Billet d’humeur. Brevet 2018 : une géographie simpliste et parisiano-centrée !

A l’épreuve d’histoire-géographie du brevet 2018, cette carte de France a été fournie aux candidats qui devaient la colorier et la compléter. Sans s’embarrasser de subtilité (on est au brevet !), la France métropolitaine est ici divisée en deux catégories elles-mêmes subdivisées en deux. Hormis les territoires ultramarins, la France se retrouve donc divisée en quatre ! La géographie est vraiment une merveille de simplicité ! Que ceux qui ont de mauvais souvenirs avec l’apprentissage des départements se réjouissent, aujourd’hui tout est limpide ! Cependant certains s’interrogeront sur l’utilisation des termes territoires et espaces : pourquoi les uns sont dynamiques alors que les autres sont en difficulté ? On pourra même se demander quelle logique préside à l’insertion d’un terme ou de l’autre dans la légende de la carte…

Que la France est simple, vue d’un bureau parisien ! Les habitants de Dieppe -ville de Seine maritime où le taux de chômage est supérieur à 20%- seront ravis d’apprendre qu’ils font partie du coeur économique du pays ! Ceux de Tours ou du Mans seront surpris de savoir qu’ils sont dans des espaces ruraux mal reliés (un espace rural peut-il d’ailleurs être bien relié ?) : ces deux villes, situées à des carrefours autoroutiers, sont pourtant desservies par des lignes de TGV qui les mettent à une heure de Paris ! Enfin, le département du Gers (chef-lieu Auch !!) appartient aux espaces périphériques dynamiques : en toute logique, les élèves devraient y trouver plus tard sans difficulté un emploi sur place.

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Voyage en Ecosse (juin 2018)

Outre ses lochs, ses châteaux et son whisky, l’Ecosse a beaucoup à apprendre au voyageur géographe en matière de transformation urbaine et d’aspirations identitaires, ce que nous avons essayé d’appréhender en quelques jours.

Que redoute un Français voyageant au Royaume-Uni ? Subir la pluie et mal manger. Or les parapluies sont restés au fond du sac et les produits locaux (poissons et agneau) ont satisfait les gourmands. Nous étions donc dans les meilleures conditions pour apprécier nos visites.

  • Edimbourg

Le site, l’architecture et les jardins font d’Edimbourg une métropole européenne, originale et attachante (les très nombreux touristes attestent de cet intérêt).

Construite sur des collines volcaniques érigées à l’ère tertiaire, Edimbourg offre des dénivelés conséquents au promeneur. La ville est divisée par une zone d’effondrement creusée par les glaciers du quaternaire dans les roches tendres qui entouraient les blocs de basalte. Au Sud, Old town s’est étendue au pied de son château dont les premières constructions remontent au XIème siècle. Elle a gardé sa structure médiévale avec ses ruelles (« closes ») qui descendent de la colline, mais beaucoup de bâtiments ont été reconstruits ultérieurement. La surpopulation est telle au milieu du XVIIIème siècle qu’il faut envisager un nouvel urbanisme au Nord du fossé, New town, ce qu’a réalisé James Craig. La « ville nouvelle » a un plan ordonné par de larges rues perpendiculaires et d’élégantes places.

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En passant par la Lauzière, géographes au dessin

Le dessin du géographe n°72

Quelques géographes se sont réunis sur les hauteurs du Velay oriental en juin dernier, pour fêter l’un des leurs. Ils se sont essayés au croquis de paysage pour confronter leurs analyses.

Le plaisir est d’arrêter la marche sur un sommet, de contempler un panorama et de dessiner le paysage. C’est un moment pour le géographe pour découvrir les lignes, l’agencement des surfaces, les marques d’une vie sociale, passée ou actuelle. Le dessin tentera de leur donner une valeur relative, propre à chaque observateur quelle que soit son habileté au crayon. Les dix croquis réalisés montrent la diversité des approches, sur un même paysage. Car le dessin implique le choix d’un angle de vue, d’un cadrage, puis une restitution variée des éléments auxquels chaque géographe donne une importance ou une signification.

Ces hauteurs offrent de vastes plateaux vallonnés surmontés de bosses volcaniques et entaillés à l’Est par les vallées ardéchoises. Le sommet du Suc de la Lauzière (1582m), offre un panorama superbe sur le Mézenc et le Mont Gerbier de Jonc sur leur haut piédestal, puis vers le versant oriental profondément incisé. De ce point haut, le regard s’ouvre sur la géométrie convexe des sucs,  sur de larges berceaux verdoyants et des écrans forestiers.

Samuel Etienne a croqué le groupe de géographe à l’œuvre devant le paysage.

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Un peu de pédagogie géographique sur Internet

Avant les vacances, et sans vouloir vous dégoûter à l’avance des plages et de l’eau bleue, voici quelques images du site https://remonterletemps.ign.fr, qui est un outil efficace pour le géographe (et pas seulement !).

Cette chronique est partie d’un article de la presse au titre évocateur « Au Havre, une falaise recrache ses déchets dans la Manche » …terrible, évidemment ! (https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/05/30/au-havre-une.., Le Monde, 31 mai 2018).

Je suis donc allé voir sur le site de l’IGN cette fameuse falaise à Dollemard, dans la banlieue nord du Havre, et j’ai comparé deux photographies aériennes disponibles à 60 ans de d’intervalle : 1955 et 2015. Sur l’écran partagé en 2, le curseur de la souris se dédouble en flèche d’un côté et en croix de l’autre. Si les deux images sont bien calées géodésiquement (et théoriquement elles doivent l’être), les deux curseurs se sinuent au même endroit sur chacune des deux photos. On peut donc visualiser en direct le déplacement dans le temps d’un phénomène géographique linéaire, par exemple, ici, le pied du versant de la falaise (la limite terre-mer qui fluctue ici avec les marées serait plus difficile à comparer), et repérer les zones ou la terre « avance » et celles ou elle « recule ».

1955 | 2015

Les curseurs étant quelquefois « fantasques » sur l’un ou l’autre écran, j’ai pointé avec la croix la position du pied de versant en 1955 sur la photo de 2015 : elle se trouve au milieu d’un grand renflement de la partie inférieure de la pente, qui créé un bombement, une avancée du pied de la pente sur la plage sur plusieurs centaines de mètres du nord au sud.

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