Repas yéménite
Nous sommes quatre étudiants de licence de géographie avec notre professeur Gilles Fumey au restaurant Al Marhabani qui se trouve au centre ville d’Abu Dhabi (Airport road). La question était simple : « Y a-t-il une cuisine yéménite ? » Question qui devait se formuler plutôt : « Comment est la cuisine yéménite ? Théâtrale ou non ? Simple ? Populaire ou ostentatoire ?

Dés notre arrivée au restaurant, lors d’une soirée pluvieuse, et juste à l’entrée, qui n’est pas très originale, on nous invite à prendre un escalier métallique. Au 1er l’étage, on est dans un autre monde. Le décor était impressionnant, typiquement arabique, digne des Mille et une nuits, avec des tapis traditionnels par terre et sur les murs, comme dans les tentes ou les maisons de torchis. Au mure, sont accrochés des objets décoratifs traditionnels yéménites. L’éclairage d’ambiance est très doux. Pas de musique mais uniquement comme fond, les échos de la chaîne arabe Al Jazzera.

Nous sommes accueillis par un serveur yéménite très sympathique qui nous propose de nous asseoir au ras du sol. Sur une carte de l’Atlas mondial des cuisines et gastronomies], notre professeur a dressé un état des lieux dans le monde des positions à table : nul doute que nous faisons partie de cette humanité qui mange par terre.

Très aimable, le serveur nous donne des explications sur la cuisine yéménite. Comme on doit s’y attendre, mais en n’y pensant jamais, il indique que la spécificité de la cuisine est surtout le mode de cuisson. On cuit à même la braise ou à la vapeur. Assez peu le ragoût comme on le voit dans le nord du monde arabe, se rattachant là au monde turc.

Sitôt, commence le service de ce qu’on appelle ici les entrées, terme qui n’a pas de sens au Yémen : salades composées de laitue, des tomates arrosées délicatement de jus de citron pour satisfaire ce goût acide que nombre de mangeurs apprécient dans leur cuisine.

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Archives – Cafés Géographiques de Rennes – 2007-2013.

Retrouvez toutes les archives des comptes rendus des Cafés Géographiques de Rennes, à consulter et télécharger au format PDF.

Glasgow, la renaissance d’une ville, Emmanuelle Cunningham-Sabot, 14 février 2013
pdf_icon_16 CR café Géo Glasgow-3.pdf

Comment vivre dans une favela au Brésil ?, Tomas Moreira, 23 janvier 2013
pdf_icon_16 cr Comment vivre dans une favela au Brésil.pdf

Les Etats-Unis en Série. La géographie à l’épreuve du miroir télévisuel, Gérard Billard, Arnaud Brennetot, novembre 2012
pdf_icon_16 CR – Café Géo séries – Rennes – nov 2012.pdf

La Syrie: anatomie d’une révolution, Leïla Vignal, 2 octobre 2012
pdf_icon_16 CR La Syrie.pdf

Une introduction au rapport entre genre, sexualité et espace, Rachele Borghi, 21 mars 2012
pdf_icon_16 CR genre sexualité espace.pdf

Bruxelles : les défis territoriaux d’une mini ville mondiale surprenante, Jean-Marie Halleux, 8 février 2012
pdf_icon_16 CR_Bruxelles_Halleux.pdf

La géographie du post-conflit dans les Balkans: le cas du Kosovo, Amaël Cattaruzza, Arnault Dérens, 28 septembre 2011
pdf_icon_16 cr La geographie du post conflit au Kosovo.pdf

Une maison les pieds dans l’eau : les risques d’inondations dans les villes bretonnes, Janique Valy, 19 octobre 2011
pdf_icon_16 cr Une maison les pieds dans l’eau.pdf

La mondialisation et les territoires bretons, Florence Gourlay, Ronan le Délézir, 16 novembre 2011
pdf_icon_16 Café GéoCRBretagne.pdf

Le développement durable : entre utopie et réalité ?, Yvette Veyret, 6 avril 2011
pdf_icon_16 CR développement durable entre utopie et réalité.pdf

L’Eurasie turcophone : petit essai de géographie linguistique, Stéphane de Tapia, 28 mars 2011
pdf_icon_16 CR café Géo de Tapia Rennes.pdf

Les enjeux complexes de la rénovation du centre historique de Mexico, Catherine Paquette, 25 février 2011
pdf_icon_16 CR Les enjeux complexes de la rénovation du centre historique de Mexico.pdf

Faut-il protéger la nature ?, Simon Dufour, 24 novembre 2010
pdf_icon_16 CR faut il proteger la nature.pdf

La Russie, un géant énergétique aux portes de l’Union européenne, Guy Baudelle, 13 octobre 2010
pdf_icon_16 CR Russie 19.12.01.

