Présentation par Julie PICARD, Maîtresse de conférences, Université de Bordeaux, INSPE de l’Académie de Bordeaux.

Ce Café Géo a eu lieu le mercredi 20 Novembre 2019 au 14.80, brasserie Sainte-Cécile (Albi) à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Moins médiatisée que ses voisins nord-africains lorsque sont évoqués les flux migratoires en Méditerranée, l’Égypte accueille pourtant depuis le début des années 1990 des migrants originaires du sud du Sahara, dont les nationalités et les statuts se sont progressivement diversifiés (demandeurs d’asile, réfugiés, étudiants, autres migrants, etc.). Pour la majorité d’entre eux, l’objectif initial n’était ni d’atteindre l’Europe, ni de rester durablement en Égypte. Pourtant, en dépit de conditions de vie difficiles (discriminations, racisme, absence de politiques d’accueil gouvernementales, instabilité locale), beaucoup se sont finalement installés au Caire (métropole de plus de 23 millions d’habitants), depuis parfois plus de 20, voire 30 ans.

Les recherches de Julie Picard (menées sur place depuis 2005) lui ont permis d’identifier un certain nombre de parcours et de profils de migrants et de mieux comprendre comment ces processus d’ancrage territorial « non prévus » se réalisaient (quartiers d’installation, emploi, réseaux sociaux). Certains acteurs confessionnels (ONG, anciennes Églises missionnaires) mais aussi les propres croyances et pratiques religieuses des migrants sont apparus comme des ressources particulièrement actives dans la vie quotidienne de ces migrants africains, afin de mieux vivre l’exil, l’arrivée et l’« attente ». Julie Picard tentera ainsi de montrer que, malgré leur sentiment d’être « en transit » de longue durée, ces étrangers subsahariens possèdent de multiples compétences afin de s’ancrer et de prendre discrètement place dans la ville

Éléments de la présentation :

Julie Picard commence par présenter le sujet du soir : ses travaux de thèse portant sur l’Égypte. Elle expose ensuite son plan qui se décompose en 2 parties.

Dans un premier temps, elle explique son parcours en recontextualisant la question des migrations de l’Afrique à la Méditerranée en s’appuyant sur des chiffres pour lutter contre les idées reçues (Par exemple : toutes les migrations ne se dirigent pas vers le nord et ne traversent pas la Méditerranée ; en effet, plus de 30 % des flux sont de type Sud – Sud).

Dans un deuxième temps, elle nous présente la ville du Caire et les acteurs qui accueillent les migrants subsahariens et notamment des églises (acteurs institutionnels) mais également des ONG religieuses qui s’occupent de l’accueil des migrants.

 

Mise en contexte des migrations Africaines :

Pour contextualiser ce qui se passe en Afrique du Nord et en Égypte, Julie Picard nous présente des chiffres :

  • Les migrants dans le monde ne représentent que 3,4 % de la population mondiale.
  • Ils représentent 266 millions de personnes dans le monde.

Ces chiffres sont tirés des statistiques de l’ONU qui sont évidemment à discuter, cependant ils donnent un ordre de grandeur.

Depuis les années 1970, les chiffres montrent une augmentation des migrants dans le monde.

Toujours pour lutter contre les idées reçues, les migrants sont majoritairement nés en Asie (106 millions dont 17 millions venants d’Inde). Les autres grands groupes sont l’Europe (61 millions y sont nés) ou l’Amérique Latine (38 millions), migrants qui ont très bien pu rester dans leur pays. Ainsi, selon les chiffres de l’ONU, les migrants africains représentent 36 millions (soit 14 % des migrants dans le monde).

Ensuite, il commence à y avoir une tendance à la féminisation des flux ; aujourd’hui 48 % des migrants seraient des migrantes qui sont parties seules (ou avec leurs enfants).

Toutes ces données sont des choses que l’on n’a pas l’habitude d’entendre dans les médias. De plus, les migrants sont de plus en plus diplômés et possèdent des ressources (économiques, sociales, financières, culturelles) et ont des capacités pour se déplacer dans la légalité ou dans l’illégalité (il faut des moyens pour traverser les frontières).

Toujours pour contextualiser, on essaye de distinguer les migrations Sud-Sud, Nord-Sud, Sud-Nord, Nord-Nord malgré le fait que les chiffres soient difficiles à obtenir. Les migrations Sud-Sud représentent environ 30 % des flux tout comme les migrations Sud-Nord .

De notre point de vue européo-centré, les médias insistent sur les migrations se dirigeant du Sud vers le Nord, avec des messages politiques derrières ces informations. En réalité, les flux Sud-Sud sont les plus représentés.

On remarque que les migrations sont souvent intracontinentales. Par exemple, selon certains instituts travaillant sur les statistiques, 80 % des migrations d’origine subsaharienne (Sud du Sahara) se dirigent vers un autre pays d’Afrique subsaharienne (en grande majorité). Pour la CNUCED, en 2017, 19 millions d’Africains ont migré en Afrique contre 17 millions en dehors du continent.

