Un article du Monde (Dimanche 5 Juin-Lundi 6 Juin 2011) intitulé de manière maladroite « La musique baroque, identité roumaine » traite de la découverte, dans des églises abandonnées de Transylvanie (Roumanie) de partitions du 17° et 18° siècle, qu’un musicologue local, Kurt Philippi, s’emploie à sauver.

Les églises sont celles de la communauté saxonne de langue allemande installée là à partir du 13° siècle et convertie au luthérianisme au moment de la Réforme.

Eglise et village fortifié saxon de Harman, Transylvanie.  (photosM.Sivignon)

Eglise et village fortifié saxon de Harman, Transylvanie. (photosM.Sivignon)

Au sein de l’Empire austro-hongrois, les communautés allemandes se sont maintenues avec plus ou moins de difficultés en particulier à partir du moment où se développa un nationalisme hongrois agressif : on se trouvait ici au sein du Royaume de Hongrie, deuxième élément de la Double Monarchie. La Transylvanie devint ensuite roumaine en 1919, mais le mouvement de roumanisation toucha moins les Allemands, dits ici Saxons que les Hongrois. Dans les années vingt il y avait encore 800.000 Allemands en Roumanie dont environ 200.000 dans le sud de la Transylvanie. Ces Allemands résidaient aussi bien dans des villes telles Brasov (Kronstadt) et Sibiu (Hermannstadt) que dans des villages.

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Ils ont marqué toute la région d’une superbe architecture, aussi bien urbaine que rurale. On en trouvera ici l’illustration avec deux vues de l’église fortifiée de Harman, près de Brasov.

Cette minorité est désormais très réduite. Dès 1930, ils étaient 635.000 dans l’ensemble du pays. Durant la seconde guerre mondiale ils furent incorporés de gré ou de force dans l’armée allemande et la  moitié partit en 1945. Ils étaient encore 359.000 en 1977. A l’arrivée au pouvoir de Ceausescu leur émigration vers l’Allemagne fut soumise à un paiement par l’Allemagne Fédérale d’une indemnité proportionnelle à leur niveau d’éducation. L’effondrement du régime et la fin de l’ère de Ceausescu amena des départs massifs vers l’Allemagne : ils n’étaient plus que 119.000 en 1992. Dans les villes leurs maisons ont souvent été occupées par des Roms et largement dégradées. Cette minorité qui a fortement marqué les paysages mais est en voie de disparition, au grand regret des Roumains d’aujourd’hui.

Michel Sivignon