Café géo-expo 

L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le Monde, 12 janvier 2013, Dupont Café.

Ce compte rendu a été rédigé à partir des discussions et débats du café géo-expo (voir le programme), mais aussi des notes prises pendant la visite de l’exposition par les adhérents. Pour un compte rendu exhaustif de l’exposition, voir le texte de Daniel Oster dans la rubrique « Des expos ».

Cartes_Marines_CafesGeo1Pour la première édition des Cafés géo-expo, les adhérents de l’Association des Cafés géographiques ont visité, en compagnie de l’historien Jean-Yves Sarazin (directeur du département des Cartes & Plans de la Bibliothèque nationale de France, notamment auteur de deux des trois catalogues de l’exposition L’âge d’or des cartes marines :Nouveaux mondes et Cartes et images des nouveaux mondes) et du géographe Christian Grataloup (professeur de géographie à l’Université Paris Diderot, notamment auteur de Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du Monde, de L’invention des continents, et de la Documentation photographique « Représenter le Monde ») l’exposition L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde (à la Bibliothèque nationale de France). Une visite exceptionnelle qui n’a pas manqué d’attirer l’intérêt des visiteurs de l’exposition, au cœur de documents exceptionnels, dont beaucoup sont disponibles sur le site des expositions virtuelles de la BNF1. Nos deux intervenants ont été rejoint par Jasmine Salachas (cartographe, fondatrice des Cafés cartographiques) pour un café géographique exceptionnel, afin de discuter du making-of de cette exposition, de ce que les regards de l’historien, du cartographe et du géographe peuvent dire d’un tel événement. Parce que cette exposition propose une démarche atypique : elle n’est pas une histoire de la cartographie marine, Bénédicte Tratnjek la présente comme un « lieu de mémoire » éphémère sur les représentations du Monde dans l’histoire, sur la manière dont l’Europe a découvert, découpé et pensé le Monde. Les portulans présentés dans cette exposition sont de véritables œuvres d’art, que ce café géo-expo se propose comme un voyage au cœur des cartes marines et de l’histoire des représentations spatiales sur le Monde. A travers les portulans, ce café géo entraîne l’auditoire dans l’histoire et la géographie de la connaissance du monde par les cartes marines.

« De toutes les cartes marines produites en Occident, les somptueux portulans apparus sur le pourtour méditerranéen au XIIIsiècle, avec leur abondance d’ors, d’enluminures et d’ornements, ont sans doute suscité le plus de fascination, tant leur origine et leur construction, d’emblée très aboutie, sont empreintes de mystère. » (Introduction du dossier « Les cartes marines » sur le site de l’exposition virtuelle L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde).

Coups de cœur : premiers regards sur l’exposition

Dans un premier temps, Bénédicte Tratnjek demande aux trois intervenants une question presqu’intime : quel document, quelle carte, quel portulan, quelle partie de l’exposition représente votre « coup de cœur » ? Une exposition se parcourt différemment en fonction des intérêts de chacun, et ce voyage au cœur des représentations européennes du Monde est perçu par chacun en fonction de ses propres représentations spatiales. Les trois intervenants reviennent sur leur propre expérimentation de l’exposition.

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Honneur à la cartographe qui a réalisé les cartes présentes sur des grands panneaux au cœur de l’exposition, qui représentent les évolutions du monde connu dans la période des grandes découvertes, Jasmine Salachas inaugure ce café géo en évoquant l’ensemble de l’exposition : impossible pour elle de réellement faire un choix pour un seul document. Toute l’exposition est construite comme un parcours : si son travail de cartographe pour l’exposition l’a amenée tout l’été à travailler sur les cartes monumentales et les cartouches qui sont présentés comme des documents pédagogiques afin de permettre aux visiteurs de confronter leurs représentations du Monde (celles des cartes que nous côtoyons depuis l’enfance) et ce que les Européens connaissaient du Monde à différentes dates, elle a découvert l’ensemble de l’exposition au moment de son ouverture. En la parcourant, elle a été frappée autant par les documents présentés, qui chacun sont des « monuments » de l’histoire de la cartographie, que par l’agencement de l’exposition.

L’exposition propose plus de deux cents pièces majeures : cartes, globes, instruments astronomiques, objets d’art, manuscrits, peintures, dessins, estampes… (voir la Banque d’images de la BnF consacrée à cette exposition). Elle a été agencée en quatre parties :

  • qu’est-ce qu’une carte portulan ?
  • le partage du Monde
  • iconographie des Nouveaux Mondes
  • l’Océan indien

Divisés en deux groupes, les adhérents n’ont pas effectué la visite dans le même sens en fonction du conférencier : Christian Grataloup l’a commencé par la salle « Le partage du Monde », et Jean-Yves Sarazin par la salle « Qu’est-ce qu’une carte portulan ? ». Une exposition est un parcours : celui qui est proposé par les commissaires laisse néanmoins toute liberté aux visiteurs de s’emparer de ce parcours, de le mener en fonction de leurs centres d’intérêts, de leur attention pour tel ou tel document, de le parcourir à des vitesses et par des trajets différents. En proposant des visites commentées, les Cafés géographiques ont ainsi proposé aux adhérents de découvrir le regard d’un conférencier sur l’exposition.