La carte qui suit est intéressante à exploiter (Wihtol de Wenden, La documentation photographique, 2019), en géographie, on parle de système migratoire, ici on se base sur les régions africaines.

 

 

En vert, ce sont les pays de départ des réfugiés et en rouge les pays d’accueil de ces migrations forcées. Les flèches représentées sont les flux migratoires. On voit bien que l’Afrique du Sud, l’Afrique de l’Ouest comme la Côte d’Ivoire notamment et l’Algérie sont des pôles attractifs en Afrique et que finalement, les flux qui sortent des frontières du continent africain ne sont pas les plus importants. Ce n’est pas ce genre de cartographie que nous montrent les médias.

L’Afrique centrale possède des pôles à la fois émetteurs et récepteurs de migrations forcés (Soudan, Soudan du Sud, République démocratique du Congo, la centre Afrique et l’Érythrée) dû aux contextes de conflit et de guerre civile.

La carte suivante permet de mettre en parallèle les arrivées des demandeurs d’asile en Europe (Wihtol de Wenden, La Documentation photographique, 2019). Les chiffres sont intéressants à regarder.

 

En rouge, le nombre de demandeurs d’asile entre 2015 et 2017 pour 1 000 habitants et en vert, le nombre de demandeurs d’asile ayant obtenu le statut de réfugié (on demande l’asile dans un pays pour obtenir ce statut de réfugié). C’est un statut international qui permet leur protection selon la convention de Genève. Si on regarde la France, il y a 3,6 demandeurs d’asile pour 1 000 habitants comptabilisés sur cette période et il n’y a qu’1,5 sur 1000 habitants qui a obtenu l’asile en France. On remarque qu’il y a des pôles qui ont été plus attractifs que d’autres : l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, la Hongrie qui sont les principaux pays où l’on demande l’asile mais cela ne veut pas dire qu’on va l’obtenir. Cette carte n’indique pas ce que sont devenus ceux qui ont été déboutés de l’asile, ils ont peut-être été expulsés, ou sont restés sur place sans papiers, dans l’irrégularité. Ces chiffres relativisent ainsi ce que l’on peut entendre dans les médias.

 

Toujours dans l’idée de contextualiser, la carte suivante a été réalisée par « Migreurop », think tank réunissant à la fois de chercheurs et des associations qui cherchent à dénoncer les politiques migratoires européennes.

 

 

La carte est donc volontairement engagée (cartographie radicale), mais elle montre que l’UE passe des accords avec les pays voisins (PEV) et notamment avec les pays d’Afrique du Nord pour tenter de « filtrer » un maximum ces flux migratoires. Cela va donc être : plus de police ou plus d’argent pour surveiller les frontières, pour ouvrir des camps (où l’on étudie les demandes d’asiles ou des camps de détention avant expulsion). On voit bien que les pays du Nord de l’Afrique et les pays à l’Est de l’Europe (les PSEM) sont des partenaires de l’UE en échange d’argent, d’accords divers, etc. Pour mieux faire tampon avec ces flux qui se dirigeraient à l’intérieur de l’UE. Les caricatures ci-dessous qui symbolisent l’Europe comme une forteresse, expriment le fait qu’il est de plus en plus compliqué d’accéder à ces territoires.

 

 

 

 

 

 

 

 

FRONTEX, la police des frontières de l’espace Schengen, créée en 2004, dont le siège est à Varsovie (Pologne), est représentée par des lignes rouges sur la carte, partant depuis cette ville. On parle d’externalisation des frontières, procédé également utilisé entre le Mexique et les États-Unis, c’est-à-dire que les pays du Sud sont invités à gérer les flux pendant que les pays du Nord en sont mieux « protégés ».

Ce durcissement des frontières à un effet pervers, souvent médiatique, les nombreux morts en Méditerranée. La carte suivante (blog de N. Lambert, https://neocarto.hypotheses.org/5982) montre cette mortalité entre 2014 et 2019, et plus précisément la géographie des couloirs qui ont été les plus fréquentés et donc les plus dangereux et meurtriers.

 

Au total, même si les chiffres sont difficiles à obtenir, depuis 1993, il y aurait eu plus de 33 000 morts lors de tentatives de traversées de la Méditerranée. Tous les corps ne sont pas retrouvés. On essaye de dénoncer cela en disant que les politiques migratoires européennes sont de plus en plus strictes. Sur cette même carte, on voit apparaître l’Égypte, pays de départ de quelques-unes de ces barques ou de ces bateaux de migrants, malgré l’éloignement des côtes européennes. On voit quand même des accidents qui sont des cas de bateaux partis après les Printemps arabes (après 2011). Phénomène que l’intervenante n’a pas pu observer durant ses travaux de recherche antérieurs. Dans ces bateaux, ce sont surtout des Egyptiens qui sont enregistrés mais aussi des Libyens qui sont partis des côtes égyptiennes, mais finalement peu de migrants d’origine Subsaharienne.

