Voyage des Cafés géographiques – Dossier préparatoire
[Lundi 26 février – samedi 10 mars 2018]
Entre la mer Caspienne au nord (mer fermée) et le golfe Persique au sud, entrouvert par le détroit d’Ormuz sur l’océan Indien, l’Iran est un vaste plateau semi-désertique, cerné par de hautes montagnes. Les hommes se sont installés sur les piémonts, qui permettent de capter une eau aussi rare que précieuse (irrigation par le système des qanât). L’Iran vit en moyenne à plus de 1 000 m d’altitude !
Entre le Moyen-Orient arabe, l’Asie centrale turcophone et le monde indien, l’Iran est un carrefour, lieu d’échanges en temps de paix ou lieu d’invasions à répétition.
Au XX ème le pays apparaît comme un laboratoire de l’histoire où s’enchaînent la première révolution constitutionnelle de Moyen Orient en 1906, la première nationalisation d’une compagnie pétrolière en 1951, la première révolution islamique en 1979 et la mise en place de l’unique théocratie du XX ème.
Aujourd’hui c’est une puissance régionale, en paix relative avec ses voisins depuis 1988 (fin de la guerre Irak-Iran). Elle est isolée sur la scène internationale depuis l’embargo américain de 1995 (loi d’Amoto). L’accord sur le nucléaire du 14 juillet 2015 va-t-il changer la donne ?
L’Iran des villes occupe l’essentiel de ce voyage
De Téhéran, capitale depuis seulement 1786, nous retiendrons surtout le gigantisme d’une métropole brouillonne. Ses musées nous initierons à la Perse ancienne.
Nous sommes à la latitude de Tunis, mais à plus de 1 000 m d’altitude.
D’Ispahan, capitale au XI-XII ème puis au XVII ème nous retiendrons la célèbre formule : Ispahan, la moitié du monde ! Ici l’éblouissement est garanti : palais et mosquées scintillent d’or et de turquoise.
De Chiraz (Shiraz), dernière étape du voyage, nous apprécierons une douceur de vivre maintes fois célébrée par les poètes. Nous sommes à la latitude du Caire, mais à 1 500 m d’altitude.
Le circuit se limite au plateau central iranien
Entre les villes étapes, sises sur les piémonts, nous pourrons longer des montagnes et aborder les franges du désert du Lut, terres de nomadisme, pourvoyeuses des célèbres tapis persans.
Sur les bourrelets montagneux dévalent des cours d’eau endoréiques (qui se perdent dans le désert). L’eau est rare, mais depuis des millénaires les hommes ont ici construit des qanât. Il s’agit de galeries drainantes souterraines qui captent « les eaux cachées » dans le sol et qui sont récupérées ensuite par des puits. Il existe encore aujourd’hui plus de 20 000 qanât.
Dès le III ème, les Sassanides ont aussi construit des ponts-barrages à vannes mobiles pour irriguer les cultures. Ils seront perfectionnés au XVIII ème à Ispahan.
Yazd, au carrefour de routes caravanières, est l’une des villes les plus anciennes du monde. Elle fut aussi la ville des zoroastriens. Ici nous pourrons découvrir le monde iranien préislamique. Les marqueurs d’espace sont le temple du feu les tours du vent et du silence.
Kermân, à 1930 m d’altitude sera notre étape la plus haute et la plus orientale. Deux forteresses dominent la cité. Cette gardienne du désert propose caravansérails, hammams, mosquées, mausolées et jardins. Une promenade, ultime moment de détente, nous permettra d’apprécier l’un des plus beaux jardins d’Iran, celui de Shâzâdeh.
Enfin la découverte de Persépolis, capitale fondée par Darius Ier (V-VI ème av.J.C.), au cœur du pays perse, sera le point d’orgue archéologique du voyage.
Sept millénaires d’histoire à travers cartes
Ce dossier a pour but de fournir aux participants quelques clés sur un monde iranien extrêmement compliqué. Il l’aborde surtout à l’aide de cartes, outil majeur des géographes. L’ambition de tout résumer en une vingtaine de pages peut sembler insensée, mais il s’agit d’un simple carnet fourni à chacun avant le départ. Il est chronologique et évoque essentiellement les lieux visités.
LA PERSE AVANT L’ISLAM
De la Perse antique jusqu’à l’Iran actuel une histoire longue de 3 000 ans a créé une nation fière de sa civilisation. Et au commencement, il y a un mythe fondateur que je vais vous conter, en reprenant le Shahnamah – Livre des rois – du poète iranien Ferdowsi.
Il y a bien longtemps régna Fereydoun. Il fut roi pendant 500 ans. A la fin de sa vie, il partagea le royaume entre ses trois fils.
A Iraj, son fils préféré, il donna l’Iran, la partie préférée de son royaume.
A Tur, il donna les steppes de l’Asie centrale.
A Salm, il confia les terres du couchant, celles de l’Asie Mineure.
Iraj, fut assassiné par ses jaloux de frères, mais Fereydoun donna alors l’Iran au fils d’Iraj qui pour se venger du meurtre de son père lança les premières guerres Turco-Iraniennes et l’idée que les Iraniens ont, d’une nation encerclée.
