La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires.

Christophe Guilluy, La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, Flammarion, 2014, 185 p.

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L’ouvrage de C. Guilluy a grandement défrayé la chronique médiatique et politique. Mais, au-delà des polémiques qu’il a suscitées, il s’agit d’abord d’un travail de géographie et qui mérite d’être lu et analysé à cette aune. Car l’auteur propose une grille de lecture à la fois sociale et spatiale pour décrypter une France a priori délaissée par ses gouvernants et ses intellectuels : «  cette « France périphérique », invisible et oubliée » (p.11). Mais son propos débouche également sur un questionnement d’ordre épistémologique et, partant, interpelle le monde des géographes qui semble avoir par trop négligé ce terrain d’investigation.

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2015. Elisée Reclus, la géographie et le génocide arménien

En ces temps de commémoration des massacres qui ont amené au génocide arménien, il n’est pas inutile de revenir sur les textes des géographes qui ont abordé la question arménienne.

Commençons par Elisée Reclus. Après lui, une orientation scientiste de la géographie, une forme de pudeur devant ce qui est supposé du domaine du choix personnel et non pas de la science, et aussi un souci parfois exclusif du lien avec la géographie physique donnèrent à la littérature géographique un tout autre ton.

l-homme-et-la-terreElisée Reclus (1830-1905), un des géographes les plus importants de son temps, publie les 19 volumes de sa « Nouvelle Géographie universelle » chez Hachette de 1876 à 1894. Cet ouvrage lui vaut une grande célébrité internationale.

A partir de 1895, il rédige un autre grand ouvrage, « L’Homme et la Terre », qui est publié en feuilleton périodique puis en 6 volumes par la Librairie universelle de Paris, pour l’essentiel après sa mort de 1905 à 1908. Cet ouvrage innovant de géographie sociale appliquée à l’histoire de l’humanité se joue des cloisonnements disciplinaires de l’histoire et de la géographie de son époque.

 

 

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Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie

Exposition « Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie », Musée d’Orsay, du 17 mars au 19 juillet 2015

Depuis trente ans l’œuvre de Pierre Bonnard (1887-1947) fait régulièrement l’objet de grandes expositions à Paris qui prouvent l’actualité contemporaine de l’artiste. D’abord la grande rétrospective du Centre Pompidou en 1984, puis celle du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 2006, et enfin celle d’aujourd’hui au Musée d’Orsay.

Le fil rouge de cette dernière, « Peindre l’Arcadie », souligne le thème qui unifie le mieux les différentes périodes du peintre, celui d’une « recherche passionnée entre l’homme et la nature » (Guy Cogeval). Au gré de 150 peintures et photographies d’époque, l’exposition montre un Pierre Bonnard arcadien, surtout soucieux d’explorer sa propre intimité. Mais derrière le « peintre de la joie de vivre » dont les meilleures armes sont un sens aigu de la lumière et l’attrait pour les couleurs vives se cache un artiste doué d’ « une incroyable propension à aller vers un monde idéal ».

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Viollet-le-Duc géographe des montagnes

Dessin du géographe n°55

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Fig. 1 : Le glacier des bois et la vallée de Chamonix, Aiguille Verte et Aiguille du Dru, pendant la période glaciaire et actuellement,  Viollet-le-Duc, aquarelle et gouache, 1874 (Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Charenton-le-Pont)

Fig. 1 : Le glacier des bois et la vallée de Chamonix, Aiguille Verte et Aiguille du Dru, pendant la période glaciaire et actuellement,  Viollet-le-Duc, aquarelle et gouache, 1874
(Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Charenton-le-Pont)