 

Julie Picard se focalise ensuite sur l’Égypte. Elle s’est d’abord intéressée aux chiffres et statistiques des migrations forcées vers ce pays (ce sont ceux du UNHCR : Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU). C’est d’abord une approche quantitative qu’elle a réalisée pour ensuite la compléter par une approche plus qualitative.

Il y a un bureau du HCR régional pour toute l’Afrique du Nord établi au Caire, depuis 1954. Après la Seconde guerre mondiale, il y a eu une volonté d’accueillir d’abord des migrants palestiniens et donc cela a permis une production de statistiques.

Si l’on regarde les chiffres d’un peu plus près, en 1993 (premier annuaire consulté) comme en 2000, les chiffres ne bougent pas beaucoup : 7 000 réfugiés statutaires (ayant obtenu l’asile en Égypte). Ils viennent surtout de Somalie puis du Soudan, de l’Éthiopie, de l’Érythrée. A cette époque, il suffisait d’être reconnus prima-facie, c’est-à-dire juste à prouver sa provenance d’un pays pour être reconnu collectivement réfugié (ce n’est plus le cas aujourd’hui).

Petit à petit, il y a eu une tendance à l’internationalisation des flux. Tous les pays de l’Afrique subsaharienne étaient concernés et donc il y a eu une diversification des statuts.

Le HCR procède à ce moment-là (dans les années 2000) à des réinstallations. On réinstalle des réfugiés au Canada, en Suède, aux États-Unis. Il y a eu un pic entre 1999 et 2004, puisque 17 000 personnes ont été réinstallées dans ces pays occidentaux depuis l’Égypte.

Cela a créé une sorte « d’appel d’air » (même si l’expression est à nuancer). Les réfugiés se sont dit qu’en Égypte, il pouvait y avoir une occasion de sortir du continent et d’accéder au statut de réfugié avant d’être réinstallé dans un pays occidental. On a pu accuser certains migrants de ne pas être de « vrais demandeurs d’asile », d’être des « faux migrants forcés ». Cela a participé au durcissement des politiques de reconnaissance du HCR en Égypte.

De nombreuses manifestations de migrants, qui voulaient être réinstallés et ne pas rester en Égypte, ont eu lieu. En 2005, ces événements se sont passés sur la « place Mustapha Mahmoud » et il y a eu des conséquences dramatiques : la police a essayé de les déloger d’abord pacifiquement puis par la violence (manifestants tués). A partir de là, il y a eu un vrai blocage administratif et juridique pour ces demandeurs d’asile : leur dossier prenait beaucoup plus de temps et l’analyse était plus stricte. Par ailleurs, il y a eu des accords de paix entre le Sud et le Nord Soudan et l’indépendance du Sud Soudan en 2011 ; donc administrativement parlant, il n’y avait plus de raison de demander l’asile en Égypte. Ainsi, des gens qui étaient là depuis plusieurs années ont pu se retrouver sans statut avec la perte de la carte de demandeur d’asile (qui les protégeait a minima). Ils étaient censés rentrer chez eux, la paix étant, soi-disant, revenue bien que la réalité eût été différente.

A ce moment-là, il y a eu l’apparition de la voie israélienne car faute de pouvoir migrer ailleurs, certains se sont dits que les conditions de vie seraient meilleures en Israël. Donc dans les années 2005-2006-2007, des migrants sont partis du Caire pour rejoindre le Sinaï et Israël ; il existe de nos jours des communautés de Soudanais bien établies en Israël. Mais quelques temps après, les mêmes problèmes se sont présentés et un mur fut construit. Et il y a eu des renvois et des expulsions depuis ce pays. Après 2007, cette route fut de moins en moins convoitée.

Les chiffres du HCR montrent que fin 2018, 250 000 personnes étaient sous la responsabilité du HCR (demandeurs d’asile et réfugiés).

Les Syriens sont devenus le groupe le plus important suivi de près par les Soudanais puis les Éthiopiens et les Érythréens. Ils étaient là avant, ils continuent d’arriver encore aujourd’hui.

Au total, 58 nationalités différentes composent ces migrants en Égypte. Ce sont des migrants forcés ou que l’on appelle « forcés » (qui n’est pas une catégorie juridique). Les profils sont d’ailleurs très diversifiés : des étudiants qui viennent un temps en Égypte, des migrants économiques (expression discutable car on part pour des raisons économiques mais aussi souvent politiques, cela se superpose). Sylvie Bredeloup, socio-antropologue, parle « d’aventuriers » qui partent chercher une meilleure vie ailleurs. Il y a également des diplomates, le Caire et l’Égypte sont des endroits stratégiques pour les ambassades ou les grandes institutions internationales. Et puis des responsables religieux qui viennent exercer leur métier en Égypte.

