La rivalité irano-saoudienne
Focus sur le Hezbollah libanais
Une conférence de
Didier Leroy
Chercheur à l’Institut Royal Supérieur de Défense
Professeur assistant à l’Université Libre de Bruxelles
A l’Institut de Géographie de Paris, le 9 février 2019
Notre conférencier de ce matin tient à se présenter avec honnêteté : ni géographe, ni cartographe, ni géopolitologue, l’homme est de formation assyriologue, « le dernier de l’ULB », précise-t-il avec humour, la section ayant fermé l’année de sa diplomation. Pour s’assurer des débouchés, Didier Leroy se réoriente alors vers l’islamologie et le Moyen-Orient contemporain. En Master, d’abord, puis en doctorat, qu’il poursuit sous la cotutelle de l’Ecole Royale Militaire où il officie toujours et qui le donne, à l’heure où il nous parle, en « mission OTAN ».
En guise d’introduction, Didier Leroy précise d’emblée le sens de son « focus », tel qu’indiqué dans le titre de sa présentation, affichée avec soin via un diaporama : l’objet, le Hezbollah libanais, fut celui de ses recherches pendant des années, et celui qu’il maîtrise le mieux du point de vue de l’échelle d’analyse. Seule véritable success story de la politique étrangère de l’Iran à partir de la Révolution islamique de 1979 pour gêner l’expansion du rival saoudien, le phénomène cristallise le conflit qui anime la région.
A ce propos, Didier Leroy lance quelques avertissements : attention, dit-il, à l’effet de mode qui consiste à interpréter tout phénomène, quel qu’il soit, à l’aune de la rivalité irano-saoudienne sous prétexte qu’il se situe dans une région plus ou moins influencée par l’une ou l’autre de ces grandes puissances. C’est un conflit parmi d’autres, affirme-t-il. D’autres acteurs de poids – russe, américain, turc, etc – interviennent dans cette géopolitique régionale complexe et actionnent d’autres tiraillements.
Dernière précaution oratoire : le prisme sera surtout iranien. D’abord parce que la présentation porte sur le Hezbollah, parti formé à partir d’une affinité avec le régime né de la Révolution islamique en Iran, et ensuite parce que l’affaire tombe à pic, les célébrations du quarantième anniversaire de la révolution de 1979 se rapprochant, et de celui du « phénomène Hezbollah », qui coïncide à peu près.
La rivalité irano-saoudienne : une construction historico-géographique toujours en mouvement
Didier Leroy s’abstient de remonter à ses racines les plus profondes, qui renvoient à l’histoire de la succession et de l’expansion des empires (achéménide, etc.) et des califats (omeyyade, etc.). L’accentuation des antagonismes déjà bien ancrés résulte de l’enchaînement de quelques « gros dossiers » que résume cette chronologie :
Commentons-là brièvement : l’année 1979 correspond évidemment à la Révolution islamique qui transforme l’Iran en République islamique. Lorsque l’Arabie Saoudite soutient Saddam Hussein, la guerre Iran-Irak, qui débute la même année, prend des proportions régionales. En 2003, l’invasion américaine de l’Irak continue de déstabiliser les équilibres de la région déjà précaires et d’alimenter les oppositions entre une Arabie Saoudite pro-américaine et un Iran qui y est hostile. Lors des « printemps arabes » à partir de 2011, les positionnements diamétralement opposés des deux puissances régionales accentuent encore leurs divergences. Enfin, il faut éclaircir le dernier point : l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA en anglais), qui a contribué à rendre l’Iran « fréquentable » d’un point de vue international, déplaît à l’Arabie Saoudite. L’escalade des tensions se poursuit depuis lors entre ces deux pays.
Mais l’influence de l’Iran ne se mesure pas seulement sur le plan des accords internationaux ; elle se manifeste sur le terrain, en péninsule arabique et au Proche-Orient notamment. (Didier Leroy change donc d’échelle, et shifte de pays en pays.)
Dans le micro-Etat du Bahreïn, les manifestations liées au « printemps arabe » qui prirent forme aux abords de la place de la Perle furent durement réprimées par les forces armées saoudiennes. Cet Etat, dont la majorité des citoyens sont de confession chiite, et où l’acteur politique al-Wifaq — stigmatisé comme un agent iranien — connut notamment un certain succès, est cependant dirigée par une dynastie sunnite. Le cas du « vilain petit Qatar », actuellement au coeur de la crise du Conseil de Coopération du Golfe notamment par rapport à ses liens avec l’Iran, est un autre exemple emblématique. Aux Emirats Arabes Unis, des tiraillements internes sont manifestement à l’œuvre entre Abu Dhabi (souvent aligné avec Riyadh) et Dubaï, quasi-capitale économique de l’Iran depuis les sanctions. En ce qui concerne Oman, dont Didier Leroy fait l’hypothèse qu’il s’agit d’un autre « hub » iranien tant les ressortissants perses s’y sentiraient « à la maison », le positionnement de Muscat ne satisfait que très partiellement les volontés saoudiennes. Reste enfin le Yémen, en proie à une guerre sanglante, où l’Iran soutient les rebelles houthis (qui appartiennent à une branche déviée du chiisme, le zaydisme, mais dont le rapprochement avec les duodécimains est moins évident qu’il n’y paraît) face à un gouvernement perfusé aux fonds saoudiens.
