Le matin du monde

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      Hoggar, Avril 2006.

Un paysage rudéral se répète d’instant en instant et de pas en pas jusqu’à l’obsession. Cailloux, blocs, rochers, graviers, sables et rocailles à perte de vue : rien qui fixe l’attention dans ce vide primordial, mais le regard est prisonnier d’un chaos minéral et monochrome de laves sombres et d’arène bistre, ponctué d’ombres noires. Du col de Téhen Tarit, il plonge vers le fond d’un chaudron calciné par un feu disparu et un soleil tout-puissant. Cette vision d’outre monde est une expérience du sublime : je marche sur la croûte terrestre.

Selon Hésiode, le Chaos de la cosmogonie grecque fut le premier être, qui enfanta d’abord Erèbe et Nyx, l’Obscurité et la Nuit, avant Gaïa, la Terre. « Au commencement, dit la Genèse, Dieu créa le ciel et la terre : or la terre était informe et vide et les ténèbres couvraient l’abîme ». Une même formulation des origines inaugure les deux mythes : la béance du gouffre, le défaut de lumière, l’absence de formes, le noir sans couleur. L’enfer ? « Non, me dit Maryvonne émerveillée, c’est le matin du monde ».

Jean-Marc PINET.