C’est aussi sans compter sur tous ceux qui échappent aux statistiques, du fait de leurs statuts labiles (exemple : un demandeur d’asile enregistré comme tel mais qui se retrouve dans l’irrégularité lorsque la paix est revenue dans son pays, et qui s’inscrit dans une université pour retrouver une situation régulière avant de redevenir un sans-papiers). Le statut d’une seule et même personne peut largement évoluer au cours d’une vie.

L’intervenante explique avoir rencontré beaucoup de personnes qui sont arrivées légalement et qui, après une période de temps en Égypte, perdaient leur statut juridique légal. Elle a rencontré un Congolais qui est venu faire ses études militaires en Égypte, et pendant ce temps, il y a eu un coup d’État dans son pays en RDC (coup d’État de Kabila en 1997). Il fut donc considéré comme déserteur et savait très bien qu’un retour dans son pays pouvait lui coûter la vie. Depuis les années 1990, il est toujours en Égypte.

De 2 à 5 millions de Soudanais vivraient en Égypte aujourd’hui. Si on compare avec les chiffres du HCR pour l’Algérie, la Tunisie, la Libye ou le Maroc, c’est l’Égypte qui accueille le plus de migrants forcés. On n’en entend pourtant pas beaucoup parler dans les médias français.

 

Le Caire, quel accueil des migrants ?

Julie Picard analyse ensuite la situation du Caire où la plupart des migrants sont installés (quelques communautés subsahariennes vivent également à Alexandrie).

Il n’existe pas de camp de réfugiés en Égypte, on parle donc de réfugiés urbains. Il existe des avantages et des inconvénients à cette situation pour ces demandeurs d’asile, parce qu’on peut bénéficier d’un certain anonymat dans une grande métropole, hors des camps, mais c’est aussi plus difficile de trouver de l’aide.

Il n’y a pas de politique gouvernementale d’accueil, l’État délègue toute responsabilité au HCR et à ses partenaires (des ONG et ONGc). L’État considère que ces personnes sont « une goutte d’eau », qu’ils sont simplement de passage et ne vont pas rester. Il y a une sorte de déni de la réalité de l’immigration dans ces pays d’Afrique du Nord. Au Maroc, les choses commencent à changer, mais l’Égypte n’est pas sur la voie de la reconnaissance de ces personnes, qui sont pourtant là depuis 10, 15, 20 ans ou plus en Égypte.

Les ONG égyptiennes qui sont souvent soit musulmanes soit coptes, s’occupent prioritairement de la population égyptienne. Elles ne sont pas tournées vers les migrants qui ne représentent pas pour elles une priorité. La couleur de peau va induire de nombreuses discriminations, un racisme qui est fort envers ces populations noires (remarques dans la rue, insultes, discriminations pour l’emploi), pour lesquels la vie quotidienne est rendue difficile.

Les principaux acteurs de l’hospitalité sont des anciennes Églises missionnaires, qui ont vu l’arrivée de ces migrants comme un public qui permettait de les revitaliser. Ces églises se sont donc reconverties dans l’accueil de migrants assez spontanément (elles ont également servi de « porte d’entrée » à l’intervenante pour son terrain de thèse). Pour les migrants, ce sont des lieux connus de tous même s’ils ne les fréquentent pas. Cette photo montre l’Église à gauche et l’ONG qui en découle à droite.

La congrégation des « Comboniens » est par exemple une congrégation d’origine italienne qui est très présente en Afrique et qui lutte depuis le XIXe siècle pour la libération des esclaves, notamment au Soudan et en Égypte.

Quels sont les services qu’ils peuvent proposer aux migrants ?

Tout d’abord, des écoles qui sont des lieux qui accueillent de plus en plus d’enfants. Sur les photos suivantes (Sacré-Cœur à gauche ; Saint Andrew’s au centre ; et African Hope Learning center, lié à Maadi Community Church à droite), on remarque que les bâtiments et les salles de classe sont aménagés dans la cour à proximité des églises.

 

On observe que des préfabriqués ont été installés sur la photo du centre pour permettre d’accueillir le public migrant et c’est là que se passent les cours, à la fois pour les enfants et les adultes. On voit bien que les enfants accueillis sont chrétiens, musulmans ou autre. Il n’y a pas de distinction de nationalité ou de religion. Tous les migrants forcés à la recherche d’un peu d’aide vont pouvoir bénéficier de ces services. Sur la photo de gauche, le bâtiment de gauche (l’école) est collé au mur de l’église. On voit également les élèves en uniforme dans la cour de récréation.

 

Donc ces Églises proposent des services éducatifs, des services pour les adultes en termes de formation (exemple sur la photo ci-dessous, d’une salle d’informatique). Sur la photo du haut, on est dans un sous-sol d’église avec des produits d’artisanats d’arts (tableaux, tissus, bijoux…) qui sont réalisés par les migrants et vendus ensuite dans une boutique. L’argent récupéré va profiter à ces communautés. Tout cela permet une certaine insertion professionnelle et économique au Caire, à partir de ces micro-lieux.

