En 1472, les Portugais avec à leur tête l’explorateur Fernando Pô arrivent sur les côtes du Cameroun et sont étonnés par les milliers de crevettes pullulant dans le fleuve Wouri. Ils baptisent cette terre inconnue des Européens « Rio dos Camarões », ce qui évolué en «Cameroun». Au cœur de l’Afrique, proche de l’Équateur, le Cameroun combine à la fois tous les atouts et tous les problèmes du continent, au point qu’il est possible en s’intéressant au Cameroun, d’étudier dans un seul territoire, l’Afrique dans son ensemble.
Le poids des héritages coloniaux
Le Cameroun est revendiqué mais non exploité par les Portugais. Au XIXème, les Allemands installent un comptoir de commerce près de Douala, ouvrant la porte à l’explorateur Gustave Nachtigal, dont les expéditions permettent à Bismarck de déclarer le territoire comme protectorat allemand en 1884 sous le nom de Kamerun.
Cette appropriation est confirmée lors des conférences de Berlin en 1884-85 qui attribuent à l’empire allemand outre le Cameroun, les actuels Togo, la Namibie, la Tanzanie et le Rwanda. En 1911, en compensation du Maroc, le Kamerun allemand est agrandi par l’adjonction de territoires sous contrôle français leur ouvrant un accès au fleuve Congo. Au Cameroun, comme dans tous les territoires colonisés, on n’a jamais consulté les populations locales, mises devant le fait accompli.
Après 1918, la France et le Royaume-Uni se partagent les dépouilles de l’empire colonial allemand en Afrique. La France devient le tuteur mandaté par la SDN du Togo et du Cameroun en 1922. La langue française devient la langue véhiculaire, ce qui est à la fois un atout car une « lingua franca » facilite la communication et un handicap car elle fait disparaître certains parlers locaux et exclut ceux qui ne la maîtrisent pas.