1) Les civilisations antiques du Moyen Orient
Atlas géopolitique du Moyen Orient et du Monde Arabe. Philippe Lemarchand- Editions Complexe – 1994
Le Moyen Orient est le berceau de la civilisation occidentale. Des tribus pastorales se fixent sur les rivages du Nil, du Tigre et de l’Euphrate dès le V ème millénaire av. J-C.
La maîtrise de l’irrigation favorise la croissance démographique et la fondation des premières villes. En Basse Mésopotamie, les Sumériens, vers 3 300 av. J-C., utilisent des tablettes pictographiques, deux siècles avant les hiéroglyphes égyptiens. Suse est la capitale.
Au III ème millénaire on observe sur le plateau iranien, l’immigration massive d’Aryens, populations indo-européennes d’éleveurs venus des steppes turcomanes. Ils maîtrisent déjà la technique de la céramique, puis celle du bronze. Ils s’étendent vers l’ouest jusqu’aux monts Zagros. Ils fondent le royaume d’Elam. Suse reste capitale.
Puis apparaît, un empire Akkadien (2350-2200) qui s’étend de la Méditerranée jusqu’au Golfe et contrôle les routes commerciales ;
Deux empires babyloniens (1894-1255 et 625-539 av. J-C.) font ensuite éclore et rayonner une civilisation particulièrement brillante. Hammourabi, roi du 1er empire de Babylone (1720-1680) fut un souverain législateur. Son code, fondé sur la loi du talion, fut gravé sur des stèles et des tablettes. La tour mythique de Babylone symbolise une grandeur et un cosmopolitisme inégalés dans l’Antiquité. Les « jardins suspendus » témoignent de la maîtrise absolue de l’irrigation. Babylone, « Porte de Dieu » fut aussi un important centre religieux. L’écriture cunéiforme pénètre le domaine iranien qui commence à honorer les dieux mésopotamiens, dont Ahura Mazda, le créateur de l’univers.
Au XII ème av. J-C., arrivent dans la région trois peuples : Mèdes, Perses, Parthes.
2) Le temps des empires V ème av. J-C. V ème après J-C
- a) Les Achéménides 531-331 av. J-C.
En 539 av. J-C., le roi perse Cyrus le Grand détruit le second empire babylonien. En 525, le Perses occupent l’Egypte des Pharaons puis placent tous les peuples des plateaux iraniens sous leur autorité et les entraînent dans la conquête de l’Orient, de la mer Egée à l’Indus.
Cyrus et ses successeurs laissent l’image de souverains respectueux des libertés locales, des divinités et des traditions de leurs sujets. Ils prennent le titre de « Roi des rois », signifiant par là qu’ils admettent d’autres souverains dans leur empire. Darius Ier, son successeur fait de Persépolis la capitale. Le Cylindre de Darius est considéré comme le premier texte sur les droits de l’homme. Les Juifs de Babylone sont libérés et autorisés à revenir à Jérusalem.
- b) l’empire d’Alexandre le Grand 331-323
Avec la conquête de l’empire achéménide par Alexandre le Grand, l’Egypte et la Mésopotamie sont réunies au sein d’un empire qui s’étend de la Libye à la vallée de l’Indus.
Cet empire débouche sur le mariage inattendu des cultures grecques et perses. D’ailleurs Alexandre épouse la belle Roxane de Sogdiane. Beau symbole de fusion entre l’Asie et l’Europe. Il dévaste Persépolis en 331, puis meurt à Babylone, dont il avait fait sa capitale, en 323. L’empire se fractionne rapidement en royaumes « hellénistiques », c’est-à-dire mi grecs mi orientaux. C’est le cas des royaumes Séleucides de Mésopotamie.
- c) la domination séleucide 311-148
L’un des généraux d’Alexandre, Séleucos, fonde une nouvelle dynastie. L’hellénisation de la Mésopotamie se poursuit, le grec devient la langue officielle.
- d) l’empire Parthe 250 av. J-C. -226 après J-C.
Tandis que Rome s’empare des royaumes du littoral méditerranéen, les peuples d’Iran tombent sous l’autorité des Parthes pendant quatre siècles. Ce sont des tribus nomades venues du Khorasan et de rudes cavaliers guerriers. Ils se sont révoltés contre les Séleucides.
L’empire iranien des Achéménides, détruit par Alexandre est restauré par les Parthes qui contrôlent la route de la soie. L’un de leurs souverains, Mithridate, reprend let titre de « Roi des rois ». L’Euphrate marque alors la frontière entre les Parthes et les Romains.
- e) l’empire des Sassanides 226 – 651 après J-C.
En 224, après J-C., un Persan, maître de la province du Fars et de Kermân se fait couronner « Roi des rois » sous le nom d’Ardashir Ier et prend Ctésiphon, en Mésopotamie, pour capitale. Il restaure les traditions de la Perse achéménide et refait l’unité du pays autour de la religion mazdéiste (ou zoroastrienne). Mais, la religion d’Etat zoroastrienne est concurrencée par le christianisme devenu religion officielle sous Constantin (306-337) souverain de l’empire Romain d’Orient.
