L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le Monde

Café géo-expo 

L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le Monde, 12 janvier 2013, Dupont Café.

Ce compte rendu a été rédigé à partir des discussions et débats du café géo-expo (voir le programme), mais aussi des notes prises pendant la visite de l’exposition par les adhérents. Pour un compte rendu exhaustif de l’exposition, voir le texte de Daniel Oster dans la rubrique « Des expos ».

Cartes_Marines_CafesGeo1Pour la première édition des Cafés géo-expo, les adhérents de l’Association des Cafés géographiques ont visité, en compagnie de l’historien Jean-Yves Sarazin (directeur du département des Cartes & Plans de la Bibliothèque nationale de France, notamment auteur de deux des trois catalogues de l’exposition L’âge d’or des cartes marines :Nouveaux mondes et Cartes et images des nouveaux mondes) et du géographe Christian Grataloup (professeur de géographie à l’Université Paris Diderot, notamment auteur de Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du Monde, de L’invention des continents, et de la Documentation photographique « Représenter le Monde ») l’exposition L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde (à la Bibliothèque nationale de France). Une visite exceptionnelle qui n’a pas manqué d’attirer l’intérêt des visiteurs de l’exposition, au cœur de documents exceptionnels, dont beaucoup sont disponibles sur le site des expositions virtuelles de la BNF1. Nos deux intervenants ont été rejoint par Jasmine Salachas (cartographe, fondatrice des Cafés cartographiques) pour un café géographique exceptionnel, afin de discuter du making-of de cette exposition, de ce que les regards de l’historien, du cartographe et du géographe peuvent dire d’un tel événement. Parce que cette exposition propose une démarche atypique : elle n’est pas une histoire de la cartographie marine, Bénédicte Tratnjek la présente comme un « lieu de mémoire » éphémère sur les représentations du Monde dans l’histoire, sur la manière dont l’Europe a découvert, découpé et pensé le Monde. Les portulans présentés dans cette exposition sont de véritables œuvres d’art, que ce café géo-expo se propose comme un voyage au cœur des cartes marines et de l’histoire des représentations spatiales sur le Monde. A travers les portulans, ce café géo entraîne l’auditoire dans l’histoire et la géographie de la connaissance du monde par les cartes marines.

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Remonter une rivière (2/3) : l’Evre de Julien Gracq

Les Eaux étroites développent une thématique simple : l’évocation d’un site associé aux enchantements de l’enfance, la remontée d’une petite rivière à proximité du bourg natal. Il s’agit d’une sorte d’exploration, longtemps après, de lieux d’enfance privilégiés le long d’un « chemin d’eau », en l’occurrence l’Evre, « petit affluent inconnu de la Loire qui débouche à quinze cents mètres de Saint-Florent ». L’écriture des Eaux étroites – huit fragments rédigés à des moments rapprochés en 1973 – puise uniquement dans la mémoire, sans aucune nostalgie, cherchant seulement à décrire le paysage remémoré avec la plus grande précision possible.

Barques le long de l’Evre

Barques le long de l’Evre

L’auteur « se promène » dans une barque sur la rivière et, lorsque la berge s’élève, il n’aperçoit plus devant lui que le plan d’eau étroit. Bien sûr, à l’occasion de l’élargissement de la vallée, il remarque un château ou une chapelle, la pente des coteaux ou encore la falaise boisée, mais les paysages parcourus sont surtout aquatiques avec leurs bordures de roselières ou d’herbes noires. Cet itinéraire-rêverie ne concerne qu’une petite partie de la vallée de l’Evre, la seule navigable, entre le pont-barrage du Marillais, situé tout près de la confluence avec la Loire, et le moulin à eau de Coulaines un peu plus en amont. Dans la réalité géographique, l’Evre déroule ses méandres encaissés sur quelque quatre-vingt-dix kilomètres dans la région des Mauges. Mais pour Gracq, « l’Evre, comme certains fleuves fabuleux de l’ancienne Afrique, n’avait ni source ni embouchure qu’on pût visiter. Du côté de la Loire, un barrage noyé (…) empêche de remonter la rivière à partir du fleuve (…). Vers l’amont, à cinq ou six kilomètres, un barrage de moulin, à Coulènes, interdit aux barques de remonter plus en avant. » L’émoi poétique des promenades enfantines de Gracq le long de l’Evre sort renforcé de cette concentration géographique d’une rivière réduite à un bief très court, déconnecté de ses prolongements fluviaux et, de plus, encadré par des versants pentus voire abrupts. Le lecteur-géographe, habitué à regarder des paysages en les resituant dans des espaces de dimensions variables, associe la puissance d’imaginaire des lieux évoqués par l’écrivain et l’acuité d’une vision géographique qui intègre les profils longitudinal et transversal de la rivière.

