L’ancienne mine d’or de Salsigne : chronique d’une catastrophe environnementale annoncée ?

Présentation par Frédéric OGÉ, juriste, géographe et ancien Chargé de recherche au CNRS à l’UMR PRODIG. Ce Café Géo a eu lieu le mercredi 11 mars 2020 au café le « Au 14.80 » à Albi à 18h30.

Présentation de la thématique du café géo :

A quatre-vingt-dix minutes en automobile d’Albi, le versant Sud de la Montagne Noire est malheureusement connu mondialement pour la catastrophe environnementale qu’il subit. Sur une surface d’environ 200 km² sont déposées des centaines de milliers de tonnes d’éléments toxiques impactant un large territoire en aval de ce qu’on dénomme par facilité la « mine d’or de Salsigne ».

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Les ségrégations dans l’enseignement supérieur au prisme des dispositifs d’affectation : des inégalités liées à ParcourSup ?

Présentation par Leïla FROUILLOU, Docteure en Géographie et Maitresse de Conférence en Sociologie, Université Paris Nanterre

Ce Café Géo a eu lieu le mercredi 05 décembre 2018 à la Brasserie des Cordeliers à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Il existe des ségrégations universitaires, définies par analogie avec les ségrégations scolaires (écarts sociaux et scolaires entre les publics de différents établissements, se traduisant par des inégalités sociales).

Lors de ce café géographique, Leïla Frouillou analyse non seulement les hiérarchies disciplinaires mais aussi la concurrence entre établissements à partir des seize universités publiques franciliennes ces dernières années. Les dispositifs d’affectations tiennent un rôle central dans la genèse de ces écarts de publics, par exemple à travers la mise en place de priorités académiques qui constituent des inégalités d’accès aux universités. Ces inégalités peuvent être discutées à partir du récent dispositif Parcoursup. Ce dernier assouplit encore la sectorisation tout en promouvant une figure du candidat aux études supérieures auto-entrepreneur de son parcours scolaire dans un contexte de mise en concurrence des formations comme des candidats, et de saturation des capacités d’accueil dans certaines formations.

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Vers une politique plus égalitaire de l’espace public ?

Présentation par Edith MARUEJOULS, Docteure en géographie, Bureau d’études L’ARObE (L’Atelier Recherche OBservatoire Egalité), Chercheuse associée au laboratoire ADESS/CNRS de l’université Bordeaux Montaigne.

Ce Café Géo a eu lieu le mercredi 14 février 2018 exceptionnellement au sein de l’INU Champollion d’Albi à partir de 18h30. 

Présentation problématique :

Quelles relations peut-on faire entre la répartition différenciée des femmes et des hommes dans la cour de récréation, dans les loisirs, dans l’espace public, dans la charge mentale et l’urbanisme ? En quoi l’approche par le système du genre permet d’interroger la création, l’aménagement et les usages des espaces publics ?

La démarche qui consiste à étudier les espaces sous l’angle de la dynamique des rapports sociaux de sexe questionne notre « consentement collectif » à ce qui fait société. Observer ensemble les effets structurels du système de genre au cœur des inégalités basées sur le sexisme nous (re)donne du pouvoir en privilégiant les valeurs sur la norme. Au-delà des analyses statistiques et de la définition opérationnelle des inégalités, le débat s’articule alors autour des notions de mixité, de partage, et redéfinit les espaces publics comme espaces de négociation, de renoncement et d’égale liberté. De l’occupation légitime à l’occupation égalitaire, il s’agit de déconstruire l’appréhension des espaces et des équipements publics afin de dépasser les prescriptions d’usages pour proposer des espaces « d’émancipation » favorisant la relation entre les unes et les uns.

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La prévention des désastres : quels défis ?

Présentation par Julien Rebotier, Chargé de recherche au CNRS à l’Université Toulouse – Jean Jaurès, membre du laboratoire LISST.

Ce Café Géo a eu lieu le mardi 10 avril 2018 à la Brasserie des Cordeliers à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Sur la base de quelques questions et définitions conceptuelles initiales destinées à établir un cadre problématique commun avec la salle sur la question des risques dits naturels et de leur gestion, la présentation va s’organiser en trois temps.

Dans un premier temps, il s’agira de montrer que les risques naturels n’existent pas, mais sont bien le produit de rapports sociaux et de dynamiques de peuplement.

Dans un second temps, la « fabrique » des risques ainsi décrite sera présentée à la fois comme une marque et comme un levier de rapports sociaux et de rapports à l’espace différenciés.

Un dernier point permettra d’ouvrir la discussion sur les contributions possibles de la recherche en sciences sociales, et particulièrement en géographie critique, sur l’étude et la prévention des risques de désastre.

