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La Rochelle, en Charentaises ?

[21-23 mars 2014]

Se laisser conquérir par des promontoires qui avancent gaillardement vers le large et portent La Rochelle, fière et rebelle et la, militaire,  presqu’île de Fouras…
S’enfoncer dans les marais entre Charente et Seudre, façonnés en marais salants, en polders, en bassins ostréicoles…
Découvrir les multiples convoitises dont la Charente Maritime a été l’objet : entre Hollande, Angleterre et royaume de France, entre catholiques et protestants….
Profiter de la douceur poitevine, de l’immense patrimoine militaire et civil…
La vague et le vent vous ont tenté ?

Le voyage a été organisé par Maryse Verfaillie pour l’association Les Cafés Géographiques (de Paris). Gabrielle Labescat spécialiste en aménagement du territoire a été à nouveau notre intervenante pour la durée du séjour.

La Rochelle (Charente-Maritime) : le Sud-Ouest bénéficie d’un rayonnement touristique international : le port des Minimes à La Rochelle est un des premiers ports européens de plaisance de la façade atlantique.

La Rochelle (Charente-Maritime) : le Sud-Ouest bénéficie d’un rayonnement touristique international : le port des Minimes à La Rochelle est un des premiers ports européens de plaisance de la façade atlantique.

Histoire et Histoires

En quelques dates

1122-1204 : Aliénor d’Aquitaine règne sur toutes les régions côtières de l’atlantique.

1562-1598 : les guerres de Religion prennent fin avec l’édit de Nantes promulgué par Henri  IV

1603-1604 : Samuel de Champlain, géographe-navigateur né à Brouage, fonde Québec

1624 : Richelieu devient le Premier ministre du roi Louis XIII

1627-28 : siège et prise de La Rochelle par Richelieu

1685 : révocation de l’édit de Nantes et expatriation de nombreux protestants.

1790 : création des départements, la Charente Maritime remplace l’Aunis

1856 : ouverture de la ligne de chemin de fer Poitiers-La Rochelle

1890 : inauguration du port de La Pallice par le président Sadi Carnot

1966 : construction du pont-viaduc reliant l’île d’Oléron au continent

1988 : construction du pont-viaduc reliant l’île de Ré au continent

 

Le Cardinal de Richelieu sur la digue pendant le siège de La Rochelle

Le Cardinal de Richelieu sur la digue pendant le siège de La Rochelle

 

L’attractivité naturelle du littoral est forte

Les côtes charentaises voient affleurer en alternance des roches dures et des roches tendres.

– Les roches dures résistent à l’érosion et donnent naissance à des promontoires (pointe de La Pallice) parfois prolongés par des îles. Ainsi, les côtes de l’Aunis sont protégées par un archipel charentais composé de l’île de Ré, au nord, de l’île d’Oléron et Fort Boyard à l’ouest, de l’île Madame au sud.

– Les roches tendres sont évidées par l’érosion qui creuse des baies (anse de La Rochelle).
Les baies voient s’accumuler les sédiments, elles se comblent naturellement puis par l’action anthropique qui accélère le mouvement en développant marais salants, polders, mytiliculture et ostréiculture.

– Trois fleuves échancrent le littoral : la Sèvre Niortaise, la Charente et la Seudre. Leurs embouchures connaissent la même évolution que les baies.

La paisible vallée de la Charente  déroule lentement ses méandres escortés de peupliers, dans de grasses prairies inondées en hiver. Henri IV disait que c’était le plus beau fossé de France. Jadis la batellerie y était prospère et les gabares transportaient sel, poissons, pierre de taille, et « brandevin »… devenu cognac. Au XX ème siècle, 3 ponts l’enjambent, le pont transbordeur de 1900,  le pont levant de 1967, déjà détruit au profit du haut pont de 1991.

L’archipel charentais, qui détermine une sorte de mer intérieure appelée Mer des Pertuis a très tôt suscité la convoitise des hommes.

Les courants de marée entre îles et littoraux maintiennent des passes profondes appelées pertuis (Pertuis de Maumusson).

Le marais poitevin

Le marais poitevin

Les marais sont une des composantes essentielles de ce territoire où la nature est reine.  Façonnés aux cours des siècles par l’homme, ce sont des zones humides dont l’écosystème est fragile. Les oiseaux, les espèces migratoires dont les cigognes, sont nombreux à en profiter.

Importance des fonctions militaires du littoral charentais

Le littoral charentais devient très tôt un enjeu des rivalités des royaumes de France et d’Angleterre. Quelques dates pour résumer :

 – de 1630 à 1640 : construction des remparts de Brouage, qui devient arsenal de la marine royale par la volonté de Colbert en 1665

– 1666 : construction de la ville et de l’arsenal de Rochefort par le même Colbert

– 1699 : Vauban fortifie l’île d’Aix.

Au début de la Guerre de 7 ans, le 23 septembre 1757, la flotte anglaise réduit au silence les défenses du fort de l’île d’Aix et les troupes anglaises débarquent sur l’île pour capturer la garnison.

Sous le Premier Empire, l’île d’Aix est transformée en île forteresse et devient la clé de voûte du dispositif de défense de Rochefort. En  avril 1809 l’escadre de Rochefort est détruite par les Brûlots anglais (bateaux chargés de matières explosives). Napoléon y débarque pour 4 jours en 1815. Ce sera sa dernière résidence en terre française avant son exil à Saint Hélène.

Le fleuve Charente, étant par endroit peu profond, les vaisseaux à fort tirant d’eau, construits à Rochefort ne peuvent y être armés, au risque de s’échouer au moment de gagner l’océan. Durant cette phase d’armement, ils sont très vulnérables et à la merci d’une attaque ennemie. Il faut donc les placer sous la protection des forts. Toutefois, la portée de l’artillerie n’excédant pas 1500 m à l’époque, il est impossible de verrouiller le pertuis d’Antioche entre les îles et le continent. Il faut attendre le XIX è, avec la construction des forts d’Enet, Boyard et Liédot et l’invention dans les années 1850 du canon rayé qui multiplie par trois la portée de l’artillerie, pour qu’un verrouillage de la rade soit obtenu.