L’itinéraire remémoré fait défiler des paysages – comme un « diorama » pour reprendre le terme de Gracq – avec des lieux privilégiés marquant des étapes, des « stations jalonnant le chemin d’eau élu de l’enfance ». Tout d’abord, le point de départ, le pont-barrage du Marillais quand « on s’embarquait (…) au bas d’un escalier de planches qui dégringolait la haute berge glaiseuse ». Puis le passage en vue de la ferme de la Jolivière, seul point de tout le trajet « où un témoin désenchantant de la terre cultivée fût un instant en vue ». Vient ensuite l’endroit où « la rivière se resserre et se calibre » et qui précède de peu le bateau-lavoir et le manoir de la Guérinière. Bientôt, survient le véritable clou de la promenade de l’Evre, l’écaille de la Roche qui boit, détachée en avant de la falaise boisée. Enfin, la gorge devient une vallée simplement étroite et encaissée jusqu’au barrage d’amont marquant la fin du bief navigable. Un lecteur doté d’une culture géographique peut enrichir la lecture des Eaux étroites grâce à sa connaissance  d’un vocabulaire particulier, grâce  surtout à des attitudes et des curiosités qui lui sont propres, autrement dit une certaine manière d’être sensible au monde.

L’Evre près de son confluent avec la Loire, point de départ des promenades de Julien Gracq sur les « eaux étroites »

L’Evre près de son confluent avec la Loire, point de départ des promenades de Julien Gracq sur les « eaux étroites »

Si Les eaux étroites décrivent la promenade sur l’Evre, la promenade de l’enfance entre toutes préférée, les images qui se succèdent devant la barque ne forment pas un continuum géographique car elles sont disjointes par des réflexions et des digressions sur des écrivains, des lectures et des tableaux qui servent de supports à une rêverie associative. Le récit esquisse une théorie de la rêverie par l’intermédiaire des sensations, le passage constant du réel à la littérature contribue à sonder le fonctionnement de l’imaginaire. Face aux pouvoirs de la rêverie  le regard géographique apparaît peu utile et même désarmé. Ainsi, nous pensons qu’un autre livre de Gracq, La forme d’une ville, qui, pourtant, prolonge le jeu de la mémoire écrite commencé avec Les eaux étroites, se prête bien mieux au filtre de l’esprit géographique.

Essayons tout de même d’explorer le versant de la rêverie associative dans Les eaux étroites. Le spectacle du monde de la rivière sollicite tous les sens. D’abord la vue, bien sûr, sensible à « la variété miniaturiste des paysages que longe le cours sinueux » de l’Evre ainsi qu’ « aux accidents de l’ombre et de la lumière ». Mais aussi l’ouïe : « L’oreille, non moins que l’œil, recueille les changements qu’apporte presque chaque méandre ». Gracq souligne que « les bruits qui voyagent sur l’eau, et qu’elle porte si loin » lui ont été familiers de bonne heure. Tous ces bruits s’associent naturellement à l’élément liquide avec la « résonance creuse que leur prêtait la vallée captivée par son ruban d’eau dormante. » Le géographe sait bien qu’il n’existe pas de paysage indépendamment du regard porté sur une portion de l’espace terrestre et que la dimension subjective du paysage n’est pas seulement liée au regard de l’observateur mais également aux autres sens de celui-ci.

