Les Cafés Géo accueillent le 3 février à 18h Pascal Marty, professeur des universités à l’ENS de Lyon et chercheur à l’UMR 5600 Environnement Ville Société, et Raphaël Mathevet, directeur de recherche au CNRS au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive UMR 5175. Ils ont été amenés à travailler ensemble dans le cadre de ce laboratoire de Montpellier qui mène des recherches à l’interface entre écologie et sciences humaines et sociales.
Le titre de ce Café est directement inspiré de l’ouvrage Pour une géographie de la conservation récemment paru et dirigé par R. Mathevet et L. Godet. Dans le champ de recherche que constitue la biologie de la conservation, les sciences humaines et sociales ont souvent une place secondaire. Or le titre de cet ouvrage est une forme de revendication : la géographie est aussi une discipline qui produit des connaissances pertinentes pour la conservation.
- La biologie de la conservation
Ce premier temps est mené par R. Mathevet. R. Leakey et R. Lewin proposent il y a 20 ans le terme de sixième extinction. La période actuelle est présentée comme la sixième crise, après celle du Crétacé marquée par la disparition des dinosaures et d’animaux marins. Les symptômes de cette crise sont très marqués, notamment si le raisonnement se fonde sur la comparaison avec les taux de disparition liés aux crises historiques. Les causes majeures de cette nouvelle extinction de masse ont été assez clairement identifiées, il s’agit de la surexploitation des ressources naturelles, de la destruction des habitats, des invasions biologiques et des extinctions en chaînes. Ces différentes causes sont plurifactorielles et interagissent entre elles, dans un contexte de changement global. Que faire alors ?
La biologie de la conservation propose un champ pluridisciplinaire depuis les années 1980. La nature est vue comme un patient malade, à travers un discours marqué par une analogie avec la médecine. L’idée est de travailler sur des espaces protégés, la restauration, le renforcement des populations, le monitoring… Ses objectifs sont de promouvoir des principes scientifiques de la conservation, d’identifier des problèmes et des solutions, de faire le lien entre science et gestion, d’établir la base scientifique d’une éthique de la conservation, d’assurer la diffuser de l’information… Elle se définit comme une discipline de crise et donc comme une discipline d’action. Face à l’incertitude, elle considère qu’il vaut mieux agir que ne rien faire. La biologie de la conservation reste cependant mal nommée tant elle invite à l’interdisciplinarité sinon à la pluridisciplinarité (depuis une conférence organisée en 2009 à Montpellier, les scientifiques francophones préfèrent mettre en avant les « Sciences de la conservation »).
Mathevet revient rapidement sur l’histoire du terme de biodiversité. La biodiversité correspond au tissu vivant de la planète selon l’expression du professeur Robert Barbault. Ce concept émerge dans les années 1980 et est popularisé à Rio en 1992, lors de la Conférence de Rio, sommet international au cours duquel est signée la Convention sur la diversité biologique (CDB), dont les objectifs sont de conserver la biodiversité, d’utiliser durablement les éléments qui la constituent, et de partager de manière juste et équitable les avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques. La biodiversité est aussi une construction sociale économique et politique dont les enjeux relèvent de ses interactions avec les sociétés humaines.
Parmi les mesures de conservation de la biodiversité, les espaces protégés apparaissent comme le phénomène le plus connu. Mais la plupart des espèces réalisent leur cycle de vie au-delà ou en dehors des espaces protégés. D’autres outils ont donc été développés, notamment pour intervenir dans les propriétés privées. Il est impossible d’établir l’efficacité de chaque mesure individuellement. Les mesures de conservation sont nombreuses, comme l’éducation, les sciences participatives, l’acquisition foncière, l’acquisition de droits d’usage, l’approche incitative, la réglementation, la prohibition, la création ou la promotion de nouveaux marchés… En France, la nouvelle loi « Biodiversité » promeut le triptyque « Eviter, Réduire, Compenser » dans le cadre de l’aménagement du territoire. Retenons que depuis la révolution industrielle, les espaces protégés restent le premier levier de la protection. Aujourd’hui 13% de l’espace terrestre est protégé contre 0,3% pour l’espace marin. Les usagers et les acteurs locaux sont de plus en plus impliqués, y compris dans la gestion des aires protégées : la mise sous cloche mise en avant par le passé tend à diminuer voire n’a jamais réellement existé en France, comme l’ont montré plusieurs travaux récents.