Des terres de protestantisme

En Poitou et dans les pays charentais, la Réforme atteint, au milieu du XVI è, toutes les classes de la société (bourgeoisie et peuple des villes, paysannerie, noblesse). En l’espace d’une génération, il semble que le tiers de la population soit passée au protestantisme.

La Rochelle élit son premier maire protestant en 1562 et fait tôt figure de « capitale » de la Réforme. Un synode y définit en 1571 la Confession de foi de La Rochelle, acceptée par toutes les communautés réformées du royaume. L’année suivante, les troupes royales assiègent une première fois la ville, sans succès.

L’Edit de Nantes (1598) prend acte de la force des protestants dans la région : ils obtiennent 8 places de sûreté en Poitou : 5 en Aunis et 3 en Saintonge. En 1624, Richelieu accède au pouvoir et se montre résolu à briser le parti huguenot. L’occasion lui en est fournie par le débarquement dans l’île de Ré, de forces anglaises commandées par Buckingham. La Rochelle ayant choisi le camp anglais, Louis XIII et Richelieu font bloquer l’entrée du port par une digue et décident d’obtenir la reddition de la ville par la famine. Le 28 octobre 1628, la ville capitule : sur 27 000 habitants recensés en 1627, 5 400 sont encore en vie.

Avec la révocation de l’édit de Nantes en 1685, une émigration considérable touche les pays charentais.

Le commerce maritime et l’or blanc

Au Moyen Age, l’Europe du Nord et les grandes villes de la Hanse (grandes consommatrices de poissons salés) s’approvisionnaient en sel sur le littoral charentais et dans ses îles.

Anglais et Flamands appréciaient aussi les vins de l’arrière-pays. C’est l’origine de la fortune de La Rochelle, fondé au XII è. Cela explique aussi pourquoi Aliénor d’Aquitaine, lors d’un séjour dans l’île d’Oléron en 1199, fit rédiger les « rôles d’Oléron », premier code maritime adopté ensuite par les Bretons, les Normands, les Anglais, etc.

Du XI è au XVIII è siècle, des marais salants bordent presque tout le littoral charentais et constituent une richesse impressionnante. Puis la mer recule, les marais s’ensablent et deviennent des « marais gâts » générateurs de fièvres.

Au XVII è, le commerce du sel décline, tandis que s’accroît celui du vin, et plus encore du « brandevin », futur cognac. La Rochelle commerce avec l’Amérique, elle pratique la pêche à Terre neuve

Au siècle suivant, La Rochelle, comme Rouen, Nantes et Bordeaux, tire de grands profits de la traite des Noirs. Le XVIII è siècle voit l’apogée de ces espaces portuaires.

Le littoral charentais aujourd’hui

Carte des régions littorales aujourd’hui, dans La France des régions, Bréal

Carte des régions littorales aujourd’hui, dans La France des régions, Bréal

 

Les marais salants abandonnés ont fait place à l’ostréiculture. Les fonctions militaires sont devenues très secondaires, mais l’activité du complexe portuaire de La Rochelle reste importante

C’est  le tourisme qui fournit aujourd’hui l’essentiel des ressources. Son essor tient à l’ensoleillement important, exceptionnel sur la côte atlantique, et à l’attrait des paysages entre terre et mer. Les îles, demeurées un peu à l’écart, avaient préservé tout leur charme, jusqu’à ce que des ponts les relient au continent (Oléron en 1966 et Ré en 1988). Chacune affronte à présent des touristes par milliers.

Les Charentais sont-ils toujours des Cagouillards ?

Leur indolence les fit surnommer « Cagouillards, nom d’un petit escargot de vigne. En réalité, le Cagouillard alliait un subtil sens des affaires à beaucoup de finesse : on dit qu’il se débarrassait des intrus en leur offrant une piquette, surnommée « chasse-cousin ».

La gourmandise des Charentais et leur penchant pour le bon vin s’expriment dans le proverbe : « les Charentais boiront du lait quand les vaches mangeront du raisin.

Dans les marais et les îles, les femmes portaient autrefois une coiffe rouge destinée selon la légende à décourager les entreprises galantes de l’envahisseur anglais, d’où son nom de quichenotte (kiss not : n’embrassez pas).

 Promenades sur le littoral

 

La presqu’île de Fouras

La presqu’île de Fouras

La presqu’île de Fouras

Dès le XI siècle, un château est érigé sur la côte sud. Il surveille les Barbares ou les Normands venus de la mer. Le donjon est transformé en forteresse par Vauban. Après 1666  elle occupe une position stratégique dans la défense du port de guerre de Rochefort. Elle fait face aux Hollandais au XVII è et aux Anglais au XVIII è. Le château est actuellement un musée régional qui retrace l’histoire de la cité, militaire, maritime, balnéaire.

Etablie à la base de la presqu’île, la station balnéaire de Fouras offre aujourd’hui cinq plages de sable fin à sa clientèle familiale et paisible ainsi qu’une ceinture verte (bois d’essences variées : chênes verts, tamaris, pins) qui cache un Casino. Sur la côte nord-est sont implantés un port et une école de voile, cernés par des carrelets. Ces attributs ont permis à la municipalité de reconfigurer officieusement le nom de la station en « Fouras-les-Bains ».

Depuis l’extrémité de la pointe de la Fumée, au-delà des parcs à huîtres, une vue étendue permet (par grand beau temps) de voir les îles Madame, d’Oléron, d’Aix, de Ré, ainsi que fort Boyard, rendu célèbre par l’émission de télévision éponyme. Des croisières inter-îles sont organisées, l’île d’Aix célébrant la venue de Napoléon en 1808 et en 1815.

A marée basse le fort d’Enet est accessible à pied et à marée haute on pêche la crevette.

 

 

Le bassin de Marennes Oléron

 

En arrière de l’île d’Oléron qui la protège, l’embouchure de la Seudre a vu se développer, sur d’anciens marais salants, le bassin ostréicole  de Marennes Oléron, mondialement connu.