L’exposition qui a eut lieu de novembre 2014 à mars 2015 à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine été l’occasion de découvrir ou de redécouvrir les multiples facettes de l’œuvre de Viollet-le-Duc et parmi celles-ci un grand nombre d’œuvres graphique qui permettent de l’accueillir, sans forcer les mots, dans la page web des « dessins du géographe ».  Très connu du grand public pour ses idées et ses travaux de restauration des monuments historiques au 19e siècle, il l’est certainement beaucoup moins pour ses explorations de la figuration géographique passée et présente. Or une partie de ses voyages, et de ses travaux a eu pour but d’étudier les formes du relief et leur évolution dans le temps géologique. (suite…)

Icônes américaines

Icônes américaines
Chefs-d’œuvre du SFMOMA et de
La collection FISCHER
Grand Palais
8 avril-2 juin 2015

Andy Warhol, Liz # 6 [Early Colored Liz] © RMN – Grand Palais, Paris 2015

Andy Warhol, Liz # 6 [Early Colored Liz]
© RMN – Grand Palais, Paris 2015

Durant la rénovation du San Francisco Museum of Modern Art, le Grand Palais accueille les œuvres les plus emblématiques du musée ainsi que des pièces de la collection Fisher, dont le SF MOMA est dépositaire.

L’exposition présente 49 œuvres emblématiques de la peinture américaine dans la seconde moitié du XX ème siècle. Quatorze artistes, parfois très célèbres en Europe, (Calder, Lichtenstein, Warhol, Diebenkorn, Chuck Close) sont présents. Ils ont évolué entre peinture et sculpture, entre art abstrait et art figuratif, entre expressionnisme abstrait, pop art et minimalisme. San Francisco vient à vous, allez donc au Grand Palais découvrir ce que l’Amérique contemporaine propose.

Présentation du SF MOMA

SF MOMA, architecte Mario Botta

SF MOMA, architecte Mario Botta

En 1935, c’est le premier musée d’art moderne fondé sur la côte ouest des Etats-Unis, six ans après celui de New York. Tout au long de son existence, cette institution pionnière a pu compter sur la générosité des collectionneurs californiens. En 2009, Doris et Donald Fisher, fondateurs de l’enseigne de vêtements Gap, ont déposé au musée une collection de plus de mille œuvres, pour un siècle. Pour abriter ces collections, l’extension du bâtiment construit par l’architecte Mario Botta et inauguré en 1995, était devenue nécessaire. Elle ouvrira ses portes au printemps 2016. En attendant, une sélection des œuvres navigue à travers le monde et se pose au Grand Palais puis au musée Granet d’Aix-en-Provence [11 juillet au 18 octobre].

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L’identité européenne – quête incessante d’un horizon

Pour célébrer les multiples visages de l’Europe, des personnalités issues du monde politique et du monde des arts dialoguent librement sur les origines du projet européen, de la Grèce aux Lumières, cette Europe enlevée, berceau du roman, lieu de liberté et tranquillité où les femmes tiennent une place singulière. L’Europe, un horizon qui reste à conquérir.

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En partenariat avec « Initiatives pour une Europe plurilingue »
et « Citoyennes pour l’Europe ». Sous le patronage de la Représentation en France de la Commission européenne.

En ce 28 mars 2015, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, a lieu la dernière rencontre du cycle l’Europe inspirée sur le thème de l’identité européenne.

Rencontre animée par Martine Méheut,  présidente de « Citoyennes pour l’Europe » en présence de Julia Kristeva et d’Enrico Letta.

Julia Kristeva, animée d’un grand désir d’Europe, est philosophe, philologue, psychanalyste, écrivain, professeur émérite de l’Université Paris VII-Denis Diderot. Enrico Lettra,  européen engagé, a été ministre des affaires européennes, député au Parlement européen, Président du conseil des ministres italien. Il est actuellement professeur invité à l’Institut des études politiques de Paris.

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Comprendre la réforme régionale en France

Retrouvez en vidéo l’entretien réalisé par Jacques-Benoît Rauscher pour le site Montésinos avec Maryse Verfaillie, agrégée de Géographie et auteur avec P. Stragiotti de La France des Régions (Bréal, 2000).


