Café Géographique d’Annecy, le 14 novembre 2019 avec Laine Chanteloup (Université de Lausanne

Présentation de l’invitée :
Laine Chanteloup est actuellement professeure assistante à l’Université de Lausanne. Diplômée de l’Institut d’Études Politiques de Rennes et d’un Master de géographie de l’Institut de Géographie Alpine de Grenoble, elle a effectué sa thèse en géographie et en ethno-écologie en cotutelle entre le laboratoire EDYTEM de l’Université de Savoie et l’Université de Montréal au Canada. Après une année d’ATER de géographie à l’université Joseph Fourier de Grenoble, elle a réalisé un post-doctorat au sein de l’observatoire Hommes-Milieux du Nunavik soutenu dans le cadre du labex DRIIHM CNRS. Maître de conférences à Limoges, membre associé de l’UMR GEOLAB, elle a tout récemment pris un poste de professeure assistante à l’Institut de Géographie et Durabilité de l’Université de Lausanne, elle est rattachée au Centre Interdisciplinaire de Recherche sur la Montagne (CIRM) sur le site de Sion. Ses travaux portent sur l’Arctique et les territoires de montagne (elle a notamment travaillé sur le massif des Bauges). Ses thèmes de recherche sont non seulement géographiques mais ethno-géographiques voire ethno-écologiques sur les questions des relations humains/animaux).

Son intervention permet d’avoir un regard spécialisé sur un thème qui illustre l’intérêt de dépasser une pensée binaire, aussi confortable que réductrice (humain-nature, tradition-modernité). Depuis 10/20 ans on note l’émergence de nombreux travaux savants ou de courants de pensée témoignant que ce mode d’organisation de la pensée est finalement très limité dans le temps et dans l’espace (début des temps modernes au mieux et dans un cadre essentiellement européen). L’étude des régions de l’Arctique constitue une magnifique occasion de s’aventurer vers d’autres modes de représentation de l’espace et du monde.
Cette étude a donc une dimension à la fois géographique, de terrain, sur le Canada en l’occurrence, mais aussi ethnologique. Elle permet en effet une interrogation sur ce qu’on a tendance à simplifier sous le terme « autochtone ».

Présentation du sujet, de l’étude dans laquelle il s’intègre

L’étude à laquelle elle participe a commencé en 2017. Elle travaille avec une autre professeure de géographie du Canada (Thora Herrmann) et des équipes vétérinaires canadiennes (équipe de recherche coordonnée par André Ravel de l’Université de Montréal). L’équipe de recherche a été amenée à se rendre régulièrement au Nunavik (région Nord du Québec) afin d’interroger les relations socio-culturelles que les Inuits entretiennent avec leurs chiens dans le Nunavik contemporain.
Elle travaille sur l’Arctique canadien depuis presque 10 ans, ayant réalisé sa thèse en co-tutelle entre la France et le Canada, elle a été amenée à travailler au Nunavut, territoire nordique de l’état fédéral canadien et au Nunavik (Région Nord québécoise). Si on parle souvent du Nunavut car il est le premier territoire inuit canadien à avoir obtenu une forme d’« autonomie » en 1999, la région du Nunavik reste méconnue. Pour cette présentation, on va aujourd’hui principalement parler de cette région.

  • La région d’étude : le Nunavik
    Ce territoire correspond à la partie du Québec située au nord du 55ème parallèle. C’est une région qui est donc soumise aux lois provinciales de Québec. Cependant, on notera que cette région a une certaine indépendance dans la mesure où le gouvernement régional du Nunavik est géré par un gouvernement régional et que des institutions suite à la convention de la Baie James ont été créé pour représenter et protéger les intérêts Inuit notamment par le biais de la société Makivik (constituée le 28 juin 1975 pour administrer les fonds provenant du tout premier règlement de revendications territoriales globales au Canada, soit la Convention de la Baie-James et du Nord québécois). Des désignations administratives ne correspondent pas toujours à la réalité des hommes, même s’ils doivent s’y soumettre (voir les travaux de Martin Simard sur la géopolitique du Nunavik).Il est important de souligner que si cette étude de cas permet d’approfondir les enjeux des relations humains-chiens sur un territoire bien précis (le nord du Nunavik), elle a aussi une dimension transversale dans la mesure où d’autres peuples autochtones connaissent aujourd’hui des enjeux similaires ou s’en rapprochant (ex. des Cris ou des Naskapis par exemple).