Marennes est une petite ville de  4 500 habitants, installée sur la rive droite de la Seudre. Elle est dominée par le clocher de l’église Saint Pierre-de-Sales de Marennes qui culmine à 85 m de haut. Il servait  de phare (amer) aux navigateurs. Il subsiste un chantier naval de quelques usines. Un chenal court jusqu’au port de Cayenne.

 

Plan de Marennes-La Cayenne

Plan de Marennes-La Cayenne

Le bassin produit des huîtres vertes. Il est étendu sur 6 000 ha entre l’embouchure de la Seudre, la côte Nord de Marennes et la côte Est d’Oléron. Il compte 2 000 exploitations ostréicoles et 3 000 ha de parcs.

– Le naissain est fixé sur des collecteurs pendant 18 mois puis se développe, en poche à très fin maillage dans des parcs en mer. Chaque parc a ses spécificités, comme des parcelles de vigne.

– Ensuite les huîtres sont transportées  pour l’affinage dans les claires (anciens marais salants) qui communiquent avec la mer à marée haute et permettent une alimentation en eau salée. Elles engraissent et verdissent pendant 2 mois. Une algue microscopique, la navicule bleue y provoque le verdissement. Les huîtres sont ensuite vendues sous les dénominations « spéciales de claires ou fines de claires ».

– Dernière étape : le dégorgeoir pendant 2 jours. Puis elles sont conditionnées pour la vente dans une cagette en peuplier ou en châtaignier. Il faut  3 à 4 ans pour atteindre la taille adulte.

Les huîtres plates (marennes) sont indigènes et rares. L’introduction des huîtres creuses (portugaises) date du Second Empire.

En  1989 les ostréiculteurs de Marennes Oléron ont obtenu le premier Label Rouge pour un produit de la mer et en 2009 l’Union Européenne a enregistré l’appellation « Huîtres de Marennes Oléron » en indication géographique protégée (IGP).

A titre informatif, la production française d’huîtres est d’environ 130 000 tonnes par année. La France représente l’essentiel de la production européenne (environ 90 %). La Chine est le premier producteur mondial avec environ 3,7 millions de tonnes  devant le Japon, la Corée du Sud, les USA et la France en 5ème place [chiffres du comité national de la conchyliculture].

Le port de la Cayenne est à la fois le port de plaisance et le port ostréicole de Marennes.  

Il est constitué de 3 parties : le port de plaisance, aux portes du centre-ville de Marennes, le chenal de la Cayenne et le port ostréicole sur l’embouchure de la Seudre.

– Le port de plaisance correspond à l’ancien port de commerce que fréquentaient les gabares chargées de sel et d’huîtres au Moyen Age. Aujourd’hui il peut accueillir 300 bateaux de plaisance à voile et à moteur.

– Le chenal s’étire sur 4 km de long. Il voit passer les plaisanciers et il est bordé par des établissements ostréicoles environnés de claires. De nombreuses cabanes ostréicoles peintes de couleurs vives abritent les différentes activités et les hommes.

La Cité de l’Huître, créée en 2006, située le long du chenal de la Cayenne, entre claires et cabanes ostréicoles,  est un pôle-découverte départemental consacré à l’ostréiculture.  Il n’est ouvert que pendant la belle saison. Il attire environ 30 000 visiteurs.

-Le chenal débouche sur le port ostréicole qui forme un groupe compact de cabanes. Dès 1904, une voie ferrée avait été aménagée le long du chenal pour permettre l’expédition des huîtres. Mais elle a été remplacée par la route actuelle. Deux embarcadères complètent les installations ostréicoles : l’un assurait la liaison avec l’île d’Oléron avant la création du viaduc en 1966 et l’autre la traversée de la Seudre jusqu’à La Tremblade avant la construction du pont sur la Seudre en 1972. En été un bateau passeur continue à assurer la liaison avec le port de La Grève à La Tremblade, de l’autre côté du fleuve Seudre. Un parking belvédère permet aux touristes de profiter des bars, restaurants et autres cabanes de dégustation des huîtres qui ceinturent le port.

Aujourd’hui, touristes et retraités (résidents secondaires ou permanents) font vivre la région.

Le Château d’Oléron, ancienne ville fortifiée, est aujourd’hui reliée par le viaduc le plus long d’Europe (3 km) au continent.

Brouage

 

La cité à la fin du XVII è

La cité à la fin du XVII è

La ville a été créée vers 1555 par Jacques de Pons.

Placée à l’entrée de l’ancien golfe de Saintonge, elle était le port et la place de commerce du sel récolté dans les marais salants alentours. Elle bénéficia rapidement de remparts, corsetant un carré de 400 m de côté. Des navires venaient de toute l’Europe pour charger la précieuse denrée. La cité, fut une Babel où on parlait toutes les langues, l’Europe du Nord s’y approvisionnant en sel et en vins de l’arrière-pays.

Mais les guerres de religion éclatent et transforment le port de commerce en place forte passant successivement aux mains des protestants et des catholiques qui s’en emparent définitivement en 1578.

Le Saintongeais Samuel Champlain, originaire de Brouage fonde pour le roi Henri IV, la ville de Québec en 1608. Il consacrera sa vie à arpenter ces terres méconnues qu’on appellera la Nouvelle France.

L’Or blanc assura la richesse de Brouage avant que Richelieu ne décide, en 1627  d’en faire un port de guerre qui lui permettrait d’assiéger La Rochelle. La ville avait déjà 4 000 habitants et sa physionomie actuelle : des remparts sur les quatre côtés du carré, des rues à tracé orthogonal, des forges, des magasins, une halle aux vivres, des poudrières et des casernes. Colbert y fit construire un grand arsenal en 1665.

La citadelle de Brouage

La citadelle de Brouage

Etoile de pierre au cœur du marais, « le plus beau havre de France » s’envase rapidement, les marais salants s’assèchent et les remparts de Vauban ne dominent plus aujourd’hui que le silence, dans le vent salé de l’océan.

