais. Fini les dimanches à Boulogne, bonjour la ville ouvrière.

L’épopée Renault commence en 1898, lorsque Louis met au point sa première automobile. En 1899, il fonde avec ses frères la Société Renault, implantée à Billancourt. D’autres usines d’automobiles s’installent alors, puis des usines aéronautiques, celles des frères Farman et des frères Voisin. L’émulation et la compétition font rage.

L’âge d’or de l’entre deux guerres (1919-1942)

L’histoire de la ville, se confond alors avec celle d’André Morizet, maire presque sans interruption pendant deux décennies. Il lance un véritable programme d’urbanisme qu’il définit ainsi : « Qu’est-ce que l’urbanisme, sinon le souci d’introduire dans nos villes, avec la propreté et des moyens de circulation plus pratiques, le plus possible d’harmonie et de beauté, le plus possible de méthode et de raison. Son œuvre est impressionnante. De grands travaux dotent la ville de groupes scolaires, d’hôpitaux, d’habitations bon marché. Le béton et la brique alliés au décor de céramique se côtoient, bien visibles encore aujourd’hui.

Dans le nord résidentiel de la ville s’élèvent les villas d’architectes les plus prestigieux : Mallet Stevens, Le Corbusier… Sur le nouveau centre géographique naît un nouveau centre administratif avec l’hôtel de ville de Tony Garnier (à visiter de toute urgence si vous ne le connaissez pas). Dans le sud-ouest, tous les terrains sont progressivement achetés par Renault. En 1939, 65 ha déjà sont acquis. Ils constituent ce que l’on appelle le Trapèze.

L’après 2GM

La guerre fit de Boulogne-Billancourt une ville sinistrée. Les usines Renault qui travaillent alors pour l’armée allemande, sont bombardées à quatre reprises par les Alliés. Ils font beaucoup de dégâts collatéraux et des centaines de morts. L’après-guerre est une période de reconstruction, soit sur le bâti détruit, soit sur les premières friches industrielles de l’aéronautique (usines Salmson du Point du Jour, voir ci-après).

Le renouveau des années 1970

Georges Gorse sera l’artisan du renouveau pendant les vingt ans de sa mandature (1971-1991).Les usines ferment les unes après les autres, laissant vides d’immenses friches. Elles seront transformées en ZAC (zones d’aménagement concerté), la première étant celle du Pont de Sèvres. Le nombre de logements sociaux augmente considérablement, accompagné de groupes scolaires et de structures sociales. La superficie des espaces verts passe de 6 à 32 ha. La ligne 10 du métro est prolongée jusqu’au Pont de Saint Cloud.

En 1992, la désindustrialisation s’achève avec le départ de Renault. Toutes les usines sont rasées, les terrains sont dépollués. On fait, à nouveau, appel aux plus grands architectes du XX ème siècle pour faire de Boulogne-Billancourt, une ville tertiaire et résidentielle : Norman Foster, Dominique Perrault, Jean Nouvel, etc.

Début du XXI ème : redécoupages administratifs : GPSO et MGP

 GPSO signifie Grand Paris Seine Ouest, qui est l’un des 12 territoires de MGP : métropole Grand Paris

GPSO signifie Grand Paris Seine Ouest, qui est l’un des 12 territoires de MGP : métropole Grand Paris

 

En  2010 les communautés d’agglomération Arc de Seine et Val de Seine ont fusionné dans un GPSO, lequel est devenu en 2015 un EPT, Etablissement Public Territorial, ayant un projet commun de développement urbain et d’aménagement du territoire. Les 8 communes regroupées sont : Boulogne-Billancourt, Issy-les-Moulineaux, Meudon, Sèvres, Chaville, Vanves, Ville d’Avray et Marne la Coquette. Elles accueillent 314 000 habitants et 22 000 entreprises qui offrent 166 000 emplois tertiaires dans 2,7 millions de m2 de bureaux. Le revenu par ménage y est largement supérieur à la moyenne nationale

Le GPSO constitue le 3è pôle d’emplois après Paris Central et La Défense et son siège est installé à Boulogne-Billancourt, remarquablement située au cœur de ce « papillon » largement axé sur la Seine.