Dès le IV ème siècle, sur son flanc nord, le Moyen Orient doit faire face à l’arrivée de peuples venus de l’Altaï : les Bulgares s’installent au nord de la mer Noire, les Türük (devenus les Turcs) s’installent en vagues successives au nord de la Caspienne (les Khazars) ou en Sogdiane (peuplée de Perses).
Sur son flanc sud, le Moyen Orient subit les assauts des Arabes. Ils n’ont pas d’organisation politique centrale. La plupart sont des nomades (bédouins), d’autres des agriculteurs sédentaires dans les oasis (Yémen, Oman). D’autres encore vivent du commerce caravanier. C’est le cas de la famille de Mahomet.
Aux abords du Croissant fertile, les Arabes sont en majorité chrétiens, alors que dans la péninsule arabique domine le paganisme, avec des îlots de religion chrétienne ou israélite.
Les guerres incessantes entre les Byzantins et les Sassanides vont accélérer leur chute. En 651, le fils du dernier monarque sassanide se réfugie en Chine, à la cour des Tang.
INVASIONS ET RESISTANCES
1) Invasions arabo-musulmanes VII ème – XI ème
L’empire Sassanide est incapable de repousser les cavaliers surgis d’Arabie, après la mort de Mahomet en 632. En 642, l’Iran tombe aux mains des Arabes musulmans après la bataille de Néhavend (ou Nahâvand).
L’Iran passe sous l’autorité des califes établis d’abord à Médine puis à Damas sous les Omeyyades (661-750)
Abu-Bakr, le beau-père de Mahomet, devient à sa mort, le « Khalif » (le successeur).L’institution du califat va durer jusqu’en 1924. Le règne d’Ali, le 4ème calife et gendre du prophète est marqué par des querelles sur l’interprétation du rôle du calife et par le schisme le plus important dans l’islam, celui entre sunnites et chiites.
Le 5ème calife instaure le principe de l’hérédité du califat et fonde la dynastie des Omeyyades, qui règne de Damas jusqu’à Cordoue.
Au VII ème, le calife reconnu chef de tous les musulmans sunnites déplace sa capitale à Bagdad. Sous les califes Abbassides, (750-1258) les élites musulmanes s’imprègnent de culture persane…. C’est « l’intermède iranien ». Les Contes des Mille et Une nuits en conservent le souvenir. L’Iran musulman connaît son apogée intellectuel aux alentours de l’An Mil avec le poète Ferdowsi (940-1020) auteur du Livre des rois (et des légendes préislamiques) toujours raconté aux enfants et le savant Ibn Sîna (Avicenne). Le persan actuel émerge dans le Khorasan. Il adopte l’alphabet arabe mais avec un vocabulaire turc.
L’apogée du califat prend fin peu après la victoire des Arabes sur les Turcs de Transoxiane dans les années 705-715, puis sur les Chinois à la bataille de Talas en 751.
Au X ème, sous le califat abbasside de Bagdad, des gouverneurs persans (les Bouyides) obtiennent, contre tribut, autorité sur le Fars, Ispahan, le Khorasan, la Transoxiane. L’émir du Fars gouverne la région la plus riche et fait de Chiraz, sa capitale.
2) Invasions turco-mongoles XI ème- XVI ème
Le sultanat seldjoukide (1040-1157).
Les Turcs Seldjoukides s’emparent de Bagdad en 1055, puis de Jérusalem en 1071. La prise de Jérusalem par les Turcs provoque l’épisode des Croisades. La première croisade commence en 1095. [Petit rappel, le schisme entre Eglise d’Occident et Eglise d’Orient, a eu lieu en 1054.]
Bien que fondé par des nomades, le sultanat prend la forme d’un Etat organisé. La collecte des impôts est confiée à une bureaucratie persane que dirige un vizir persan. Ils choisissent Ispahan comme capitale et adoptent la culture persane.
Ils étendent leur empire de la Chine à la Syrie, de la Transoxiane à l’Arabie. Le « style persan » va se diffuser dans tout l’Orient islamique, de la Mésopotamie jusqu’au nord de l’Inde, soit du Tigre au Gange. Il perdure jusqu’au XIX ème.
Les Mongols 1256-1334
Au XIII ème, Gengis Khan puis Tamerlan ravagent l’Asie centrale. Beaucoup de villes sont rasées, les réseaux d’irrigation sont détruits. La terreur s’installe.
En 1253, Hülegü, petit-fils de Gengis Khan est envoyé en Iran pour abattre l’Ordre des Assassins et soumettre le calife Abbasside.
[Il s’était placé sous la protection d’un Persan et, souvent sous l’emprise du haschich, pratiquait l’assassinat politique à grande échelle, surtout à l’encontre des sunnites. Appelés aussi nizârites, les Assassins ont essaimé jusqu’en Inde (région de Bombay et sont connus sous le nom de Khodjas. Ils ont à leur tête l’Agha Khan.]