I – La place centrale des chiens dans la culture Inuit : une place centrale « traditionnelle » jusque dans les années   1950

Jusque dans les années 1950, les Inuits étaient fortement inter-reliés avec les chiens. Toutes les familles avaient des équipes de chiens souvent composées de 5 à 8 animaux.

a) Des animaux indispensables d’un point de vue pratique :

Pour les déplacements et la chasse :
Jusque dans les années 1950, Le chien est l’animal principal qui permet aux Inuits de survivre. Ces derniers peuvent, grâce aux chiens, se déplacer lors des migrations d’animaux et partir à la chasse (suivi des migrations de populations de caribous par exemple, ou encore repérage des trous (« aglou » par lesquels les phoques viennent respirer, permettant aux chasseurs de se positionner).
En été, ils n’utilisent pas les chiens mais les kayaks. Cependant cela n’enlève rien à leur rôle indispensable, vital en hiver, le chien a été un moteur de leur survie pendant plusieurs siècles.
• En cas de famine :
Dans des contextes de famines très sévères, les chiens ont concrètement sauvé des familles dans la mesure où en cas de famine très avancée on pouvait aller jusqu’à tuer un des chiens de la meute pour pouvoir se nourrir.
• Le rôle de protecteur :
Un autre aspect qui illustre le caractère fondamental des chiens dans la vie et pour la survie des inuits est leurs rôles protecteurs. Les chiens protègent par exemple des animaux sauvages (ours polaires notamment) en prévenant les humains de l’arrivée d’une menace.
• Le chien et la conquête de l’Arctique :
C’est en regardant les Inuits se déplacer grâce aux chiens que les conquêtes de l’Arctique ont également pu avoir lieu de la part des explorateurs européens (c’est en se servant des chiens le capitaine John Ross a pu parvenir à aller au pôle nord ; Roald Amundsen atteint le pôle Sud grâce à des équipes de chiens, contrairement à l’équipe britannique conduite par Robert Falcon Scott qui avait à la fois des chiens et des poneys).

Cependant, en observant quelques éléments culturels on constate que la place des chiens et le rôle que la société inuit leur attribue dépassent une simple approche utilitaire.

  1. b) Les marques de l’importance des chiens dans la culture inuite : Le choix de leur nom :
    Le chien est le seul animal dans la culture inuit qui dispose de ce qu’ils appellent un « atik», soit l’équivalent d’un nom dans le langage inuit. Cet atik peut être attribué en fonction d’une caractéristique physique ou en fonction d’un membre de la famille. En effet, le nom est très important dans les familles Inuit car il fait la transition entre les différentes générations : à la mort d’un aîné, son nom est donné à un nouveau-né mais aussi parfois à un chien.
    D’après différentes études menées par des anthropologues et ethnologues qui ont beaucoup travaillé sur la place du chien dans les communautés Inuits, certains Inuits s’adressaient à leur chien en les interpellant par le nom de leur grand-père, alors décédé. Cet élément témoigne de l’importance de la place accordée au chien d’un point de vue pas simplement pratique, mais aussi symbolique.

 

  • Le seul animal dont l’inua est l’homme :
    – La notion d’inua :
    Dans la culture inuit, l’inua désigne l’équivalent d’un « principe possesseur » qui est au sein de chaque être vivant (hommes et animaux). Chaque être humain a son propre inua, et généralement les animaux ont un inua collectif.
    – La particularité de l’inua du chien :
    Le chien est le seul animal dont l’inua est l’humain, son maître ; cela relie les humains avec les chiens. Un être humain ne peut pas vivre sans les chiens et il en est de même pour ces derniers, qui ne peuvent pas vivre sans leur maître, leur « principe vital possesseur » (terme à prendre avec précaution car il ne retranscrit pas toutes les dimensions dont le terme inua est porteur).
    Les croyances autour du chien et de la maladie :
    Dans leur système de croyance, les inuits étaient convaincus qu’un chien pouvait attraper une maladie avant son maître ou encore que si le maître attrapait la maladie, un moyen de pouvoir guérir l’individu touché était d’opérer un sévice sur le chien (lui couper une oreille, lui blesser une patte etc). Dans certains cas, lorsqu’une personne était très sévèrement atteinte et affaiblie, ce genre croyance pouvait aller jusqu’à l’abattage du chien en vue de sauver la personne malade.

II – Les années 1950-1960 : une période de profondes transformations pour les Inuits du Nunavik :
(on note qu’il s’est passé des événements similaires pour les Inuits du Nunavut)

a) Un point historique :

L’arrivée des Anglais à partir du XVIe siècle puis la tutelle du Canada
Le nord du Canada a commencé à être conquis par les Anglais à partir du XVIe siècle. Ils s’approprièrent une partie du territoire qu’ils nommèrent la terre de Rupert. Une charte donna alors à la Compagnie de la Baie d’Hudson (compagnie de traite de fourrure) le monopole sur tous les territoires du bassin hydrographique de la baie d’Hudson. Cette compagnie a ouvert des postes de traite un peu partout en Arctique et a commencé à faire des échanges avec les Inuits. Les premiers contacts se sont établis, jusqu’en 1870 où la terre de Rupert a été cédée par la Compagnie de la baie d’Hudson au Canada. Dès lors, les Inuits sont passés sous la tutelle des lois fédérales du Canada.
Même si ce contact entre deux cultures a progressivement induit quelques changements, les modes de vie évoluant doucement, le rapport que les Inuits entretenaient avec leurs chiens n’a pas été foncièrement modifié. En effet, l’activité de traite des fourrures permettait de maintenir une activité qui nécessitait l’utilisation du chien.
Un grand changement intervient dans les années 1950 : guerre froide et chute du prix des fourrures
On est à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, on entre dans la Guerre Froide, le Canada et les États-Unis vont construire des lignes de défense radar partout en Arctique (DEW Line) pour faire face à l’URSS. Certains déplacements inuits non contrôlés commencent à être vus d’un mauvais œil.
En parallèle, dès la fin des années 1940, on entre dans une période particulièrement difficile en Arctique : il y a une chute des prix au niveau international pour les fourrures. Les Inuits qui vivaient en partie de cette vente ne peuvent dans ce contexte plus vendre leurs produits et il devient difficile de se procurer des biens de première nécessité (ex : fusils, poudre, alimentation). Ainsi, leur mode de vie commence à être contraint par le prix des fourrures qui est en chute libre.
Le début d’une politique de sédentarisation incompatible avec la culture inuit et son rapport aux chiens
Le gouvernement fédéral canadien qui, pour bénéficier de la traite des fourrures, entretenait jusque-là une politique qui encourageait les inuits à aller en territoire et à se déplacer, va complètement changer de positionnement et entrer dans une politique de sédentarisation. Le but étant d’installer progressivement les inuits dans les villages. Bien sûr, cette sédentarisation ne s’est pas faite du jour au lendemain. En effet, depuis le début du XXème siècle, il y avait déjà des postes de traites qui amenaient les inuits à se sédentariser mais pour une durée limitée (quelques mois seulement). Par ailleurs, il faut aussi rappeler que dans les années 1950, on est à l’époque du développement de l’État providence. On commence donc à vouloir prendre en charge tous les aspects de la vie, de l’individu : école, sécurité sociale, dispensaires.

