Dessin N°42
Ce dessin de Michel Vallet, ancien officier méhariste, est extrait d’un compte-rendu d’un voyage effectué en 2009 sous la direction de Marcel Cassou[1]. Ce dernier se proposait de suivre une partie de l’itinéraire de la première mission qui traversa le Sahara, celle de Foureau et Lamy, et qui en 1899 rejoignit l’Afrique sub-saharienne à partir de l’Algérie.
Les participants de l’expédition de 1899 s’étaient détournés pour traverser le massif d’Obbazer. Ils voulaient rejoindre le puits où le colonel Flatters fut assailli et tué, en 1881, par les Touaregs avec presque toute son expédition[2]. Flatters se proposait de traverser le premier le Sahara.
Le dessin représente un guide touareg et, à l’arrière plan, les monts Tezoulaig, difficilement accessibles et dont la silhouette resemble étrangement à celle du guide.
Marcel Cassou a conté cet épisode dans un fort bon livre : « Le Transsaharien : l’échec sanglant des Missions Flatters » L’Harmattan 2005. L’épisode prend place dans la conquête coloniale française qui envisageait alors de reconnaître l’itinéraire d’un futur chemin de fer rejoignant l’Afrique du Nord à l’Afrique Occidentale.
Ce futur chemin de fer, à finalité politique, ne verra jamais le jour ou plutôt ne fut construit que limité à un tronçon depuis Ghazaouet, port à l’ouest d’Oran sur la côte algérienne (appelé Nemours du temps de la colonisation). Ce tronçon passait au Maroc, où il desservait Oudjda, puis filait vers le Sud et rejoignait à nouveau l’Algérie à Béchar (dit alors Colomb Béchar) et les mines de charbon de Kenadsa. Il ne dépassa jamais Abadla à quelques dizaines de km plus au sud. Il aurait fallu construire encore plus de 2000 km de lignes pour rejoindre Gao et la vallée du Niger.
Il aurait fallu que ce chemin de fer fût construit beaucoup plus tôt, dès que les reconnaissances furent faites et la sécurité assurée. Paradoxalement c’est le régime de Vichy qui ajouta quelques kilomètres entre 1940 et 1943 date du débarquement américain en Afrique du Nord. En 1945 vinrent les priorités de la reconstruction en métropole puis la fin du protectorat sur le Maroc et la guerre d’Algérie.
Marcel Cassou et Michel Sivignon
décembre 2013
[1] Marcel Cassou a conduit à deux reprises les membres de notre association Les Cafés Géo au Sahara.
[2] Bir el Garama est un nom que les Touaregs ne connaissent pas et que les Arabes ont du mal à traduire (puits du péage ?). Même si ce nom figure dans certains rapports de 1882, il semble qu’à l’époque ce puits n’était connu que sous le nom de « puits de l’oued In Ouahouène » et maintenant les Touaregs l’appellent « Tadjenout tan Koufar » c’est-à-dire « Le puits des Infidèles ».