Montréal, à pied et à vélo, Paul Lewis, 14 avril 2010
pdf_icon_16 CR Montreal.pdf

La concurrence territoriale autour du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, Loïc Avry, 10 mars 2010
pdf_icon_16 compte rendu café géo aéroport.pdf

Istanbul, ville européenne ?, Benoît Montabone, 10 février 2010
pdf_icon_16 CR café géo Istanbul.pdf

De l’institutionnel à l’artisanat, quel modèle de transport urbain pour Nouakchott, Y. Diagana, 20 janvier 2010
pdf_icon_16 CR Y Diagana.pdf

Surf, science et littoral : parcours géographique d’un surfeur breton, Jonathan Musereau, 25 novembre 2009
pdf_icon_16 Café_Géo_J_Musereau_Rennes 23 nov2009.pdf

La mobilité internationale pour études : un moteur de reproduction des élités ?, Eugénie Terrier, 21 octobre 2009
pdf_icon_16 CR mobilité internationale études.pdf

La Turquie est-elle déjà intégrée à l’Union européenne ?, Benoît Montabone, 21 janvier 2009
pdf_icon_16 CR Turquie union européenne.pdf

Le modèle nordique devant les défis de la mondialisation, Roland Engkvist, 3 décembre 2008
pdf_icon_16 CR Modèle nordique mondialisation.pdf

Quelle organisation territoriale pour la Bretagne ? Les géographes engagent le débat, Jacques Lescoat, 19 novembre 2008
pdf_icon_16 Café GéoCRBretagne.pdf

De l’Enfer vert à l’Eldorado : l’Amazonie de tous les mythes, Vincent Nedelec, 21 mai 2008
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Usages et usagers de l’espace agricole : les chemins d’un espace partagé, Yvon le Caro, 19 mars 2008
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Changements et/ou risques climatiques sur le littoral : exemples en Bretagne (et ailleurs), Hervé Regnauld, 23 janvier 2008
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Vidéosurveillance, sécurité : les espaces publics contemporains sont-ils réellement en danger ?, Marc Dumont, 18 décembre 2007
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Le projet européen conduit-il à une bataille des territoires ?, Guy Baudelle, 21 novembre 2007
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La Grèce, pas si balkanique que ça (décembre 2008)

Les quartiers centraux des grandes villes grecques sont depuis le 6 décembre 2008 le théâtre d’affrontements violents ; des sièges de banques sont mis à sac, des magasins sont pillés,des postes de police attaqués. Des foules considérables de jeunes et très jeunes gens manifestent. A l’origine de ces troubles, la mort d’un jeune homme à Athènes tué par une balle tirée par un policier.

Il y a d’une part ces événements, leur déroulement, cette vague qui s’est répandue dans tout le pays. Et puis il y a l’analyse qu’en fait la presse d’Europe occidentale et singulièrement celle de notre pays.

La presse est d’abord allée chercher dans le stock des stéréotypes. Par ignorance sans doute mais aussi par paresse. Dans le Journal du Dimanche du 14 décembre, Nicos Aliagas, un Grec, écrit: « Le Grec vit avec ses mythes depuis la nuit des temps, avec résistance et indolence ». Ce genre de lieu commun n’explique rigoureusement rien. Pas plus que cette affirmation : « le Grec est un animal politique ».Mais cette référence est véhiculée par les Grecs : « Vivez votre mythe en Grèce », proclamaient il n’y a pas longtemps  dans le métro parisien de gigantesques affiches éditées par le très officiel Office du Tourisme Hellénique, sur fond d’île cycladique coiffée d’une chapelle.

L’autre stéréotype est balkanique. Il a donné « balkaniser » et balkanisation ». Les Balkans seraient porteurs, depuis toujours, d’un mélange de violence et d’archaïsme.

Il s’agit d’un avatar d’un autre stéréotype, celui d’orientalisme, tel que décrit et décortiqué par Edward Saïd (« L’orientalisme, l’Orient créé par l’Occident. » Le Seuil 1980).