Hülegü fonde la dynastie mongole de Perse (1256-1335). Il constitue un Etat, l’Il khanat, qui englobe Irak et Iran et dure jusqu’en 1335. En 1295, l’islam devient religion officielle. Des dynasties locales iraniennes s’affirment, telles celles des Muzaffarides, seigneurs de Yazd, puis de Kermân et enfin d’Ispahan.
Tamerlan, turcophone musulman, use à son tour de la terreur contre les villes d’Iran mais ménage les nomades. Curieusement, dans sa nouvelle capitale, Herat, on parle à la fois le turc et le persan dont le prestige culturel reste intact.
Les Timourides (1370-1502), descendants de Tamerlan, s’installent à Samarkand, qu’ils transforment en ville persane, puis à Chiraz, rendue célèbre par Hafez (1325-1389), grand poète mystique de l’amour et de la douceur de vivre.
L’Il khanat des Timourides se disloque au XV ème sous les coups des Turcomans installés autour du lac de Van (Turquie actuelle). Ils prennent Tabriz pour capitale (Azerbaïdjan). En 1386 a lieu le sac d’Ispahan.
L’EMPIRE PERSE DES SAFAVIDES 1501-1736
L’Iran renaît avec Chah Ismaïl, prince turc des abords de la mer Caspienne. La dynastie Safavide (du nom de Safi al-Din, un religieux mystique) va régner sur un Etat dont les frontières sont presque celles de l’Iran actuel. C’est Chah Ismaïl, couronné à Tabriz, qui impose le chiisme comme religion d’Etat, au prix de violentes persécutions contre les sunnites. Le mythe d’Iraj est repris pour unifier le pays.
Chah Ismaïl (1487-1524) sait s’opposer aux Ottomans qui menacent à l’ouest et aux Ouzbeks à l’est. Il utilise une armée de mamelouks (esclaves) qu’il recrute parmi les chrétiens du Caucase, qu’il convertit ensuite à l’islam. Ils deviendront souvent des gouverneurs de province. En 1729 est conclu le premier traité entre la Russie et la Perse. Il instaure la liberté de commerce et de navigation sur la mer Caspienne.
La culture persane s’épanouit à nouveau, particulièrement au XVII ème, sous le règne d’Abbas Ier (1571-1629). En témoignent les beaux monuments d’Ispahan, redevenue capitale.
L’art des tapis, des céramiques, des miniatures est porté au plus haut.
LES CRISES DU XVIII ème et du XIX ème
En 1722, le pays est envahi par les Afghans, peuple de langue persane mais de religion sunnite et à ce titre persécuté par les Safavides. Ils anéantissent Ispahan.
Pendant ce temps, les Ottomans envahissent l’ouest du pays et les Russes occupent les provinces caspiennes. Le reste du pays est razzié et divisé entre tribus turques.
En 1786, un chef turc, Agha Muhammad, s’empare du pouvoir et fonde la dynastie Qadjar (1786- 1924). Téhéran devient la capitale. Cette dynastie est appelée parfois « dynastie des rois fainéants » parce que ses rois nomades passent leur temps à la chasse.
Au XIX ème, la situation se détériore encore, avec les interventions britanniques et de nouvelles avancées russes, et ce malgré la « révolution de 1906 ».
Portée par des intellectuels, des oulémas et des gens du bazar en particulier à Téhéran, la révolte de 1906, même si elle échoue rapidement a permis une avancée inattendue : le mouvement a obtenu la convocation d’un parlement ( le Majlis) et l’obtention d’une Constitution qui va durer de 1906 jusqu’à 1979.
Dès 1907 les Anglais et les Russes se partagent l’Iran, en zones d’influence.
L’Anglais William Knox d’Arçy a obtenu en 1901 une concession pétrolière. Le pétrole jaillit en 1908. Un pipe line atteint Abadan sur le golfe Arabo-Persique et en 1908 se crée l’APOC
(Anglo-Persian Oil Company).
La Perse dans la première guerre mondiale
Bien que neutre, le pays est affecté par la guerre : les Ottomans attaquent les Russes, des agents Allemands s’en prennent aux Britanniques qui instaurent un quasi protectorat sur le pays. Mais le coup d’Etat du colonel Reza Khan en 1921change la donne. Il renverse les Qadjar et se fait proclamer shah en 1926 sous le nom de Reza Chah Pahlavi. Le pays est libéré des troupes étrangères.
LA PERSE DEVIENT L’IRAN – DYNASTIE DES PAHLAVI – 1921-1979
En 1935, le pays prend officiellement le nom d’Iran (pays des Aryens) sous la dynastie des Pahlavi. La monarchie de Reza Chah s’efforce de moderniser un pays qui a pris beaucoup de retard économique. Comme la Turquie de Mustapha Kemal, le régime iranien institue un enseignement laïc, des tribunaux civils, l’adoption du costume européen et l’interdiction du port du voile pour les femmes. Il veut fonder un nouveau nationalisme. Il dispose d’un atout considérable : la présence de pétrole qui coule à flots depuis 1908. Sans être colonisé, le pays est sous la double influence des empires britannique et russe.
