Date / Heure
20/03/2019
18:15

Emplacement
Délices de Saturnin

Catégories


« La Suisse : l’excellence ferroviaire en Europe » par Jean-Pierre WOLFF (professeur de géographie, UT2J), le mercredi 20 mars à 18h15 aux Délices de Saturnin (placeSt-Sernin, M° Jeanne d’Arc ou Capitole).

Présentation

Wolff  Jean-Pierre

Professeur Université Toulouse Jean Jaurès
Département de Géographie, Aménagement et Environnement
Membre du LISST-CIEU

Alors que l’Europe ferroviaire avance à petite vitesse depuis les années 1990, malgré l’urgence environnementale et les questions sociales, amplifiées par l’unification du grand marché commun, la Suisse au cœur de cette Europe à qui elle appartient sans être membre de l’Union européenne, procède votations après votations à des réformes successives transformant totalement ce système ferroviaire, qui par biens des côtés pouvait encore évoquer les trains de Heidi sillonnant les fonds de vallées bernoises ou engadinoises dans les années 1950 et 1960. Même si ces trains jouets arpentent toujours ces zones rurales et/ou montagnardes, ils sont totalement intégrés au paysage ferroviaire de ce début du XXI° siècle et ils n’ont plus que leur inscription identitaire qui demeure et qui a même été renforcée. Il n’en demeure pas moins qu’ils sont inscrits dans ce réseau qui ressemble plus à un métropolitain à l’échelle d’un pays, qu’à un réseau ferroviaire tel que nous pouvons en trouver dans certains pays européens.

Alors que les réformes ferroviaires en France débouchent sur des inégalités territoriales de plus en plus marquées en fonction des caractéristiques socio-démographiques opposant d’une part, les zones métropolitaines et les liens qu’elles entretiennent au reste des territoires et d’autre part, les politiques développées par l’Etat, les Régions et la SNCF à la veille de l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire, la Suisse a su franchir ces étapes pourtant parsemées d’écueils, ne serait-ce que par la présence d’une trentaine de compagnies ferroviaires de transport de voyageurs dans un mouchoir de poche de 41 285 km2, découpé en 26 cantons aux pouvoirs largement plus larges que les Länder, les autonomias et surtout les régions françaises.

La Suisse a réussi mieux que les autres pays européens à mettre au cœur d’une politique globale des déplacements, des mobilités et des transports, un partenariat entre les CFF, la Poste, les compagnies ferroviaires privées, les entreprises de transports publics urbains, les compagnies de navigation et les usagers, au profit d’une mobilité générale et partagée sous la houlette des CFF et de la Confédération. Tout ceci a pris du temps pour s’affirmer et a demandé beaucoup de doigté et de volonté pour arriver à un consensus entre des acteurs aux intérêts aussi divergents que la Confédération et les cantons qui veulent réduire leurs contributions au système ferroviaire et les compagnies ferroviaires à la recherche de soutiens financiers.

Nous allons voir les politiques et les outils mis en place pour arriver à ce résultat frôlant l’excellence en matière de transport ferroviaire. Pour cela dans une première partie nous présenterons les éléments de ce système ferroviaire en rappelant les basiques (longueur du réseau, électrification, gares, financement et trafics de voyageurs et de fret). Dans une seconde partie, nous insisterons sur le mécano ferroviaire helvétique en évoquant les acteurs et leur rôle (CFF, compagnies privées de voyageurs, entreprises privées ferroviaires) et leur fonctionnement dans le dispositif national et local de la meilleure gestion des déplacements. Enfin nous terminerons en prenant un peu de champ par rapport à cette présentation centrée sur les transports et le ferroviaire, pour aborder la question essentielle de la gouvernance et de la question institutionnelle au cœur du succès de cette politique ferroviaire.