La MGP, créée en janvier 2016, regroupe Paris et les départements de la petite couronne, elle reprend les limites de l’ancien département de la Seine disparu à la fin des années 1960 avec l’avènement du périphérique. Eternel recommencement…

Axes structurants

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Les principaux chantiers s’inscrivent dans le méandre de la Seine, dont la desserte est déjà très variée et qui va encore s’améliorer dans un avenir proche.

La Seine doit redevenir un élément identitaire très fort d’une métropole « Paris – Rouen -Le Havre, dont la Seine est la grande rue » comme le souhaitait déjà Napoléon !

Pour les aménageurs d’aujourd’hui, la Seine doit devenir l’un des grands lieux ludiques métropolitains. Les grands chantiers doivent s’apprécier à l’aulne de ces nouvelles échelles.

Le point du jour

Entrée des usines Renault au début du XXème siècle

Entrée des usines Renault au début du XXème siècle

 

En 1927 les usines Renault couvrent le lobe concave du méandre de la Seine, mais n’ont pas encore atteint l’île Seguin. Du Point du Jour à l’île Saint-Germain, subsistent des traces des années 30, des îlots de rénovation des années 60 et un pôle de télécommunication géant face au pont d’Issy. Au sud-est de Billancourt, depuis le XVIII è la bourgeoisie parisienne fait aussi construire des villas à l’architecture pittoresque. Mais les bords de Seine sont occupés par des guinguettes (Le Moulin Rose, La Belle Meunière) qui tiennent leur promesse d’amusement d’un jour. Les Parisiens y viennent en tramway ou en bateau-mouche.

 L’église de l’Immaculée Conception (années 60)

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Clichés, Maryse Verfaillie

 Une chapelle fut construite au cœur du village de Billancourt, remplacée par une église lorsque Billancourt fut rattaché à Boulogne. Mais les bombardements de la Seconde guerre mondiale l’ont détruite. L’église actuelle, rue du Dôme, est l’œuvre de Maurice Grandjean qui refuse les modèles anciens. Il utilise le béton brut et des verrières aux couleurs vives et à l’iconographie abstraite. Le mobilier est aussi sobre qu’élégant. Le plan de l’édifice est rectangulaire. Il possède une tribune. Le clocher est un campanile à trois cloches.

 La Résidence du Point-du-Jour (années 1958-63)

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La résidence de Fernand Pouillon. Clichés Maryse Verfaillie

 Une des premières reconversions industrielles s’opère sur les friches des usines aéronautiques Salmson. L’architecte, Fernand Pouillon, fut d’abord l’ami d’Auguste Perret et du béton avant de devenir l’ennemi d’Auguste et du béton. « Plus le logement est modeste, plus l’architecture doit être monumentale. Il faut créer de la beauté pour tous » clamait-il. Ici, sur 8 ha, les 25 bâtiments et leurs 2 200 logements s’approchent de son idéal : de la pierre et du verre pour refléter le ciel, des jardins féeriques pour les piétons, des voitures postées à l’extérieur. Ce grand ensemble s’organise selon un plan nord-sud et se déploie jusqu’à la Seine. Les bâtiments nord-sud sont longitudinaux, les bâtiments est-ouest sont verticaux. Les façades exposées au nord présentent une résille rectangulaire et les façades orientées vers le sud montrent de grandes baies vitrées.

Fernand Pouillon a réalisé plus de 50 000 logements en Iran, en Algérie et en France (Vieux-Port à Marseille, Meudon-la-Forêt). Il a aussi fait de la prison pour avoir été à la fois maître d’œuvre et maître d’ouvrage, ce qui est contraire à la loi…Mais cet architecte « du vieillissement » aimait à construire en pierre massive et elle a bien vieilli. Cette résidence a obtenu le label « Patrimoine du XX è » décerné par le Ministère de la Culture.