A cette période, les Inuits doivent également faire face à une chute des populations de caribous qui constituent une des bases de leur alimentation. Dans ce contexte, certains vont être amenés à s’installer de manière volontaire dans les villages où ils peuvent trouver à manger. Cependant, le problème des chiens se pose rapidement.

Les inuits sont convaincus que les chiens ont besoin de se sociabiliser, et cela se traduit par une totale liberté de ces derniers lorsqu’ils ne sont pas utilisés pour une tâche quelconque. Ce mode d’éducation s’avère difficilement compatible avec le fait de vivre dans un village avec un nombre très important de chiens regroupés : il y a des meutes de chiens composées de 30 à 40 animaux qui peuvent errer en liberté dans les zones habitées et constituent parfois une source d’inquiétude pour les habitants. On commence donc à émettre l’idée qu’il va falloir les attacher en vertu d’une loi liée à l’agriculture et mise en œuvre dans le Sud du Québec. Il s’agit d’un des premiers aspects du « choc » culturel.

On demande donc, malgré la barrière de la langue (les inuits parlant l’inuktitut et ne maîtrisant pas forcément l’anglais à l’époque) aux Inuits d’attacher leurs chiens.  La plupart refuse, car cela va à l’encontre de leur culture, mais pour ceux qui acceptent, il est parfois difficile de trouver les moyens de les attacher : seules des chaînes assez robustes sont utilisables permettant d’éviter que les chiens cassent l’attache (l’injonction d’attacher les chiens se heurte à des difficultés d’ordre culturel mais aussi matériel). Cette situation engendre de plus en plus de problèmes et des attaques sur humains ou menaces se produisent dans certains villages. Or, dans la culture Inuit, quand un chien mord, celui-ci est généralement abattu car on considère que cela témoigne du fait qu’il n’est plus vraiment sociabilisé avec l’humain.

A cela s’ajoute la question de l’alimentation des chiens ; jusqu’alors, les chiens inuits, libres et qui ne travaillaient pas étaient à même de se nourrir seuls. Souvent, quand les chiens se trouvaient sur la banquise ou en territoire ils pouvaient se débrouillaient pour trouver quelques rongeurs etc. Or quand on les attache ils ne peuvent plus se nourrir eux-mêmes, de même la grande concentration de chiens limite également l’accès à la nourriture. Les moyens financiers étant également limités, il est difficile pour les familles de leur fournir de la nourriture (ce problème demeure encore aujourd’hui pour certaines familles en raison du prix important de la nourriture).
Le gouvernement Canadien met alors en place des aides qui auraient pour objectif d’aider les inuits à nourrir leurs chiens.
Depuis le début des années 60, le Québec, qui avait déjà récupéré légalement les terres du Nunavik qu’il avait pendant longtemps délaissées, et «redécouvre son nord » en commençant à spéculer sur les différentes ressources à exploiter dans cette région. La transition se fait entre loi fédérale et québécoise (noter aussi un nouveau problème de communication : les Inuits ne parlent pas toujours bien anglais et encore moins français).

b) La crise des années 1960 :