Si Jasmine Salachas avoue ne pouvoir faire un choix devant la richesse de chacun des documents, et avoir expérimenté toute l’exposition comme un lieu de mémoire, Christian Grataloup évoque comme coup de cœur le célèbre Atlas catalan (voir l’ensemble des tableaux), un document rarement disponible. Si des copies sont régulièrement exposées, il nous fait savoir l’émotion d’avoir pu, en découvrant l’exposition, découvrir l’original. Christian Grataloup précise que c’est un document exceptionnel à plusieurs titres : d’une part, c’est l’un des rares documents qui n’a pas été acheté, mais qui a toujours appartenu à la Bibliothèque royale (devenue Bibliothèque nationale de France). Il a été conçu et offert à Charles V. Christian Grataloup rappelle le rôle des conservateurs qui se sont succédés à la Bibliothèque royale, qui ont œuvré pour l’achat de très nombreuses pièces de collection (notamment Edmé François Jomard au XIXe siècle qui fut le créateur du département des Cartes & Plans), ce qui permet aujourd’hui au département des Cartes & Plans de la BnF de posséder la plus belle collection de cartes marines au monde. Ce point lui permet de préciser qu’il existe des lieux de productions de ces cartes marines, principalement les villes portuaires, à des fins pragmatiques : Gênes, Venise et surtout l’école majorquine. Si des doutes subsistent concernant son auteur principal (probablement Abraham Cresques, un Juif majorquin), on peut situer le lieu de production de cet Atlas catalan, fruit d’un travail collectif de l’école majorquine. De plus, l’Atlas catalan est une amorce de ce qui a formé notre représentation du monde. On peut y lire une histoire linéaire du progrès cartographique : il entremêle ainsi cosmographie (dans les premiers volets, non cartographiques) et innovation technique de la cartographie marine. Datant de 1375 (comme le montre le calendrier qui y est figuré), il présente un planisphère qui représente tout l’Ancien Monde. L’Occident est cartographié comme un portulan : on a là un témoignage de ce que la cartographie marine avait rapporté comme connaissances au moment de la réalisation de cet atlas. Lorsque les certitudes sur les tracés s’absentent, la cartographie marine laisse place à la cosmologie : l’Orient est donc représenté de manière incertaine, avec beaucoup de ronds aux couleurs très vives.

Tableau V de l’Atlas catalan « Le tableau V avec le tableau VI forment sur le bassin méditerranéen et le Proche-Orient un portulan « classique » qui autorise l’identification des détails avec une grande probabilité tout en gardant la même volonté esthétique que dans les tableaux précédents. Le bassin oriental de la Méditerranée et celui de la mer Noire occupent la partie centrale du tableau V. Le tracé méticuleux des côtes comme la minutie du rendu du cours du Danube avec ses multiples affluents attestent par la multiplication des toponymes de l’intensité des relations maritimes et fluviales. Au désordre exubérant des îles d’Asie fait place la représentation précise du contour des îles méditerranéennes qui se détachent sur le flot ondé comme des émaux champlevés ». Source : Exposition virtuelle Ciel & Terre, page « Atlas catalan », site de la BnF.

Tableau V de l’Atlas catalan
« Le tableau V avec le tableau VI forment sur le bassin méditerranéen et le Proche-Orient un portulan « classique » qui autorise l’identification des détails avec une grande probabilité tout en gardant la même volonté esthétique que dans les tableaux précédents. Le bassin oriental de la Méditerranée et celui de la mer Noire occupent la partie centrale du tableau V. Le tracé méticuleux des côtes comme la minutie du rendu du cours du Danube avec ses multiples affluents attestent par la multiplication des toponymes de l’intensité des relations maritimes et fluviales. Au désordre exubérant des îles d’Asie fait place la représentation précise du contour des îles méditerranéennes qui se détachent sur le flot ondé comme des émaux champlevés ».
Source : Exposition virtuelle Ciel & Terre, page « Atlas catalan », site de la BnF.

Christian Grataloup précise que cette exposition doit être vue comme une matrice depuis la mer Egée, jusqu’à la Méditerranée, puis vers l’Orient et les Amériques. Elle témoigne d’une géohistoire de la mondialisation : l’Atlas catalan et les mappemondes médiévales questionnent l’histoire contemporaine, c’est-à-dire que ces documents sont des témoins de la manière dont se sont construites nos représentations sur le monde. Christian Grataloup évoque une chaîne de télévision coréenne de passage sur Paris, venue l’interroger pour monter une émission sur les dix cartes qui ont marqué le Monde. Il y avait évoqué l’Atlas catalan, mais ce fut une grande émotion que de pouvoir en contempler l’original mis en valeur dans l’exposition L’âge d’or des cartes marines. Il regrette l’absence de l’original du Planisphère de Cantino (1502), grand planisphère constitué de dix feuilles de parchemin (dont une représentation sert de couverture à son ouvrage L’invention des continents), pour laquelle la BnF n’a pas réussi à avoir les droits de prêts pour cette exposition.

Jean-Yves Sarazin précise qu’on lui pose souvent la question : « et si vous ne pouviez sauver qu’un seul document ? ». Dans ce cas, parce qu’il est émouvant et unique, ce serait l’Atlas catalan. Pourtant, ce n’est pas son document préféré. Sous l’étiquette « cartes marines/portulans », on met beaucoup de documents très différents : des mappemondes, des cartes locales (notamment dans la production cartographique hollandaise), etc. Son document préféré est une carte présentée à la fin de l’exposition qui représente le Pacifique (Mar del Sur, de Hessel Guerritsz). Datée de 1622, c’est une carte mémorielle conçue pour rendre hommage à un grand navigateur hollandais Jacob Le Maire (voir l’édition originale des notes de Jacob Le Maire). Cette carte montre des territoires nouveaux (avec la partie occidentale de l’Australie). Elle rend hommage à ce navigateur mort en mer en 1616, qui a accompli un périple dantesque, et fut le troisième avec Magellan à contourner l’Amérique du Sud par une voie maritime.