Le Square de l’Avre et des Moulineaux (HBM des années 30)

Le Square de l’Avre et des Moulineaux (HBM des années 30)

Plusieurs architectes (Bassompierre, de Rutté et Sirvin) ont réalisé ces immeubles commandés par l’Office public des habitations à bon marché du département de la Seine. L’emprise est  rectangulaire, avec une ouverture vers la Seine et des entrées monumentales. Près de 1 000 logements y sont édifiés. Les matériaux sont de coût modique mais de qualité : béton armé pour l’ossature, brique jaune de Paris pour le remplissage et éclats de grès cérame pour le revêtement des murs du rez-de-chaussée. A l’intérieur, les logements affirment les ambitions hygiénistes de l’époque : de la lumière, de l’eau courante, froide et chaude, une cuisine des sanitaires et même des douches.

En quittant les HBM et en logeant la Seine, on contourne le cimetière de Boulogne-Billancourt. Un grand nombre de célébrités y reposent : Albert Khan, Paul Landowski, Jules Ladoumègue, le géographe Jean Brunhes, Juan Gris, ….

Quai du Point-du-Jour, place Abel Gance, pont d’Issy : pôle majeur de télécommunication (années 1990 – 2000)

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Clichés, Maryse Verfaillie

L’industrieux Point-du-Jour n’est plus qu’un souvenir, les ateliers Renault ont disparu ainsi que les studios de cinéma. Une ZAC a produit un pôle tertiaire. L’architecture se veut résolument moderne : façade libres, verre et métal dominent orgueilleusement la Seine sur presque 8 ha, supervisés par l’architecte Jean-Louis Pujol.

L’Espace Lumière de Christian de Portzamparc (cliché de gauche) a ouvert un îlot sur pilotis aujourd’hui occupé par Canal +, Canal Jimmy et Cinécinémas.

Au-delà  du pont d’Issy (cliché de droite) s’affichent la tour de TF1 et la façade d’Atlantis télévision, fabricant de programmes français. Sur le site aussi Ushuaia TV, NT1, TV Breizh et Montecarlo. Si on ajoute France 24 plus OCS, plus Eurosport sur le quai d’Issy Val de Seine, France 3 installé à Vanves et BFM TV, RMC et la Chaîne Météo dans le XV è  … on aura une idée de la concentration extrême des télécommunications !

═ ═ ═   Traversée de la Seine par le Pont d’Issy, construit en 1905 et refait en 1974  ═ ═ ═

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Ile Saint Germain  – commune d’Issy-les-Moulineaux

Topoguide des Hauts de Seine

Topoguide des Hauts de Seine

L’île a longtemps appartenu à l’abbaye de Saint Germain des Prés, puis à celle de Saint Victor. On y coupait les saules et on y tondait l’herbe pour les marchands de bétail et les bouchers. Mais les îles de la Seine sont incertaines, apparaissent puis disparaissent au fil des crues du fleuve.

Au XIX ème, l’aspect champêtre de ce « Bout de Monde » attire les peintres (Jean-Constant Pape, Gustave Courbet) et les guinguettes. Dans un petit bras de la Seine sont amarrés des bateaux-lavoirs où les ouvrières lavent le linge des Parisiens. En 1863 est inauguré le Pont à péage de Billancourt. Le maire d’Issy-les-Moulineaux vend alors la moitié  amont de l’île à l’armée, le reste s’urbanise…. où plutôt se bidonvillise.

En 1973, les municipalités de Boulogne-Billancourt, de Meudon et d’Issy-les-Moulineaux décident, avec le Conseil général des Hauts de Seine la création d’un parc, en lieu et place de la friche militaire. Il couvre 12 ha en 1980 et s’orne de la Tour Dubuffet en 1988. Il est aussi accessible par le Pont d’Issy et par le tram beaucoup plus récent.

Cliché, Maryse Verfaillie

Cliché, Maryse Verfaillie

L’île retrouve, avec l’imposante et colorée Tour aux Figures de Dubuffet sa vocation ludique et artistique.

La partie aval de l’île s’est, dans les 40 dernières années, totalement métamorphosée. Adieu le bidonville, les ferrailleurs et la casse automobile. Bonjour les maisons d’artistes et d’architectes (Jean Nouvel, Philippe Starck). Des promenades longent les berges nord et sud de la Seine qui abritent aujourd’hui des populations très aisées.

Mais les intempéries de ce mois de juin 2016 ont méchamment rappelé aux habitants que l’île reste inondable et que dame nature peut imposer ses caprices.