Outre la promenade sur les remparts, la ville mérite un arrêt dans la Halle aux vivres où étaient entreposées les vivres de la garnison. Restaurée en 1991, elle abrite actuellement une exposition permanente sur l’histoire de la ville.

Rochefort

 

Le port de Rochefort au XVIII è. Tableau de Joseph Vernet

Le port de Rochefort au XVIII è. Tableau de Joseph Vernet

 « A la voir si calme, au long de son petit fleuve, tranquille, épanouie, fondue dans le paysage et comme faite pour lui, qui croirait que la ville de Rochefort fut un jour décidée »

Erik Orsenna, Rochefort et la corderie royale, 1995.

Pour tenir La Rochelle en respect, Richelieu avait fait fortifier Brouage, érigé en port de guerre. Mais le havre de Brouage s’ensabla très tôt. Aussi Colbert, dans les années 1660, dut-il chercher un autre site : le choix s’arrêta sur l’estuaire de la Charente. C’est l’origine de Rochefort. C’est tout un territoire qui se met au service de la construction navale militaire. L’ensemble forme pour la première fois en France, un complexe de ville-arsenal idéale.

 

Site de l’arsenal maritime de Rochefort

Site de l’arsenal maritime de Rochefort

Sur le front du fleuve l’arsenal s’étire sur 2km et présente une succession de bâtiments. Il rassemble magasins, ateliers et cales pour la construction de navires de guerre.

Premier ouvrage achevé, la Corderie Royale due à Blondel, édifiée de 1666 à 1669 est exceptionnelle par sa forme basse et très allongée (374 m) nécessaire pour fabriquer des cordages d’une encablure (185,2 m). Son caractère majestueux est le symbole de la puissance royale.

En arrière, sur un éperon calcaire, l’intendant Bégon construit à l’intérieur des remparts de 1676, une ville neuve : plan orthogonal, îlots réguliers, maisons alignées sur rue, en calcaire de Crazannes.  « Il trouva une ville en bois et il la laissa en pierre », dit son épitaphe.

L’embellissement de la ville se poursuit jusqu’au milieu du XIX è par le percement de puits, le pavage des rues, l’édification d’hôtels particuliers.

 

Plan de la ville de Rochefort

Plan de la ville de Rochefort

Le développement économique reste soutenu jusqu’au début du XX è. Le chemin de fer arrive et en 1900 est construit le pont transbordeur. Mais une longue période de difficultés commence. La ville atteignait 20 000 habitants en 1800 et au début du XX è la population de Rochefort  avec 37 000 habitants, surpassait celle de la Rochelle (34 000).

Elle ne s’est pas accrue depuis lors, en raison de la disparition des fonctions historiques de la ville : suppression de la préfecture maritime en 1919 et fermeture de l’arsenal en 1927. Peu d’industries ont pris le relais et peu d’activités tertiaires ont été créées. Aussi la ville de Rochefort a connu un chômage élevé.

Elle ne compte aujourd’hui que  27 500 habitants. Elle est cependant dotée de l’Ecole de la marine nationale et de l’armée de l’air, ce qui lui assure quelques retombées économiques : équipements aéronautiques et automobiles.

Mais un renouveau se fait sentir depuis les années 1970. Rochefort redécouvre son patrimoine et devient une ville touristique

La Société de Géographie de Rochefort, fondée en 1806 a été installée dans la plus vieille église, la Vieille paroisse, qui abrite également un musée archéologique. La maison natale de Pierre Loti devient un musée. Le pont transbordeur est sauvé en 1976, après son classement en tant que Monument Historique.

La Corderie Royale est restaurée et transformée en Centre international de la mer en 1985. Puis dans les années 1980, le site de l’arsenal est réhabilité ainsi que les quatre formes de radoub.

Le Chantier de l’Hermione, est le projet phare de la cité.

Cette frégate qui mena La Fayette au secours des insurgés américains en 1780 est aujourd’hui rénovée en quasi totalité.

La révolte des colons de l’Amérique anglaise en 1776 donne à la France l’opportunité d’une revanche sur l’Angleterre, moins de 15 ans après la fin désastreuse de la Guerre de Sept ans et la perte de presque toutes les possessions d’Outre Mer. Le roi commande à la hâte 6 frégates à l’arsenal de Rochefort. En moins de 6 mois, l’Hermione est prête à prendre le large.

Elle est construite sur une cale au bord de la Charente entre l’arsenal et la corderie qui fournissent tout ce qui est nécessaire. Elle va descendre le fleuve Charente le 18 mai 1779, puis après quelques missions dans le Golfe de Gascogne, recevoir à son bord, pour la traversée de l’Atlantique, le marquis de La Fayette.

L’avancement des travaux en mars 2008

L’avancement des travaux en mars 2008

De 1997 à 2014, il aura fallu 17 ans pour restaurer la frégate que nous voyons aujourd’hui. Le défi est de taille : reconstruire le plus fidèlement possible à la frégate d’origine (navire de plus de 65 m de long portant 3 mâts et 2 200 m² de voilure avec une coque entièrement en chêne), tout en tenant compte des contraintes règlementaires actuelles, notamment en matière de navigabilité. Le chantier est installé dans une forme de radoub (classée monument historique) à quelques encablures de la Corderie Royale, sur le site de l’ancien arsenal de Rochefort. La restauration a été menée dans le respect des traditions, en faisant appel à des charpentiers de marine, menuisiers, forgerons et voileurs, gréeurs et des sculpteurs de marine spécialisés. Ouvert au public toute l’année depuis 2009 le chantier a accueilli en moyenne 250 000 visiteurs par an et n’a pas à rougir des 3,7 millions de visiteurs qui sont venus en fouler les planches depuis le début de la construction. La fin du chantier est prévue pour la fin de l’été 2014. Avec l’accord des autorités maritimes, l’Hermione devrait ensuite prendre la mer en septembre 2014 pour une durée d’environ deux mois afin d’effectuer des essais techniques et d’entraîner ses marins, avant son ultime départ vers l’Amérique au mois d’avril 2015. S’ensuivra un parcours de près de 4 mois avec un équipage de plus de 70 hommes à travers les Etats-Unis (Norfolk, Baltimore, Philadelphie, New-York, Boston, Halifax) avant le retour de la frégate à Rochefort, son port d’attache, afin de présenter le navire au public et effectuer régulièrement des navigations exceptionnelles, pour des grands rassemblements de « vieux gréements ». Mais cela est un autre voyage !