Autour de ces églises, se développent aussi des activités commerciales. Des centralités marchandes apparaissaient, c’est-à-dire des marchés plus ou moins éphémères, qui vont polariser et centraliser un certain nombre de choses.

Sur la photo de gauche, c’est une zone de marché juste à côté de l’Église du Sacré-Cœur, des Comboniens, à dans le quartier de Sakakini. C’est un marché qui se tient tous les jours avec des stands qui sont installés sur le bord de la rue mais il existe aussi des bâtiments en dur avec un atelier de couture, une épicerie, un restaurant tenu et fréquenté par des Soudanais. Quelques Égyptiens les fréquentent et même s’il n’y a pas beaucoup de contacts, il existe une forme de vivre-ensemble à l’échelle de la rue.

Sur la photo de droite, c’est une Soudanaise qui attend la fin de la messe dans le quartier de Maadi pour vendre des boissons, des produits d’artisanat d’art ; ce n’est pas une centralité marchande à proprement parler mais des activités commerciales discrètes réapparaissent chaque semaine à proximité de ces anciennes Églises missionnaires.

 

 

Sur les photos ci-dessous, les toponymes et noms d’enseignes nous renseignent sur les pays d’origine des migrants. C’est intéressant de voir que sur la photo de gauche, la boutique s’appelle « La maison du Soudan » en arabe. A droite, la boutique affiche les mots « Nigeria » et « Africa » ; on y propose des services photos et vidéos (baptêmes, mariages…).

 

 

Autre service important qui avait interpellé l’intervenante : l’offre religieuse qui se diversifie depuis les Églises étudiées. Sur la photo suivante (droite), on peut remarquer que, selon le jour de la semaine, on peut assister à All Saints, à un culte en français, en anglais, en suédois, en dinka soudanais, puis à un culte pour les Éthiopiens et Érythréens. On a donc une offre religieuse dans la langue d’origine des migrants qui est proposée à différents moments de la semaine.

Les groupes se croisent lorsque les cultes s’enchaînent et certains contacts peuvent être établis.

Ceux qui sont responsables de ces nouveaux services religieux, qu’ils soient protestants ou catholiques, sont de plus en plus des Africains (et moins des Italiens, des Français ou des Belges). Les prêtres et les pasteurs célébrant les cultes sont Soudanais, Ougandais ou Congolais, au service de ces populations migrantes ; ils viennent un temps en Égypte servir cette cause des migrants et permettre aux fidèles de continuer à croire selon leurs rites d’origine.

L’intervenante précise qu’elle a cartographié les quartiers où vivaient les migrants par rapport à ces Églises, car à la base, ces dernières se situent essentiellement au centre-ville.

Sur la carte, la zone bleue représente le centre-ville et au sud le quartier de Maadi (quartier aisé habité par de riches égyptiens et des expatriés occidentaux). Si les Églises concentrées dans ces deux zones, les migrants habitent des quartiers plus périphériques et plus modestes, ce qui induit de nombreuses mobilités dans la ville.

 

 

Ils habitent souvent à proximité des lignes de métro, car ce moyen de transport est très peu cher et les loyers dans les quartiers périphériques sont peu onéreux. On parle de quartiers populaires d’habitats « spontanés », c’est-à-dire qu’ils ne respectent pas forcément les règles et plans d’urbanisme.

Certains de ces prêtres et pasteurs au service des migrants se déplacent dans certains quartiers périphériques. Ils peuvent y ouvrir des petites écoles ou organiser des messes chaque semaine.

L’intervenante les a suivis dans leur parcours quotidien. C’est intéressant de noter qu’il est quasiment impossible de construire une nouvelle église en Égypte même s’il y a une loi (votée en 2016) qui change un peu les choses, mais les règles restent extrêmement strictes (distance par rapport aux mosquées à respecter, hauteur limitée…). Sur les photos suivantes, prises dans le quartier spontané d’Arb’a Wa Nus, le dernier étage d’un immeuble a été clandestinement aménagé en lieu de prière pour les Soudanais habitant le quartier.

 

 

On s’adapte, on prie différemment, on met la musique un peu moins fort, mais ce genre de pratiques et de salles de prière informelles, où les gens se rendent régulièrement, sont courantes au Caire.

Beaucoup de migrants ne comptent plus tout à fait de la même manière sur les Églises missionnaires ou les ONG officielles depuis quelques années et donc, ils créent leurs propres associations (à condition qu’elles ne soient pas politiques), qui sont une autre manière de s’intégrer dans cette ville. Ces associations restent très précaires (disparitions ou déménagements nécessaires réguliers du fait des plaintes du voisinage, de la hausse des loyers, etc.).

Sur la photo suivante, « Welcome to Sudanese Hope Center » figure toujours écrit sur le mur d’une ruelle du quartier d’Hadayakek el Maadi, mais l’association de migrants n’existe plus à cet endroit. Les horaires d’ouverture sont également encore écrits à la main.