C’est dans les années 1960 que les problèmes de la gestion des chiens dans les villages atteignent un paroxysme. En effet, aux problèmes d’attaque et de nourriture des chiens s’ajoute l’apparition d’une épidémie de rage qui se développe dans certains villages.
On commence alors à tuer des chiens par groupes entiers (par exemple, dans le village de Kuujjuaraapik il y a une épidémie de rage dans les années 60-63 et on tue 50 chiens d’un coup). Une politique sanitaire va se mettre en place mais celle-ci sera finalement mal expliquée, peu comprise, creusant un peu plus la fissure entre Inuits et Qallunaat (les non-Inuits).
Dans tous les autres villages, des agents de la sécurité québécoise sont envoyés pour « sécuriser les villages », c’est à dire abattre des chiens, y compris dans ceux où il n’y a pas forcément eu d’épidémies ou d’attaques de chiens. S’ajoutent aussi les problèmes de langue, les décisions d’abattre les chiens ne sont pas comprises. Donc même si à Kuujjuaraapick cette politique pouvait s’expliquer, dans d’autres villages le choix de l’abattage ne se justifie pas. Les Inuits ne comprennent pas, un événement difficile arrive à Kangiqsuajuaq où des policiers arrivent, disent aux Inuits qu’il faut abattre tous les chiens car dans d’autres communautés les humains se sont fait mordre et les chiens sont atteints de maladie, ils regroupent alors tous les chiens et les abattent tous sur la banquise. Les cadavres des chiens sont brûlés, ce qui va encore plus à l’encontre de la culture Inuit qui pouvait se resservir de la peau etc.
Il y a donc une grosse coupure dans les années 60, et en quelques années, les Inuits se retrouvent sans chien, sans forcément avoir la possibilité de s’acheter une moto-neige (car malgré l’essor de cet outil dans le nord, cela coûte très cher et il faut acheter du carburant). Donc, en moins de 15 ans, les Inuits se sont retrouvés comme coincés dans des villages, incapables de se déplacer, ne comprenant pas pourquoi on abattait tous leurs chiens, privés de leur indépendance. Cela a provoqué un énorme traumatisme. Beaucoup de témoignages expriment la façon dont ils ont vécu ces comportements : certains exprimaient ce déchirement en disant qu’ils eurent le sentiment qu’on leur coupait un bras, qu’on leur enlevait quelqu’un de leur famille, et de manière plus générale, qu’on tuait petit à petit leur culture.
D’autre part, cette sédentarisation participe d’un essor des problèmes sociaux dans les villages.

c) La disparition totale des chiens : les années 1970

Au début des années 1970, il n’y a plus de chiens. Petit à petit, les chiens reviennent car on en importe du sud, de races variées et non locales (voir plus loin). Ils se reproduisent et dès les années 1980 on retrouve des chiens dans les villages, mais il y a quand même eu une coupure de 10, 15 ans pendant laquelle les familles ont perdu tout un pan de leur culture avec cette perte des chiens.

III – Les chiens, enjeux actuels :

a) La réapparition progressive des chiens :

Dans les années 1980, on note une réapparition de quelques chiens dans les villages mais ce ne sont plus nécessairement des Huskies, apportés notamment par des travailleurs du sud (autres travailleurs québécois : des infirmiers, médecins volants, professeurs envoyés quelques années dans les villages qui viennent souvent avec leurs chiens). Des races de chiens telles que les Labradors, Dogues Danois, vont commencer à se développer au Nunavik.

b) La mise en place d’une aide vétérinaire :

En 1983, le Mapaq, ministère de l’agriculture va également mettre en place tout un programme de vétérinaire volant, qui demeure aujourd’hui. Comme il n’y a pas assez de moyens pour mettre de vétérinaires dans les villages, une fois par an, un vétérinaire monte et se rend dans chacun d’eux pour vacciner les chiens contre la rage par exemple.

c) Les chiens aujourd’hui : quelle est leur place après cette grosse coupure ?

Elle est avant tout très diverse :

L’enquête a été menée auprès de trente familles des communautés Inuit de Kuujjuaraapik et de la communauté Cri adjacente de Whapmagoostui :
(1) parfois le chien est toujours considéré comme un membre de la famille
(2) il est parfois un simple cohabitant (en fonction des communautés, pas toujours pareil mais à Kuujjuarapik par exemple, une grande partie des chiens sont encore laissés libres donc beaucoup de gens cohabitent avec des meutes de chiens qui passent dans la communauté).
(3) – Les chiens sont toujours utilisés pour la chasse mais beaucoup moins pour la chasse au phoque, plus pour celle des oiseaux (intérêt des chiens de race Labrador).
– Le chien peut également être utilisé toujours dans une optique de protection du reste de la faune sauvage ; dans le sud du Nunavik, par exemple, contre les renards (renard = principal porteur de la rage)
(4) On note parfois une nouvelle utilisation du chien :
– les femmes inuits s’en servent pour se protéger elles-mêmes. Elles s’en servent en tant que chien de garde dans un contexte d’augmentation du nombre de gens alcoolisés, et des violences.
– les chiens sont aussi utilisés pour accompagner les enfants à l’école.
• Une inquiétude qui persiste :
En contrepartie, la peur du chien ne cesse de croître car certaines familles ne sont plus forcément habituées à voir autant de chiens. Une partie des chiens est laissée en liberté, toujours pour les raisons déjà évoquées. Certaines familles essaient de trouver une forme de compromis et attachent leurs chiens seulement la journée et les détachent la nuit. Cependant, cette gestion des chiens génère elle aussi des problèmes, notamment lorsqu’il y a des femelles en chaleurs (des meutes de 10 à 20 chiens peuvent se battre entre eux pour la femelle). De manière générale, le chien fait aujourd’hui peur, et il y a par exemple des quartiers des villages qui sont évités à cause de ecla.
• L’évolution du profil des chiens :
En outre, l’évolution du profil des chiens constitue aussi un problème ; le Husky qui bénéficiait pourtant d’une certaine aura n’est plus la race majoritaire (beaucoup de mixed-huskies). Le mélange de race entre les chiens pose problème ; beaucoup de gens dans la communauté des Inuits disent que les chiens qu’on voit aujourd’hui ne sont plus « des vrais chiens »; que ces chiens-là leur font peur. Cette réticence exprimée se traduit parfois par des comportements violents envers les chiens (usage de bâtons). Aussi, si l’arrivée de races très impressionnantes participe de ce climat de peur (Pitbull ou encore Grand Danois), celle des petites (Yorkshire) peut aussi être problématique. En effet, ces derniers résistent rarement aux conditions climatiques et meurent dès le premier gel en hiver. A cela s’ajoute le grand nombre d’accidents au cours desquels les chiens sont écrasés.