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Émeutes et géographie : les événements de Grèce

ELes émeutes qui secouent la Grèce depuis plusieurs jours ne surprennent guère les Grecs eux-mêmes et ceux qui suivent l’actualité de ce pays. Depuis deux ans déjà, les étudiants étaient particulièrement inquiets de la politique suivie par le gouvernement conservateur de Kostas Karamanlis, au pouvoir depuis 2004 et confirmé par les législatives anticipées de septembre 2007. Une loi, accompagnée d’une modification de la Constitution autorise désormais l’ouverture d’universités privées en même temps qu’une série de dispositions modifie le fonctionnement des universités (évaluation des enseignants, fin des distributions gratuites de manuels etc.…). Depuis deux ans, l’année universitaire est hachée de grèves et de manifestations. Ce mécontentement profond et diffus est relayé par l’agitation lycéenne, dans un pays où les études et les diplômes apparaissent à beaucoup de familles comme la seule possibilité de promotion sociale. Les familles investissent des sommes énormes dans l’éducation des enfants : les lycées sont doublés d’établissements privés, les frondistiria qui fonctionnent l’après midi et le soir et où on répète les leçons du lycée. On trouve ce système même dans les petites bourgades équipées d’un établissement secondaire. Les études supérieures engagent d’autres frais : on vend communément à la campagne des terrains bien placés pour un  futur usage touristique,  pour permettre de financer des études à l’étranger. Les Grecs sont les Européens qui vont le plus volontiers étudier hors de leurs frontières.

C’est qu’en Grèce l’accès à l’enseignement supérieur est soumis à un numerus clausus

Chaque année en juin, un concours national dit « panhellénique» classe les candidats et la  note obtenue les amène dans un établissement qui peut être situé à l’autre bout du pays et pour des études qui peuvent avoir un rapport lointain avec leurs souhaits. A ce titre les lycéens sont précocement préparés à cette perspective de rude compétition, d’où leur facile mobilisation politique. Les établissements de leur côté recrutent à un niveau de notes d’autant plus élevé que leur réputation est bonne. Il est fort difficile d’entrer à l’Ecole polytechnique d’Athènes où à la faculté de médecine de Salonique et beaucoup plus facile d’entreprendre des études de biologie à Igoumenitsa en Epire. Aussi bien de nombreuses places disponibles demeurent-elles vides dans des établissements de peu de renom, pendant que beaucoup vont étudier aux Etats-Unis ou en Angleterre si la famille est fortunée, en Italie, en Bulgarie ou Roumanie dans le cas contraire.

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Archives – Café géographiques de Montpellier – 2008-2013.

Retrouvez toutes les archives des comptes rendus des Cafés Géographiques de Montpellier, à consulter et télécharger au format PDF.

Les inondations méditerranéennes d’hier à aujourd’hui : dégâts et sinistrés, Nancy Meschinet de Richemond, 2 avril 2013
pdf_icon_16 CR Inondations méditerranéennes – N Meschinet.pdf

Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture, Boris Grésillon, Clotilde Berrou, 29 janvier 2013
pdf_icon_16 CR MP2013 capitale euro culture – B Grésillon C Berrou.pdf

Vers un nouveau monde arabe ?, Jean-Marie Miossec, 24 avril 2012
pdf_icon_16 CR Vers un nouveau monde arabe.pdf

Comment les fondamentalistes religieux s’imaginent le monde, Maud Lasseur & Bertrand Lemartinel, 17 janvier 2012
pdf_icon_16 CR Fondamentalistes religieux.pdf

 La France est-elle compétitive ?, Gilles Ardinat, 25 septembre 2012
pdf_icon_16 CR France est elle compétitive – G Ardinat.pdf

Aqua domitia, une solution pour l’approvisionnement en eau du Languedoc Rousillon, Thierry Ruf, 4 octobre 2011
pdf_icon_16 CR Aqua Domitia.pdf

Paradoxes en Languedoc-Rousillon : une région surfaite ?, Georges Roques, 17 mai 2011
pdf_icon_16 CR Paradoxe en Languedoc-Roussillon.pdf

Les sites naturels paysagers, une aubaine pour faire de la géographie, Martine Amber, 22 mars 2011
pdf_icon_16 CR Les sites naturels paysagers.pdf

La carte en débat, Jean Paul Bord, 18 janvier 2011
pdf_icon_16 CR La carte en débat.pdf

Exploitation minière et conflits au Kivu, Roland Pourtier, 23 novembre 2010
pdf_icon_16 CR Exploitation minière et conflit au Congo.pdf

L’Europe, objet géographique non identifié ?, Yann Richard, 1 juin 2010
pdf_icon_16 CR Europe objet géo non identifié – Y Richard.pdf

Les musiques du monde, Yves Raibaud, 6 avril 2010
pdf_icon_16 CR Géographie et musique – Y Raibaud.pdf

