Des lieux religieux associant culte et tourisme, monastères grecs orthodoxes dans l’île de Chypre, marabouts soufis en Tunisie

Au début du XXIe siècle, deux phénomènes se télescopent dans le monde, le poids croissant des religions et la mondialisation spatiale du tourisme. Le développement inexorable du tourisme, comme genre commun de l’humanité, transforme les lieux sacrés, saints, religieux, en patrimoine matériel, à visiter par les touristes du monde entier.

Le tourisme international pénètre, d’une part les lieux saints et les sanctuaires, dans lesquels les cultes ne sont plus célébrés. Il s’immisce d’autre part, dans les lieux de culte en activité, mais bien souvent en perturbant le déroulement des célébrations et des rites. D’autres lieux de culte ont été désacralisés (perte de la fonction religieuse pour une activité profane). Sur l’île Chypre à Nicosie Nord (partie de la ville occupée par la Turquie), des églises, à Athènes (Froment, 2019), des mosquées, ont perdu leur fonction cultuelle première. Dans la capitale grecque, la mosquée Fethiye, édifiée au XVIIe siècle, a été restaurée et transformée en lieu d’exposition. La mosquée Tzistarakis, construite en 1759, malgré plusieurs tentatives pour la rétablir dans sa fonction cultuelle originelle, sert d’annexe au musée d’Art populaire grec (Froment, op. cit.).

Au Maghreb (Tunisie), en Méditerranée orientale (partie de l’île de Chypre occupée par la Turquie), perdurent, depuis des siècles, des lieux saints partagés, entre les fidèles des trois religions monothéistes du Livre. Ils sont de surcroît ouverts au tourisme international, de populations non-croyantes.

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Programme des Cafés géographiques de Paris 2021-2022

au premier étage du Café de Flore, 172 boulevard Saint-Germain, Paris 6e, Métro Saint-Germain-des-Prés, nouvel horaire : de 19h à 21h.

 

Mardi 19 octobre 2021 : Voyager le long du fleuve Congo (avec Roland Pourtier)

Lundi 29 novembre 2021 : Les 200 ans de l’indépendance de la Grèce contemporaine (avec Michel Sivignon)

Mardi 14 décembre 2021 : La géopolitique : effet de mode ou nouveau champ disciplinaire ? (avec Stéphanie Beucher)

Mardi 25 janvier 2022 : Quand la géographie explique le Monde (avec Thibaut Sardier)

Mardi 15 février 2022 : L’environnement : du développement durable aux inégalités environnementales (avec Yvette Veyret)

[ANNULÉ] Mardi 8 mars 2022 : Voyage et géographie à cause du départ de Cédric Gras en Ukraine pour un reportage sur le terrain de la guerre

Mardi 29 mars 2022 : Les territoires de la pauvreté dans le monde (avec Yves Colombel)

Mardi 19 avril 2022 : l’état de la France à la veille de  l’élection présidentielle  (avec Aurélien Delpirou et Frédéric Gilli).

Café géo de Chambéry- Annecy : programme de 2021-2022

 

Le mercredi 13 octobre à 18h00, nous accueillerons Hervé Théry (Directeur de recherche émérite au CREDA) pour un Café géo sur « Les quatre capitales du Brésil » (Le passe sanitaire sera demandé.)

 

 

 

 

 

 

Le mercredi 10 novembre, à 18h, Franck Ollivon (Docteur en géographie, AGPR à l’Ecole Normale Supérieure) nous fera découvrir le champ encore méconnu de la géographie carcérale dans son Café géo « Au bord de la liberté : éléments de réflexion pour une géographie du « milieu ouvert » pénitentiaire. »

Si la prison continue d’occuper le cœur du système pénal français, l’immédiat après-guerre a initié une longue période de réforme de l’institution judiciaire qui se prolonge encore aujourd’hui. Les alternatives à l’incarcération dites « peines en milieu ouvert » se sont ainsi développées à travers différents dispositifs – travail d’intérêt général, mise à l’épreuve, bracelet électronique… Toutefois, ces peines qui se déroulent hors de l’espace carcéral interrogent : au prix de quels ajustements les lieux ordinaires du quotidien se voient-ils investis de la double mission de punir et de réinsérer l’individu ? Que disent de nos sociétés ces modes de contrôle à l’air libre auxquels elles recourent ?

 

 

 

Et le mercredi 15 décembre, de nouveau à 18h, Emmanuelle Surmont (Docteure et agrégée de géographie, Enseignante au lycée des Lumières de Mamoudzou)s’intéressera aux enjeux de protection de la biodiversité à Mayotte dans son Café géo « Mayotte : une île à protéger. Le parc naturel marin de Mayotte : un merritoire de la protection original« .