 

L’Hermione en 2013

L’Hermione en 2013

Un espace vert, le Jardin des Retours, sert aujourd’hui d’interface entre la ville et la rive du fleuve. Il célèbre les expéditions maritimes botaniques qui ont ramené des palmiers, des magnolias, des tulipiers de Virginie et les bégonias, nom donné en l’honneur de Monsieur Bégon, l’intendant constructeur de la ville.

 Le  pont transbordeur

Gravure ancienne du pont transbordeur

Gravure ancienne du pont transbordeur

Ce chef d’œuvre d’architecture métallique construit en 1900, domine la Charente de 50 m. Ce pont transbordeur est le dernier ouvrage de ce type conservé en France. Ceux de Bordeaux, Brest, Marseille, Nantes et Rouen ont disparu. Il remplace le bac qui existait jusqu’alors.

Il s’agit d’un système ingénieux mis au point par Ferdinand Arnodin : deux pylônes métalliques supportent un tablier sur lequel glisse un chariot grâce à un système de rails.

Une nacelle suspendue au raz de l’eau, permettait de relier les deux rives sans gêner la circulation maritime. Elle pouvait contenir des voitures et jusqu’à 200 personnes. Détrôné par un pont levant en 1967, classé en 1976 puis restauré, le pont sert désormais aux piétons.

Le pont transbordeur et le pont contemporain

Le pont transbordeur et le pont contemporain

Remis en tourisme en 1994, il accueille aujourd’hui piétons et cyclistes désireux de tenter l’expérience de la traversée. Sur la rive gauche, l’ancien hangar de maintenance du bac a été transformé en centre d’interprétation ouvert en saison.

La ville de la Rochelle

(Source NED n°4394-4395, 24 juin 1977)

(Source NED n°4394-4395, 24 juin 1977)

 

Histoire de La Rochelle

Capitale de la province de l’Aunis qui s’étendait jusqu’à Rochefort et Marennes, La Rochelle, fut un simple village de sauniers et de pêcheurs de l’époque gallo-romaine jusqu’au  haut Moyen Age.

Elle devient au XII è siècle  le principal port de l’Atlantique grâce à sa situation abritée des fureurs océanes par les îles de Ré et d’Oloron ; Elle fait alors commerce du vin et du sel.

Au XVI è siècle elle devient un bastion du protestantisme dont la quasi-indépendance par rapport au pouvoir royal dure jusqu’au siège mené par Richelieu en 1627-28.

Le négoce transatlantique des fourrures, des épices et de la mélasse, et la traite des Noirs, feront néanmoins sa fortune jusqu’à ce que la révolte haïtienne et la Révolution française ne la frappent au cœur.

De ports en ports

Les vieux bassins

Les vieux bassins

Le port ancien compte 3 bassins. Ils accueillaient jadis militaires et pêcheurs.

Le premier port,  le Vieux Port, est installé en fond de baie. Cerné de quais, encadré par des tours défensives, il n’accueille plus aujourd’hui que de petits bateaux de plaisance. Il communique avec le Bassin à flot où s’amarrent d’autres yachts.

A l’intérieur de la ville le Bassin de retenue est alimenté par un canal amenant les eaux de la Sèvre. Il se poursuit par le canal Maubec encadré d’autres quais qui traversent le vieux quartier Saint Nicolas.

En aval de ces ports a été construit le Bassin des chalutiers. Il est beaucoup plus vaste et recevait initialement les activités de la pêche. Deux passerelles permettent de l’enjamber. Il est aujourd’hui bordé par l’Aquarium.

Le port moderne compte 4 pôles majeurs

 

La Pallice

La Pallice

De nouvelles infrastructures, beaucoup plus vastes, accueillent les activités portuaires aujourd’hui.

La Pallice à 5,5 km à l’ouest, constitue le port de commerce.  Il a été créé à la fin du XIX è. Il peut recevoir des cargos de 14 m de tirant d’eau et dispose d’un môle d’escale pour recevoir les grands navires. Il est aussi doublé d’un port escale pour les paquebots de croisière entre la Scandinavie et les Caraïbes. Le port de La Pallice a vu son trafic baisser (1997) et l’avenir de maintes industries rochelaises est mal assuré.

C’est également à La Pallice que le nouveau port de pêche a été transféré, sur le site de Chef de Baie. Mais il subit la crise de la pêche.

 

Le port de plaisance des Minimes

Le port de plaisance des Minimes

A  l’entrée de la baie, en rive sud se trouve le  port de plaisance des Minimes. Il compte 3 bassins en eau profonde, accueille plus de 3.000 quillards mais manque pourtant de place, comme la grande majorité des ports français. Deux extensions sont en cours de réalisation, au bout des 2 digues du Bout et du Lazaret. Ces nouveaux espaces devraient permettre d’accueillir 1 100 bateaux supplémentaires dès l’été 2014.

Autour du port se sont  édifiés une zone d’habitation et un pôle universitaire (Fac de droit, grandes écoles, IUT).

Architectures militaires

Les trois tours alignées

Les trois tours alignées

Les tours maritimes constituent les vestiges d’un formidable programme de fortifications datant du XIV è siècle. Elles se présentent alignées et participent au prestige de la ville et sont des  marqueurs d’espace. Elles furent épargnées lors du démantèlement des fortifications par Richelieu, après le siège de 1628.