  • La question de la liberté ou non des chiens toujours d’actualité :

A ce sujet, les avis continuent de diverger. Il y a encore des familles qui estiment qu’il ne faut surtout pas attacher les chiens (qui risqueraient de devenir méchants, d’aboyer, de déranger) et continue à se heurter à des avis opposés de gens qui en ont peur.
Certaines solutions ont été mises en place pour éviter les problèmes qu’engendrerait un effectif de chiens trop élevé.  Il y a parfois un appel à la radio qui annonce aux habitants qu’ils ont 24h pour attacher leurs chiens, sans quoi leur animal sera abattu. Or, dans ce système, lorsque les Inuits ne sont pas à leur domicile (par exemple s’ils sont amenés à se rendre dans le sud pour se faire soigner à l’hôpital) il arrive qu’ils ne retrouvent pas leur chien vivant à leur retour.

d) La situation du chien qui cristallise les différences de perception du chien au sein de deux communautés et ethnies :

Cette situation complexe à propos de la gestion du chien influence les perceptions que les inuits ont eues et peuvent encore avoir des Qallunat, c’est à dire de l’étranger (personne non inuit).

Ces tensions et désaccords au sein des communautés soulignent les différences de perceptions du cet animal. En effet, les Qallunat considèrent le chien comme un membre de la famille, ont leur conception de l’éducation qu’il faudra lui donner, ou encore de son alimentation.  Cette conception de l’animal de compagnie se heurte alors aux perceptions des Inuits, dont les pratiques se reflètent sur les comportements et le physique des chiens. De plus en plus de Qallunat viennent travailler dans le nord (profs, infirmiers, vétérinaires) et vont avoir une vision qui consisterait à estimer, selon leur culture, perception et mode de représentation, que les chiens Inuits sont vraiment en mauvaise santé (chiens dont on ne s’occupe pas, mal nourris…). Ils en viennent à penser qu’il leur faut protéger ces chiens, et beaucoup ont mis en place des systèmes de « sauvetage » des chiens (ils contactent un refuge et envoient un chien lorsqu’il est considéré mal nourri ou blessé). Ces réactions sont parfois appréciées (dans le cadre de blessure du chien notamment) mais peuvent aussi être perçues de manière négative, s’apparentant à du vol du chien.

Or, les interviews avec des refuges du sud ont permis de montrer que les chiens du nord sont de très bons chiens ; à la fois en forme physique et équilibrés psychologiquement (exercice physique quotidien, sens de la meute, de la hiérarchie). Ils sont même plus équilibrés psychologiquement que les chiens du sud en plus d’être en meilleure santé (alimentation plus saine que les chiens du sud qui sont souvent nourris aux croquettes etc).

 

Conclusion :
Cette étude s’inscrit dans un programme de recherche qui a été monté avec l’université de Montréal de la faculté vétérinaire qui s’est rendue compte que les politiques vétérinaires adoptées depuis les années 80 ne fonctionnent pas : difficultés rencontrées par exemple lors de la mise en place de campagnes de vaccinations : celles-ci sont complexes car les vaccins antirabiques nécessitent deux piqûres à des intervalles précis ; il faut réussir à attraper le chien deux fois or il est parfois difficile de retrouver le chien et même son propriétaire ne sait pas forcément où il est.
Le programme a donc été créé pour essayer de mieux connaître ces relations hommes-chiens et leurs enjeux.

Questions :

Q: Un intervenant a interrogé L. Chanteloup sur le titre « ni domestiques ni sauvages », en remarquant un parallèle entre la problématique des chiens et des chevaux de trait qui ont dû être abattus dans les années 1950-1960 pour des raisons économiques.

R : Les chiens ne sont pas uniquement des membres de la famille, ils ne sont donc pas domestiques, mais ne sont pas forcément sauvages malgré une autonomie (ou parfois un ré-ensauvagement) car le chien sauvage est un loup. Les catégories occidentales de « domestiques » et « sauvages » ne peuvent donc pas être appliquées aux Inuits.

Q: Un intervenant a ensuite demandé si les chiens, comme dans les territoires au Nord-Ouest, étaient attachés le long de la mer, notamment les chiennes qui sont à part pour que des loups arctiques viennent les féconder.

R : Au Nunavut, comme au Nunavik il est en effet courant que les Inuits laissent leurs chiens sur une île l’été pour trois à quatre mois (il peut y avoir alors rencontre avec la faune sauvage) et retournent sur l’île les récupérer pour le début de l’hiver.

