Le 13e salon aéronautique de Dubaï a ouvert ses portes le 17 novembre 2013 et, dès le premier jour, il a enregistré un montant record de commandes qui profite surtout à l’américain Boeing avec son nouveau long-courrier Boeing 777X. Mais l’européen Airbus tire également bénéfice de ces commandes historiques grâce notamment à son A380, le plus gros avion civil de transport de passagers actuellement en service. C’est du jamais vu. Ce sont les trois principales compagnies du Golfe qui sont à l’origine de cet événement. Emirates de Dubaï, Etihad d’Abu Dhabi et Qatar Airways ont commandé pour environ 140 milliards de dollars dans ce qui s’avère être une nouvelle manche du match Boeing-Airbus, après le salon du Bourget qui avait vu la victoire de justesse de l’avionneur européen sur son rival de Seattle. La bataille entre les deux constructeurs se concentre désormais sur les long-courriers alors qu’elle a longtemps porté sur le marché des appareils moyen-courriers.
Le salon de Dubaï est bien devenu un rendez-vous incontournable du marché aéronautique. Pourtant, le Moyen-Orient ne représente que 7% du trafic mondial mais les perspectives de croissance de son trafic international sont très importantes. Cette situation traduit la montée en puissance des grandes compagnies aériennes du Golfe arabo-persique qui opèrent depuis des hubs ultramodernes, comme le nouvel aéroport Al Maktoum de Dubaï. Ce gigantesque aéroport, d’une capacité de 160 millions de passagers annuels, se situe au centre d’un immense complexe logistique, commercial et de loisir. Jeff Johnson, Président de Boeing Moyen-Orient explique ce dynamisme économique : « Deux tiers de la population mondiale sont accessibles d’ici en moins de 8 heures, la plupart venant de pays émergents. Ce que cette région a réussi à faire, c’est de les relier à d’autres destinations via les hubs de Dubaï, Abu Dhabi et Doha.» Ainsi, les Etats du désert, en articulant infrastructures, transport et tourisme, font venir le monde à eux.
Mais l’émergence des compagnies du Golfe n’a pas pour seule conséquence d’arbitrer le match Boeing-Airbus. Avec leur stratégie de « hub long-courrier » visant à capter une part importante de la croissance du trafic de zones économiques très dynamiques, les trois compagnies Emirates, Qatar Airways et Etihad, créées respectivement en 1985, 1994 et 2003, sont en passe de devenir des concurrentes redoutables pour les majors européennes. Comme quoi elles font (actuellement) le bonheur des uns (Boeing, Airbus) tout en suscitant l’inquiétude des autres (Air France-KLM, British Airways, Lufthansa).
Daniel Oster, novembre 2013