Qu’est-ce qu’une carte-portulan ?

« Venu du latin par lʼitalien (portolano), le terme portulan, dont le premier emploi connu remonte à 1285 (Du Cange), désigne d’abord un texte, un livre d’instructions nautiques, indiquant les directions et distances entre différents ports, ainsi que tous les renseignements nécessaires au pilote pour l’atterrage : amers, feux, courants, écueils, marées, sondages, ancrages etc. Le portulan à ses débuts concerne principalement la Méditerranée et la Mer Noire. Ailleurs le même genre de livre est appeléroutier (rutter en anglais, roteiro en portugais, derrota en espagnol) ou livre de mer (seebuch en allemand, leeskart en hollandais). Les cartes marines portent des noms différents: mappa maritimatabula nautica (latin), carta da navegarecompasso (italien), carta marina (espagnol), paskaarte (hollandais), see-kart (allemand), sea-chart(anglais).
A partir du XVIème siècle cependant, le mot portulan, dans la langue française en tous cas, sʼétend au recueil formé par les instructions nautiques et les cartes qui les illustrent. Un portulant est un « livre des cartes des côtes » (P. de Challes) ou une « description exacte des côtes, ports, rades et mouillages… tant par le discours que par les cartes » (Chazelles, 1701). » (Isabelle Raynaud-Nguyen, 1990, « Les portulans : texte et iconographie », dans Gaston Duchet-Suchaux (dir.), 1990, Iconographie médiévale. Image, texte, contexte, Editions du CNRS, Paris, p. 91).

Lors de la visite de l’exposition, Jean-Yves Sarazin a évoqué ce qui permet, dans ces productions cartographiques très diversifiées, de définir les portulans : il s’agit de documents cartographiques réalisés sur des parchemins, qui sont tous construits de la même manière (voir le dossier « Les cartes marines » sur le site de l’exposition virtuelle L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde, 2012). Les portulans sont, au départ, des cartes pragmatiques : si celles qui sont proposées dans l’exposition sont majoritairement des cartes de luxe, c’est principalement parce que ce sont celles qui nous sont parvenues en bon état. Ont peut distinguer deux types de portulans :

  • ceux destinés aux marins, qui sont très épurés et présentent seulement les éléments cartographiques (roses des vents principale et secondaires, canevas de lignes),
  • ceux destinés aux collections royales, princières ou bourgeoises, qui sont chargées en éléments décoratifs (notamment avec une iconographie représentant très souvent les vents, avec des roses des vents enrichies en éléments décoratifs…).

Mais tous sont construits avec les mêmes principes : au départ, tracer deux cercles, puis créer un canevas, qui va servir à tracer à main levée la ligne de côte. Ce tracé n’obéit pas à un système de projection et à des relevés topographiques précis. La troisième étape consiste à inscrire les toponymes. Au XIIIe siècle, la diffusion de la boussole en Europe (arrivée par la route de la soie) va permettre le développement des portulans, puisque ces cartes sont faites pour être utilisées avec ces boussoles. L’orientation (bien qu’il y ait alors confusion entre le Nord magnétique et le Nord géographique) permet de faire correspondre le Nord en haut de la carte et le Nord de la boussole, et ainsi donner le sens de la navigation.

Pendant la visite de l’exposition, Christian Grataloup a souligné le rôle de la rose des vents sur les portulans. Ceux-ci sont construits à partir de points centraux (repérés par la rose des vents principale). Dans l’exposition, est présentée la carte datée comme la plus ancienne (dite « Carte pisane »), tracée sur la peau d’un caprin. Les traces d’usures et l’absence d’éléments décoratifs permettent de supposer que cette carte a été utilisée en mer. La technique des portulans va se maintenir jusqu’au XVIIIe siècle (voir Catherine Hofmann, Hélène Richard et Emmanuelle Vagnon, « Modes de fabrication et usages des cartes portulans », site de l’exposition virtuelle L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde, 2012).

Carte des îles Britanniques, de la France et de la péninsule ibérique (détail) Grazioso Benincasa, Rome, 1467. « Dans un contexte d’essor du commerce maritime, une nouvelle représentation cartographique, résultat de l’observation des marins, se répand au XIVe  siècle depuis l’Italie. Ce sont les « portulans », terme qui désigne au départ des recueils de textes décrivant les côtes et les ports, puis qui s’applique aux cartes nautiques sur parchemin avec l’indication des îles, abris et amers pour reconnaître un rivage. En toile de fond se développe un réseau de lignes géométriques appelé « marteloire », différent du quadrillage des parallèles et des méridiens. Issues des roses des vents, ces lignes de rhumbs ne servent pas à mesurer les distances, mais indiquent aux marins les angles de routes pour se diriger grâce à l’usage de l’aiguille aimantée de la toute nouvelle boussole. L’auteur de cette carte, ancien patron de navire, a signé un grand nombre d’atlas et de cartes réalisées à Venise et à Rome dans la deuxième moitié du XVe siècle. Ces cartes représentent la mer Méditerranée et la mer Noire, mais aussi les côtes et les îles de l’océan Atlantique, de l’Angleterre, présentée ici, jusqu’aux rivages de l’Afrique récemment explorés par les Portugais (îles du Cap-Vert). » Source : Exposition virtuelle L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le Monde, page « Visite guidée », site de la BnF, 2012.