L’intervenante précise qu’après avoir ouvert la grille et être rentrée dans la cour, un Égyptien lui a indiqué que les locaux de l’association avaient déménagé.

Sur l’autre photo, c’est une association soudanaise qui propose des services de crèche, des cours d’alphabétisation pour les adultes, etc., malgré des espaces assez restreints.

Dans les discours des migrants en général, la religion revient très souvent. On constate en Égypte des mobilités religieuses, des gens qui croient à nouveau ou ne croient plus, ou bien qui se convertissent en Égypte. On essaye de retracer la multiplicité des parcours religieux via des entretiens.

Certains vont rechercher la proximité, soit une église à côté de chez eux, qu’elle soit est protestante ou catholique.

Une femme sud-soudanaise dit : « Ici [à Hay el Asher], il n’y a pas d’Église catholique, elle est seulement à Sakakini et c’est trop loin. Donc on a rejoint [avec son mari] une Église évangélique. Chaque Église évoque la Parole de Dieu. Je ne peux pas rester à la maison sans prier. […] Ma base est catholique donc j’y reviendrai sûrement » ; pour elle, il n’y a donc pas de problème à passer d’une église catholique à une église évangélique en exil. Autre témoignage, d’un homme sud-soudanais : « Je fréquente Africa Live [MCC] mais je fréquente aussi une autre Église : mon Église noire [catholique, dans sa langue d’origine, le zandé] » ; malgré son appartenance au protestantisme, il se rend dans cette Église car une messe y est proposée dans sa langue d’origine (le zandé). On peut parler de « butinage religieux » (Soares), c’est-à-dire la fréquentation multiple d’Églises. Nouveau témoignage, c’est un Camerounais qui a créé son église en Égypte. Il n’a suivi aucune formation religieuse, on peut parler de migrant-pasteur (Bava, Picard). Il est arrivé en Égypte comme footballeur professionnel et son passeur l’a laissé tomber en plein transit (il croyait qu’il allait en Lituanie, faire une grande compétition). « J’ai voulu me concentrer sur les réunions de prières, rassembler les Africains autour du Christ. […] La voie du football s’est avérée en fait celle du Seigneur. […] La mission de l’Église, c’est aller annoncer : faites de toutes les nations des disciples [Évangile selon Saint Matthieu, chapitre 28 : 19]. La parole que nous prêchons, c’est pour faire des disciples. Et les occasions, c’est le Seigneur qui les crée ». Il justifie cette vocation religieuse car il a trouvé un sens à sa présence en Égypte, celui d’aider et de rassembler les Africains. Il donne du sens à cet « échec migratoire » en créant son Église dans le pays d’accueil. Enfin, le fait que l’Égypte ait une histoire chrétienne ancienne et diverse est important (pas seulement par la présence des Coptes, mais aussi bibliquement parlant). Les migrants chrétiens viennent à penser que : « Dieu nous a guidés ici, Il nous a stoppés ici ; on ne voit pas l’Égypte sur le plan physique. Il faut voir l’Égypte sur le plan spirituel. L’Égypte est vaste et tout est possible ». Cette phrase vient d’un homme originaire de la République Démocratique du Congo.

On a une reconsidération du discours par le religieux, qui n’est pas du tout l’idée d’être dans une impasse ou en échec migratoire.

 

Il existe même depuis quelques années des formations pour devenir responsable religieux en Égypte ; la photo suivante montre une cérémonie de remise de diplôme à un Congolais désormais devenu pasteur.

La photo centrale représente la remise de diplômes à des hommes et des femmes, devenus « leaders » religieux ou ayant validé des formations bibliques ; celle de droite a été prise lors d’un cours biblique donné par des enseignants qui viennent du Canada, des États-Unis (ce sont plutôt des protestants). Si elles sont ouvertes à tous, ces formations rencontrent un certain succès auprès des migrants subsahariens (soudanais, nigérians, éthiopiens…).

 

 

À partir de leur centre de formation, ils sont invités à créer leur « daughter church » et à s’émanciper en Égypte et au-delà, même si le prosélytisme chrétien est interdit dans ce pays majoritairement arabo-musulman.

Ces Églises de migrants vont chercher des lieux pour faire venir les fidèles. Pour certains, cela va être de manière informelle (dans des appartements privés…), en s’adaptant. Sinon, ils peuvent utiliser les locaux des CBO (associations de migrants) pour prier et se rassembler. Enfin, ils peuvent négocier des lieux avec les coptes dits évangéliques, plus ouverts à la présence de migrants protestants en général. Sur la photo suivante, le bâtiment représente le lieu de prière d’une Église érythréenne, sous-loué à des coptes évangéliques, mais certains sont obligés de prier à l’extérieur du fait de l’étroitesse des locaux.