Malgré toutes ces mesures et l’investissement scientifique, les succès sont souvent locaux et temporaires. La perte de biodiversité reste forte sur les tropiques et aux pôles. L’érosion de la biodiversité perdure. Les discours alarmistes créent un scepticisme ambiant : la protection de la biodiversité est-elle encore nécessaire ? Conserver la biodiversité est justifié pour de multiples raisons : au nom du principe de précaution, des raisons économiques, des valeurs plus humanistes, des enjeux écologiques mais aussi pour sa valeur intrinsèque.
La conservation de la biodiversité, dans ses principes et ses modalités d’action, dépend en fait surtout de la manière dont les relations entre les humains et la nature ont été considérées au fil du temps. De manière générale, on distingue dans la littérature quatre étapes majeures dans l’évolution qu’a connue la conservation de la biodiversité. Avant les années 1970, la nature est protégée pour elle-même, contre les humains : la contemplation et la science dominaient dans une approche biocentrée et préservationniste. Cela a entraîné souvent l’exclusion de populations autochtones : l’image d’espace vierge laisse la place à la révélation de déplacements de populations. Des termes comme wilderness en sont emblématiques. Dans les années 1980-1990, la nature est protégée malgré les humains, à travers une logique plus écocentrique (à la lumière des textes d’A. Leopold). L’UIPN devient l’UICN, illustrant le changement de paradigme, à savoir de la protection à la conservation. Dans les années 2000-2005, une éthique davantage anthropocentrée et utilitariste domine : il faut protéger la nature pour les humains, à travers les bénéfices tirés, les services écosystémiques, l’économie environnementale et écologique devient prépondérante… Enfin, depuis cinq à dix ans, il s’agit de conserver la nature avec les humains comme nous y invite depuis 1971 le programme Man and Biosphere de l’UNESCO, à travers une gestion différenciée et ce que Raphaël Mathevet appelle une forme d’hyper-intégration des humains, des disciplines, des savoirs, des échelles de temps et d’espace, mais aussi des systèmes de valeurs (via une co-gestion adaptative). Les termes de résilience et de système socio-écologique s’imposent. Evidemment, les éléments, les idées qui structurent ces grandes étapes, s’enchevêtrent et se juxtaposent aujourd’hui, ce qui questionne les modalités de gouvernance de la biodiversité. Trois formes de gouvernance coexistent en effet ici et là : i) une approche descendante de l’action publique, ii) une logique d’action collective ascendante fondée sur la co-construction de l’intérêt général, et iii) une hybridation des deux premières formes. Dans ce contexte, l’expertise est questionnée. Des travaux de sociologie montrent comment les scientifiques de la conservation s’investissent dans les expertises collectives, les avis sur des projets, des comités scientifiques. Ces scientifiques peuvent avoir trois postures principales, non exclusives l’une de l’autre : i) agir en défenseurs de l’environnement, ii) être simplement dans une quête de reconnaissance sociale, et iii) agir pour fournir un appui pour les politiques publiques en lien avec leurs connaissances. Ces modes d’expertise sont mis en discussion : l’incertitude reste importante, les systèmes de valeurs sont pluriels, les enjeux décisionnels sont élevés. Les décisions ne peuvent pas se fonder uniquement sur les évaluations des seuls scientifiques. Il s’agit de prendre en compte les savoirs locaux à travers des processus plus délibératifs, l’action collective… La science appliquée laisse la place à l’expert, puis aujourd’hui à davantage d’intégration des acteurs territoriaux pour améliorer la qualité de la prescription : il s’agit de questionner l’acceptation sociale et de gérer la construction des représentations collectives pour construire des convergences. La biologie de la conservation est plus que jamais liée à l’aménagement du territoire et aux questions relatives aux relations hommes-nature.