Prise de vue et montage : Jacques-Benoît Rauscher
© Montesinos.fr

Frontières, front cinématographique
Tariq Teguia, Revolution Zendj Sortie le 11 mars 2015 Algérie - France - Liban - Qatar - 2013 2h13 min.

Tariq Teguia, Revolution Zendj
Sortie le 11 mars 2015
Algérie – France – Liban – Qatar – 2013
2h13 min.

Synopsis : Film choral, Revolution Zendj suit les trajectoires croisées d’ Ibn Battutâ – journaliste dans un quotidien algérien–, de Nahla, jeune femme réfugiée palestinienne en Grèce et de Monsieur Prince, froide figure d’un consortium militaro-capitaliste occupé à reconstruire l’Irak. Tous lisent peut-être Walt Withman et partagent un horizon géographique commun, mais ils n’ont pas les mêmes mobiles. Dans ce monde en ruine mais qui bouge encore, Ibn Battutâ prétexte enquêter pour son journal sur l’état de la « Nation arabe » pour partir sur la piste d’obscurs esclaves révoltés au IXème siècle au Moyen Orient, les Zendj. Sur sa route – indécise – qui le mènera de Beyrouth à Bagdad, il rencontre – entre autres – Nahla qui quitte la Grèce pour reprendre le flambeau de la lutte laissée en chemin par son père, militant nationaliste. Tous deux frôlent, un temps, la trajectoire a priori beaucoup plus directe de Monsieur Prince. Ce cabotage au pluriel entre terre et mer illustre l’état d’un « arc de crise » en proie  à la mondialisation et aux conflagrations intestines. Loin de s’en tenir à ce terrible constat, les lignes dessinées par les corps en mouvement – eux-mêmes confrontés à divers degrés aux frontières et aux césures d’un monde fragmenté – révèlent un espace politique et lui redonnent épaisseur pour mieux mesurer la place et l’échelle des possibles.

Nahla : « Qu’est-ce que tu photographies, il n’y a rien ? »

Ibn Battutâ : « Justement, j’essaie de voir comment cela devient. »

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La femme audacieuse – une figure européenne

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En ce 7 mars 2015  à l’Odéon-Théâtre de l’Europe a lieu la quatrième rencontre/lecture d’une série de cinq consacrée au thème de l’Europe inspirée. La rencontre est animée par Martine Méheut, présidente de « Citoyennes pour l’Europe », en présence de Nathalie Loiseau, directrice de l’Ecole Nationale d’Administration.

Martine Méheut introduit la séance :
« Pourquoi y a-t-il en Europe, au long des siècles, des femmes qui osent penser, écrire et dire jusqu’à l’engagement politique ce qui les scandalise et ce qu’elles espèrent ? Leur statut enviable en Europe n’a-t-il été  imposé que par leurs luttes et leurs victoires ? Ne faut-il pas plutôt reconnaître que la civilisation européenne est un espace propice au courage de la femme audacieuse ? »

Quatre textes seront lus au cours de cette séance : le « No pasaran ! » de Dolores Ibarruri, un extrait de « Une chambre à soi » de Virginia Woolf, un extrait de « Eloge de l’imperfection » de Rita Levi-Montalcini et un  extrait de « l’Enracinement » de Simone Weil.

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La fondation Louis Vuitton

Fondation Louis Vuitton
8 avenue du Mahatma Gandhi
75116 Paris

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Dédiée à la création contemporaine, la Fondation Louis Vuitton a ouvert ses portes en octobre 2014 à l’ouest de la capitale, dans le Jardin d’Acclimatation. L’édifice, imaginé par Frank Gehry, flotte à la lisière du bois tel un nuage de verre blanc. Qui a dit que Paris s’endormait sur ses lauriers ? Qui a dit que  « l’archi-star » Gehry, couronné par le Pritzker en 1989 n’était pas resté le maître des « constructions tordues », le maître des prouesses innovantes ?

Allez admirer ce vaisseau et ses voiles de verre et de métal. Gehry a le vent en poupe !

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