Lors de la 2GM, l’Iran déclare sa neutralité mais refuse d’expulser les ressortissants allemands et les armées britanniques et russes envahissent le pays en 1941. Reza Shah est contraint d’abdiquer.
Après la Seconde Guerre Mondiale, Mohammed Reza Chah succède à son père et entend poursuivre l’œuvre amorcée. Trois forces politiques s’affirment : les nationalistes de Mossadegh ; les communistes du Toudeh et les religieux.
Le Shah lance en 1962, « la Révolution blanche » et entame une vaste réforme agraire. Malgré des démêlés avec les grandes sociétés productrices de pétrole (nationalisation du pétrole en 1951 par Mossadegh) et l’éviction partielle des Britanniques au profit des Américains, la rente pétrolière enrichit rapidement le pays. Les infrastructures sont modernisées. Les femmes obtiennent le droit de vote. Cette politique de modernisation à marches forcées s’appuie sur l’armée, un fort appareil bureaucratique et une redoutable police politique, la Savak.
En 1963, une tentative d’assassinat contre le chah est imputée à l’iman Khomeiny qui est arrêté, puis exilé.
En 1969, le Chah dénonce l’accord sur le Chatt El Arab avec l’Irak. Il s’agissait d’un compromis datant de 1937. Les relations diplomatiques avec l’Irak sont rompues en 1971. Les Emirats Arabes Unis, qui viennent de se fédérer occupent les îles de Grande Tomb, Petite Tomb et Abou Moussa. Les relations avec l’Irak s’apaisent après l’accord d’Alger en 1975 qui fixe la frontière sur la ligne du thalweg du Chatt El Arab. Petite précision : il s’agit d’un delta qui assemble les eaux du Tigre et de l’Euphrate en Basse Mésopotamie).
En 1974 éclate, (après la guerre du Kippour), la crise pétrolière : le boom pétrolier entraîne la multiplication par dix des prix du pétrole, l’Iran devient une puissance économique et un pays tiraillé entre les intérêts russes et américains.
Mais l’expansion est trop rapide. L’autoritarisme du régime grandit, la corruption se généralise, l’occidentalisation effrénée et la part trop belle faite aux intérêts étrangers suscitent un fort mécontentement populaire.
En réaction se développe un idéal de justice pris en compte par le clergé chiite. Les révolutionnaires associent le « bazar » (les commerçants), les oulémas (corps de lettrés soucieux de mener la communauté des fidèles), les étudiants et les nouveaux citadins dont les conditions de vie se sont dégradées. Les étrangers sont « satanisés », particulièrement les Occidentaux.
L’IRAN DEVIENT UNE REPUBLIQUE ISLAMIQUE 1979- 2018
1) Le modèle occidental mis en échec
La révolution arrive sans que personne ne la voit arriver. Elle est populaire, anti-américaine, religieuse.
En 1978 éclatent les premières manifestations de rues, attisées par le clergé chiite, dont le principal représentant est l’ayatollah Khomeiny, alors en exil à Neauphle le Château.
Le 8 septembre 1978, le vendredi noir, l’armée ouvre le feu sur les manifestants (religieux, étudiants, classes moyennes) à Téhéran. Le Chah ne contrôle plus rien. C’est le début de la Révolution islamique et la fin de la dynastie des Pahlavi.
Le 1er février 1979, l’ayatollah Khomeiny rentre en Iran. Très rapidement, les religieux concentrent la majorité des pouvoirs. Le 1er avril 1979, la création de la République islamique est approuvée à 98 % par référendum.
La nouvelle constitution, approuvée en décembre 1979, institue, à côté des rouages habituels (un président et un parlement élus au suffrage universel) des organes spécifiques :
– un iman et guide suprême : Khomeiny jusqu’à sa mort en 1989 puis Ali Khamenei jusqu’à aujourd’hui ;
– un conseil de surveillance composé d’oulémas, ayant droit de veto sur les lois votées par le Madjlis (Parlement) qu’ils jugeraient non conformes à l’islam ;
– une milice, les pasdarans, qui double l’armée proprement dite.
Il n’y a pas de partis, mais un système factionnel au sein duquel plusieurs organisations jouent de facto un rôle politique : Société du clergé combattant (droite conservatrice), Organisation des moudjahiddins du peuple, aujourd’hui en exil.
2) Le poids du chiisme dans l’islam et dans la société iranienne
En matière religieuse comme en matière linguistique, l’Iran jusqu’à ces dernières décennies, a témoigné d’une grande diversité. Mais depuis les persécutions consécutives à la Révolution islamique, il ne subsiste plus que quelques dizaines de milliers de non-musulmans.
Le chiisme devient religion d’Etat sous la dynastie des Savavides, au XVI ème. Aujourd’hui il est officiellement pratiqué par 85 % des Iraniens.
L’Iran est le pays du deuil : on y voue un attachement particulier à la mémoire d’Hussein, fils cadet d’Ali, le gendre de Mahomet qu’ils reconnaissent comme seul calife (successeur) légitime. C’est pourquoi, chaque année au mois lunaire de moharram pendant lequel est commémoré la mort d’Hussein lors de la bataille de Kerbala (680 ap J-C.) des processions de fidèles ravivent le deuil en se flagellant et en portant le nakhl, grande construction de bois symbolisant un cercueil.