Carte des îles Britanniques, de la France et de la péninsule ibérique (détail)
Grazioso Benincasa, Rome, 1467.
« Dans un contexte d’essor du commerce maritime, une nouvelle représentation cartographique, résultat de l’observation des marins, se répand au XIVe siècle depuis l’Italie. Ce sont les « portulans », terme qui désigne au départ des recueils de textes décrivant les côtes et les ports, puis qui s’applique aux cartes nautiques sur parchemin avec l’indication des îles, abris et amers pour reconnaître un rivage. En toile de fond se développe un réseau de lignes géométriques appelé « marteloire », différent du quadrillage des parallèles et des méridiens. Issues des roses des vents, ces lignes de rhumbs ne servent pas à mesurer les distances, mais indiquent aux marins les angles de routes pour se diriger grâce à l’usage de l’aiguille aimantée de la toute nouvelle boussole. L’auteur de cette carte, ancien patron de navire, a signé un grand nombre d’atlas et de cartes réalisées à Venise et à Rome dans la deuxième moitié du XVe siècle. Ces cartes représentent la mer Méditerranée et la mer Noire, mais aussi les côtes et les îles de l’océan Atlantique, de l’Angleterre, présentée ici, jusqu’aux rivages de l’Afrique récemment explorés par les Portugais (îles du Cap-Vert). » Source : Exposition virtuelle L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le Monde, page « Visite guidée », site de la BnF, 2012.

Le making-of  de l’exposition

Pour croiser les regards des trois intervenants, Bénédicte Tratnjek propose de revenir sur le making-of de l’exposition, sur la manière dont elle a été construite, sur sa genèse, et sur son impact.

Jean-Yves Sarazin revient sur la genèse de l’exposition. La dernière exposition de cette importance à Paris date de 1892. Il est très rare de faire une telle exposition. Pourtant, la BnF dispose de la plus grande collection de cartes marines au monde. Des expositions ont eu lieu sur l’histoire de la cartographie (voir notamment, sur le site des expositions virtuelles de la BnF, dans la « Galerie des cartes et des globes », les expositions Histoire de la cartographieLes mappemondes. Une histoire médiévale du monde, etL’Atlas catalan). Pour cette exposition, les commissaires avaient l’idée d’aller au-delà d’une histoire des cartes marines, et de soulever d’autres thématiques, et d’aborder l’histoire des sciences et la géohistoire, ainsi que d’effleurer la dimension artistique. Jean-Yves Sarazin rend hommage au travail de Christian Grataloup dont l’approche spatiale de l’histoire a inspiré cette exposition. Le second objectif dans cette exposition était d’offrir des outils pédagogiques (voir l’accompagnement pédagogique proposé autour de l’exposition) permettant de revenir aux sources de notre connaissance du monde, notamment pour les enseignants (de nombreuses visites ont été organisées avec des classes).

C’est justement dans ce souci pédagogique que les commissaires ont fait appel à la cartographe Jasmine Salachas pour réaliser de grands panneaux pédagogiques. La collaboration entre Jean-Yves Sarazin et Jasmine Salachas est ancienne : cette dernière explique qu’elle a commencé par des ateliers cartographiques réalisés dans des classes maternelles (avec notamment des ateliers sur Marco Polo), où Jean-Yves Sarazin a été mobilisé. Des visites par ces classes du département Cartes & Plans sont quelquefois organisées. Ce souci pédagogique participe de l’agencement de l’exposition. C’est ainsi que Jasmine Salachas explique son travail sur l’exposition : on lui a demandé de produire des cartes qui permettraient aux visiteurs de s’approprier les cartes marines et leur langage cartographique, en les confrontant aux représentations du Monde que nous avons aujourd’hui. Cinq dates ont été choisies : 1375 (la représentation du Monde dans l’Atlas catalan), 1492 (la date de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb), 1502 (la date de la représentation du Monde dans le Planisphère de Cantino), 1573 et 1650. L’objectif était de superposer à une cartographie ancienne restituée à une période précise avec des informations sur la dominations des territoires, une représentation moderne des continents, afin de montrer l’évolution des connaissances et des représentations du Monde pendant la période des Grandes découvertes. Montrant les premières tentatives pour ce type de représentations cartographiques, Jasmine Salachas explique que le résultat, surchargé, perdait toute pédagogie. L’auditoire, découvrant les cartes ainsi produites, approuve le choix qu’a effectué Jasmine Salachas : celui de proposer cinq cartes, une pour chaque date, et de les confronter chacune à la carte du Monde que nous connaissons. Exposées en très grand format à l’intérieur d’une « sphère », les visiteurs de l’exposition peuvent ainsi voyager à travers l’évolution des connaissances du Monde : chacune des cartes montrent, par le recouvrement d’un halo, qui peu à peu découvre les vides et les pleins, pour chaque date, de la connaissance du Monde. Le travail du cartographe d’aujourd’hui, confronté à l’objectif de représenter le travail des cartographes de la période des Grandes découvertes permet de faire un point sur la cartographie : celle-ci est une représentation, la carte est un discours sur l’espace, un choix dans les figurés, dans les couleurs, mais aussi dans les informations représentées ou non. Tout comme les cartographes réalisant les portulans proposés dans l’exposition (voir Corrandino Astengo, « Les cartographes de la Méditerranée aux XVIe et XVIIe siècles », site de l’exposition virtuelle L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde, 2012), le cartographe d’aujourd’hui est à la fois graphiste (les éléments décoratifs des cartes de luxe et d’apparat participaient de cette mise en avant par l’esthétique des informations fournies par la carte) et scientifique (par l’usage de techniques devenues de plus en plus précises).

