Le développement des Systèmes d’Information Géographique a été particulièrement important dans le domaine de l’aménagement du territoire cette dernière décennie.
Il est allé de pair avec la poursuite de l’effort d’informatisation et de numérisation des acteurs publics et privés et le désir de disposer d’une information précise.
Les rapports entre les SIG et le management territorial sont complexes à la mesure de la complexité même du processus de décision territorial qui se joue sur plusieurs échelles géographiques (par exemple, petite échelle pour les grands documents de planification, moyenne échelle pour les documents d’urbanisme communaux ou intercommunaux, grande échelle pour l’instruction des permis de construire).
Après une phase d’acculturation et d’appropriation à la fin des années 1990, la question de la place des SIGs redevient prégnante dans ce qu’on pourrait appeler sa phase de maturité.
Le propos introductif s’efforcera d’abord de bien définir ce qu’est un SIG et en quoi cette notion est souvent confuse dans la tête des acteurs. Les étapes-clés du développement des SIG en France seront rappelées pour montrer un démarrage lent dans la culture territoriale pour aboutir à l’explosion des années 2000.
Puis nous verrons comment, dans une période où le territoire devient complexe, et sa gestion partagée entre l’expertise des techniciens et la vision programmatique des élus, le SIG s’est progressivement imposé, paré de nombreuses vertus. Outil d’aide à la décision, il favoriserait le débat en amont des projets, notamment dans sa dimension participative, permettant une approche pédagogique du territoire et facilitant l’accès à l’information géographique des citoyens. De même il apporterait une représentation objective des dynamiques spatiales tout en permettant de relier le « local au global ».
Enfin nous mettrons en discussion cette place des SIG aujourd’hui, en cherchant ses limites (techniques, organisationnelles, juridiques, économiques voire stratégiques) et en essayant de voir comment dans certains cas l’outil en est venu sans doute à prendre le pas sur le projet territorial, dépossédant les décideurs et les citoyens de l’objet même de leur action et de leur vie quotidienne : leur territoire.
Le pouvoir de la carte a-t-il dès lors pris le pas sur celui du projet ?
Bibliographie indicative :
– J.DENEGRE, F.SALGE, Les systèmes d’information géographique, PUF, 2004, 128 p.
– J.P BORD, P.-R. BADUEL (dir.), Les cartes de la connaissance, Karthala, 2003, 694 p.
– S.ROCHE, C.CARON, Aspects organisationnels des SIG, Hermès-Lavoisier, 2004, 298 p.
(Première publication le 10 mai 2011, à l’url http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=2182)