Ce serait pour cette raison que, le tchador, tenue traditionnelle interdite sous le chah, puis imposée aux femmes en 1981, est un voile de couleur noire.
Les ayatollahs (signes de Dieu) reconnus comme guides (marjâ) sont chacun à la tête d’un réseau composé d’autres religieux et de simples fidèles. Des fondations religieuses reçoivent l’argent des fidèles, entretiennent des écoles et surtout des lieux de pèlerinage. Aujourd’hui, le sanctuaire de Mashhad est devenu la plus puissante entreprise du pays et attire plus de pèlerins que La Mecque !
Le clergé chiite joue depuis deux siècles un rôle central dans la vie quotidienne sociale et politique du pays. Il s’est souvent opposé au chah pour défendre la population ou pour dénoncer l’influence étrangère. Il a boycotté le monopole anglais du tabac en 1890. Il a refusé la réforme constitutionnelle de 1906 ; il a participé au renversement de Mossadegh en 1953.
La Révolution islamique de 1979 s’inscrit donc dans la continuité historique du pays. Mais elle a rompu la plupart de ses liens avec la culture, l’économie, la technologie et la politique internationales.
Dans ce pays, la forte minorité sunnite (12 % de la population) est plus marginalisée que les petites minorités chrétienne, juive ou zoroastrienne, qui ont conservé chacune un député au Parlement. Il n’y a pas de mosquée sunnite à Téhéran.
3) La Révolution et la guerre Iran-Irak ruinent le pays 1980-1990
Le chah d’Iran avait modifié, au profit de son pays, la frontière avec l’Irak sur la Chatt El Arab, ne laissant à son voisin qu’un mince accès à la mer. Profitant de la Révolution, Saddam Hussein dénonce les accords de 1975 et proclame le rattachement du Chatt El Arab a l’Irak. C’est le début d’un conflit qui dure 8 ans et fait un million de victimes et tout cela pour rien puisqu’en 1988, on retourne au statut quo de l’accord d’Alger de 1975. Saddam Hussein, chef de l’Etat irakien eu alors l’idée d’annexer le Koweït voisin pour élargir son débouché maritime. Mal lui en a pris, une deuxième guerre suivit, qui fit perdre à l’Irak tous ses alliées…à savoir toutes les grandes puissances ! L’Iran se déclarant neutre dans ce conflit.
Peu à peu se met en place une « économie islamique » qui propose une voie originale entre socialisme et capitalisme. Et affirme trois orientations :
– le raffermissement du rôle de l’Etat-providence qui s’engage à satisfaire les besoins essentiels et à assurer le plein emploi,
– la promotion d’un développement introverti qui assure l’autosuffisance et empêche la main mise des étrangers sur la richesse du pays,
– la suprématie du secteur public qui comprend les grandes industries, le commerce extérieur, les banques et assurances, l’énergie, les transports et les systèmes de communication.
Dans le même temps, la Constitution insiste sur le respect de la propriété privée et la liberté d’entreprise (dans le but de rassurer le clergé et les membres du Bazar).
Une telle politique, dont on a pu dire qu’elle jetait les bases d’une théocratie rentière, est ambiguë et contradictoire. Elle présuppose que les richesses de l’Etat se maintiennent à un niveau suffisant pour faire face à ses engagements. Sa réussite dépend donc des capacités gestionnaires des nouveaux dirigeants et de l’évolution du prix du pétrole.
Or, l’emballement révolutionnaire va contraindre le régime à des mesures radicales et désordonnées et la rente pétrolière va s’effondrer dès le tournant des années 1980. En outre, la guerre avec l’Irak absorbe ¼ du PNB. On assiste à la désintégration du tissu économique et au recul du PIB / habitant.
De timides réformes, dans les années 1990 ne suffisent pas à redresser la barre. La nature collégiale du régime, le maintien d’une multitude de centres de décisions ne permet pas à l’exécutif d’exercer son action dans la continuité.
Il faut noter aussi le poids exceptionnel du clergé qui gère l’impôt religieux versé par les fidèles et possède des centaines de milliers d’hectares, de terrains urbains, des immeubles, des usines, des hôpitaux. Les fondations religieuses constituent un véritable Etat dans l’Etat et ne paient pas l’impôt. Le système bancaire, nationalisé et soumis aux lois islamiques, depuis 1984, est en piètre état.
4) La situation internationale reste compliquée pour l’Iran.
Si l’éclatement de l’URSS en 1991 multiplie par 5 les pays riverains de la Caspienne (Russie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Turkménistan et Iran) et permet de définir un statut juridique de la mer Caspienne et des zones économiques exclusives, en revanche l’hostilité des Etats-Unis se renforce.
En 1996, le Congrès vote la loi D’Amato qui interdit aux entreprises, quelle que soit leur nationalité, tout investissement supérieur à 40 millions de dollars par an, en Iran et en Libye.
Mais en 2001, la Russie signe un accord de coopération militaire avec l’Iran.