Q: Quelle est la position du chercheur / de la chercheuse dans ce type d’enquêtes?

R : Laine Chanteloup explique, à une personne qui lui a demandé si elle avait appris la langue, qu’elle ne connait pas l’inuktitut mais qu’elle a travaillé avec des traducteurs notamment pour les aînés, sinon la majorité des Inuits aujourd’hui sont bilingues en anglais au Nunavik. Elle a également travaillé avec des linguistes car une culture prend son sens dans sa langue et ne pas étudier cette dernière nous fait passer à côté d’éléments importants.

Mme Chanteloup s’intéresse aux chiens dans son travail de géographie notamment dans le rapport au territoire et à son évolution que les chiens impliquent. Elle a pu échanger avec des aînés qui ont connu les déplacements avec les traineaux à chiens et un rapport avec le territoire très symbiotique. C’est très différent des jeunes qui s’éloignent très peu des villages car ils se déplacent avec des quatre-roues (quad en été et motoneige en hiver). Ces modes de déplacements présentent des désavantages : en été, le quad peut s’enliser dans les toundras et, en hiver, les skidoos peuvent se casser ou tomber à travers la glace qui s’ouvre. A la différence des chiens qui pouvaient, par exemple, sentir la glace et choisir le meilleur chemin ou bien tirer le traineau lorsque ce dernier tombait à l’eau. Il y a donc une coupure entre avoir des chiens et ne pas en avoir, ce qui impact sur les aspects de lien au territoire. De plus, il y a un certain intérêt pour la micro-géographie au sein du village, notamment avec des zones de peur où les meutes de chiens sont beaucoup plus présentes.

Pour les aspects historiques, Laine Chanteloup s’est basée sur les travaux de Francis Levesque, qui est un spécialiste anthropologue sur la question de l’Arctique canadien et du chien, et sur des documents d’archives. La société Makivik, dans les années 2000, a notamment lancé un processus d’autonomie par rapport au gouvernement québécois et fédéral pour faire reconnaître officiellement que l’abattage de chiens a eu de profonds impacts sur la culture inuit. Ainsi ils ont monté le rapport trilingue Makivik de 2005, avec de nombreux témoignages. Makivik, avec le film Echo of the last howl, a voulu sensibiliser à la question de l’abattage des chiens une première fois en 2000 puis en 2011. Cela a fonctionné puisque le gouvernement a reconnu l’abattage et ses conséquences sur la culture inuit pour le Nord.

Jusqu’en 1967, la police québécoise s’est référée à la loi agricole du sud du Québec pour essayer d’abattre les chiens. Cette loi expliquait que tout chien errant pouvait être abattu entre certaines périodes de l’année. Mais cela à créer tellement de mal-être dans les communautés et de tensions dans les villages que Québec a arrêté ces abattages en 1967.

Q: Une personne a interrogé sur la possibilité que les chiens puissent être un outil pour un tourisme de luxe.

R : Laine Chanteloup explique que ce n’est pas encore possible au Nunavik actuellement car c’est très cher d’y aller et d’y séjourner. Ce tourisme est très peu développé au nord du Québec même si le Sud a largement développé le tourisme lié aux traineaux à chiens.

Cependant, le Canada a développé un tourisme lié aux ours polaire, ce que ne peuvent pas faire le Nunavik et le Québec car ces animaux se trouvent plutôt sur la frange nord. Il y a des quotas de plus en plus restrictifs concernant les ours polaires mais les communautés du Nunavut peuvent choisir d’attribuer une partie de ces quotas à un chasseur touriste étranger. Comme ce tourisme ne peut être pratiqué qu’en traîneau à chiens cela permet de maintenir cette culture du traîneau qui est obligatoire pour un chasseur touriste alors que les Inuits peuvent, s’ils veulent chasser l’ours polaire, y aller en motoneiges. Même si ce n’est pas du tourisme à proprement parler, nous pouvons évoquer la course de chiens de traineau Ivakkak.  Cette dernière a été créée en 2001 par la société Makivik pour deux raisons : relancer la culture du traîneau à chiens pour revitaliser la pratique du traîneau à chien car il y avait une perte de ce savoir traditionnel et essayer de sauver la race du Husky Nunavik qui était en perdition. C’est une course réservée à cette race de chiens et aux musher inuits. Cette course, très importante pour le Nunavik, est organisée tous les ans selon un tracé différent. Dans chaque village, le passage de la course est l’occasion de fêtes communautaires et cela revitalise la tradition. Mais cette course est à distinguer de l’Iditarod, qui est une course en Alaska très médiatisée.

Q: A la remarque d’un intervenant qui explique qu’un quota de carburant avait été mis en place dans certaines communautés pour limiter l’usage des motoneiges et perpétuer ce savoir des traîneaux à chiens,

R : Laine Chanteloup répond que cela ne s’est pas fait au Nunavik à sa connaissance. L’idée, au Nunavik, est que la culture du traîneau à chien a été enlevée aux Inuits ; et une demande est notamment de subventionner le fioul des motoneiges pour favoriser la chasse.