 

Sur la photo suivante, on est devant une église copte évangélique (qui ne ressemble pas à une église en tant que telle). La police est à l’entrée comme devant toutes les églises en Égypte. Et puis à l’intérieur, dans la cour, ce bâtiment sert de lieu de culte à plusieurs Églises de migrants. C’est là que, chaque semaine, Coréens, Nigérians, Camerounais, Africains francophones, se succèdent. Le décor change à chaque culte (nouvelle banderole, nouveaux instruments de musique…). Le décor change et le lieu de culte reste, dont les usages sont variés.

 

Conclusion :

Depuis les années 2000, il y a une tendance à l’augmentation des flux migratoires vers l’Égypte et une diversification des origines des migrants (chiffres du HCR) mais, en fait, au-delà des migrants forcés, il y a une internationalisation des flux. Le titre proposé par Julie Picard référait au transit (« impasse ou carrefour migratoire »), mais on peut en discuter les termes. C’est presque pour ces migrants un sentiment permanent d’être « en transit », durable, on ne compte pas rester en Égypte, mais cela devient une impasse après 5, 10, 15 ans sur place (du fait du contexte juridique complexe).

Les acteurs de l’hospitalité sont essentiellement chrétiens avec les Églises d’origine missionnaire mais aussi avec les coptes évangéliques. Ce sont eux qui, par leurs propres lieux chrétiens vont servir de leviers d’ancrage territorial aux migrants chrétiens. Si cela n’avait pas été l’Égypte, avec son histoire chrétienne ou biblique, il n’y aurait peut-être pas eu ces mêmes possibilités d’ancrages. C’est aussi cela qui est intéressant à comparer avec d’autres pays d’Afrique du Nord, qui accueillent également des migrants subsahariens.

L’intervenante explique avoir préféré le terme d’« ancrage » à celui d’« intégration », afin d’insister sur l’approche territoriale et nuancer l’intégration, sociale ou économique.

Les recompositions urbaines sont parfois discrètes (micro-aménagements de bâtiments, marchés temporaires, salles de prières qui vont être transformées suite à l’installation d’une association de migrants…).

Les appartenances religieuses évoluent durant la migration, mais aussi pendant le temps de l’immobilisation.

Finalement, au lieu de parler d’impasse, tout ce qu’on a vu sont des manières d’habiter une ville. Malgré tout, l’ensemble des migrants ont toujours des ressources à déployer pour trouver des lieux, leurs places dans la ville et dans la société égyptienne.

Cette dernière photo montre un mariage soudanais dans une église. Nous voyons le gardien égyptien qui prend une photo de la mariée avec un œil un peu curieux, on constate donc bien des interactions et des considérations entre les populations.

 

 

Éléments du débat :

 

Anonyme : Je viens de réaliser que l’Égypte a un positionnement assez particulier par rapport à l’Union Européenne. Sur cette logique d’externalisation des frontières de l’UE, est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur la Libye, l’Algérie, le Maroc qui sont aujourd’hui de bons élèves et, il est vrai que la position de l’Égypte peut étonner. Ma deuxième question est de savoir s’il existe des liens à travers ces églises entre les coptes égyptiens et les chrétiens.

 

Sur la question de l’externalisation des frontières européennes, c’est vrai que par rapport aux pays voisins d’Afrique du Nord, l’Égypte a tenu à garder une position assez indépendante même s’il y a des accords de passés. Des cartes de Migreurop font apparaitre les camps de détention de migrants en Égypte. Je pense que c’est aussi la question de l’éloignement qui explique que l’on n’a pas plus médiatisé ces traversées qui partent de l’Égypte. Ce pays essaye aussi de garder une mainmise sur la région, tourné à la fois vers le Moyen-Orient et la Libye, qui joue aussi un jeu dangereux ; il tient à garder sa position géostratégique et ne pas se soumettre complétement à l’UE.

Les coptes égyptiens vont prêter ou louer leurs lieux de culte (les coptes évangéliques). Là, il y a quelques contacts qui se font avec les Soudanais notamment puisqu’ils viennent vers eux et négocient des places, des lieux, etc. Dans les discours, on est là pour les accueillir, ce sont nos amis, nos frères mais souvent en échange d’un loyer. Il y a un intérêt évidemment qui est aussi stratégique : être plus visible en Égypte et donc parfois il y a des Égyptiens qui assistent aux cultes des Subsahariens et il y a de plus en plus de travaux sur ces conversions de coptes qui deviennent coptes évangéliques, c’est quelque chose qui a tendance à augmenter et à peser dans la politique.