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═ ═ ═   Nous quitterons l’île par le Pont de Billancourt – Boulevard des Iles   ═ ═ ═

La vallée rive gauche

Cliché, juin 2016. Maryse Verfaillie

Cliché, juin 2016. Maryse Verfaillie

Nous longerons la Seine vers l’aval, sur le GR 22  jusqu’au pied des coteaux de Meudon qui souhaite, avec Issy-les-Moulineaux et Sèvres créer un boulevard urbain de 4 km de long de Paris jusqu’au pont de Sèvres. Les travaux ont démarré en 2011 pour élaborer, sur 20 ha, une voirie automobile (RD7), cycliste et piétonne, de vastes trottoirs et des espaces verts. Le chantier devrait être terminé en 2017.

Cliché, Maryse Verfaillie

Cliché, Maryse Verfaillie

Sur le tronçon que nous parcourrons, on longe le petit bras de la Seine, encombré de péniches qui hébergent à l’année des « pénichards » heureux de l’être ! Et on voit se profiler les berges sud de l’île Saint Germain, auxquelles succèdent les berges de l’île Seguin. Sur le coteau les usines ont laissé la place à un Campus et à la société Gemalco (leader de la sécurité numérique)

—–  12h 30 -14h 00 Déjeuner en commun au restaurant de La Verrerie à Meudon  —–

═ ═ ═  Traversée de la Seine par le Pont Seibert, réservé aux piétons et cyclistes   ═ ═ ═

Île Seguin rive de seine

                                 ZAC labellisée Ecoquartier 2013

Le quartier concerné couvre 74 ha appartenant à la firme automobile Renault. Les usines n’ont fermé qu’en 1992 et elles ont fortement marqué la mémoire collective. Mais, du passé on a fait table rase au profit d’une opération de grande envergure qui se veut pionnière. Ce site exceptionnel, largement ouvert sur la Seine et sur les coteaux de Meudon et Sèvres,  doit recevoir : des logements (dont 1/3 de sociaux), des équipements, des  bureaux, commerces et espaces de loisir. Il s’agit d’accueillir 12 000 habitants et 10 000 emplois ! Bigre !

Il est bon de savoir que la ZAC est en zone inondable, la gestion de l’eau est donc primordiale. Pas moins de 3 réseaux sont prévus pour évacuer les eaux usées dans des jardins publics conçus avec des noues (zones en creux) et reliés à des parkings souterrains susceptibles d’être transformés en bassins  de stockage.

Enfin tous les immeubles doivent être HQE (haute qualité environnementale) ou même THPE (très haute performance énergétique). Se voulant résolument pionnière en développement durable, la ZAC  doit comporter environ ½ de son territoire en espaces verts. On a donc construit des îlots d’immeubles, plus ou moins fermés sur des jardins et reliés par des promenades réservées aux circulations douces. Que d’ambition !

L’ampleur des chantiers pour ne pas dire leur démesure se distingue nettement sur les documents suivants :

Photo prise en 1997, La Documentation Française, n° 8012, Une industrie française ? Jacques Scheibling En 1997 subsistent l’ensemble des usines Renault, sur l’île Seguin et sur les deux rives de la Seine. La première opération sur le pont de Sèvres est effectuée, dominée par des tours imposantes.

Photo prise en 1997, La Documentation Française, n° 8012, Une industrie française ? Jacques Scheibling
En 1997 subsistent l’ensemble des usines Renault, sur l’île Seguin et sur les deux rives de la Seine. La première opération sur le pont de Sèvres est effectuée, dominée par des tours imposantes.

Photo prise en 2011 Connaissance des Arts, Paris, la métropole et ses projets.

Photo prise en 2011 Connaissance des Arts, Paris, la métropole et ses projets.

L’ensemble des usines a disparu. Le chapiteau d’un cirque émerge sur l’île Seguin. Une grosse opération d’urbanisme est visible sur la rive sud et en rive nord, au droit d’une nouvelle passerelle, domine la tour Horizons de Jean Nouvel.

 Le pavillon du Projet

Après la rénovation « douce » de l’île Saint Germain, mettre les pieds sur l’île Seguin est un choc brutal. Les travaux ne font que commencer mais on peut déjà traverser les 4 ha de jardins qui occupent le centre de l’île (voir photo ci-dessus) et qui ont été conçus par le paysagiste Michel Desvigne.