Le Sud à grande vitesse, Laurent Chapelon, 9 juin 2009
pdf_icon_16 CR Sud à grande vitesse – L Chapelon.pdf

Comment l’Europe a découpé le Monde, Christian Grataloup, 1 décembre 2009
pdf_icon_16 CR Europe decoupe le monde – C Grataloup.pdf

Réforme administrative et nouveaux territoires de France, Jean-Marie Miossec, 20 octobre 2009
pdf_icon_16 CR Réforme administrative.pdf

« Le bonheur est dans la ville », Dominique Crozat, 21 avril 2009
pdf_icon_16 CR Bonheur dans la ville – D Crozat.pdf

Être en bonne santé : un privilège de riche ?, Henri Picheral, 24 février 2009
pdf_icon_16 CR Santé privilège – H Picheral.pdf

Un nouveau président pour les Etats-Unis : une nouvelle donne pour les Américains (et pour le monde) ?, Christian Montès, 16 décembre 2008
pdf_icon_16 CR Nouveau président EU – C Montes.pdf

La Chine rayonne. Après les JO de Pékin, vers l’Expo de Shanghai. Plus loin ?, Pierre Gentelle, 14 octobre 2008
pdf_icon_16 CR La Chine rayonne – P Gentelle.pdf

 

Mai 1968, vu de la Grèce des colonels.

J’aurais dû être fortement touché par mai 68. Ce ne fut pas le cas.

En mai 68, nous étions en Grèce, où nous étions arrivés en octobre 67. Nous allions y rester jusqu’en octobre 1970. La Grèce était sous la botte des colonels depuis le 21 avril 1967. C’étaient donc les premiers mois de la dictature.

Dans le centre des Sciences Sociales où nous étions détachés, Pierre-Yves Péchoux et moi-même, nous nous trouvions aux premières loges pour assister à l’installation du nouveau pouvoir. Nous avions vite compris ce que signifiaient les mots de dictature, prison, liberté : il suffisait d’observer ce qui se déroulait sous nos yeux.

La question s’était posée à nous : fallait-il continuer et donner en quelque sorte notre caution indirecte à ce nouveau régime ? J’avais répondu par l’affirmative, tous mes amis grecs pensant que nous pouvions être beaucoup plus utiles en restant sur place qu’en quittant le pays.

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Banquet géographique – 10 ans des Cafés Géographiques

Retrouvez le compte rendu du banquet géographique organisé à l’occasion des 10 ans des Cafés Géographiques, ainsi que le livret de chansons composé pour l’occasion.

pdf_icon_16 2008 banquet 10ème anniv cafésgéo Les chansons

Repas sénégalais
Quelques données sur le Sénégal

Environ 200.000 km2 et 12 millions d’habitants. Population en croissance rapide et forte émigration : émigration du travail à destination de la France et aussi du Canada et des Etats-Unis. Emigration de commerçants vers l’Afrique du centre et de l’ouest. Rôle économique importants des remises des émigrés. La ville de Dakar est devenue une grosse agglomération (2,5 millions d’habitants).

Le Sénégal constitue un des carrefours importants de l’Afrique : c’est le point le plus occidental du continent africain. Dakar se situe à environ 15° de lat. nord. Climat de type intertropical avec des pluies en saison chaude (à Dakar de juin à octobre). Un gradient des pluies qui va de 300 mm au nord sur la frontière de la Mauritanie, à 1500 mm au sud sur la frontière de la Guinée-Bissau, donc d’une végétation steppique à une végétation forestière. En l’absence de tout relief important, c’est le climat qui détermine les oppositions régionales. Autre influence, celle de l’Atlantique. Le littoral est bordé par le courant froid des Canaries, très favorable aux poissons.

Du point de vue ethnique, une population (ou une ethnie) domine : les Wolofs. Leur langue est comprise à peu près partout et sert de langue de communication. Dans la péninsule du Cap Vert où se trouve Dakar, la population d’origine est celle des Lébous, qui parlent wolof. Autres ethnies, les Serer, les Peuls, les Mandingues et en Casamance les Diolas. Pour le propos qui nous intéresse, retenons l’opposition entre les peuples de la savane qui historiquement furent à l’origine de constructions politiques très hiérarchisées et commandant des surfaces étendues (tels les Wolofs) et les peuples de la forêt, atomisés, où l’horizon politique ne dépasse guère le village, tels les Serer et les Diolas. Ces derniers furent les seuls à adopter le christianisme, les Peuls, les Wolofs sont depuis longtemps islamisés. Le système des confréries y est particulièrement développé.