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Chronologie illustrée du monde connu par les Européens © Jasmine Salachas, pour l’exposition L’âge d’or des cartes marines, 2012. Sur la photographie : Élisabeth Hébert et Véronique Hauguel (agrégées de mathématiques, association Sciences en Seine et Patrimoine, IREM de Rouen). Extraite de l’enregistrement des vidéos pédagogiques accompagnant l’exposition : « La circulation en mer, au temps des portulans ».

Christian Grataloup souligne l’intérêt de publications non seulement sur les cartes marines (l’exposition a donné lieu à trois ouvrages : L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde Cartes et images des Nouveaux Mondes ; et Nouveaux Mondes), mais aussi des textes didactiques qui accompagnent ce type d’événements, notamment les cartes produites à des fins pédagogiques. Les trois intervenants soulignent l’interaction entre leurs différentes publications et travaux : la géohistoire enrichit l’histoire de la cartographie, qui enrichit l’exercice cartographique d’aujourd’hui, qui enrichit l’approche spatiale… C’est un « cercle vertueux » entre histoire, géographie et cartographie qui est proposé dans le dialogue entre les intervenants.

Christian Grataloup souligne la préoccupation de la géographie actuelle pour l’histoire de la pensée lointaine (mais aussi, par « ricochet » sur celle de l’« ici »). L’« ailleurs » a, d’autre part, été l’objet de nombreuses expositions récentes, telles que Tous les bateaux du monde exposée au Musée de la Marine en 2010 à Paris, autour de la collection de l’amiral Pâris. Ces expositions témoignent de la conservation d’une cartographie très exotique, mais aussi de la fascination pour le lointain. Sur les portulans, les terres sont représentées en dernier lieu (voir Hélène Richard, « Le défi des océans », site de l’exposition virtuelle L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde, 2012).

Toutes ces cartes sont des représentations de l’altérité selon les Européens. Bien longtemps, dans la cartographie, on ne laissait pas de blancs sur les cartes. Par les images de « l’Autre » que l’on voit sur les cartes portulans, on comprend ce besoin de « remplir le monde ». De ce fait, les portulans comme les peintures ont une esthétique extraordinaire. Christian Grataloup évoque une autre exposition, Sciences & curiosités à la cour de Versailles (2011, château de Versailles), qui elle aussi est une exposition que Jean-Yves Sarazin qualifie d’« expositions de civilisation », dans la mesure où elles s’éloignent de l’histoire linéaire, pour interroger l’historiographie au prisme d’un angle, d’un objet, d’une pensée. Dans l’exposition L’âge d’or des cartes marines, l’objectif a justement été de s’éloigner d’une histoire de la cartographie. Et de faire un événement exceptionnel : une exposition de trois mois, à Paris, sur 700 m2, avec un budget de 300 000 euros. Avec un tel déploiement de moyens et de telles possibilités, les quatre commissaires se sont donnés pour objectif principal de faire plus qu’une exposition-support.

Et cette exposition, par-delà la période historique qu’elle traite, pose la question du travail du cartographe. Le débat se poursuit sur ce métier aujourd’hui. Jasmine Salachas rappelle que comme les cartographes de « plein vent » qui réalisaient les cartes portulans, le cartographe d’aujourd’hui est confronté à l’information, ou plutôt au déficit d’informations. Ce qui peut en premier lieu paraître paradoxal, à l’ère d’Internet où les informations semblent être surabondantes sur la toile. Mais Jasmine Salachas rappelle qu’une très grande partie des cartes qui sont diffusées sur Internet sont des reprises (voire des plagiats : voir à ce propos Cécile Marin, « Du plagiat en cartographie (acte I) »,Visions cartographiques, 2 décembre 2007). L’échelle des représentations limite en général le détail de l’information, et il n’est pas possible de fonder la moindre analyse sérieuse à partir de tels documents. Et s’il y a apparemment surabondance de cartes sur Internet, très peu ont un contenu « nouveau ». Par ailleurs, beaucoup de ces cartes n’ont ni date, ni auteur ou commanditaire identifiables. Leur production est donc sujette à caution quant au message originel délivré par ces cartes. Et tout comme les cartographes de la période des « Grandes découvertes », il existe aujourd’hui bon nombre de « cartographes » qui sont en réalité des infographes travaillant sur un fond de cartes. Et c’est là que se joue à l’heure actuelle le déficit d’informations. Formée à l’IGN (Institut géographique national, devenu depuis 2012 Institut national de l’information géographique et forestière), elle rappelle combien ces formations sont exigeantes. Il est indispensable de retenir combien il est nécessaire de qualifier l’information géographique, de la relever, de la référencer, de la dater… Le développement des métiers de la géomatique (les géomaticiens peuvent être considérés comme des ingénieurs de l’information géographique, avec une grande diversité de métiers) témoigne à la fois de ce déficit et de cette nécessité. Le lien entre le métier de cartographe au XIVe siècle et celui d’aujourd’hui reste ce défi primordial de connaître le Monde, mais aussi de savoir le « comment », le « pourquoi » et le « quoi » de ces représentations cartographiques. Et là, les cartes disponibles sur Internet laissent souvent un grand flou quant à leur méthodologie et à leurs objectifs (y compris pour les cartes qui tendent à l’objectivité scientifique).