Au Groenland, les Inuits n’ont pas subi cette politique d’abattage des chiens ; la culture du traîneau à chiens est donc encore très présente surtout dans les communautés les plus au Nord. Mais ces canidés commencent à disparaître aujourd’hui au profit des motoneiges qui coûtent moins cher et sont moins problématiques que cinq à huit chiens à gérer. Un programme de recherche Qimmeq ainsi que plusieurs films ont été créés spécifiquement sur les Inuits du Groenland pour re-sensibiliser à la culture du traîneau à chiens qui tend à disparaître. Ces images permettent de mieux comprendre les disparités qu’il y a entre les Inuits du Nunavik, du Nunavut et du Groenland.

Q: Une question a été posée, interrogeant le lien entre un chien et son maître et avec la communauté.

R : Cela dépend des propriétaires : Le chien peut être considéré comme appartenant à quelqu’un mais si cette personne doit aller dans le Sud (par exemple à l’hôpital ou visiter un camp de chasse) et qu’elle n’emmène pas son chien, alors ce dernier reste seul et doit se débrouiller pour trouver à manger. Mais selon les propriétaires, d’autres membres de la famille peuvent être amenés à s’en occuper, en le nourrissant. Il y a également des chiens qui n’appartiennent à personne. Ainsi, lorsqu’une femelle met bas cinq chiots sous une maison, ces derniers vont être adoptés ou vont retourner à un état semi-sauvage et devront donc se débrouiller pour se nourrir. A propos de nourriture pour les chiens, Laine Chanteloup explique que certaines familles décident de nourrir leurs chiens tandis que d’autres exposent simplement leurs restes devant la maison

Q: Un membre de l’assistance  a suggéré de rajouter au titre le rôle des canadiens qui sont d’autres acteurs importants, en évoquant un rapport de domination coloniale .

Il se demandait, durant l’épisode de l’épidémie de rage où les policiers sont intervenus pour prendre en charge l’abattage des bêtes, quelle était la perception et l’explication de la situation du point de vue des Inuits. Ont-ils une explication pour la rage ?

R : L’intervenante a donc expliqué la tradition Inuit à propos des maladies, pour eux, l’animal sauve son maître en attrapant la maladie.

L’idée que quelque chose de mauvais pouvait arriver au maître et que l’animal l’attrapait à sa place.

A cette époque-là, la tradition voulait que quand un chien mord il se fait tuer. Mais ils ne connaissaient pas la maladie sous le nom de rage, pourtant les chiens qui bavaient fortement étaient aussi tués car ils savaient qu’ils allaient mordre.

Néanmoins ils ne brûlaient pas les corps mais l’accrochaient dans les arbres ou sur un bâton. Un «aîné» a expliqué à l’intervenante que si l’on est au-dessus de la limite des arbres, ils récupéraient du bois flotté et  l’accrochaient au bout d’un gros bâton pour éviter que les autres chien viennent le manger et attrapent la rage. À l’époque de l’épidémie de rage les proportions sont beaucoup plus importantes qu’à l’accoutumée car les familles avec plusieurs chiens sont rassemblées dans les villages donc l’épidémie s’est rapidement transmise entre les chiens. Il faut éviter une vision manichéenne opposant des méchants étrangers venant tuer les chiens des Inuits, il y avait aussi dans le Nord beaucoup de «Qallunat» qui travaillaient dans le nord et qui reconnaissaient l’importance des chiens pour les Inuits. Ils ont écrit des rapports à Québec pour les prévenir de l’ampleur de l’épidémie et demander l’envoi de vaccins car les chiens sont si importants là-bas que l’on ne peut pas les abattre.  Les politiques, au début, envoient plus de 3000 vaccins lors de la première épidémie. Mais vacciner est compliqué car il fallait rattraper le chien, attendre certaines semaines pour faire un rappel antirabique : ça ne marchait pas très bien.  En plus, il y avait des problèmes de traduction (encore aujourd’hui il est difficile de faire des campagnes de prévention) à l’époque il y avait moins de bilingue.

Q: Qu’en est-il de nos jours de la dénomination des chiens et des continuités/filiations hommes-chiens ?

R : On retrouve encore l’attribution de noms actuellement. De moins en moins de famille nomment les chiens par le nom des parent décédés mais plutôt par une caractéristique du chien. Il y a donc moins de transfert spirituel mais ça se voit encore dans les familles très attachées au coutumes : c’est une forme de revitalisation des cultures traditionnelles, on essaie de remettre en place certains rites qui avaient disparu .

Q: Un autre membre de l’assistance se demande au vu de la chronologie la capacité d’autonomie des Inuits sur leur propre territoire vis à vis de Québec et l’éventuelle dépendance économique,  eu égard à ce qu’on pourrait appeler un ethnocide selon lui, par exemple en imposant des motoneiges et autres pratiques au détriment de la culture .

R : Pour répondre la conférencière explique qu’il ne faut pas avoir une vision manichéenne,  lors de  la période de la traite des fourrures, des échanges  se font et  beaucoup en vivent .

