Les ressources en milieu volcanique
Les fortes densités de population sur les flancs des volcans javanais sont à l’origine d’une importante exposition aux aléas volcaniques. Elles témoignent aussi d’une certaine attractivité de ces milieux. Les ressources des espaces volcaniques javanais contribuent à fixer durablement des populations capables d’en tirer parti. Le Merapi, dont les éruptions très récurrentes, pouvant menacer jusqu’à plus d’un million de personnes, en ont fait le volcan le plus surveillé d’Indonésie. Traditionnellement, les dépôts laissés dans le fond des vallées par les coulées pyroclastiques ou les laharsi sont utilisés par les populations locales qui les revendent sur l’ensemble de l’île de Java. Les blocs d’andésite et les fractions sableuses représentent des matériaux de construction très prisés. Les carrières du Merapi, aménagées dans les corridors de coulées pyroclastiques et de lahars, ont longtemps fonctionné avec les dangers et la ressource que constituent les matières premières apportées par les aléas volcaniques. Cependant, l’éruption de 2010 a induit plusieurs ruptures dans le système traditionnel mis en place sur le Merapi entre les sociétés javanaises et le volcan. L’étude sur le long terme des évolutions et tentatives d’adaptation successives de cette activité encore mal encadrée révèle combien les espaces volcaniques sont attractifs. Cela entraîne une démultiplication d’acteurs extérieurs au Merapi plus ou moins bien identifiés. Cette situation engendre des conflits entre des populations locales qui accusent les industriels de confisquer leurs ressources. Les conflits portent aussi sur la dégradation économique et environnementale qui menace les moyens de subsistance traditionnels des sociétés du Merapi. Ces dernières se tournent donc de plus en plus vers d’autres modes de mises en valeur du volcan.
Les ressources qui permettaient de fixer et de protéger économiquement les sociétés sur le Merapi sont aujourd’hui à l’origine d’une certaine compétition. La concurrence est importante, tant dans le domaine de l’extraction que dans celui du tourisme. La question soulevée est celle de l’adéquation des mesures de gestion des risques avec les enjeux générés par l’évolution des conditions de vie sur le volcan.
Edouard de Bélizal est agrégé et docteur en géographie, rattaché à l’UMR 8591 Laboratoire de Géographie Physique Paris 1-CNRS