 L’outre-mer français concentre 80 % de la biodiversité nationale et près de 10 % de la biodiversité mondiale. Mayotte, petit archipel situé dans le canal du Mozambique est un territoire à la biodiversité marine exceptionnelle : le lagon abrite plus de 200 espèces de coraux, 400 espèces de mollusques et près de 250 espèces de poissons. A cela s’ajoute une impressionnante mégafaune : baleines à bosse, dauphins, dugongs et tortues marines. Un parc naturel marin (PNM) de 69 000 km² y a été mis en place en 2010 afin de protéger la biodiversité et d’assurer un développement raisonné de l’espace et de l’île.  Deuxième PNM de France et premier en outre-mer, la mise en place de ce parc marin répond à des enjeux écologiques, mais aussi et surtout politiques. En effet, en sus de respecter ses engagements internationaux pris et réitérés lors des différentes COP et sommets, les gouvernements successifs cherchent à réaffirmer la souveraineté française sur un territoire disputé, bien que départementalisé en 2011. La biodiversité de Mayotte est également mise en avant à la fois comme une opportunité de développement économique (écotourisme, pêche durable) pour un territoire marginalisé, où 77 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté national. Dans ce café géo, je souhaite montrer l’usage politique qui est faite de ce parc marin, avec ses contradictions et ses limites. Des « merritoires » de la protection originaux et parfois concurrents se mettent en place, poussés par des acteurs aux objectifs divers.

Des lieux entre mémoire, géographie et imaginaire (3) : La route de Leh (Inde)

Une route. Pas une autoroute, une voie express, un périphérique, mais une route étroite, sinueuse, au bitume mal ravaudé. C’est pourtant cette route qui relie deux univers opposés, celui des jardins luxuriants des miniatures mogholes à celui des terres minérales et arides des hautes terres himalayennes. Parmi les peu nombreuses routes transhimalayennes, la NH 1D conduit de Srinagar, capitale d’été du Cachemire, à Leh au cœur du Ladakh, le « pays des hauts cols ».

L’aventure commence par un séjour paisible dans la ville qu’aurait fondée Ashoka il y a plus de 2000 ans. Située à 1760 m d’altitude, Srinagar offre une villégiature fraîche en été à ceux qui veulent fuir la touffeur de la vallée du Gange et de la plaine du Penjab. Rois bouddhistes, empereurs moghols, maharajas hindous puis colons britanniques en ont goûté l’atmosphère. (suite…)

Congo. Un fleuve à la puissance contrariée. Roland Pourtier, CNRS Editions, 2021

Les Editions du CNRS ont confié à Thierry Sanjuan et Marie-Pierre Lajot la direction d’une nouvelle collection baptisée « Géohistoire d’un fleuve ». Il ne s’agit pas seulement d’y étudier un fleuve dans son hydrographie, ses paysages spécifiques, ses aménagements, mais aussi de prendre en compte son histoire et les imaginaires qu’il a engendrés. (suite…)

Le Monde à l’heure chinoise

Éric Chol, Gilles Fontaine, Il est midi à Pékin, Fayard 2019

La Chine nous fascine depuis toujours. Les titres d’ouvrages qui lui sont consacrés en témoignent : Quand la Chine nous précédait, Quand la Chine s’éveillera, etc. Aujourd’hui, nul ne l’ignore, la Chine veut redevenir l’empire du Milieu. Elle veut effacer les « 150 années d’humiliations » (1799-1949) vécues sous les dominations coloniales des Occidentaux et des Japonais.
Le 1er octobre 1949, est proclamée la République Populaire de Chine. Pékin retrouve son statut de capitale et pour assurer l’unité nationale, Mao Zedong décide de supprimer les 5 fuseaux horaires en vigueur depuis 1912, au profit d’un seul, celui de Pékin. Actuellement, une même pendule règle la vie quotidienne de 1,4 milliard de Chinois sur les 5 000 km d’Est en Ouest de l’empire du Milieu.
Xi Jinping l’affirme : « Les pays qui ont tenté de poursuivre leurs objectifs de développement par l’usage de la force ont échoué. C’est ce que l’histoire nous a appris. La Chine s’est engagée à maintenir la paix et à construire une communauté de destin pour l’humanité ».
Ces paroles, brutales, illustrent la volonté du Dragon, aujourd’hui bien éveillé, de rattraper puis de dépasser la puissance des Etats-Unis. (suite…)

De la Baltique à la mer Noire
Atlantique

De la Baltique à la mer Noire + Atlantique

De la Baltique à la mer Noire et Atlantique sont les titres des deux premiers volumes de la collection « Odyssée, villes-portraits », publiés par ENS Editions sous la direction de Nicolas Escach et Benoît Goffin. Ils viennent de paraître en avril 2021 et l’éditeur annonce pour 2022 deux autres volumes : Arctique et Balkans. Disons-le d’emblée, c’est une réussite éditoriale, bâtie sur une collaboration originale entre des géographes et des artistes, pour faire dans chaque volume le portrait de dix villes entre géographie subjective et littérature de voyage.