La Tour Saint Nicolas, édifice militaire, témoigne de la puissance et de la richesse de la ville. Haute de 42 m, elle est construite sur un fond instable et ses fondations sont constituées par un radier de pieux en chêne. Complexe, son plan pentagonal consiste en un cylindre flanqué d’excroissances semi-circulaires et d’un éperon côté mer. Dans l’épaisseur des murs, la tour est dotée d’un système de communication unique, axé sur une vis à double révolution, isolant la montée noble de la montée défensive. Elle associait fonction de défense et fonction de résidence du gouverneur.

La tour de la Chaîne, située en pendant, permettait le contrôle de l’entrée des navires dans le port pour le paiement des taxes. Elle doit son nom à la grosse chaîne qui y était fixée et avec laquelle on fermait le port la nuit. Elle fut aussi utilisée comme poudrière.

La rue sur les murs relie la tour de la Chaîne à la tour de la Lanterne. Elle emprunte la courtine du rempart médiéval.

La tour de la Lanterne concilie soucis esthétiques et impératifs militaires. Une fine lanterne en son sommet servait jadis de fanal aux navigateurs. Ensuite, elle servit de prison aux « carbonari » (les Quatre Sergents de La Rochelle).

Le casino et la plage de la Concurrence

Le casino et la plage de la Concurrence

Un parc a été aménagé sur les glacis et dans les fossés des anciennes fortifications : le parc Charruyer qui se prolonge à l’ouest par le mail, promenade favorite des Rochelais puis jusqu’à la Plage de la Concurrence ouverte  en 1900. Un Casino fait face à la mer, environné de jardins en terrasses.

Porte de la Grosse Horloge

Porte de la Grosse Horloge

La porte de la Grosse Horloge  est le seul vestige de l’enceinte du XII è, elle donne sur le port et commande l’entrée dans la vieille ville.

Portes d’entrées maritimes, ces 4 portes accueillent aujourd’hui les visiteurs. Elles sont devenues au fil des siècles les emblèmes de La Rochelle, véritable décor de carte postale.

Architectures civiles

La Rochelle conserve dans ses rues du centre-ville le témoignage d’une architecture civile liée tant au négoce provincial qu’aux activités mercantiles maritimes. Le commerce atlantique favorisa, plusieurs siècles durant, un processus de renouvellement architectural et stylistique touchant plus à l’apparence des façades qu’à la structure interne des maisons des négociants. Dans les enceintes successives la trame urbaine médiévale a été largement conservée ainsi que le tracé en partie orthogonal des rues. Seules quelques places ont aéré un espace densément bâti.

La rue de l’escale au XVIII è

La rue de l’escale au XVIII è

et aujourd’hui

et aujourd’hui

 

Guy de Maupassant décrivait ainsi La Rochelle : « C’est vraiment une ville bizarre et de grand caractère que La Rochelle, avec ses rues mêlées comme un labyrinthe et ses trottoirs qui courent sous des galeries à arcades comme celles de Rivoli, mais basses. Ces galeries et ces arcades écrasées, mystérieuses, semblent construites et demeurées comme un décor de conspirateurs, le décor antique et saisissant des guerres d’autrefois, des guerres de Religion héroïques et sauvages »

 

Rue à arcades (rue du Minage)

Rue à arcades (rue du Minage)

Le type de la maison rochelaise

Deux architectures civiles typiques

Deux architectures civiles typiques

Au-delà des matériaux (le plus courant étant la pierre de taille) et de l’évolution des styles, il demeure essentiellement celui de la maison-magasin, mêlant au quotidien commerce, stockage et habitat. Dans ses rues à arcades, apparues dès les XIV è – XV è siècles et toujours nombreuses, où l’on peut présenter les marchandises tout en les tenant à l’abri des intempéries, La Rochelle offre aux chalands venus de terre comme de mer les sollicitations  et les curiosités d’un marché permanent propice à la conclusion des affaires.

Il subsiste aussi des maisons moyenâgeuses aux pans de bois couverts d’ardoise.

Les hôtels particuliers du XVIII è siècle

Les seuls édifices qui rompent la trame médiévale sont les hôtels particuliers en pierre de taille des armateurs et négociants.

L’Hôtel Fleuriau est un modèle du genre, bâti entre cour et jardin sur un plan en U associant deux ailes latérales au corps de logis principal. Acheté par la ville en 1974, il abrite aujourd’hui le musée du Nouveau Monde ; l’intérieur a conservé son décor raffiné de boiseries, miroirs et belles cheminées, témoin de l’art de vivre de la grande bourgeoisie locale sous Louis XV.

L’Hôtel de la Bourse est le siège de la chambre de commerce depuis sa création en 1719. La façade sur cour s’orne de deux grands trophées en bas-relief dans le goût rocaille représentants des instruments de navigation et des poupes de navires finement sculptées en haut relief. Actuellement le palais abrite le tribunal de commerce.

L’Hôtel de ville occupe encore aujourd’hui l’emplacement de la première « maison de ville ».

Dans son écrin de murailles, il étonne par la modestie de ses dimensions, opposée à l’abondance de ses décors. L’enceinte munie de créneaux et son portail gothique datent de la fin du XV è siècle. La façade sur cour est composée d’un pavillon Renaissance et d’une galerie aux chiffres d’Henri IV et de Marie de Médicis, achevée en 1606. Il a récemment été victime d’un incendie….

Le Quartier Saint-Nicolas (patron des navigateurs) où vivait le petit peuple du port à gardé son côté populaire. Mais il est en voie de rénovation et de gentrification.

Aménagements urbains contemporains

 

La ville en Bois

La ville en Bois

Tout autant que le quartier des Minimes, le quartier de La Ville en Bois témoigne d’une forte volonté d’aménagement apaisé de l’espace urbain : les espaces publics (Parvis Eric Tabarly) s’ouvrent sur des circulations douces et sur l’ancien bassin des chalutiers. Les logements (de tous standings) alternent avec des services publics (Université créée en 1993, Médiathèque) et de loisirs (Aquarium, musées, etc.).

Un projet gigantesque est en cours d’élaboration : Sud Gare.