 

Anonyme : J’ai pas mal de questions à vous poser, notamment des questions statistiques car vous nous avez dit à un moment qu’il y avait entre 2 à 5 millions de Soudanais qui étaient installés en Égypte. J’aimerais savoir sur quelle base on arrive à ces statistiques. Est-ce que ce sont des Soudanais qui sont là depuis longtemps ou qui viennent d’arriver récemment ? Ma deuxième question sera plus méthodologique, c’est vrai que l’on a abordé surtout les questions religieuses et le fait que les missions accueillent beaucoup de chrétiens, on sait que les migrants soudanais venus des Hauts plateaux plus au Sud ne sont pas chrétiens, est-ce qu’ils sont considérés et accueillis comme les autres ? Pourquoi avoir pris cet angle plutôt religieux ? Troisième question qui est plus politique et géopolitique : comment ces communautés, qui sont surtout une base chrétienne, sont acceptées dans la population et est ce qu’elles sont des cibles ? On sait que les coptes sont souvent la cible des djihadistes en particulier, est-ce qu’elles sont menacées ? Est-ce que les églises peuvent être attaquées ? Et puis une dernière question qui est plus géographique : vous avez montré les lieux où les migrants se rassemblaient, où ils pouvaient avoir une vie associative, et j’aimerais savoir si vous avez travaillé aussi sur les lieux où ils vivent, sur leurs activités économiques et si on a des idées de l’importance de ces personnes dans l’économie de l’Égypte ?

 

Merci pour ces questions. Pour la première question, je me suis basée sur d’autres travaux notamment sur ceux de Karen Jacobsen qui a beaucoup étudié les réfugiés urbains. Ce sont des travaux et donc des chiffres qui commencent à dater, ils sont plutôt pris dans leur globalité (des Soudanais qui sont là depuis longtemps). Donc, c’est un total estimé sur la longue histoire des Soudanais qui ont migré vers l’Égypte. Ils se basent notamment sur les associations et le nombre de membres soudanais qui sont enregistrés (bien qu’ils ne soient pas tous enregistrés). Je ne suis pas sûre qu’on fasse une distinction entre les Sud-Soudanais et les Soudanais. Donc oui, ces chiffres sont à prendre avec des pincettes.

Oui, il y a des migrants musulmans. Ce sont les travaux de Sophie Bava qu’il faut aller lire car elle a beaucoup travaillé sur ces migrants qui vont étudier à l’Université Islamique d’Al-Azhar, qui viennent s’y former et qui repartent après (ou pas). Certains sont déçus de la formation proposée et, finalement, se retrouvent à apprendre le Coran par cœur : ce n’est pas ce qu’ils attendaient en termes de formation, donc certains abandonnent mais restent en Égypte. En tout cas, les gros effectifs de migrants forcés qui viennent de la Corne de l’Afrique sont essentiellement des catholiques soudanais, des orthodoxes éthiopiens ou érythréens ou bien des protestants qui viendraient de ces régions-là. Après oui, je veux bien entendre que l’angle chrétien a été très présent dès le début, en effet, quand j’ai vu ces offres de services religieux (dans toutes les langues, etc.), je me suis plus intéressée à cela qu’aux migrants musulmans. J’ai tout de même rencontré des étudiants musulmans notamment qui étaient convertis (pour certains) au catholicisme ou au protestantisme, cela existe c’est une minorité mais ça existe. Il y en a d’autres, en sens inverse, qui se convertissent à l’islam en Égypte. Il y a une mobilité religieuse aussi dans ce sens-là, mais celle que j’ai le plus observée c’était du catholicisme vers le protestantisme.

Est-ce que ce sont des cibles des attentats djihadistes ? Non, ce sont surtout des grandes églises coptes orthodoxes qui sont visées quand on entend parler d’un attentat contre une église en Égypte. Bien sûr les migrants africains s’identifient quand il arrive quelque chose comme cela. Ils vont prier, d’autant plus pour la sécurité dans le pays et ne vont pas se sentir forcément en sécurité. Mais ce n’est pas eux qui sont ciblés en premier. Après il y a des « accidents », des actes malveillants : des salles qui prennent feu, on ne sait pas vraiment l’origine mais ce ne sont pas des attentats.

Et pour ce qui est du poids de leur activités économiques, alors, cela va être surtout quelques boutiques, quelques activités commerciales, ce sont surtout les Soudanais et les Nigérians qui ont pignon sur rue, qui vont pouvoir ouvrir leurs épiceries, leurs centres d’appels, leurs restaurants, leurs ateliers de couture, etc. Sinon les autres sont plus invisibles. Cela va être plus des activités informelles : des Soudanais qui font du commerce entre le Soudan et l’Égypte (pour ceux qui ont des papiers) ; il y a un microbus tous les dimanches soirs qui part du quartier de Sakakini, pour aller à Assouan et au Soudan puis qui revient avec des produits soudanais vendus ensuite en Égypte.  Après, il est difficile de chiffrer précisément le poids dans l’économie égyptienne, surtout lorsqu’il s’agit d’informel, mais, il s’agit le plus souvent d’activités commerciales.

 

 

Compte rendu :

 

Compte-rendu réalisé par Quentin LAVOIX et Nicolas PIERCHON, étudiants en première année de Licence d’histoire, repris et corrigé par Thibault COURCELLE et Mathieu VIDAL, enseignants-chercheurs, co-animateurs des Cafés Géo d’Albi.