- Qu’est-ce qu’on peut appeler une « géographie de la conservation » ?
Ce temps est proposé par P. Marty. Porter attention à la biodiversité sous-entend qu’elle est importante. Cette affirmation ne va pas de soi. Vers 1965, après avoir provoqué de façon indirecte un incendie, le rocker J. Cash affirme dans les tribunaux : « I don’t give a damn about your yellow buzzards ». Cette citation montre que cette question environnementale a été longtemps considérée comme mineure. Les gens impliqués sont peu nombreux. Dans les enquêtes publiques ou les sondages, les questions identifiées comme prioritaires sont souvent l’emploi, la croissance économique, la prospérité humaine… La géographie de la conservation prend le contrepied de cette position et affirme que la biodiversité compte, qu’elle peut être un indicateur de la soutenabilité des sociétés humaines. Les services écosystémiques – et les débats que suscite cette notion – illustrent ce type d’approche : la biodiversité est une composante des systèmes socio-écologiques et de leur capacité à être les supports de la vie humaine.
Au plan scientifique, une géographie de la conservation induit une interrogation sur la définition des champs scientifiques et des objets qu’ils considèrent. Dans une vision simplifiée, la biologie et l’écologie étudient les plantes et les animaux alors que les sciences sociales et les humanités ont pour objectif l’analyse des sociétés, sans s’intéresser aux interactions humains/nature. La géographie de la conservation est une entreprise qui a, au contraire, l’ambition de faire converger ces différents types de connaissances.
Du point de vue des domaines de production de connaissance, la géographie peut s’impliquer dans la conservation a) l’écologie du paysage, b) la conservation comme objet dans les sciences du territoire, et c) l’éthique du care (i.e. porter attention à l’état et à la vulnérabilité des espèces). Ces trois points sont développés.
L’écologie du paysage propose d’étudier les paysages à travers les formes (relief, couvert végétal, occupation du sol…), les dynamiques (comme les perturbations notamment liées aux activités humaines) et la distribution des espèces. Ces trois couches d’information permettent d’informer ce qui se passe sur un territoire. L’écologie du paysage peut proposer des représentations simplifiées comme des cartogrammes. Elle repose sur un vocabulaire simple, désormais très utilisé dans les politiques d’aménagement du territoire comme les politiques de réseaux écologiques (trame verte et bleue). Les trois termes clés sont la matrice, les patchs et les corridors (pour permettre le déplacement des espèces). L’écologie du paysage est donc un moyen pour comprendre les structures spatiales et les dynamiques des systèmes socio-écologiques ; elle étudie la manière dont les processus d’ordre naturel et social contribuent à la production de formes géographiques. Des critiques ont pu s’exprimer sur l’écologie des paysages : i) « c’est de l’écologie » pour certains géographes, ii) « c’est de la géographie » pour certains écologues, iii) « ce n’est pas le paysage » pour des aménageurs ou des paysagistes (absence de 3D, absence de profondeur, faiblesse des activités humaines…). Les intérêts sont pourtant essentiels et de trois ordres : i) l’information géographique mobilisée entre systèmes humains et naturels est très importante et mise en lumière par la géomatique, ii) l’analyse spatiale permet de quantifier des flux, des superficies ou des diffusions et de proposer des métriques, et iii) la modélisation, qui peut passer par exemple par des jeux sérieux ou d’autres types de simulation, pour mieux comprendre des comportements dans l’espace. Par exemple, au sein du laboratoire Thema, le logiciel Graphab permet de mieux comprendre la fragmentation, notamment due aux infrastructures de transport : des travaux ont montré comment pour trois espèces théoriques à comportement spatial différent, la ligne à grande vitesse pose davantage de problème pour les espèces à grand rayon de déplacement. La road ecology travaille sur les impacts des routes sur les milieux. Ces résultats peuvent être pris en compte dans la conception des infrastructures.