Cela s’est fait petit à petit à partir du XVI°ième siècle, on a commencé à faire des échanges (exemple:  une fourrure contre de la farine ou des balles ). La motoneige s’est  imposée de fait car on a enlevé les chiens.  Mais au départ les Inuits n’avaient pas de quoi s’acheter des moto-neiges car ils n’avaient pas de revenu et il y avait une baisse de la traite des fourrures .Dans les années 50,  60,  il y a l’idée de l’État providence, assurant un  minimum social (verser une somme minimale aux familles ) permettant de s’acheter de la nourriture quand on ne pouvait pas aller à la chasse ou des biens de première nécessité .Avec la sédentarisation assez brutale, l’arrêt de la culture de la chasse en territoire, les Inuits sont devenus de plus en plus dépendants de l’Etat fédéral puis de l’Etat provincial .Il y a eu une lutte pour la reconnaissance (début 70) où Québec décide de développer les  ressources nationales dans le nord par la compagnie Hydro-Québec qui décide d’aller développer des gros barrages sur les principaux fleuves du Nunavik ; dans ce contexte il y a une montée des  revendications autochtones (notamment cris et inuits) qui refusent l’inondation de territoires de chasse et pêche qui menace de les faire disparaître.

Donc il y a une lutte très fortes où les premières nations se sont liées et sont  arrivées à un premier traité de reconnaissance autochtone: la convention de la baies James vécue à l’époque comme vrai victoire par les  Inuits car c’est la première fois qu’un gouvernement reconnaissait  presque d’égal à égal » les autochtones de son territoire,  ça a été moment de grande fierté.

Mais les Inuits sont divisés, certains étaient pour la convention et d’autres contre.

La Convention a séparé le territoire, elle a reconnu des terres autochtones au nord du Québec selon trois catégories :

l’espace des village reconnu catégorie 1. Les territoires de catégorie 1 appartiennent  aux inuits   mais ne représentent presque rien face aux autres espaces de catégorie 2 et 3).

Les terres de catégorie 2 appartiennent à Québec mais les Inuits ont des  droits prioritaires de chasse et pêche ; les terres de catégorie 3 appartiennent à Québec sans droit prioritaire

Aujourd’hui, ils ont l’impression qu’ils se sont « fait avoir »,  mais à l’époque il y avait encore moins de reconnaissance.

Cela a  changé, en 1992 au niveau international: l’ ONU et l’Unesco ont reconnu les  droits des peuples autochtones.

Cette convention de la baie James a permis de mettre de l’argent du gouvernement qui va dans les structures Inuits, notamment la création d’un gouvernement régional Kativik qui laisse pour les habitants du Nunavik une possibilité de légiférer un peu. La création de la société Makivik qui fait un « deal » avec le gouvernement régional et représente les Inuits avec des fonds gouvernementaux du Québec . Création de l’institut culturel « Avataq » et la commission scolaire (vraiment pour Inuits) traduisant cette lutte pour la reconnaissance. Processus d’autonomisation, référendum de 2011 pour un gouvernement un peu plus pour le Nunavik mais il y a eu un refus,  car le projet ne donnait pas vraiment assez d’autonomie. En 2011 :  Plan Nord  lancé au niveau québécois pour développer  les ressources du nord,  il a été bloqué immédiatement  par les communautés Inuits qui le refusent . Le plan a été mis en place, mais les Inuits ont  fait un contre-plan nord , le plan «Parnasimautik» sorti 4 ans après .

Q: Une question de l’assistance pour savoir si les inuits sont en réserve?

R : l’intervenante a expliqué que les Inuits ne sont pas en réserves mais les autres populations, amérindiennes le sont. Les Inuits ne sont pas soumis aux lois sur les indiens .

Q: Une autre question sur la résistance ou la soumission lors des abattages massifs de chiens

R : Ils ont été dans la soumission car les Inuits avaient une relation d’échange avec les «Qalunaat» et avaient le respect pour ces «étrangers» car ils  avaient compris qu’ils étaient soumis aux lois fédérales  et respectaient cette autorité.

Dans la culture Inuit il y a un mot  qui dit: quand tu traites avec un étranger mets toi dans une  position de respect et de politesse et accepte ce qu’il amène .

Ainsi ils ne se sont pas rebellés. On leur a demandé d’amener les chiens et ils l’ont fait, même si cela était très traumatisant.

Q: La dernière question porta sur les  campagnes de stérilisation contre la  prolifération des chiens

R :  c’est le système des « vétérinaires volants » :  une fois par an, ils montent avec les médecins et avec des vaccins, ils demandent d’amener les chiens et de temps en temps ils stérilisent gratuitement. Il existe des associations qui font des campagnes de stérilisation. Mais c’est assez controversé car certains organismes comme « Chiots nordiques » peuvent mener des campagnes en attrapant les chiens et les stérilisant sans prévenir les propriétaires directement. Certains avaient mis des médailles pour dire qu’ils étaient déjà stérilisés.

Ces pratiques sont parfois controversées car mal expliquées et certains récupèrent le chien avec des cicatrices sans savoir ce qu’il faut faire (comme les laisser au chaud pendant 2 jours sans qu’ils bougent etc…) .

 

CR établi par C. Cubizolles, G. Coulon, L. Chardon (Kh et Hk Berthollet Annecy). Revu et validé par l’intervenante.