En 2002, après les attentats du 11 septembre 2011, le président G.W. Bush déclare que l’Iran fait partie, avec la Corée et l’Irak, d’un « axe du mal ». En 2003, les EU déclenchent une guerre contre l’Irak.
Bien que dégradés, les atouts de l’Iran restent considérables à la fin du XX ème. Ils sont autant géographiques que démographiques ou culturels.
LES FACTEURS DE LA PUISSANCE IRANIENNE AUJOURD’HUI
Une situation géographique avantageuse
Le pays a une superficie qui représente trois fois la France, ce qui la place au 18 ème rang mondial. Il possède des frontières terrestres et maritimes avec quinze Etats. Il est à la charnière des mondes arabe, turc, indien et russe. Il est une sortie pour les Etats enclavés du Caucase et d’Asie Centrale car, outre la mer Caspienne, il s’ouvre sur le Golfe Persique et la mer d’Oman. Il contrôle, avec Oman, le détroit d’Ormuz qui est un goulet d’étranglement stratégique par où transite une grande partie des hydrocarbures vitaux pour l’économie mondiale.
Enfin, sur le plan défensif, il est entouré de montagnes et de déserts qui en font une citadelle difficile à investir.
Un géant démographique régional
Avec une population d’environ 80 millions d’habitants, l’Iran à un poids comparable à celui de l’Egypte et de la Turquie. Mais il a déjà effectué sa transition démographique et son taux de natalité est comparable à celui de l’Occident. Sa population est encore jeune, mais le vieillissement arrive.
Des forces armées importantes
Il occupe la première place dans la région du Golfe, avec 350 000 hommes dans l’armée nationale et 125 000 pour les Gardiens de la révolution islamique (les pasdarans). Il convient d’y ajouter la force paramilitaire des bassidj (les mobilisés) chargés prioritairement du maintien de l’ordre interne. Ils seraient environ un million d’hommes … !
Enfin des milices ou bras armés officient dans le Liban du Hezbollah, au Yémen des houthis et depuis « les printemps arabes » en Irak et en Syrie.
Des ressources naturelles et un potentiel économique
L’Iran est une véritable puissance énergétique qui détient les plus importants gisements de pétrole et de gaz naturel du monde.
Il exporte des quantités importantes de pétrole vers la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et la Turquie. Cependant, des sanctions internationales limitent, depuis 2012, ses exportations. En matière gazeuse, en raison du manque d’infrastructures, son potentiel reste inexploité.
En plus des hydrocarbures, l’Iran détient 7% des ressources minières mondiales : aluminium, zinc, chromite, cuivre, plomb, manganèse…. Là encore largement sous-exploité.
En parité de pouvoir d’achat, en 2014, l’Iran se situe au 19 ème rang mondial, juste derrière l’Arabie et la Turquie.
Afrique du Nord, Moyen Orient, Monde indien – sous le dir de Roger Brunet.
Des capacités techniques et scientifiques substantielles
Durant le règne des Pahlavi, l’éducation de masse s’est répandue en Iran et cela a continué jusqu’à aujourd’hui. Le pays dispose d’excellents établissements d’enseignement technique, supérieur et universitaire, où les filles sont très nombreuses. Excellence que l’on retrouve dans ses publications. On se souvient que la mathématicienne Maryam Mirzakhani, est devenue en août 2014 la première femme du monde récipiendaire de la médaille Fields, la plus prestigieuse récompense en mathématiques, souvent considérée comme un équivalent du prix Nobel. La mise en place du programme nucléaire repose aussi sur une base largement nationale.
L’existence d’une importante diaspora
Jusqu’à la Révolution de 1979, l’émigration des Iraniens était limitée. Depuis trois décennies, une véritable diaspora s’est constituée, que l’on estime à 7 millions de personnes. Si un jour, le régime choisissait l’ouverture, cette diaspora pourrait être un atout considérable en termes de développement économique.
Un soft power iranien
A côté de l’attrait qu’exerce la culture iranienne dans le monde en général, le discours idéologique de ce premier Etat chiite, a attiré des populations chiites non iraniennes. A travers ses fondations religieuses, Téhéran a distribué une aide matérielle à des populations démunies et susceptibles de soutenir des mouvements politiques favorables.
Le clergé iranien entretient des liens avec le clergé d’Irak, du Liban, ou d’Afghanistan.
Enfin, la dimension anti-israélienne et anti-occidentale de son discours idéologique peut renforcer son image dans l’opinion publique arabe sunnite.
A cela il faut ajouter l’existence de chaînes de télévision par satellite et de radios, qui diffusent dans pas moins de 30 langues la parole du régime à travers le monde.
LES LIMITES DE LA PUISSANCE AUJOURD’HUI
Diversité ethnique : un facteur relatif de vulnérabilité
L’Iran, depuis plus d’un siècle s’est efforcée, avec succès, de transformer un Etat impérial en Etat-nation. Presque tous les Iraniens parlent la langue nationale, le persan. Le vivre ensemble depuis des siècles, une histoire et une culture plusieurs fois millénaires, les références répétées aux mythes fondateurs tout cela a abouti à une spécificité reconnue au Moyen orient et même au-delà.