Les « eaux étroites » de l’Evre

Les « eaux étroites » de l’Evre

Dans Les eaux étroites le défilé des paysages s’organise en voyage initiatique. Un voyage rythmé avec ses moments de calme et de lenteur quand la barque n’avance presque pas, et ses moments de glisse plus rapide lorsque l’esquif semble comme attiré. Le voyage initiatique commence naturellement par des rites préliminaires : « Aller sur l’Evre se trouvait ainsi lié à un cérémonial assez exigeant… »,  et il suppose la séparation d’avec le monde du quotidien pour entrer dans le monde de l’autre vie : « Presque tous les rituels d’initiation, si modeste qu’en soit l’objet, comportent le franchissement d’un couloir obscur, et il y a dans la promenade de l’Evre un moment ingrat où l’attention se détourne, et où le regard se fait plus distrait. »

Au-delà de la puissance des symboles – le fil de l’eau, la barque, les heures du jour, les âges de la vie – chaque lieu de la promenade aquatique suggère des images par le biais de la rêverie. Pourquoi suis-je devenu cet écrivain ? semble dire Gracq. Les eaux de l’Evre apparaissent comme la métaphore de la création littéraire. La rêverie associative est analysée avec précision : « Mon esprit est ainsi fait qu’il est sans résistance devant ces agrégats de rencontre, ces précipités adhésifs que le choc d’une image préférée condense autour d’elle anarchiquement ; bizarres stéréotypes poétiques qui coagulent dans notre imagination, autour d’une vision d’enfance, pêle-mêle des fragments de poésie, de peinture ou de musique. » Ainsi sont convoqués tour à tour, Edgar Poe, Nerval, Rimbaud, Balzac, Alain-Fournier, Jules Verne, mais aussi Vermeer, Titien et la peinture chinoise. « Aucune peinture autant que la peinture chinoise – et particulièrement celle des paysagistes de l’époque Song – n’a été hantée par le thème pourtant restreint de la barque solitaire qui remonte une gorge boisée. Le charme toujours vif qui s’attache à une telle image tient sans doute au contraste entre l’idée d’escalade, ou en tout cas d’effort physique rude et de cheminement pénible, qu’évoque la raideur des versants, et la planitude, la facilité irréelle du chemin d’eau qui se glisse indéfiniment entre les à-pics : le sentiment de jubilation qui naît, dans l’esprit du rêveur, de la solution incroyablement facile des contradictions propre au rêve, s’ancre ici concrètement dans la réalité. »

Peinture chinoise de l’époque Song

Peinture chinoise de l’époque Song

 Mais c’est sans doute l’œuvre d’Edgar Poe  qui, pour Gracq révèle le mieux les vertus de la rêverie associative : « Je parle d’Edgar Poe et voici qu’il ne va plus guère me quitter tout au long de cette excursion tant de fois recommencée… ». Le domaine d’Arnheim, nouvelle publiée en 1847, apparaît même comme la préfiguration imaginaire de la promenade sur l’Evre avec sa route d’eau et sa végétation luxuriante ; Edgar Poe écrit : « Pendant quelques heures, on filait à travers les méandres de ce canal, l’obscurité augmentant d’instant en instant, quand tout à coup, la barque, subissant un brusque détour, se trouvait  jetée comme si elle était tombée du ciel, dans un  bassin circulaire d’une étendue très considérable, comparée à la largeur de la gorge. »

 En analysant le fonctionnement de son imaginaire, Gracq distingue deux types de rêverie : la « rêverie fascinée » conduisant « vers ces régions frontières où l’esprit se laisse engluer par le monde… », et la « rêverie ascensionnelle » tendant « vers la totale liberté d’association qui remet sans trêve dans le jeu les significations et les images… ». Ces formes de rêverie  expliquent le tropisme de Gracq pour « certains confins endormis de la Terre », pour les « ravins ingrats de la lande occidentale », pour les « friches sans âge et sans chemin » : « le sentiment de sa liberté vraie n’est jamais entièrement séparable pour moi de celui de terrain vague ». L’œuvre de Julien Gracq est une littérature des confins – régions-frontières, régions marginales, d’avant-postes -, ce que le géographe appelle des discontinuités spatiales formées par le contact de deux ensembles spatiaux différenciés. Cette littérature des confins correspond certainement à une inclination personnelle mais celle-ci a été accentuée par une formation universitaire et des lectures géographiques et historiques.