Il s’étend sur les marais qui cernaient la ville au sud-est, les marais de Tasdon. Ces marais devront être protégés, et être en partie remis en eau. Le quartier édifié sera de type lacustre. Il devra assurer la mixité des logements et la mixité fonctionnelle ; être facile d’accès et obtenir la label HQE (haute qualité environnementale). Ce projet est destiné à fluidifier la circulation au sud de la ville, à libérer le parvis actuel de la gare pour y implanter un pôle multimodal (bus, vélos, voitures électriques etc.) plus accueillant et plus fonctionnel. En outre, les 7,5 ha d’ancienne emprise ferroviaire de la gare (ex-centre de triage) permettront d’y construire des logements ainsi que de parkings souterrain et aérien.

La Rochelle, ville touristique

Préfecture de la Charente-Maritime, la ville compte aujourd’hui 78 424 habitants [chiffres INSEE 2008], dans un bassin de vie de 147 000 habitants à l’échelle de l’agglomération rochelaise. L’économie rochelaise se base sur quatre grands secteurs : le tourisme, l’industrie nautique, les industries de pointe, et l’agro-alimentaire.

La Rochelle fonde en partie son tourisme sur son caractère maritime ; elle est une cité nautique au rayonnement national et international, et elle bénéficie de la proximité des îles de Ré et d’Oléron. Elle est d’ailleurs dotée d’un des plus grands aquariums privés d’Europe, l’aquarium de La Rochelle, qui accueille chaque année environ 800 000 visiteurs. Outre son patrimoine urbain remarquable, la ville est dotée de nombreux musées (musée maritime, musée des Beaux-arts, muséum d’histoire naturelle…) et accueille également plusieurs évènements de grande ampleur dont le Festival des Francofolies (qui réunit environ 170 000 festivaliers) chaque année en juillet.

La Rochelle accueille des touristes toute l’année, du fait de son calendrier évènementiel diversifié, et de son caractère de ville maritime couplé à celui d’une station littorale. Les pics de fréquentation de La Rochelle sont toutefois observés de début avril jusqu’à fin octobre.

Le nombre de visiteurs à La Rochelle est estimé à environ 3 millions par an par l’office de tourisme. La clientèle touristique est essentiellement française (aux trois-quarts environ), venant de Poitou-Charentes ou des régions limitrophes en majorité. La clientèle affaires est en constante progression (45%) par rapport à la clientèle loisirs (55%) [Source : OT La Rochelle 2012].

La Rochelle et les circulations douces et durables

Véritable laboratoire urbain avec ses 3 millions de visiteurs par an, la « ville observatoire » à l’écoute des hommes reste le berceau des réussites improbables, telles ces expériences menées sur les déplacements urbains qui, dorénavant, conditionnent le développement de toutes les villes.

Le réseau de transport « Yélo » de l’agglomération rochelaise offre différents modes de transport incitant à laisser la voiture au parking. En incluant la marche à pied dans son réseau, La Rochelle se place dans une logique globale de mobilité dans la ville. Depuis, La Rochelle a d’ailleurs été désignée « ville la plus verte » aux Trophées de l’écologie qui ont été décernés pour la première fois à Paris en juin 2011.

Le premier secteur piétonnier de France

En 1975, la voiture est reine dans toutes les agglomérations. Sous la conduite de Michel Crépeau, alors maire de La Rochelle (1971-1999), la municipalité prétend expérimenter un modèle inédit jusque là : un secteur piéton où la voiture serait interdite.

Le secteur pressenti est situé en plein centre ancien : il s’agit de la rue du Temple et des venelles adjacentes, toutes voies commerçantes de longue date. Il y eut de la concertation, il y eut de la résistance et puis l’opération fut appréciée. Il s’agissait de rendre le centre-ville aux piétons en favorisant les modes de déplacement doux. Le temps de la flânerie urbaine était né !

Depuis les secteurs piétons se sont multipliés en France et un peu partout dans le monde. Ils ont changé les mentalités et aussi le rapport du citoyen avec la ville.

Des parcours touristiques pour découvrir la ville à pied

L’entreprise « Expériences touristiques » a choisi La Rochelle comme territoire d’expérimentation pour offrir aux touristes la possibilité de découvrir la ville à pied, de manière ludique et décalée, à travers des parcours touristiques thématiques. En partenariat avec l’Office de tourisme, plusieurs actions ont été menées, telles que le « Safari Urbain » en 2010 (jeu de piste par équipe lancé sur Facebook) et la mise en place des « Missions possibles », parcours d’1h dans la ville à la recherche d’éléments du patrimoine et de l’histoire de la ville.

La pionnière des vélos en libre-service

Les vélos jaunes « Yélo »

Les vélos jaunes « Yélo »

En 1976 ce dispositif de vélos en libre-service, les « vélos jaunes », mis en location devant l’office de tourisme de La Rochelle, a suscité bon nombre de sarcasmes, mais le temps et le succès ont eu raison des détracteurs, le marché n’a eu de cesse de s’étoffer et bon nombre de grandes villes en ont depuis mis en place.

L’invention de la journée sans voiture

La Rochelle institue en 1997 la première journée sans voiture. Encore de l’audace et encore du succès à l’échelle européenne comme à l’échelle mondiale. L’objectif de cette opération : la prise de conscience de la dépendance des hommes à l’égard de l’automobile. Et l’espoir que les habitants portent un nouveau regard sur leur cadre de vie et sur la fonction de la cité.

Des véhicules électriques

La Rochelle tient encore le premier rôle en matière de véhicule électrique, en instituant en 1999 un dispositif de voitures électriques en temps partagé, les « Yélomobiles » (pendant rochelais de l’Autolib parisienne), dispositif repris ailleurs et élargi aux véhicules hybrides. Puis la ville a créé, fait unique en Europe, une plate-forme de livraison par des véhicules électriques, prohibant de la sorte la circulation des camions en centre-ville. Cette mesure concourt à la protection du patrimoine et à la préservation de la qualité de la vie urbaine.