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Vins de cépage, vins technologiques… mais vins de qualité ?
Dégustation avec Raphaël Schirmer, (maître de conférence à l’Université Paris Sorbonne (Paris 4) organisée par l’association Urbams et Vincent Marcilhac, doctorant en géographie.

En France, la conception du vin, à mettre en parallèle avec la notion de terroir, est différente de celle en vigueur dans le monde anglo-saxon : le terme « technologique » y est entouré de mépris et même d’une vision d’horreur, celle d’une exploitation qui ressemble à une raffinerie de pétrole… Lors de cette dégustation, nous allons essayer de quitter nos préjugés.

En Bourgogne, la nature est considérée comme divine, supérieure, et ne peut faire que de bons vins. Clos Vougeot s’inscrit dans la longue durée, avec un savoir-faire ancestral et 1 000 ans de tradition. L’alliance nature/culture et le savoir-faire, consacré par les appellations d’origine contrôlée (AOC), ont permis l’émergence d’un discours, d’un vocabulaire, avec des codes (comment tenir son verre de vin blanc) et une tradition. Ce sont des vins qui se dégustent presque religieusement, entre happy few, pour lesquels il est nécessaire d’avoir le bagage culturel pour y accéder, à l’aide de tout un discours poétique. Dans la sérieMondovino, Robert Mondavi (décédé en 2007) raconte qu’il a visité l’Europe vers 1950 et entendu un discours traditionnel, dans lequel la fermentation malolactique est méconnue (deuxième fermentation des vins en plus de la fermentation alcoolique, dans laquelle la levure transforme le sucre en alcool).

A l’inverse, les vins du Nouveau Monde ont choisi de s’appuyer sur la technologie, avec des cuves en inox, des moyens de réfrigération, la haute technologie étant considérée comme un gage de qualité.

La nature propose des conditions favorables dans les régions du Nouveau Monde qui cultivent de la vigne, en Californie, en Australie et notamment au Chili, avec un bon ensoleillement dans ces régions dont le climat ressemble au climat méditerranéen. La tradition y est perçue comme poussiéreuse, un handicap même pour la production de grands vins. Les vins du Nouveau Monde ont souhaité mettre fin aux codes en vigueur dans les milieux viticoles (des gestes que l’on fait de tout temps (ou presque !), sans savoir pourquoi), s’ouvrir vers les jeunes, vers les femmes, vers les pays qui ne sont pas de culture viti-vinicole, et construire un projet démocratique afin que chacun puisse accéder au vin et y goûter. Le numéro de juillet 2007 de la revue Decanter, qui mentionne en surtitre « The World’s Best Wine Magazine », pose une question redoutable : Le terroir est-il un mythe ?, question à mettre en relation avec nos préjugés. Peut-on faire des vins, des grands vins, voire même d’excellents sur des terres sans histoire ?

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Banquet géorgien (ou supra)
A Jean Radvanyi, veilleur français sur le Caucase et à Tea Tsilanadze, à Tbilisi

Ils sont autour d’une table remplie de mets, levant le coude avec des cornes sans pied pleines de vins de jarre qu’ils boivent cul sec, sous les applaudissements des convives. Dans l’excitation des applaudissements se joue une pièce très originale dans le monde qu’est un banquet géorgien.

Les banquets géorgiens sont à nuls autres pareils dans le monde. Non pas une simple abondance de plats et de boissons que l’on retrouve dans tous les banquets, mais une somme de rites très anciens, dont le Banquet de Platon peut donner une idée. Des rites qui cimentent une société autour du vin, que les pouvoirs publics occidentaux ont stigmatisé dans leur absurde politique publique de lutte contre les effets d’abus d’alcool. Dans des sociétés rurales caucasiennes où la mobilité est réduite, où les loisirs sont forcément limités, le supragéorgien – nom local du banquet – est un moment de sociabilité très fort qui soude les populations.

La ritualisation [1] la plus originale de ce banquet est l’institution d’un tamada, personnage orchestre du repas qui fait vivre le banquet au rythme des convives, qui élargit le périmètre symbolique de la table aux dimensions de la famille, de la nation et du monde entier. L’autre originalité est le maintien de ces pratiques festives au moment où, dans beaucoup de régions du monde, les pratiques alimentaires individuelles semblent prendre le dessus sur les repas collectifs. Le supra géorgien fait mentir l’idée qu’une mondialisation alimentaire serait en route et uniformiserait nos manières de manger.

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