Daniel Oster

 

Et au dessous coule la Bièvre

Balade du samedi 6 avril 2013

Et au dessous coule la Bièvre – Permanences, renouvellement urbain, Paris 13e & 14e

Cette journée vous a été proposée par Maryse Verfaillie pour les Cafés géographiques de Paris.
Marie-Paule Caire, professeur honoraire en CPGE au lycée Lakanal, a été notre intervenante tout au long d’un parcours qu’elle a établi, en lisière des 13è et 14 è arrondissement, au-dessus de la Bièvre enfouie, ou du moins de son souvenir.
Que reste-t-il des chiffonniers, des blanchisseuses, des glaciers, des meuniers, des tanneurs qui vivaient dans la vallée de la Bièvre, affluent de la Seine, entré dans Paris par la poterne des Peupliers ? Que reste-il de cette « petite banlieue », devenue 13è et 14 è arrondissements de Paris en 1860 ?
De la Place d’Italie à la Butte aux Cailles, de la place de Rungis jusqu’au parc Montsouris et à la Cité universitaire, des villas d’artistes jusqu’à la place Denfert-Rochereau, les permanences rivalisent avec les renouvellements urbains.

Première partie : Les renouvellements urbains des XIX è et XX è.

Le nord des 13è et 14 è arrondissements, porte la marque de l’enceinte des Fermiers Généraux, barrière fiscale édifiée de 1784 à 1789. L’affaire avait fait grand bruit, « le mur murant Paris rendait Paris murmurant ».
Le sud des 13è et 14è arrondissements porte la marque de l’enceinte de Thiers, enceinte militaire édifiée de 1840 à 1844. L’affaire était sérieuse : les fortifications faisaient bien 140 m de largeur et elles dominaient une zone non-aedificandi de 250 m…. où s’installèrent discrètement « des zonards » !

Entre deux enceintes au XIX e siècle

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Schéma des contraintes physiques sur les marges des 13è et 14 è

L’enceinte des Fermiers Généraux englobe le faubourg Saint Marcel (aujourd’hui 5 e arrondissement), et le nord des 13è et 14è dans Paris. La deuxième enceinte permet de doubler la superficie de la capitale et de gagner 8 arrondissements, ceux « de la petite banlieue » en 1860.
Un gigantesque remue-ménage se développe alors ! L’entre deux murs, composé de petits villages, perd toute identité. Le baron Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à 1870, et maître d’œuvre des grands travaux du Second Empire en fut le principal instigateur.
– La première enceinte fut rasée et remplacée par les grands boulevards, portant aujourd’hui les noms de Vincent Auriol, Auguste Blanqui, Saint Jacques. Des rues en radiales partent des places (place d’Italie, place Denfert-Rochereau) permettant d’irriguer leur quartier.
– La révolution industrielle célébra le chemin de fer sous toutes ses formes et les emprises au sol furent nombreuses ! Les usines se multiplièrent à proximité, remplaçant les ateliers des artisans.

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Repas Cacher

Cafés Géographiques de Paris
Repas cacher du 3 avril 2012

animé par le Grand Rabbin Korsia
au Restaurant Kavod
26, rue Jean-Mermoz 75008 PARIS

Michèle Sivignon nous dit qu’en cherchant un restaurant cacher elle avait d’abord pensé à un restaurant ashkénaze (cuisine d’Europe Centrale) ou séfarade (Maghreb).  Elle a découvert qu’à Paris les restaurants cacher pouvaient être japonais, thaï, italien, indien, mexicain ou …  français comme celui qui a finalement été choisi. Le terme cacher n’a rien à voir avec le style de cuisine mais seulement avec des interdits et des prescriptions rituelles, toujours référencées par rapport à la Bible. C’est le centre de l’argumentation du Grand Rabbin Korsia qui a animé notre repas. Il fut rabbin à Reims. Il est aujourd’hui aumônier de l’armée de l’air.

