La géographie contemporaine (fin XXe siècle, XXIe siècle) emprunte de nouvelles voies pour représenter le monde qui nous entoure, un monde devenu particulièrement complexe avec l’accélération du processus de mondialisation. Parmi ces nouvelles voies, citons par exemple la géographie « engagée » qui se veut à l’écoute des populations, autrement dit une science appliquée et participative selon le géographe Antoine Bailly https://metropolitiques.eu/Pour-une-geographie-engagee-a-l-ecoute-des-populations.htm
En 1978 Edward Saïd, alors professeur de littérature anglaise et comparée à Columbia University, publie « Orientalism » dont la traduction française « L’Orientalisme : l’Orient créé par l’Occident » paraît en 1990 aux éditions du Seuil. Cet ouvrage constitue un point de passage obligé pour qui s’intéresse à l’Orient. Il démontre comment une image détournée de l’Orient est devenue en Occident « son double, son contraire, l’incarnation de ses craintes et de son sentiment de supériorité tout à la fois ». E. Saïd s’appuie sur de nombreux ouvrages d’histoire et de sciences sociales. Il analyse par nécessité tous les ouvrages parus sur le sujet depuis le XVIIIe siècle, sa réflexion est celle d’un historien.
La Volga, chère aux romanciers russes, a été transformée par les Bolcheviks au XXe siècle. Rêve ou cauchemar ? Au XXIe siècle, un nouveau destin s’ouvre devant elle, celui de devenir un fleuve d’Asie.

Pascal Marchand, Volga. L’héritage de la modernité, CNRS Editions, 2023
A tous les romantiques attachés à la « Petite Mère Volga » et à ses bateliers (en fait des haleurs) chantés par Ivan Rebrov, l’ouvrage du géographe Pascal Marchand provoquera un difficile retour à la réalité. Le majestueux fleuve de 3700 km est aujourd’hui une succession de barrages en béton et de lacs de retenue ; ses rives sont creusées par l’érosion ; son delta avance dans une mer Caspienne dont le niveau baisse ; et la pollution est un souci majeur. Qui est responsable de ce bilan ? C’est en grande partie l’homo sovieticus dont l’hubris a cru dompter les éléments naturels pour apporter en même temps et de façon massive électricité, irrigation, ressources halieutiques et voie de circulation.
A quelques jours du Salon de l’Agriculture, le monde agricole français (et même européen) n’en finit pas de manifester son mécontentement. Au même moment, à des milliers de kilomètres de là, des dizaines de milliers de paysans entendent profiter de la tenue prochaine des élections générales en Inde pour converger vers New Delhi afin de protester contre leur situation actuelle. Les contextes sont certes différents mais néanmoins il existe des aspects communs aux deux événements, des aspects relatifs aux raisons de la colère et aux méthodes utilisées pour faire pression sur les autorités. (suite…)
Où visiter dans un même espace urbain mosquées et églises, forteresses ottomanes et palais habsbourgeois ? C’est dans les Balkans. Les villes y ont une histoire ancienne et un présent douloureux.

Jean-Arnauld DERENS et Benoît GOFFIN (sous la direction de), ENS EDITIONS, 2024
Quatrième ouvrage (1) de la collection « Odyssée, villes-portraits », consacrée à la géographie subjective qui entrelace savoirs et expériences personnelles, rationalité et subjectivité, Balkans nous emmène dans quelques villes de cette Europe du Sud-Est considérée souvent comme étrange et étrangère par les autres Européens. Vestiges de l’Empire ottoman côtoyant des palais habsbourgeois, populations musulmanes, mosaïque de peuples divers et opposés…cette région européenne « différente » a laissé de plus une image inquiétante dans les livres d’Histoire, celle de « poudrière balkanique ». Aujourd’hui libérés des empires dont le dernier a été l’empire communiste, ces Etats cherchent à s’ « occidentaliser » et à intéger l’Union européenne (2). Aussi ce livre a-t-il pour but de nous les rendre plus familiers grâce aux récits d’auteurs divers, anthropologues, géographes, historiens, journalistes qui ont une connaissance intime de villes dans lesquelles ils et elles ont vécu.
Thierry COVILLE (1), L’Iran, une puissance en mouvement, Editions Eyrolles, 2022
Ecrit un an avant que le Hamas ne déclenche un conflit majeur en Israël, dans lequel de nombreux politologues mettent en cause le rôle de l’Iran, l’ouvrage de T. Coville analyse les aspirations de l’Etat chiite à être « la » grande puissance régionale du Moyen-Orient. Destiné à un lectorat de non-spécialistes ayant une image souvent manichéenne et simpliste de l’Iran actuel, il a deux mérites principaux : replacer les décisions des dirigeants politiques dans une histoire de long terme – l’influence culturelle de la Perse sur le Moyen-Orient et l’Asie centrale se compte en millénaires – et montrer la complexité et les paradoxes de la société iranienne contemporaine.
Le terrain… un mot mythique pour des générations de géographes qui, ne se contentant pas d’une recherche livresque, sortent de leur bureau, munis d’un appareil photos et d’un carnet de notes. Mais ces carnets ont le plus souvent disparu. On en retrouve parfois, tels ceux d’Albert Demangeon en Limousin au début du XXe siècle, que nous avons dénichés dans les archives de la Bibliothèque Mazarine. (suite…)

Dorigny M., Ruscio A., 2023, Paris colonial et anticolonial. Promenades dans la capitale. Une histoire de l’esclavage et de la colonisation, Maisonneuve et Larose Nouvelles Éditions/Hémisphères-Éditions, Paris, 315 p.
Marcel Dorigny et Alain Ruscio livrent une importante publication, sur les traces, sur l’empreinte viaire et statuaire, dans l’espace public parisien, à travers quatre siècles d’histoire esclavagiste et coloniale. Ces deux historiens placent au cœur de leur recherche la traite négrière et les conquêtes coloniales. La posture intellectuelle adoptée évite tout excès de paradigme victimaire, toute proximité avec certaines positions woke contemporaines, et recommande une contextualisation des statues et des noms de rues qui sont en débat ou contestés. Cette publication, qui a demandé douze ans de recherches, a été conduite à son terme par Alain Ruscio, postérieurement au décès de Marcel Dorigny en 2021.
Les trois principaux centres militaires d’essais, objets du présent article, étaient situés en Algérie et apportèrent à la France des possibilités très intéressantes pour développer et mettre au point, après la Seconde guerre mondiale, son expertise spatiale et nucléaire. Nous passons en revue ce que furent leurs activités qui, conformément aux accords d’Evian de 1962, furent arrêtées entre 1965 et 1967.
Utopie ? Dystopie ? Difficile de choisir pour imaginer ce que nous pourrions être dans un quart de siècle. Car en 1998, nous n’aurions pas imaginé les centaines de Cafés géo qui se sont réunis à Paris et ailleurs. Nous n’aurions pas imaginé les voyages, poussés par la curiosité de quelques-uns d’entre nous, des voyages-cultes notamment sur une… des très antiques Routes de la Soie.