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 Le Pavillon du projet et les coteaux de Meudon/ Cliché Maryse Verfaillie 

Le Pavillon surplombe les jardins. Bâtiment éphémère, il est composé de conteneurs aux couleurs vives. Une exposition présente l’histoire du lieu, du Moyen Age à nos jours, à travers une fresque chronologique. Une maquette montre tous les projets. L’île, libérée des usines, doit devenir un lieu de culture internationale et de divertissements. L’architecte Jean Nouvel a été désigné en 2009 pour piloter le projet urbain de l’île

 

Cité de la musique. Cliché, Maryse Verfaillie

Seul le projet de la Cité de la musique en aval de l’île est déjà très avancé. Il est porté et financé par le Conseil général des Hauts de Seine. Les architectes Shigeru Ban et Jean de Castignes (connus pour la réalisation du Centre Pompidou-Metz) ont déjà réalisé l’auditorium, en forme de nid reconnaissable à sa coque en bois tressé. Initialement, il devait y avoir sur ce site la fondation d’art contemporain de François Pinault.

Les jardins, à peine esquissés aujourd’hui au centre de l’île devront être couverts par une verrière et bordés de commerces et restaurants.

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La pointe amont de l’île Seguin, usines à gauche et friche en attente à droite. Cliché, Maryse Verfaillie

A la pointe amont de l’île, sœur Anne ne voit rien venir, même si toutes les brochures annoncent une cité des arts dessinée par Philippe Starck, avec un Globe (en hommage à Shakespeare), pour accueillir un cirque et un immense R4 destiné à abriter de multiples arts visuels et plastiques.

Les polémiques s’enchaînent sur la réhabilitation de l’île Seguin : Jean Nouvel affirmait en 1999 « on assassine Billancourt, l’asepsie de l’île Seguin est une pâle ineptie….  Ce vaisseau de pierre, la continuité de l’enceinte sur l’eau, lui confère une noblesse qui d’habitude n’appartient qu’aux châteaux ou aux ouvrages militaires. C’est aussi beau que le krak des Chevaliers, c’est le krak des ouvriers, il faut lui donner une nouvelle vie ». Mais le vieux cargo va plus certainement devenir un yacht de luxe…

═ ═ ═  On quitte l’île Seguin par la passerelle du Pont Renault ═ ═ ═

Quartier du Trapèze 

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Depuis le centre de l’île Seguin, encore en friche et au-delà de la Seine et de la nouvelle passerelle on observe, de gauche à droite : les tours du pont de Sèvres, devenues City Lights, un grand ensemble pyramidal des années 70, la tour Horizons, précédée du 57 Métal et en front de Seine l’immeuble  Khapa. Cliché, Maryse Verfaillie

Les travaux du quartier du Trapèze sont très largement avancés et les 37 ha concernés ont déjà belle allure. La passerelle, (Pont Renault conçu par Barani) réservée aux circulations douces, enjambe merveilleusement le fleuve et permet de visualiser tous les grands projets et les grands chantiers. Elle se termine, en pente douce, sur le Cours de l’île Seguin, axe structurant du quartier du Trapèze. Ce Cours est une promenade plantée d’arbres, avec voies piétonnes, voies cyclistes et voies routières. Il est bordé par des tours plus innovantes les unes que les autres.

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Le 57 Métal de Claude Vasconi et la Tour de l’Angle de Jean-Paul Viguier. Clichés, Maryse Verfaillie

Le 57 Métal de Claude Vasconi,  construit en 1984,  a accueilli le centre de communication de la firme Renault. Son toit rappelle le shed des usines aujourd’hui disparues. Il attend une restauration de Dominique Perrault au profit du groupe BNP Paribas Real Estate.

La Tour de l’Angle de Jean-Paul Viguier, de 2008, aujourd’hui occupée par le quotidien L’Equipe,  et plusieurs magazines appartenant au groupe. 35 m de hauteur

Khapa de Sir Norman Foster

Entre la passerelle Renault, le Cours Seguin et la Seine s’affichent depuis 2008, ces tours de verre de modeste hauteur. Siège social d’Ipsen.