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Le rôle central du repas

Tout commence avec la faute originelle. Adam et Eve sont chassés du paradis terrestre. Dieu dit à Adam : « Des ronces et des épines tu mangeras. A la sueur de ton front tu mangeras le pain». Adam ne veut pas manger des ronces comme les bêtes : il doit donc travailler la terre : la nourriture n’est plus seulement une cueillette : elle vient du travail des hommes. Le travail n’est donc pas une malédiction mais une bénédiction.

Le repas joue un rôle central : manger est un acte social avant d’être nutritionnel. La nourriture est essentielle : toutes les fêtes sont liées à la nourriture, y compris le jeûne, et le repas est pris en commun. Il n’y a de bénédiction que dans le partage de la nourriture.

Le repas est conclu par une bénédiction où on rend grâce à Dieu que si l’on est rassasié.

Le repas comporte toujours du sel dans lequel on trempe le pain pour associer le travail des hommes et le don de Dieu. La viande est un peu plus salée car on rajoute du sel pour absorber le sang avant de rincer le tout. Le but est de ne pas consommer du sang autant que possible.
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Les inondations méditerranéennes d’hier à aujourd’hui: dégâts et sinistrés

Débat animé par Nancy Meschinet de Richemond (Maître de conférences-HDR, UMR GRED, université Paul-Valéry-Montpellier III et IRD), le mardi 2 avril 2013 à 19h30 au café Riche

Dans une ambiance festive et chaleureuse, Caroline Calandras, Professeur en classes préparatoires au lycée Joffre de Montpellier, nous présente Nancy Meschinet de Richemond dont l’intervention porte sur les inondations méditerranéennes d’hier à aujourd’hui. L’exposé est enrichi d’un diaporama dont les photos, schémas et cartes viennent illustrer le propos.

Plan de l’intervention :

1. Une inégale répartition dans le temps et l’espace

1.1. Comment définir une inondation méditerranéenne ? exemples de 2002 et 1940

1.2. Des faits : l’irrégularité des crues

1.3. Types de répartition des dommages : inondations torrentielles et pluviales

2. Des inondations, témoins de l’hybridation Société/Nature

2.1. Une sous-représentation des inondations pluviales dans les archives

2.2. Des choix politiques de gestion du XVIIIe siècle qui se traduisent par une répartition des tâches entre l’Etat et les populations locales : à l’Etat la lutte contre les inondations importantes par débordement, aux villageois la lutte contre les inondations pluviales localisées

2.3. L’accroissement récent et massif des enjeux dans les zones à risque : (re)découvrir les vulnérabilités fonctionnelles

3. Faire face aux inondations : « l’indemnisation » témoigne des transformations de la société du XVIIIe siècle à nos jours.

3.1. Une indemnisation qui devient essentiellement financière

3.2. Du sinistré sujet du roi au sinistré citoyen, statut de l’aide

3.3. D’une perception empirique et globale à une approche plus théorique et sectorielle ?
Les inondations constituent un risque majeur sur le territoire national comme régional. En Languedoc-Roussillon, il est avéré pour 1132 des 1545 communes de la région et pour 25 % de la population.

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La crise : vers une redistribution des cartes à l’échelle monde

64me café de géographie de Mulhouse

Campus de la Fonderie
20 mars 2013

Laurent Carroué
Inspecteur Général . Ancien Professeur de géographie. Université de Paris VIII

La pression humaine : la durabilité de nos modèles de développement en débat

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La croissance démographique est un des premiers éléments d’explication de la redistribution des cartes car la présence de plus de 6 milliards d’hommes, inverse les équilibres. Les pays développés stagnent sur le plan démographique, la croissance vient à 90% de la vitalité des Suds.

Partout les améliorations sociales, sanitaires, médicales, expliquent les progrès de l’espérance de vie mais aussi la baisse de la mortalité plus rapide que celle de la fécondité qui reste élevée. Les pays les plus évolués du Sud rejoignent le modèle européen (cf. enjeux du vieillissement en Chine) mais dans le reste monde 50 % de la population a moins de 20 ans.