Ce constat amène Bénédicte Tratnjek à interroger Christian Grataloup à propos des impacts de ces représentations cartographiques sur la domination. Alors que, ces dernières années, les études géographiques ont un intérêt renouvelé pour les espaces et les spatialités de la domination2, la question de la représentation cartographique de la domination pose celle des représentations de l’altérité. Christian Grataloup revient sur les représentations de l’exotisme. Pendant l’exposition, il a attiré l’intérêt du groupe des Cafés géographiques sur une peinture (« Les quatre parties du Monde », de Grégor Brandmuller, 1682) représentant quatre enfants, qui eux-mêmes représentent les quatre continents du Monde connu. C’est un cas unique, Christian Grataloup ne connaît pas d’autres peintures où les continents sont représentés par des enfants. Mais, comme il l’a montré dans l’ouvrage L’invention des continents, de nombreuses peintures représentent les quatre continents, sous forme de personnages. Dans le tableau qu’il nous décrit, l’Europe est représentée comme symbole du pouvoir, l’Asie celui de la richesse, les Amériques se reconnaissent toujours par des plumes, et l’Afrique est mise un peu à part, en retrait. Si tous les enfants sont de type « européens », le visage de l’Afrique est légèrement bruni.

« Les quatre parties du Monde » Grégor Brandmuller, 1682, Musée du Nouveau Monde, La Rochelle.

« Les quatre parties du Monde » Grégor Brandmuller, 1682, Musée du Nouveau Monde, La Rochelle.

Pendant le café géo, Christian Grataloup est revenu sur les représentations des autres continents par les Européens. En découpant le monde en continents, les Européens ont inventé une représentation qui continue de s’insérer dans notre imaginaire spatial, et même dans les débats politiques actuels : la question de la Turquie et de son appartenance ou non à l’Union européenne3 découle de ce découpage du monde en continents. La question des usages et mésusages du découpage du Monde reste un sujet qui dépasse l’histoire de la cartographie (et plus généralement de l’histoire des sciences) et cette géohistoire des continents par le prisme des cartes portulans que nous ont offert les trois intervenants entre pleinement dans les préoccupations actuelles.

Guerrier d’Arabie Extrait de l’Atlas Miller, œuvre de Lopo Homen, Portugal, 1519. « Au début du XVIe siècle, les Portugais tentent de s’introduire de force dans le riche marché des épices contrôlé par les Arabes. Ils s’emparent d’Aden en 1513. Entre Aden et Ormuz, près de la côte de l’actuel Yémen, le peintre de l’Atlas Miller a représenté un guerrier arabe surveillant la route du Golfe Persique. Il est habillé d’une robe orientale, brandit d’une main un cimeterre, de l’autre un bouclier décoré de quatre croissants. »Source : Exposition virtuelle L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le Monde, Article de Zoltán Biedermann, « Cartographie nautique et cartographie humaniste de l’océan Indien XVIe et XVIIe siècles », site de la BnF, 2012.

Guerrier d’Arabie Extrait de l’Atlas Miller, œuvre de Lopo Homen, Portugal, 1519. « Au début du XVIe siècle, les Portugais tentent de s’introduire de force dans le riche marché des épices contrôlé par les Arabes. Ils s’emparent d’Aden en 1513. Entre Aden et Ormuz, près de la côte de l’actuel Yémen, le peintre de l’Atlas Miller a représenté un guerrier arabe surveillant la route du Golfe Persique. Il est habillé d’une robe orientale, brandit d’une main un cimeterre, de l’autre un bouclier décoré de quatre croissants. »Source : Exposition virtuelle L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le Monde, Article de Zoltán Biedermann, « Cartographie nautique et cartographie humaniste de l’océan Indien XVIe et XVIIe siècles », site de la BnF, 2012.

Pour conclure ce café géo, Christian Grataloup rappelle que la cartographie est le reflet de ce qui intéressait les sociétés à un moment donné. Par exemple, les Chinois ne s’intéressaient pas aux projections. Le premier planisphère occidental centré sur la Chine a été fait pour le jésuite Mateo Ricci pour ses interlocuteurs chinois, afin de montrer aux Mandarins que le catholicisme était plus fort qu’eux, dans un but de conversion. Mais cette représentation cartographique basée sur la projection ne les a pas convaincus. De même, la cartographie arabo-persane ne suscitait pas leur intérêt. De tous temps, la cartographie a été à la fois un outil de pouvoird’analyse et de manipulation.