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Immeuble Aurelium et Centre cultuel de l’Olivier. Clichés, Maryse Verfaillie

 Aurelium de Dominique Perrault

Livrée en 2009, certifiée HQE, comme ses consoeurs, elle culmine à 35 m de haut et abrite derrière ses façades « en or » des bureaux pour 800 personnes.

Le Centre cultuel et culturel de l’Olivier

Au style très épuré, il accueille la communauté musulmane de la ville. Le maître d’œuvre est Pierre-Louis Faloci. Les cubes blancs offrent une image sobre et introvertie et n’affichent que très discrètement la fonction des lieux qui abritent salles de réunion, de prière, de classe, bibliothèque et tisanerie.

Le quartier du parc de Billancourt

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Le quartier est dominé par la Tour Horizons de Jean Nouvel

Haute de 89 m, elle empile 3 bâtiments de styles différents. Jean Nouvel la décrit comme une non tour, une stratification prétexte à inventer des terrasses, des horizons fictifs qui font interférence avec les collines de Meudon. Son socle accompagne la transition vers le quartier Pont de Sèvres. Elle abrite entre autres, Sodexo et les laboratoires Roche.

Le parc de Billancourt. Cliché, Maryse Verfaillie

Le parc de Billancourt. Cliché, Maryse Verfaillie

Le parc occupe 7 ha. Diverses espèces végétales y sont plantées et il peut se transformer en jardin archipel lorsque les espaces en creux sont inondés, en lien avec le réseau hydraulique mis en place.

La médiathèque de Billancourt. Cliché, Maryse Verfaillie

La médiathèque de Billancourt. Cliché, Maryse Verfaillie

De part et d’autre du parc ont été construits des îlots de résidences de qualité, noyées dans la verdure. Chaque macro-lot est sous la responsabilité d’un architecte. On peut cheminer ainsi jusqu’au centre ville que nous regagnerons en fin d’après-midi au M° Billancourt

Pont de Sèvres et city lights

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La première ZAC de B.B. est celle du Pont de Sèvres. Elle compte 10 ha. On y édifie dans les  années 1970  trois tours, sentinelles symboliques de l’entrée sud-ouest de l’agglomération et des ensembles de logements. Les architectes les ont conçues comme des hexagones aux rayures verticales et ocre. (Photos pp 11 et 12)

Place Haute, urbanisme sur dalle des années 1970. Cliché, Maryse Verfaillie

Place Haute, urbanisme sur dalle des années 1970. Cliché, Maryse Verfaillie

Arcs de cercle, croissants et hexagones se déploient sur 10 ha. Ils  résument le savoir-faire des concepteurs de l’imposante cité qui fête ses 40 ans, Daniel Badani et Pierre Roux-Dorlut.

La cité, emblématique des grands ensembles sur dalle de la fin des trente Glorieuses, attend une rénovation…

City Lights et Tour Horizons. Cliché, Maryse Verfaillie

En revanche, les tours du pont de Sèvres viennent de bénéficier d’une rénovation urbaine de qualité sous l’autorité de Dominique Perrault et elles se nomment à présent « les Citylights ». Les nouveaux modules facettés sont en verre et aluminium avec une structuration horizontale et argentée. Entre les 3 tours, une Place du village rassemble les services. Les tours, inaugurées en 2016, en présence du maître d’œuvre BNP Paribas Real Estate, peuvent accueillir 5 000 salariés. Trois tours et trois occupants prestigieux : SoLocal, numéro un européen de la communication locale digitale (PagesJaunes, Mappy, Comprendre Choisir) General Electric et Gecina pour la 3è et plus petite tour. Le site devra aussi, bientôt,  accueillir la gare du Grand Paris Express.

Ces chantiers, ces ambitions, peuvent sembler démesurés, pharaoniques. Ils suscitent autant d’intérêt que de passion…Mais, d’une île à l’autre subsistent encore quelques îlots de verdure

 Ile Seguin (amont) vue de l’île Saint Germain (aval)

 

                              Septembre 2016
Maryse Verfaillie

Bibliographie

Editions du Patrimoine Boulogne-Billancourt, Ville d’art et d’histoire, Frédéric Ferney, 2009