L’enjeu géopolitique de gestion, au XIXème, qui a permis à l’Europe de peupler le reste du monde, grâce à un boom démographique qui lui a permis de s’étendre sur les ¾ de la planète a vécu. Au XXème, ce processus est interdit au Sud car il n’y a presque plus d’espaces à développer.

Les niveaux de migration actuels (en %) sont équivalents à ceux de la Première Guerre Mondiale mais aujourd’hui, on observe un cloisonnement des flux induisant des enjeux de développement internes tout à fait nouveaux.

Il est possible que l’on aille vers des catastrophes géopolitiques (Côte d’Ivoire) car les processus fonciers, d’accueil sont bloqués. C’est la même chose au Kivu dans la région des Grands Lacs d’Afrique ; au Sahel quand il y a pression sur la terre. Cela pose un problème de solidarité comme de transferts de compétence. « La terre est finie » dit-on en Afrique.

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Carnet de voyage : des chercheurs français dans la pampa ?

Café Géo « Carnet de voyage : des chercheurs français dans la pampa ? », animé par Laurence BARTHE, Maître de conférences en géographie et aménagement à l’Université de Toulouse le Mirail et membre de l’UMR Dynamiques rurales, et par François TAULELLE, Professeur de géographie et aménagement au Centre universitaire J.-F. Champollion d’Albi et membre du LISST-CIEU.

Ce Café Géo aura lieu le mardi 12 mars au Pré en Bulle – 9 Lices Jean Moulin, Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Le carnet de voyage n’est pas le fait de spécialistes de l’Argentine, venus livrer un exposé synthétique sur la géographie de ce pays. C’est le témoignage de deux enseignants-chercheurs engagés depuis plusieurs années dans un programme de recherche dont les terrains d’enquête sont situés dans la Pampa et plus précisément dans la province de Buenos Aires. A l’occasion de différentes missions effectuées depuis 2010, les deux chercheurs ont parcouru des milliers de kilomètres et se sont intégrés à des réseaux sociaux divers allant des collègues chercheurs jusqu’aux industriels, militants du social ou encore élus locaux et nationaux.

La première partie de la soirée portera sur les images que gardent les chercheurs de l’Argentine : ce sera le moment de questionner les bousculements de regards autour de concepts et d’objets géographiques comme la faible densité, le déplacement, la trame urbaine, le lien au lieu et au temps, l’identité territoriale.

Dans la seconde partie, il s’agira de mettre en perspective les premiers résultats d’un travail de recherche inscrit dans un programme financé par l’ANR sur la question de l’Insertion Territoriale de l’Agriculture (INTERRA) : les deux intervenants explorent le rôle des municipalités argentines et des villes moyennes dans l’organisation et le pilotage du développement rural (travail d’enquête ciblé sur trois municipalités : Tandil, Necochea et Villarino). A partir du cadre municipal, les auteurs se demandent comment se fabrique le développement territorial dans un contexte affirmé de décentralisation de l’Etat. En comparant plusieurs lieux géographiques combinant une ville moyenne et des communes (pueblos) de l’arrière pays, les analyses permettent de rendre compte des difficultés qu’ont les municipalités à intervenir de manière autonome et puissante face aux enjeux du développement économique et social de leurs territoires.

Les années 1990 constituent en Argentine un tournant en matière d’organisation territoriale par la valorisation de l’échelle des provinces et des municipalités. En 1994, la Constitution nationale mentionne l’autonomie municipale et les nouvelles fonctions des pouvoirs infra-nationaux. Dans un contexte de crise économique, ces municipalités se trouvent vite confrontées à la gestion de situations sociales très tendues. Malgré leur activisme, l’ampleur de la tâche dépasse alors considérablement leurs moyens. On voit alors apparaître, à l’échelle locale, des bricolages institutionnels pour suppléer l’absence de l’Etat qui permettent de décrire l’émergence d’un système d’acteurs local associant des représentants du monde associatif, des coopératives et des organismes de développement et de la recherche, essayant tant bien que mal de faire face aux demandes croissantes de la population locale en matière de développement économique et social. Cette étude permet aussi de mettre en évidence des figures du développement territorial : le délégué municipal, les associations, les coopératives et de construire ainsi des modèles d’analyse de la sphère locale.