« Ces cartes, qui ont accompagné ou facilité l’exploration européenne des littoraux sur les continents africain, asiatique et américain sont-elles de simples outils techniques ? Ne doit-on pas y voir aussi l’illustration d’un monde où s’affrontent les appétits concurrents des empires occidentaux ? Aux conventions cartographiques élaborées dès le XIIIe siècle se sont ajoutées immédiatement des évocations pittoresques, dues à des artistes, peintres ou enlumineurs, de la faune, de la flore, des peuples, des modes d’habitation et de navigation des mondes nouveaux. » (Catherine Hofmann, Hélène Richard, Jean-Yves Sarazin et Emmanuelle Vagnon, 2012, « L’Europe et le monde au regard des cartes marines », Carto, n°14, novembre/décembre 2012, p. 71)

Débat

Bénédicte Tratnjek : Quels ont été les impacts de ces représentations imaginaires sur les rapports de domination ? Beaucoup de colloques et de publications posent actuellement la question des rapports sociaux et spatiaux de la domination : la géohistoire des cartes portulans peut-elle apporter des éléments de compréhension à la construction du Monde par ce prisme ?
Christian Grataloup : La question de la domination est complexe, puisqu’elle se confronte aux réalités existantes, des stratégies et des imaginaires spatiaux. Dans l’exposition, il est marquant de voir les nombreuses représentations du cannibalisme pour représenter les Amériques. On peut y lire une manière, pour les Européens, de représenter leur domination. Néanmoins, le cannibalisme est une représentation qui se basait sur une réalité : la réalité servait alors de base à une justification sur les représentations de ces sociétés « effroyables », « diaboliques », en montrant le cannibalisme comme une « norme » (alors qu’il s’agissait d’une réalité, certes, mais minoritaire). Par cette surreprésentation d’une réalité, un missionnaire voyait alors son action justifiée : il s’agissait de sociétés que l’on pouvait « sauver ». De telles représentations ont permis de justifier à la fois la colonisation (y compris dans sa brutalité) et les actions des missionnaires (par l’apprentissage). Cette dualité de la colonisation (brutalité et apprentissage, voire critique de la colonisation elle-même) explique que les colonisateurs ont toujours eu une position ambiguë. La représentation du Nouveau Monde par le cannibalisme vient également du goût pour l’exotisme, pour l’image de l’altérité. C’est ainsi que sur les cartes portulans illustrées, on représentait les antipodes tels que l’on se les imaginait, c’est-à-dire peuplés de personnages imaginaires. Il faut rappeler le contexte de cette représentation de l’altérité : c’est seulement à partir du XVIe siècle que les Européens vont se nommer Européens (jusque-là ils se considéraient comme le Monde de la Chrétienté), et qu’ils vont découper le Monde, et donc classer les régions et donner des toponymes aux lieux. En devenant Européens, ils construisent un découpage du Monde par continent. En créant le « Nous », ils vont de fait créer un « Eux », qui va se recréer (parfois en opposition) en fonction de cette représentation.

Jean-Yves Sarazin : Pour l’affiche de l’exposition, nous avons d’ailleurs fait le choix d’une planche de l’Atlas de Miller, « les Natives », qui témoigne parfaitement de ce goût pour l’altérité (voir Surekha Davies, « Iconographie des Nouveaux Mondes XVe-XVIe siècles », site de l’exposition virtuelle L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde, 2012). Cette planche montre bien comment la période est marquée par la création de modèles, pour le renouveau iconographique. Le modèle de l’Indien illustre bien cette manière dont le Monde a été pensé et découpé en continents : il est nécessairement représenté nu et avec des plumes dans toute l’iconographie.

Laurent Henninger : Quelle géographie de la production des cartes marines ? Vous nous avez parlé et montré beaucoup de cartes portugaises, italiennes… en expliquant combien il est possible d’identifier les lieux de la production de ces cartes. Qu’en est-il de la cartographie marine britannique à cette époque ?
Christian Grataloup : La cartographie marine britannique sera plus tardive, plutôt au XVIIIe siècle, lorsque va se préciser la mesure de la longitude (c’est d’ailleurs en Grande-Bretagne qu’elle va s’imposer). Cela ne signifie pas que les Britanniques ne disposent pas alors de cartes marines, notamment en faisant venir des techniciens italiens qui travaillent comme libéraux. Mais il n’y a pas alors de production spécifique, qui ferait « école ».

Jean-Yves Sarazin : La circulation des cartes marines permet de voir qu’il y avait beaucoup de plagiat : les cartes étaient alors reprises et signées par d’autres auteurs, mais sans contenu nouveau. Aujourd’hui, on nommerait cela plagiat. Pour les Britanniques, on peut identifier deux moments : vers le milieu du XVIe siècle, quand les Britanniques tentent le partage du Nord-Est, ils vont produire quelques cartes. Puis, les cartes seront surtout des plagiats de celles des hollandais quand ils passeront dans l’océan Indien. Le réel début d’une tradition cartographique britannique peut donc être daté du XVIIe siècle.

Michel Sivignon : Pendant la visite, vous avez abordé la question de la transmission du savoir des Anciens, avec la réapparition de l’itinéraire de Ptolémée qui n’était pourtant plus utilisé depuis 1000 ans. Cette circulation des savoirs cartographiques semble devoir être pensée non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps.
Jean-Yves Sarazin : Ptolémée est évoqué dans la troisième partie de l’exposition. On ne peut pas réellement parler d’une totale redécouverte, les cartes de la Géographie de Ptolémée se sont transmises, au fil des siècles, par la littérature et surtout par les cartographes arabes.

Christian Grataloup : C’est une vision du XIXe siècle que de parler de « révolution » autour de la « redécouverte » de Ptolémée. La tradition s’était maintenue, comme en témoigne une actualisation constante, qui a traversé les temps, de l’atlas de Ptolémée.