Les auteurs (universitaires, écrivains, journalistes, architectes…) n’hésitent pas à donner leurs impressions et leurs ressentis pour mieux faire comprendre l’espace urbain décrit. Quant aux illustrateurs ils composent plusieurs types de dessin à partir de différents documents fournis par les auteurs pour rendre compte de la variété des configurations spatiales. Les dessins du volume De la Baltique à la mer Noire ont tous été réalisés par Marie Bonnin, ancienne élève de l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs. En revanche, les dessins du volume Atlantique ont été l’œuvre d’une dizaine d’anciens élèves de l’école Estienne (un illustrateur différent pour chacune des dix villes). (suite…)

Joyeuse Amazonie ou l’expédition en Guyane française de Raymond Maufrais

R. Maufrais préparant son expédition
(© Collection Maufrais AAERM)

Dans Aventures en Guyane [1] un récit vécu jusqu’à la mort et écrit entre juin 1949 et janvier 1950, Raymond Maufrais parvient à lier intimement recherche de l’absolu et géographie. Né à Toulon en 1926 et fils unique, il participe à 18 ans aux combats de la Libération. Durant l’après-guerre il voyage comme reporter dans les pays nordiques et part ensuite au Brésil se joindre à une expédition chez les Indiens Chavantes dans le Mato Grosso. Il rentre en France puis repart trois ans plus tard, en 1949, à 23 ans en Guyane française. Son carnet intime, miraculeusement retrouvé par un indien au cœur de la forêt amazonienne en Guyane française, est écrit sans recherche d’effets littéraires. La trame de ce récit est fondée sur une sincérité totale de l’auteur à l’égard de son périple, des peines, des échecs, mais surtout de ses découvertes géographiques et humaines.  Motivé par la quête d’une nature vierge, et d’une « vie pure », son objectif était d’établir la jonction Guyane-Brésil par le fleuve Jari, en solitaire, à pied et en pirogue. Ce jeune explorateur rêvait de parvenir aux monts Tumuc- Humac encore inexplorés. (suite…)

Des lieux entre mémoire, géographie et imaginaire (2) : Soglio, Suisse

Soglio (© myswitzerland.com)

Loin de la Genève des banquiers et de la Zurich des psychanalystes, il existe une Suisse où la rigueur germanique se colore de fantaisie italienne, où les italophones vont prier au temple. C’est dans les Grisons, le Val Bregaglia, qui, depuis l’époque romaine, a été parcouru par troupes et marchands franchissant les Alpes centrales entre la plaine du Pô et la vallée du Rhin [1]. Et au cœur du Val Bregaglia, un lieu unique attend le voyageur sur une terrasse aménagée, Soglio, que le peintre Giovanni Segantini a imaginé comme « le seuil du paradis ».

On peut arriver à Soglio par Chiavenna et franchir la frontière italo-suisse, mais on préférera la route d’Engadine à partir de Sils-Maria, bourgade au charme suranné qui a su retenir Nietzsche [2] et séduire Proust [3]. Du col de la Maloja (1845m), on plongera, par des virages serrés, dans le Val Bregaglia. Dans cette vallée glaciaire très creusée, plusieurs bourgades s’étalent le long du cours torrentueux de la Maira. L’une d’elles, Stampa, est célèbre pour y avoir abrité la naissance d’un des sculpteurs les plus attachants du XXe siècle, un sculpteur qu’on associe surtout à la vie trépidante du Montparnasse de l’entre-deux-guerres mais qui a façonné dans le bronze de ses statues les reliefs dentelés des massifs granitiques voisins, Alberto Giacometti. (suite…)

Géopolitique de l’art contemporain. Une remise en cause de l’hégémonie américaine ?

Géopolitique de l’art contemporain. Une remise en cause de l’hégémonie américaine ? Nathalie Obadia, Le Cavalier Bleu, 2019.

Le patrimoine d’un pays ne se résume pas à sa géographie ou à ses richesses naturelles, industrielles ou technologiques. Il est aussi constitué de son « aura » culturelle au-delà de ses frontières. Au XXIe siècle, l’art reste plus que jamais, un marqueur de puissance pour un pays, dans le sens géopolitique du terme. Certes, l’utilisation de l’art comme vecteur de puissance a toujours existé, mais ce sont les Etats-Unis qui l’ont perfectionné pour devenir ce que le professeur Joseph Nye, en 1990, a appelé « soft power », défini comme instrument d’influence avec des moyens non coercitifs.

Ce soft power a appartenu au Vieux Monde avant d’être approprié par les E-U après le 2GM. Aujourd’hui se sont les nouvelles puissances économiques qui le convoitent, dont la Chine.
Quelques chiffres donnent le tournis : le marché de l’art, en 2017, représente un volume de 63 milliards de dollars, dont les E-U, la Chine et le Royaume Uni représentent à eux seuls 83 %, laissant à la France 7% et à l’Allemagne 2%.

Le 11 mars 2021, une œuvre d’art numérique signée de Mike Winckelmann (ou Beeple) s’est vendue chez Christie’s 58 millions d’euros. C’est le 3e artiste vivant le plus cher du monde.
On reste bouche bée devant cette démesure, au royaume de l’art contemporain.

(suite…)

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