L’axe conservation et territoire permet de mieux cerner les pressions anthropiques sur les territoires. Sur la conservation des milieux urbains, des jeux peuvent être créés : le module virtual garden (Shwartz et al. 2013) permet d’étudier des comportements face à des jardins urbains et permet aussi de sensibiliser aux questions environnementales. Le lien entre agriculture et biodiversité est une importante question scientifique, mais est aussi une question politique. L’exemple de l’élevage montre que la biodiversité peut être introduite au sein d’un système territorial (politiques publiques, conduite des exploitations agricoles, dynamique des paysages, capacité d’accueil pour les espèces sauvages…). La conservation peut et doit être aussi faite en dehors des espaces protégés, notamment à travers les mesures agri-environnementales. Les modalités de gestion posent des questions de pouvoir, de ressources, de mobilisation scientifique ou d’enjeux éthiques. En janvier 2016, dans l’Oregon, une aire protégée est envahie par un groupe qui revendique ces terres fédérales et occupe des bâtiments : leur argumentaire repose sur le fait que la politique de protection est une appropriation de ressources et une entrave la liberté d’exploitation de ces ressources de l’espace. Ce conflit montre que la biodiversité s’inscrit dans des enjeux forts qui dépassent les questions portées par les naturalistes, notamment à travers la mobilisation d’identité.
Le care, enfin, est une position éthique : face à la vulnérabilité, il est moral de donner du temps pour s’occuper des plus faibles et des plus vulnérables. Cette position peut être étendue à la nature, à la vulnérabilité des espaces et des espèces. Une sensibilité au lieu peut être développée : cet espace de vie et de référence rejoint l’habiter. La biodiversité fait partie des propriétés qui permettent de développer un lien au lieu, comme le montrent les pratiques professionnelles alternatives de type agroécologie ou land-stewardship. Le courant biorégionalisme, en Amérique du Nord, pense la gestion intégrée des ressources et des activités humaines à l’échelle d’un bassin versant.
La conservation s’effectue par l’interdisciplinarité entre géographie et écologie. Elle considère plusieurs dimensions de l’érosion de la biodiversité. Elle mobilise les théories et les méthodes de la géographie.
En conclusion, Raphaël Mathevet propose de promouvoir une écologie de la réconciliation : une écologie intégrative des dimensions humaines. Les écologues lisent et mobilisent désormais les travaux de sciences sociales. La stratégie des trois R est présentée. Il s’agit selon le chercheur américain M. Rosenzweig de continuer de créer des Réserves, la Restauration écologique doit être promue et il faut Réconcilier les activités humaines avec la conservation des fonctionnalités écologiques et la biodiversité. Un quatrième R, celui de la reconnexion, pourrait être rajouté : il faut éviter l’extinction de l’expérience de nature dans la construction de l’identité des individus dans un contexte où la majorité de l’humanité vit en ville. Quels enfants va-t-on laisser à notre Terre ? Ainsi, à travers la poursuite de la réconciliation entre économie, écologie et société, la recherche en conservation redécouvre les objets d’étude familiers de l’écologie urbaine et de l’écologie du paysage, mais surtout de la géographie humaine. Après avoir été très engagée aux côtés des sciences de l’ingénieur dans l’aménagement de l’espace, la géographie peut mobiliser son savoir-faire sur le traitement de l’espace et du temps pour fonder une géographie de la conservation, qui trouverait alors sa place dans l’édifice interdisciplinaire des sciences de la conservation. Les principaux défis sont bien de faire entrer les sciences en démocratie Pour cela il est proposé de reconnaître la matérialité changeante de la nature ainsi que la communauté socio-écologique, mais aussi de traiter les différentes dimensions de la relation nature-société pour enfin porter attention à la biodiversité et en prendre soin. Parce que la culture permet d’apprécier le rapport entre naturel et culturel, la géographie n’a de cesse de souligner que la nature est territoire mais aussi que la nature est politique. L’enjeu est toujours de composer avec la nature.
Le débat avec la salle commence alors.
Ce terme de conservation est-il aussi approprié par les acteurs environnementalistes ou s’agit-il d’un vocable scientifique qui peine à percoler ?