Compte rendu par Bénédicte Tratnjek,
Relu et amendé par Jasmine Salachas, Christian Grataloup et Jean-Yves Sarazin.

Autour de l’exposition :

Pour aller plus loin avec les Cafés géographiques :

Sur la géohistoire de la mondialisation :

Sur la cartographie :

Des sites et des blogs :

Des ouvrages et des articles scientifiques :

Sur les cartes marines et la cartographie médiévale :

  • Monique de La Roncière, Michel Mollat du Jourdin, Marie-Madeleine Azard, Isabelle Raynaud-Nguyen et Marie-Antoinette Vannereau, 1984, Les Portulans : Cartes marines du XIIIe au XVIIe siècle, Office du livre, Fribourg, 296 p.
  • Frank Lestringant, 1987, « Terre-Neuve ou la carte éclatée d’après le « Grand Insulaire » d’André Thevet », Mappemonde, n°3/1987, pp. 1-7.
  • Isabelle Raynaud-Nguyen, 1990, « Les portulans : texte et iconographie », dans Gaston Duchet-Suchaux (dir.), 1990, Iconographie médiévale. Image, texte, contexte, Editions du CNRS, Paris, pp. 91-107.
  • Bernard Hirsch, 1990, « L’espace nubien et éthiopien sur les cartes portulans du XIVe siècle », Médiévales, vol. 9, n°18, pp. 69-92.
  • Emmanuelle Vagnon, 2003, « La réception de la Géographie de Ptolémée en Occident au XVe siècle. Un exemple de transfert culturel », Hypothèses, n°6, pp. 201-211.
  • « La cartographie », Revue de la BNF, n°24, 2006 (voir le sommaire).
  • Emmanuelle Vagnon, 2007, « Cartes marines et réseaux à la fin du Moyen Âge », dans D. Coulon, C. Picard et D. Valérian (dir.), 2007, Espaces et Réseaux en Méditerranée (VIe-XVIe siècle), vol. 1, pp. 293-308.
  • François Bellec, 2009, « Du vélin au tube cathodique : les avatars de la carte marine », Actes du Festival international de géographie 2009.
  • Christiane de Craeckert-Dussart, 2010, « La cartographie médiévale : d’importantes mises au point », Moyen Âge, vol. 116, n°1/2010, pp. 165-175.
  • Christian Grataloup, 2010, « Les voyageurs du Pacifique », L’Histoire, n°355, juillet/août 2010, p. 23.
  • « Les voyages immobiles de Catherine Hofmann au département des Cartes et Plans », Revue de la BnF, n°37, n°1/2011, propos recueillis par Marie de Laubier, pp. 60-69.
  • Emmanuelle Vagnon, 2012, Cartographie et représentations occidentales de l’Orient méditerranéen, du milieu du XIIIe à la fin du XVe siècle, Brepols, collection Terrarum Orbis.
  • Guillaume Le Testu, 2012, Cosmographie universelle selon les navigateurs tant anciens que modernes, Ministère de la Défense /Arthaud /Carnets des Tropiques, collection Classiques Arthaud, Paris, 239 p. (voir la présentation).
  • Catherine Hofmann et Hélène Richard (dir.), 2012, Les Globes de Louis XIV. Etude artistique, historique et matérielle, Bibliothèque nationale de France, Paris, 360 p. (voir la présentation).

Sur le découpage du monde, les représentations et l’invention des continents :

  • Christian Grataloup, 2009, L’invention des continents. Comment l’Europe a découpé le Monde, Larousse, Paris, 224 p.
  • Christian Grataloup, 2009, « L’histoire du Monde a une géographie (et réciproquement) », Le Débat, n°154, n°2/2009, pp. 67-77.
  • Christian Grataloup, 2010, Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du monde, Armand Colin, collection U, Paris, 2ème édition revue et augmentée (1èreédition : 2007), 288 p.
  • Christian Grataloup, 2010, « L’invention des continents. Comment l’Europe a découpé le Monde », Sciences Humaines, n°212, février 2010, pp. 52-57.
  • Christian Grataloup, 2011, « La fausse neutralité des continents », Revue internationale et stratégique, n°82, n°2011/2, pp. 97-105.
  • Christian Grataloup, 2011, Faut-il penser autrement l’histoire du monde ?, Armand Colin, collection Eléments de réponse, Paris, 213 p.
  • Vincent Capdepuy, 2011, « Un espace : l’Eufrasie », Mappemonde, n°104, n°4/2011.
  • Christian Grataloup, 2011, « Représenter le Monde », Documentation photographique, n°8084, La Documentation française, Paris, 64 p.

Biblio/sitographie réalisée le 24 janvier 2013,
par Bénédicte Tratnjek, pour les Cafés géographiques.

1 Voir également les 62 162 cartes numérisées par la BNF sur le site Gallica.
2 Notamment autour du colloque Espace et rapports sociaux de domination : chantiers de recherche (Nanterre, 2012), qui a notamment donné lieu à une émission dePlanète Terre sur « Les mécanismes spatiaux de la domination sociale » (France Culture, 19 septembre 2012) et à un entretien avec Anne Clerval et Serbe Weber publié dansLes Carnets du géographe : « Retours sur la création du colloque : ‘Espace et rapports sociaux de domination : chantiers de recherche’ », n°4, 2012).
3 A ce propos, voir les textes des Cafés géographiques :

Voir également dans la rubrique « Des dossiers » :