- Les Cafés Géo - https://cafe-geo.net -

Géographies de l’Apocalypse. Comment l’arme nucléaire a engendré notre cartographie

Date / Heure
19/02/2014
18:30

Emplacement
Bistrot de Julie

Catégories


« Géographies de l’Apocalypse. Comment l’arme nucléaire a engendré notre cartographie », débat animé par Henri Desbois (MdF-HDR Paris X Nanterre), le mercredi 19 février à 18h30 au Bistrot de Julie, 4 Allée Paul Feuga à Toulouse (Métro, Tram et Bus 1&12 : Palais de Justice).

Présentation

war_room

Le grand planisphère de la salle de guerre où viennent s’inscrire en traînées lumineuses les trajectoires des bombardiers et des missiles est une des images symboliques les plus fortes de l’apocalypse nucléaire, sous la menace de laquelle le monde a vécu pendant les quelque 40 années qu’a duré la guerre froide. Cette image a été popularisée notamment par le film Docteur Folamour (Stanley Kubrick 1964). Cette carte imposante, qui domine de sa hauteur monumentale les personnages, représente une variante de l’image classique du militaire penché sur sa carte, dans une espèce d’inversion des rapports entre l’homme et la technique.

Ce rôle singulier d’un dispositif cartographique dans les représentations emblématiques de la guerre nucléaire est en accord avec l’importance fondamentale qu’ont eue les évolutions des techniques géographiques dans la mise au point de la stratégie atomique. En particulier, la nécessité d’être en capacité de procéder à des tirs de missiles balistiques précis et d’une portée de plusieurs milliers de kilomètres, a conduit à réviser entièrement la façon de concevoir et de produire des cartes, qui, dans ses grandes lignes, n’avait que peu évolué pendant plus d’un siècle. Il n’est pas exagéré de dire que toutes nos techniques géographiques actuelles, qu’il s’agisse de l’imagerie spatiale, du système géodésique global, ou du GPS, découlent plus ou moins directement de la stratégie de la destruction mutuelle assurée.

La déclassification d’une grande partie des archives de la géographie militaire américaine des années 1950 à 1960 permet aujourd’hui de prendre la mesure d’une révolution cartographique longtemps restée secrète. On propose d’en illustrer les principaux aspects, en montrant comment cela a déterminé la nature de nos techniques géonumériques actuelles. On évoquera également quelques aspects de la cartographie militaire de guerre froide soviétique, dont les objectifs et la nature était extrêmement différents.

 

Henri DESBOIS

(Géographe, Paris X-Nanterre)