Les Cybercars, des voitures sans conducteur

En tant que territoires d’expérience de programmes de recherche européen sur les mobilités innovantes, La Rochelle a fait l’objet d’une expérimentation, en conditions réelles, de minibus électriques sans conducteur entre mai et juillet 2011. Equipés de sondes laser et de capteurs GPS installés à l’avant du véhicule, permettant de détecter et d’éviter les obstacles, ces « Cybercars », d’une capacité de 5 personnes, se sont déplacés sur un parcours de 800 m comportant 5 stations prédéfinies. Cette voie, qui n’était pas ouverte à la circulation automobile, était en revanche fréquentée par des piétons et des deux roues et traversait des rues ouvertes aux voitures. La vitesse de circulation maximale était de 10 km/h, une vitesse plafonnée pour éviter tout risque d’accident.

Une révolution multimodale

Après le transport terrestre, le transport portuaire… en 1998, la municipalité lance sa première navette électrique solaire, équipée de 20 m² de panneaux solaires. Ce « passeur électrosolaire » permet de passer de l’ancienne à la nouvelle ville, de la tour de la Chaîne à la médiathèque, en traversant le port sur 250 mètres. Le passeur navigue à la demande et l’embarquement des vélos est gratuit. Quelques minutes de traversée, un passage entre les deux Tours en prime, pour s’éviter 20 minutes de marche !

Dans le même ordre d’idées, la municipalité a également mis en place un « bus de mer », également électro-solaire, pour relier le Vieux-Port aux Minimes, ou inversement, au cours d’une agréable promenade en bateau de 15 à 20 minutes.

Ces navires de type catamaran, d’une capacité de 75 personnes, fonctionnent grâce à des panneaux photovoltaïques situés sur leur toit et des batteries rechargées chaque soir. Les panneaux photovoltaïques servent de propulseurs au moteur électrique et permettent de maintenir la batterie pour la journée, évitant ainsi une recharge entre deux voyages.

Des bus à haut niveau de service, les BHNS

Bien que la ville n’arbore pas (encore) fièrement son tram, la ligne Illico est une ligne de bus nouvelle génération, dits « à haut niveau de service » (BNHS) dont le confort de pratique et de circulation est similaire à celui du tram, mais dans une infrastructure plus légère à mettre en place (simple aménagement de couloirs de bus isolés de la circulation). La ligne Illico est l’épine dorsale du plan de circulation à La Rochelle. Le principe : relier le nord (Lagord) au sud (Minimes) de La Rochelle, en une vingtaine de minutes. Sans stress, à toute heure et dans le plus grand confort, tout en étant entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite.

Parking-relais « P+R »

Une politique locale de mobilité durable n’est rien sans de réelles solutions de stationnement longue durée en dehors de l’hypercentre. Intégrés au réseau Yélo, 3 parkings-relais (environ 1 100 places au total) sont situés aux portes de la Rochelle et sont en liaison avec les modes de rabattement du réseau urbain (bus, navette…). Le système de tarification permet d’y laisser sa voiture et d’emprunter ensuite gratuitement un bus ou une navette vers le centre-ville. De nouveaux parkings de rocade sont actuellement en projet dans les 10 ans à venir.

Des dessertes renforcées aux beaux jours

Afin de répondre à la demande touristique et d’adapter les transports à l’afflux de population supplémentaire, les dessertes sont renforcées en saison ou lors d’évènements :

–          lors des Francofolies de juillet notamment et jusqu’au 15 août, où les lignes de bus sont prolongées jusqu’à 2h30 du matin pour relier les P+R ;

–          la gratuité du P+R et de la navette pour rejoindre Châtelaillon-Plage en juillet et août.

–          En été, la ligne de bus 50-51 permet aux utilisateurs de se rendre dans l’ile de Ré avec leur vélo grâce à un Bus-vélo

 « Yélo », plus qu’une marque : une identité pour l’agglomération

Identifiable par sa couleur jaune, la marque « Yélo » est omniprésente dans l’agglomération rochelaise : sur les modes de transport (bus, vélos…), aux arrêts de transports (abribus, bornes vélo), à l’office de tourisme, etc. La communauté d’agglomération et la régie de transports déclinent le concept Yélo via une stratégie marketing dynamique, visant à répondre tant aux besoins de déplacement des habitants que des touristes.

Aujourd’hui, plus que d’être simplement le nom du réseau de transport de la communauté d’agglomération rochelaise, Yélo se décline comme une véritable marque porteuse d’un concept unique de déplacements. Incarnée dans un nom et une couleur facilement reconnaissables, cette identité renforce la visibilité de l’offre globale de transport de La Rochelle.

Conclusion

La Rochelle, ville à la mer

La Rochelle, ville à la mer

Après les difficultés des années 1970-80, la région profite d’un large renouveau. La Rochelle, Préfecture de la Charente Maritime en dépit de sa situation excentrée, a pu jouer d’un éventail d’activités plus ouvert. 

La région Poitou-Charentes souffre cependant d’avoir quatre villes principales sensiblement d’égale importance : Poitiers la capitale régionale est bien desservie par l’A 10 et le TGV. Niort est devenue la capitale nationale des assurances. Angoulême est désormais dans l’orbite de Bordeaux et La Rochelle, qui n’exerce son influence que sur le littoral charentais. Elle possède sa propre université mais elle s’affirme avant tout comme la capitale d’une région touristique de premier plan avec un tourisme balnéaire, patrimonial et évènementiel (festival des Francofolies) et comme grand centre de nautisme.  

En s’affirmant comme une véritable ville à la mer, La Rochelle se présente alors comme une destination doublement attractive, offrant toutes les caractéristiques d’une ville (patrimoine identitaire, équipements, centre des congrès, université, accessibilité par le TGV, musées, aquarium, événementiel et vie culturelle…) mais dans un cadre balnéaire, dotée de tous les attributs d’une station balnéaire (casino, plage, tradition des bains de mer, porte d’entrée sur les îles…).

Maryse Verfaillie et Gabrielle Labescat

Bibliographie :

Les patrimoines de France, Gallimard, Encyclopédies du voyage, 2009

La France des Régions, Maryse Fabriès-Verfaillie, Pierre Stragiotti

Photographies : Maryse Verfaillie