Passons au Proche-Orient, maintenant : celui-ci peut être appréhendé à travers le prisme opposant les Etats monarchiques et républicains, le champion de ces derniers — l’Iran — suscitant les craintes du royaume saoudien. Dans la région, deux alliés sont stratégiques pour l’Iran selon un premier niveau de lecture concentrique : (1) l’Irak, d’une part, sur lequel l’Iran a tout intérêt à influer pour créer un Etat relativement stable et pro-chiite, et (2) la Syrie, d’autre part, seul véritable allié étatique arabe, pivot de « l’axe de la résistance » (anti-israélienne et anti-impérialiste occidentale). En second lieu, on peut noter une hostilité rhétorique systématique vis-à-vis d’Israël, contrairement à l’Arabie Saoudite, et un soutien militaire net au Hamas dans les territoires palestiniens et au Hezbollah au Liban.
Le Hezbollah libanais : une passion à refroidir, des dynamiques à restituer
Quand il en est question, personne n’y est indifférent : le Hezbollah fait peur, ou bien fascine. Pour Didier Leroy, il faut neutraliser la charge émotionnelle du sujet. Le regard du sociologue invite à rappeler qu’on est en présence, lorsqu’on en parle, d’un clash de discours socialement construits : d’abord, celui du Hezbollah « terroriste », construit par Israël, relayé par ses alliés (surtout l’américain), qui fait consensus en Europe et dans d’autres régions du monde. Ensuite, celui du Hezbollah « résistant », construit par le mouvement lui-même, et relayé par ses propres alliés, dans les mondes arabes et musulmans en général. Mais quand on fait une recherche de terrain sur le mouvement, on se rend compte que la réalité du phénomène va bien au-delà de ces deux caricatures.
Le Hezbollah change en permanence, notamment au cours d’une dynamique qu’il nomme pragmatisation idéologique :
A partir de son émergence en 1978, le « parti de Dieu » (telle est la signification étymologique de Hezbollah) et les individus désillusionnés de leurs partis d’origine qui le composent, trouvent leurs inspirations dans la thèse principale de l’ayatollah Khomeiny, fusionnant pouvoir spirituel et temporel au sein d’un « guide suprême ». Voici la première ligne directrice du parti. A partir de 1985, date de publication du manifeste du mouvement, on peut dire que l’idéologie prend une tournure de plus en plus politique ; mais ce n’est qu’à partir de 1992 qu’on peut parler de programme, la fin de la guerre civile (1990) cristallisant les aspirations nées dix ans avant autour des élections parlementaires. La milice a développé un parti, et un parti qui se veut — contrairement au discours ambiant, médiatique, qui veut en nuancer la parenté directe — attaché à la Révolution islamique.
Cette pragmatisation idéologique se double – elles sont complémentaires – d’une arborisation structurelle : Didier Leroy désigne par là le développement de la « société résistante », pour ainsi dire, la capacité du Hezbollah à se rendre présent dans tous les aspects du quotidien de la communauté chiite du Liban. Non seulement le Hezbollah dispose-t-il aujourd’hui d’une force armée redoutable, mais en plus il constitue le parti politique le plus influent du pays, sans doute parce qu’il s’impose comme champion de la communication, (avec ses parades militaires, ses affiches, ses revues diverses, ses nombreux médias ou encore sa base militaire de Mleeta reconvertie en musée au sud de Saïda) et, à échelle plus grande, comme premier pourvoyeur d’aide sociale, qui permet à un Libanais né en « milieu Hezbollah » de naître, vivre et mourir aux soins de l’organisation.
Mais, comme le suggère Didier Leroy en nous lançant sur les pistes du Sud-Liban, Hezbollah ne s’arrête pas là : le mouvement acquiert une dimension régionale. Depuis 1982, il s’est incarné à travers la « Résistance Islamique », qui constitue sa composante armée et qui, depuis 1990, connaît un développement qui sort de l’ordinaire : en 2000, Israël se retire du sud-Liban, et en 2006, à l’issue de la guerre des 33 jours, Tsahal connaît sa première « non-victoire » ! Les pertes sont massives du côté du Hezbollah, mais qu’importe : le succès est remarquable pour le parti. En 2019, on lui attribue un effectif d’environ 20000 soldats à temps plein et un arsenal d’environ 100.000 pièces (missiles et roquettes) – selon les sources officielles dont il convient selon notre intervenant de se méfier.