(Première publication le 12 mars 2013, à l’url http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=2557)

Dans ma salle de classe, quelle géographie !

Dans ma salle de classe, quelle géographie !

Représenter l’espace de la classe

Dossier proposé à l’occasion de l’exposition Change ta classe ! (14 février / 18 mars 2013, Cité de l’architecture & du Patrimoine, Paris) qui présente les travaux de neuf classes marocaines, tunisiennes et béninoises « dont l’objectif est d’une part de transformer la classe en espace de création et d’autre part de sortir de la typologie des lieux scolaires en proposant un réel espace de qualité : pour la lecture, l’écriture, les arts plastiques… ».

En 1936, Pierre George signe un article sur « Les premiers éléments de la géographie par l’expérience »[1] dans le tout premier numéro de L’Information géographique : le ton est donné pour cette revue qui publie depuis 1936 sur l’approche pédagogique de la géographie : « l’enseignement de la géographie seul nous intéresse »[2]. Pierre George consacre ainsi aux résultats proposés par Miss Sanders aux conférences d’Oxford pour « constituer dès les premières années scolaires une “expérience géographique” qui permette aux élèves d’utiliser ultérieurement, en connaissance de cause, les matériaux qui seront mis entre leurs mains, cartes, croquis, diagrammes, etc. et qui leur fournisse une réserve de points de comparaison éminemment expressifs pour eux »[3]. Appel entendu par de nombreux enseignants, dont la synergie a fait émerger de beaux manuels scolaires tels que le Géographie à vivre[4] pour le CM2. En tout premier lieu de cette « expérience géographique » comme préparation à l’enseignement de notre discipline : la salle de classe. Référent spatial pour les élèves, la salle de classe n’a depuis pas démérité, et entre par la grande porte dans les programmes scolaires !« Les salles de classe comptent parmi les rares locaux dont chacun d’entre nous a une expérience personnelle, et leur arrangement peut sembler d’une évidence si familière qu’on serait tenté de le croire universel et intemporel »[5]. L’espace de l’élève participe de la compréhension du rôle et du fonctionnement de la géographie comme discipline scolaire. Mais, derrière la porte, quelle(s) géographie(s) pour et dans la salle de classe ?

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Obscurs réseaux

Obscurs réseaux (Zero Dark Thirty, Katherin Bigelow, 2013, USA)

zdtAvec Mensonges d’État, Ridley Scott décrivait avec brio, en 2008, une spectaculaire mise en réseau du Monde : téléphones mobiles, connexions internet, satellites et autres drones y permettaient l’ubiquité, quoique parfois illusoire, d’agents de renseignement de moins en moins présents physiquement sur le terrain. Kathryn Bigelow, quiretrace dans son dernier film la traque d’Oussama Ben Laden par la CIA, reprend l’idée et systématise le propos. C’est dans la profusion de lignes et de tubes, que la réalisatrice se plaît à filmer dans un beau travelling sur d’innombrables fils reliant à un central téléphonique au son d’innombrables voix se répondant à des milliers de kilomètres, que réside l’intérêt majeur de ce Zero Dark Thirty par ailleurs bien difficile à défendre.

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Repas péruvien

Association Café Géo de Paris
Repas péruvien du 21 janvier 2013
Commenté par Anaïs Marshall.
Repas à Candela Caliente, bon petit restaurant péruvien au 150 boulevard Voltaire à  Paris 11ème.

Le Pérou et sa cuisine sont présentés par Anaïs Marshall maître de conférences de géographie à Paris 13, qui a vécu plus de deux ans au Pérou pour la préparation de sa thèse sur les dynamiques agraires de la côte.

Rapide rappel de quelques données : 1 285 000 km2 (deux fois et demie la France) et presque 30 millions d’habitants (2011) en accroissement rapide, dont 8 millions à Lima. Le pays se divise en trois ensembles : la côte, une bande aride quasi désertique, les Andes qui montent jusqu’à 6 950m d’altitude et l’Amazonie qui couvre la moitié du pays.

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