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Une région française peut-elle anticiper le changement climatique ?

prevoir_pour_agir195 pays de la planète, réunis à Varsovie dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques, viennent péniblement de se mettre d’accord sur un compromis fixant la feuille de route des grandes échéances qui doit conduire à un accord mondial sur le climat en 2015. Dans le même temps, depuis de nombreuses années déjà, de réels efforts sont entrepris à l’échelle locale, particulièrement sur les continents européen et américain, pour faire face à l’impact du changement climatique.

Ainsi, en France, la région Aquitaine mène dans le cadre de son Plan Climat-Energie une politique volontariste en faveur des énergies renouvelables, de la sobriété énergétique et des transports durables. L’objectif du conseil régional est de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Dans cette perspective, une mission pilotée par le climatologue Hervé Le Treut et réunissant de très nombreux scientifiques vient de publier un rapport après deux années de travaux et d’expérimentations. Ce rapport représente la première étude de ce type et de cette envergure jamais menée par une région française, mais le conseil régional d’Aquitaine n’a pas attendu les recommandations de cette publication pour conduire depuis plusieurs années diverses actions visant à consolider des filières industrielles capables de relever le défi climatique.

L’Aquitaine est, selon le rapport, l’une des régions françaises qui devraient connaître le réchauffement le plus important, elle est donc exposée à des risques de périodes de sécheresse plus intenses, à un relèvement du niveau de la mer de plusieurs dizaines de centimètres, avec beaucoup d’effets induits possibles. Anticiper l’impact du changement climatique représente « un véritable défi qui englobe beaucoup de problématiques qui dépassent la question des gaz à effet de serre : la biodiversité, l’aménagement du territoire, la consommation, les pratiques culturales, l’économie, les rapports sociaux, etc. » (Hervé Le Treut).

Quelques exemples permettront de souligner la complexité de la question et des stratégies et mesures possibles. La vigne, si importante pour l’économie régionale subit déjà les effets du réchauffement climatique (avancée des dates de floraison et de vendanges, modification de la composition des raisins, etc.). Des solutions existent pourtant, parmi lesquelles la valorisation de sols plus frais et l’importation de cépages du sud de l’Europe. Quant à la forêt, si elle paie elle aussi les conséquences du changement climatique, elle permet en même temps de lutter contre le réchauffement, en absorbant l’excès de gaz carbonique. La Région a d’ores et déjà mis en place des politiques d’adaptation pour réduire la vulnérabilité des écosystèmes forestiers. Avec son Plan Climat-Energie, le conseil régional a pris des mesures concrètes, par exemple pour la préservation de la biodiversité, le soutien aux énergies renouvelables ou encore l’éco-logement. Dans ce dernier secteur, un éco-chèque logement vient d’être créé pour les ménages modestes désireux de réduire la consommation énergétique de leur résidence principale, ce qui doit aider à constituer un réseau régional de professionnels de l’éco-construction compétents.

Daniel Oster, décembre 2013