PM Oui il est assez approprié mais au-delà du terme, le contenu est entré dans les politiques publiques : plans locaux et pratiques intègrent la question de la conservation au moins depuis les mesures environnementales des années 1990.
RM Chez les environnementalistes, une vision encore forte de la protection persiste. C’est un héritage de la décennie 1970. Toutefois, si l’intégration des différentes parties prenantes était très forte dans la décennie 1990, certains reviennent en arrière ces dernières années. Suite à des consensus jugés trop mous ou trop coûteux, ils ne croient plus à l’intégration des populations et propose de revenir à une plus stricte protection notamment via l’acquisition foncière.
Qui parle au nom de la nature ?
RM Les scientifiques, les ONG de conservation. Est-ce que la parole on la laisse aux oiseaux ? Oui, on la laisse de plus en plus, sous différentes formes, c’est l’invitation de Bruno Latour et d’autres observateurs. S’il y a une synergie entre toutes les lectures du monde, il n’y a pas de raison qu’on n’y arrive pas, comme le montrent de nombreuses initiatives locales. Quelques réponses poétiques, artistiques peuvent être aussi proposées, on observe d’ailleurs des évolutions notables au sein même des espaces naturels protégés, comme la mise en place non plus d’observatoires pour admirer l’avifaune, mais de grands bancs pour faire silence, et admirer les lieux, tout en se rendant visible.
On ne vit pas avec, on vit dans la nature. « Qui est ce qui parle aux oiseaux ? » Cette question conduit à celle de la re/dé-connexion à la nature. La réponse peut passer par des jeux ou des observations in situ.
Vous avez parlé d’éducation à l’environnement et de reconnexion. Aujourd’hui l’UNESCO parle d’éducation au changement climatique. Est-ce un éloignement de la biodiversité ?
RM Pour l’UNESCO je ne sais pas à quoi vous faites référence car le programme Man and Biosphere tente plutôt de concilier activités humaines et conservation, éduquer à l’environnement mais aussi aux territoires. Il est vrai que dans les derniers textes et travaux, l’environnement disparaît au profit de « changement environnementaux globaux ». Pour revenir sur la connexion à la nature, je voudrais signaler que les collègues de l’Université de Stockholm ont réalisé des enquêtes auprès des enfants de primaire. Les enfants qui ont peur de la nature, sont ceux qui ne traversent pas de jardins publics pour se rendre à l’école ou dont les parents ont peur de la nature. Vivre dans la nature ne va plus de soi, faire un avec la nature ne va pas de soi. Cela pose des questions plus philosophiques, notamment celle de l’altérite.
Par rapport à la question de la biodiversité, localement, un contexte spatial précis ne peut-il pas nous faciliter la tâche ?
PM C’est plutôt à des politistes qu’il faudrait poser la question. On peut répondre par des exemples. On peut imaginer que les élus de petites communes ne soient pas sensibilisés aux questions de biodiversité. Mais un certain nombre d’entre eux sont engagés dans les opérations participatives. Il sera intéressant de créer ou d’intensifier des échanges entre scientifiques, élus, agriculteurs. La recherche peut jouer donc un rôle de médiateur.
RM Dans toutes les expérimentations participatives, se pose la question de comment on implique les élus, puisque souvent ils sous-traitent les questions environnementales et ne viennent pas. Ce qui me vient à l’esprit, c’est l’exemple d’une modélisation participative sur les risques liés aux feux de forêt autour de Nîmes. Les élus du conseil départemental du Gard ont expérimenté un jeu de rôles assisté par ordinateur où ils revêtaient les habits du promoteur immobilier, du pompier, du préfet… L’avantage du jeu assisté par ordinateur réside dans l’observation immédiate des effets écologiques, sociaux et économiques des décisions prises. Pour que cela fonctionne, il faut enrôler quelques élus qui vont à leur tour enrôler l’institution. Les scientifiques en recherche action participative s’intéressent de plus en plus à la question de comment travailler avec les élus et décideurs.
Compte-rendu réalisé par Emeline Comby relu et amendé par les intervenants.