Let’s go the mall

« Let’s go to the mall… » avec Myriam Houssay-Holzschuch et Pauline Guinard

A l’occasion du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges édition 2017, Myriam Houssay-Holzschuch Professeure de géographie à l’Université Grenoble Alpes et Pauline Guinard Maître de conférences en géographie à l’ENS nous ont accueilli au bar Thiers à Saint-Dié-des-Vosges dimanche 1er octobre 2017 pour un café géo sur les espaces publics en Afrique du Sud

L’idée de départ était de placer ce café géo dans une galerie commerciale d’un hypermarché de Saint-Dié-des-Vosges mais le projet est abandonné pour des raisons logistiques.

Pourquoi un hypermarché ? Parce qu’en Afrique du Sud les espaces publics avec une mixité sociale et raciale sont rares et qu’il faut les chercher parfois dans ce type d’espace appelé « mall ».

Ainsi Let’s go to the mall…

Les paysages projetés lors du café géo. Photo F Arnal

La problématique centrale des deux géographes est de réfléchir à la notion d’espace public dans un contexte sud-africain. Pauline Guinard insiste en introduction sur le concept de « publicité » (publicness) des espaces publics, non au sens de la publicité commerciale des marques, mais au sens de ce qui fait qu’un espace est public, tant en termes d’accès au public à ces lieux, de la co-présence de publics divers dans ces lieux et de la possibilité que des débats s’y déploient.

Suivent alors des images projetées sur écran devant le public d’espaces ou de lieux choisis par les deux géographes. Sans nommer les lieux, le public du café s’interroge pour savoir si cet espace est public ou privé et selon quels critères.

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Géographies des émotions, émotions des géographes

Compte rendu du Café Géographique du 13 octobre 2015 à Paris (Café de Flore), avec Pauline Guinard (MCF ENS Ulm, UMR Lavue-Mosaïques, UMR IHMC (associée)) et Bénédicte Tratnjek (doctorante en géographie). Animation Judicaëlle Dietrich et Michel Sivignon

Michel Sivignon rappelle dans un premier temps que les émotions ont longtemps été ignorées en géographie, parce que contraires à une vision objective et scientifique. Aujourd’hui, il existe un retour aux émotions, pas seulement dans le discours des sciences sociales, mais dans le vocabulaire quotidien Il donne des exemples comme le service Internet payant Canalplay qui fait sa publicité grâce au slogan : « des émotions à la demande » ou du magazine Elle qui titrait il y a peu : « Ne gardons que les émotions positives ». Il termine en affirmant que les émotions appartiennent à tout le monde.

Judicaëlle Dietrich explique rapidement la raison de l’invitation de Pauline Guinard et Bénédicte Tratnjek. Elle est en effet à l’initiative de ce café et du choix de cette thématique qui l’intéressait : « comment prendre en compte les émotions dans le fait de faire de la géographie ? ». Elle s’est donc intéressée au séminaire organisé à l’ENS Ulm par les deux intervenantes. Ce séminaire Géographie des émotions a accueilli lors de sa première année d’existence des chercheur.e.s spécialistes de ces questions comme pour n’en citer que quelques-un.e.s : Elise Olmedo, Anne Volvey et Jean-François Staszak. Parallèlement à ce séminaire, les intervenantes ont lancé un appel à articles sur la même thématique dans la revue Carnets de Géographes qui devrait sortir en 2016. Après avoir présenté les intervenantes, Judicaëlle Dietrich leur a demandé comment elles en étaient venues à réfléchir sur la géographie des émotions.

Pauline Guinard s’est intéressée à la question des émotions à partir de son terrain de thèse, Johannesburg, où elle a travaillé sur l’art dans les espaces publics et plus précisément sur ce que l’art peut faire à ces espaces (en termes de publicisation, de privatisation, etc.). Elle poursuit : « Quand on est une jeune fille blanche à Johannesburg, il arrive qu’on ait peur, notamment lorsque l’on fréquente le centre-ville de Johannesburg, en particulier la nuit. J’ai ainsi eu peur à plusieurs reprises, ce qui a parfois contraint mes déplacements et mes pratiques dans la ville ». Elle rappelle alors qu’une des questions qui revient le plus souvent dans les échanges ordinaires à Johannesburg est : « Is it safe ? » (« Est-ce sûr ? »). Elle a pris conscience que cette peur des usagers de la ville relevait en fait d’une intériorisation des normes sur ce qui est perçu comme sûr et ce qui ne l’est pas à Johannesburg. Elle voulait insister sur « cette peur, dont j’ai réussi partiellement à m’affranchir et avec laquelle j’ai fait mon terrain ». Pourtant, elle explique qu’il n’y a rarement de la place pour ce type de considération dans la recherche. Elle a donc fait un chapitre 0 dans sa thèse (Guinard, 2012), pour analyser la façon dont la peur (la sienne et celle des autres) avait contribué à façonner sa recherche, en l’incitant notamment à renoncer à étudier certains espaces-temps de la ville, à l’image des espaces publics du centre-ville la nuit. Puis elle explique que, pour poursuivre ce type de démarche réflexive et continuer sa réflexion sur la place des émotions en géographie, elle en a d’abord fait un cours. C’est dans ce cadre qu’elle a découvert l’article de Bénédicte Tratnjek sur les viols de guerre (2012). Elles se sont rencontrées et ont décidé de promouvoir ce débat dans la géographie française sous la forme d’un numéro spécial de revue, mais aussi d’un séminaire de recherche, organisé à l’ENS depuis 20151. Barbara Morovich et Pauline Desgrandchamps sont ainsi venues parler de la notion de quartiers sensibles et de la possibilité d’aborder les émotions par le son, Jean-François Staszak a analysé la place des émotions qu’il a appelées « post-coloniales » dans le cinéma, etc.

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Les séries TV, miroirs obscurs de la géographie urbaine ?

Café géo « Les séries TV, miroirs obscurs de la géographie urbaine ? », avec Pauline Guinard (ENS Ulm), David Buxton (Université Paris 10), Anne-Marie Paquet-Deyris (Université Paris 10, Crea), Amélie Flamand (ENSA Clermont-Ferrand, CRH-UMR Lavue) et Bertrand Pleven (IUFM Paris 4 – Paris 1), le mardi 28 mai 2013, à 19h30 au Café de Flore.

« Les séries constituent ainsi de véritables terrains d’observations des villes nord-américaines et peut-être au-delà, des miroirs tantôt déformants, tantôt grossissants où se reflète une condition urbaine, dans laquelle nous nous reconnaissons confusément. On comprend alors mieux pourquoi elles nous fascinent, à défaut de nous rassurer. » (Philippe Simay et Stéphane Tonnelat, 2011, « La ville des séries télé », Métropoliques, 7 novembre 2011).

Pour lancer ce café géo, Bertrand Pleven emprunte quelques lignes de l’ouvrageLes miroirs obscurs. Grands séries américaines d’aujourd’hui[1] de Martin Winckler, qui a inspiré le titre du café géo de cette soirée :

« Les fictions constituent un miroir de la société américaine et de ce qui la fait bouger, intimement, intérieurement – tout particulièrement depuis le 11 septembre 2001. A l’heure où le monde est en proie à de nombreux conflits, ouverts ou larvés, les séries sont, plus que jamais, par leur gravité et leur sombre description – directe ou métaphorique – de la réalité, les “miroirs obscurs” de la société américaine ».

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