La diversité ethnolinguistique demeure cependant. Les turcophones (Azéris, Turkmènes, Kachkaïs) sont les plus nombreux. Suivent les populations de langue kurde, baloutche et arabophone. Ces populations vivent dans les régions périphériques et frontalières et forment des groupes transfrontaliers. Ces minorités ne sont pas séparatistes mais elles pourraient le devenir dans la mesure où leurs droits sont peu reconnus.
Un îlot chiite au milieu d’un monde sunnite
L’Iran est « le centre du monde chiite » mais deux autres pays ont une majorité de leur population chiite : l’Irak et Bahreïn. Des minorités chiites importantes existent au Liban (38 % de la population), au Yémen (35 %) en Syrie et au Koweït.
Contrairement à l’idée de l’existence « d’un arc chiite » ces groupes sont très fragmentés : Arabes ou non, persophones ou turcophones, alaouites, zaydites, etc. En outre, dans une géopolitique du sacré, les lieux saints du chiisme sont en Irak, à Karbala et Nadjaf.
Aujourd’hui, l’Iran soutient les chiites les plus susceptibles de lutter contre « l’arrogance des Occidentaux » et plus particulièrement des Etats-Unis : le Hezbollah chiite libanais et le régime syrien alaouite de Bachar Al-Assad. Plus récemment la tentative de prise du pouvoir au Yémen par les chiites houthis a entraîné l’Iran dans le piège du sectarisme qu’il avait longtemps évité. De quoi alimenter une guerre froide entre l’Arabie et l’Iran.
Un pays isolé politiquement
Certes l’Iran entretient des relations diplomatiques et commerciales avec tous ses voisins, mais une grande méfiance demeure. L’Iran ne peut compter sur le soutien d’aucun de ses voisins.
Depuis la Révolution islamique, les relations sont très tendues avec le monde occidental. La prise d’otages à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran, en 1979, reste dans toutes les mémoires. La Chine et la Russie se disent puissances amies, mais elles profitent d’abord de l’isolement iranien. Elles ont voté les résolutions du Conseil de sécurité sanctionnant l’Iran pour son programme nucléaire.
Un environnement sécuritaire régional dégradé
La situation régionale accumule les dangers : intervention des EU en Afghanistan, puis en Irak, déclenchement de la guerre en Syrie ont permis le développement de groupes sunnites radicalisés. La percée de Daech en Irak commence à l’été 2014. Les talibans reprennent vigueur dès 2015 en Afghanistan.
D’autres puissances régionales, comme l’Arabie saoudite, se sont engagées dans divers théâtres d’opération pour contrer les ambitions iraniennes… et elles ont des moyens financiers bien supérieurs à ceux de l’Iran…
Une économie en difficulté
Structurellement le pays souffre de décennies de mauvaise gestion. Il souffre aussi des sanctions internationales et enfin de la chute plus récente des cours du pétrole dont il reste trop dépendant. A cela il faut ajouter le coût des opérations militaires menées en Irak et en Syrie.
Des problèmes environnementaux majeurs
La population a doublé depuis la Révolution islamique.
La mauvaise gestion du monde agricole, la déforestation ont pour corollaire l’assèchement des nappes phréatiques et des lacs du pays. Le Zayendeh Roud ne coule plus qu’épisodiquement sous les ponts d’Ispahan, chefs-d’œuvre de l’architecture savavide.
Le lac Orumiyed, l’un des plus vastes lacs salé du monde a perdu la moitié de sa superficie en raison de la construction de quelques 500 barrages et digues ces vingt dernières années. Il pourrait disparaître à court terme.
APRES L’ACCORD DU 14 JUILLET 2015 ? QUELLES PERSPECTIVES ?
L’accord conclu le 14 juillet 2015 sur le programme nucléaire doit délivrer l’Iran des sanctions économiques et ainsi relancer l’économie et d’atténuer le malaise social qui à terme menace la survie du régime.
Il devrait aussi aider à rompre l’isolement du pays. Une partie des avoirs iraniens gelés à l’étranger pourrait être libérée. Le montant varie entre 50 et 150 milliards de dollars.
Mais l’économie est largement étatisée et les groupes liés au pouvoir, comme les Gardiens de la révolution ne sont pas près à abandonner les secteurs les plus lucratifs.
Enfin l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis n’a rien de rassurant puisqu’il veut revenir sur la politique menée par son prédécesseur.
Maryse Verfaillie – Mars 2018
L’Iran, le retour d’une nation sur la scène internationale
Le compte rendu de la conférence avec Bernard Hourcade, ainsi que les éléments qu’il nous a transmis sont en ligne :
http://cafe-geo.net/iran-le-retour-sur-la-scene-internationale-dune-grande-nation/
Le voyage en Iran : programme préparé par Nathalie Brousse (Hasamélis) et réalisé avec le guide culturel Arvin Rajabi.
- Lien : Vers un Orient fantasmé – Les Cafés Géo – Iran février 2018 (PDF, 1.06Mo)