Depuis 2012, cartes à l’appui, la Résistance Islamique est engagée en Syrie, dans des lieux choisis avec soin : au long de la frontière libanaise, en premier lieu, où vivent des libanais, fortement liés au chiisme. En 2014, elle est des batailles de Qusayr et de Qalamoun, aux abords de la frontière libano-syrienne. Elle pénètre ensuite progressivement à l’intérieur des territoires syriens vers Alep au Nord et le Golan au Sud pour atteindre Abu Kamal à la frontière syro-irakienne en 2017.
Du maintien du Hezbollah, en sa et ses place(s)
Didier Leroy glisse peu à peu vers la conclusion en rassemblant son portrait dynamique du mouvement Hezbollah sous une interprétation par objectifs géopolitiques : les actions entreprises révèlent en effet une réflexion du mouvement selon une logique concentrique, qui suit les priorités stratégiques respectives du Hezbollah lui-même, de la Syrie et de l’Iran. Il s’agit d’abord pour le Hezbollah d’assurer sa propre survie au Liban, en préservant son backyard militaire syrien. Deuxième point, deuxième échelle : la syrienne. Acquérir une profondeur stratégique en Syrie est permis dans le sillage du maintien de l’axe Damas-Lattaquié vital pour le régime Assad. Enfin, l’échelle régionale : le Hezbollah aspire à devenir une puissance régionale, dans le cadre plus large des aspirations (historiques) de l’Iran à se projeter vers la Méditerranée.
C’est enfin à l’exercice ardu de légitimation de sa présence au-delà des frontières libanaises – d’une posture défensive, donc, à une posture offensive – que le Hezbollah se fait fin stratège : non seulement le discours doit évoluer « en grand », du fait de ces changements de posture, mais aussi « en petit », du fait de la récurrence des discours et de la multiplicité des occasions et des publics concernés. Au jour de l’Achoura, par exemple, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah s’adresse à un public local chiite ; au jour de la Libération, à un public national libanais ; au jour de Jérusalem, à un public régional arabe et musulman. Mais les thématiques récurrentes des discours varient aussi selon les années. En 2012, Didier Leroy relève ainsi la prégnance du devoir religieux et de la solidarité communautaire. Quant à 2013, la défense du Liban et de la Palestine sont des thèmes plus souvent abordés. En 2014, année de toutes les victoires de Daech, la sécurisation de la menace dite « takfiriste » devient l’argument central des discours, le Hezbollah s’érigeant progressivement en bouclier anti-Daech. Dans la foulée, le mouvement parvient à renforcer les facteurs de motivation de ses combattants. Ceux-ci sont en phase avec l’idée de nécessité de mener cette guerre préventive en Syrie, mais sont également endoctrinés au « devoir de jihad », et enfin fédérés par « l’esprit de corps » (asabiyya) qui procure fierté à de nombreux jeunes en mal de vocation.
Didier Leroy conclut avec regret que le dilemme sécuritaire irano-saoudien est voué à perdurer dans l’état actuel des choses. Il récapitule les deux dynamiques principales de l’évolution du Hezbollah, à savoir la pragmatisation idéologique et l’arborisation structurelle, ses succès syriens et ses conséquences. Enfin, les mises en garde israéliennes face à la stature désormais régionale du Hezbollah poussent celui-ci à envisager une prochaine guerre opposant Israël à un ou plusieurs maillons de « l’axe de la résistance ».
Q&R :
Q : D’où proviennent les fonds du Hezbollah ?
R : La culture du secret est d’usage, la question est, pour le coup, très opaque. Dans les sources ouvertes – à prendre, donc, avec des pincettes – apparaît le robinet iranien comme source de revenus n°1. Les impôts islamiques comptent également dans la balance, payés par les membres du mouvement faisant allégeance à l’ayatollah Khamenei comme source d’émulation. Ces fonds ne transitent plus par Téhéran désormais : ils filent directement vers le Hezbollah. En parallèle, l’aumône volontaire, illustrable par les boîtes bleues et jaunes dispersées un peu partout au Liban, finance aussi le Hezbollah. On trouve les mêmes en Iran. Il faut aussi penser à la diaspora libanaise à l’étranger (en Afrique de l’Ouest notamment), qui donne régulièrement, et des montants probablement beaucoup plus élevés. En fin de compte, le parti parvient probablement à vivre en autarcie économique en temps de paix, mais a besoin de sa perfusion iranienne en temps de guerre ; il vit aussi des revenus de « l’économie de la résistance » (ex : des gadgets vendus à l’effigie du chef, Nasrallah, très apprécié pour ses discours, écoutés même par ses détracteurs).
Q : Quid des relations entre Bachar al-Assad et le Hezbollah ?
