Date / Heure
13/02/2019
18:15

Emplacement
Délices de Saturnin

Catégories


Café géo « Insécurité et mobilité en Centrafrique : les éleveurs transhumants face à la violence » par Guy-Florent ANKOGUI-M’POKO (géographe, enseignant-chercheur, Université de Bangui), le mercredi 13 Février 2019 à 18h15 aux Délices de Saturnin (21 place St-Sernin, M° Jeanne d’Arc ou Capitole).

Présentation

Redistribution des aires pastorales en Centrafrique suite à la crise de 2013

Campements d’éleveurs déplacés, protégés par les agriculteurs, au village de Ngoutéré (Centrafrique)

L’insécurité qui prévaut en République Centrafricaine depuis une vingtaine d’année, occasionne des déplacements forcés de populations, notamment d’éleveurs transhumants, dont elle compromet la liberté de circuler et les contraint parfois à la migration. Les recherches réalisées depuis 2005 en Centrafrique et dans les pays voisins (Cameroun et Tchad) montrent que l’insécurité qui y règne, outre le fait qu’elle influence les déplacements du bétail et les migrations des éleveurs, menace également la sécurité alimentaire et la cohésion sociale. Dans le contexte de prolifération du grand banditisme rural (coupeurs de route) et de prolongement de conflits armés impliquant le pouvoir central et des groupes rebelles (anti-balaka et Séléka), l’insécurité se manifeste par des prises d’otages, des rackets, des attaques de campements et des assassinats. Les acteurs de cette insécurité (bandits, groupes armés, forces de l’ordre, certains agents de l’administration…) trouvent des complicités au sein des communautés concernées et des commerçants de bétail. Cette situation génère la désorganisation des circuits habituels de transhumance, les fuites vers les régions encore stables, une paupérisation des éleveurs et des problèmes de ravitaillement en produits d’origine animal. Plusieurs centaines de milliers de têtes de bœufs auraient migré vers les pays voisins (Cameroun, Tchad et République démocratique du Congo). Cette situation a provoqué une baisse de ravitaillement des principales villes du pays en viande bovine, une augmentation du prix des produits carnés et compromet la cohésion sociale entre les populations. Elle révèle aussi le risque de disparition de l’élevage, tant transhumant que sédentaire, dans les villages victimes de ces exactions. L’insécurité envers les éleveurs permet enfin de mesurer l’immensité des défis que constituent pour le gouvernement centrafricain la lutte contre les bandits de grands chemins qui, ont tendance à utiliser les espaces transfrontaliers pour se cacher, et le rétablissement de la paix dans le pays.