R : Elles étaient initialement très mauvaises. Le leadership syrien soutient initialement la milice chiite Amal, qui dominait dans le Sud-Liban des années de guerre civile (1975-1990). Depuis la fin de la guerre, l’alliance contrainte est de mise et les destins sont désormais liés depuis la guerre syrienne.
Q : Les espaces du tourisme et des loisirs sont au programme des concours de l’enseignement cette année. Pouvez-vous nous en dire plus sur le public de ce site militaire transformé en musée ?
R : La première fois que j’y suis allé, c’était un dimanche matin en 2011, alors qu’il venait d’ouvrir et qu’il était encore peu connu du grand public. Mais quelques cars scolaires y venaient déjà. L’objectif était de proposer une lecture de l’Histoire récente du Liban telle que vécue par les populations du Sud à des Libanais n’ayant jamais mis les pieds au sud de Beyrouth. Lors de ma deuxième et dernière visite (pendant l’Achoura 2017), le sommet de la colline était coiffé d’un gigantesque drapeau de l’Achoura, le décor inspirait presque une sorte de « repaire de pirates » de loin, mais le complexe était bien plus visité qu’auparavant : des touristes d’Amérique latine, des Européens… un public plus élargi s’y rendait, attiré, peut-être, par les quelques guides touristiques on-line qui en faisaient alors mention. Il était beaucoup plus connu que la première fois. Le Hezbollah avait nettement progressé dans sa capacité à promouvoir ce lieu.
Q : Le Hezbollah travaille-t-il ou communique-t-il, et comment, avec d’autres partis au Liban ?
R : Les coalitions du 8 Mars et du 14 Mars n’y existent plus concrètement, mais les lignes de fractures philosophiques, oui. Il y a encore des anti- et pro-syriens, par exemple, même s’il n’est plus à la mode de dire qu’on est anti-. La venue d’Eric Verdeil, spécialiste du Liban, l’année prochaine, devrait nous permettre de ne pas nous étendre sur le sujet et de finir cette intervention à temps…
Q : Comment se traduisent les bénéfices politiques pour le parti ? Quel pourcentage d’élus ?
R : le Hezbollah pratique une sorte de « politique en négatif » afin de maintenir sa réputation d’incorruptibilité. Il fait ce qu’il peut pour la conserver, en faisant avancer son agenda politique par le biais d’alliés. Il n’est pas vorace, donc, en termes de portefeuilles par rapport à son réel poids démographique : en revanche, il a son mot à dire à travers ses « amis » divers (essentiellement chiites de Amal et chrétiens du CPL) bien placés au gouvernement ou au Parlement.
Q : Quel est le pourcentage de chiites en Syrie ?
R : Il est difficile de donner un chiffre précis. On estime la part de sunnites à 75%. Le reste est une mosaïque d’autres appartenances ethno-confessionnelles, dont une petite minorité arabe chiite duodécimaine.
Q : Quel est l’organigramme du Hezbollah ?
R : Une rapide recherche sur Google Images satisferait tout curieux, mais ces graphiques n’ont aucune réelle valeur. Le plus important est de retenir qu’un conseil consultatif de sept personnes en est le cœur, avec une politique de rotation cyclique entre les fonctions pour lutter contre le népotisme au sein des sous-ramifications de l’organisation. Il est important d’introduire la notion d’ « hétérarchie » pour comprendre la nature de cette structure. Le leadership est fort et consensuel, mais une partie des prises de décision sont déléguées aux échelons subalternes, si bien qu’on ne peut pas faire s’effondrer toute la pyramide en éliminant un bloc de l’édifice. Une connectivité faible entre unités est palliée par une cohésion forte au sein de chaque unité. Une seule personne plane au-dessus de ce système de rotation cyclique : Hassan Nasrallah qui est nommé secrétaire-général à vie.
Q : Quelle est la place des femmes dans le mouvement ?
R : Elle est plus importante qu’on ne le pense. Autant elles ne sont pas actives dans la Résistance Islamique ou (peu) en politique, autant elles sont surreprésentées dans les autres domaines (hospitalier, éducatif)… Le milieu est ségrégué, mais construit sur un modèle autre que Daech, par exemple, où les femmes sont reléguées au rôle exclusif de conceptrices.
Q : Peut-on ne pas prononcer les mots de Turquie et de Kurdes ?
R : Tout ne se résume pas, évidemment, au conflit irano-saoudien. Mais si on entre dans ces sujets connexes, on n’en a pas terminé. Le retrait américain va accélérer, voire changer les choses à ces niveaux : les Kurdes vont devoir se tourner vers la Russie et le régime Assad pour obtenir ce qu’ils veulent ou au moins sauver ce qu’ils peuvent.
Mélanie Le Guen
Relu et amendé par Didier Leroy