Pour les besoins de la démonstration, on mobilisera des territoires pour la plupart urbains, et aussi variés que ceux pris au Venezuela, en Equateur, en Haïti, ou au Chili, mais aussi en France ou au Portugal. En outre, l’échange avec le public autorisera sans doute de mobiliser nombre d’exemples locaux.

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Le temps : nouvelle clé du développement urbain ?

Présentation par Dominique Royoux, professeur de géographie à l’Université de Poitiers et directeur du laboratoire Ruralités.
Ce Café Géo a eu lieu le mercredi 13 décembre 2017 à la Brasserie des Cordeliers à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

En Italie, durant les années 1980, l’accès au travail pour les femmes a permis de repenser la gestion du droit au temps et de remettre en cause le rapport entre les genres. C’est le point de départ des politiques du temps qui se sont peu à peu diffusées dans le reste de l’Europe, et très rapidement en France. Les politiques temporelles, en faisant l’articulation entre temps sociaux et territoriaux, questionnent la société. Elles se posent en alternative à l’ensemble des pratiques contemporaines de construction de la ville et apportent donc un nouvel éclairage sur les pratiques d’aménagement urbain. La prise en compte des usages différenciés dans le temps permet de redessiner de nouvelles pratiques d’investissement de l’espace dans la ville. Penser l’aménagement sous l’angle du temps permet la conception d’infrastructures qui évoluent selon les temps et les usages.

Les citoyens souhaitent aujourd’hui participer à l’élaboration des politiques puisqu’ils sont les premiers utilisateurs des services de la ville. Les politiques temporelles signent un renouveau dans l’aménagement urbain. Elles amènent aussi à repenser l’espace public. En effet, elles peuvent permettre de redynamiser certains espaces peu fréquentés. De plus, les politiques temporelles nous questionnent sur l’usage des espaces en ville. L’objectif est donc de fusionner le temps et l’espace. On peut parler de « chrono-urbanisme ». Le deuxième objectif est aussi d’aménager la ville en alliant le long et le court terme. Le développement de ces politiques permettrait d’associer à la ville une planification plus souple.

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Les Hyper-Lieux : une nouvelle approche de la mondialisation ?

Présentation par Michel Lussault, Professeur d’études urbaines (Ecole Normale Supérieure de Lyon). Directeur de l’Ecole urbaine de Lyon (Lauréat du programme Instituts convergence, CGI)

Ce Café Géo a eu lieu le mercredi 21 mars 2018 à la Brasserie des Cordeliers à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Bien des analyses de l’évolution du Monde contemporain insistent sur son uniformisation irrémédiable. Le jeu conjugué de l’accroissement des mobilités et de leurs vitesses, de l’accélération des rythmes sociaux, de l’empire nouveau du numérique et de la standardisation des paysages, des objets et des pratiques imposée par la globalisation du capitalisme financiarisé, promouvrait une société « liquide » et un espace lisse et « plat » où chaque position vaut une autre, où les différences s’estompent jusqu’à disparaître, jusqu’à aliéner l’individu, appauvrir sa sociabilité, la placer sous contrainte et sous contrôle. Cet « air du temps » a même pu trouver dans le « concept » de « non-lieu » développé par Marc Augé un fétiche, exprimant une doxa dominante, sans cesse rebattue et diffusée.

Or, une observation attentive des dynamiques actuelles confronte immédiatement à des situations bien plus complexes. En effet, concomitamment à une incontestable tendance au triomphe du générique et du standard, il est frappant de constater que les lieux font retour et comptent de plus en plus pour tout un chacun. Le Monde, travaillé par l’urbanisation et bouleversé par l’entrée dans l’anthropocène, se différencie de plus en plus en lieux qui s’affirment comme des « prises » de la mondialisation, des attracteurs et des ancrages de la vie des humains. Ce sont les endroits spécifiques où la co-habitation des individus se concrétise, se réalise et s’éprouve dans toute sa richesse et son intensité d’expérience vécue. Un des emblèmes en sont ce qu’on définira comme des « hyper-lieux », là où convergent les humains, les non-humains, les réalités matérielles et immatérielles et où, bon gré mal gré, les sociétés se composent et des formes politiques nouvelles s’ébauchent. Ainsi le Monde est à la fois de plus en plus globalisé et homogène et de plus en plus localisé et hétérogène : cette tension est constitutive de notre contemporanéité.

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Le Brexit, quels changements ?

Présentation par Mark BAILONI et Thibault COURCELLE, Maîtres de conférences, respectivement à l’Université de Lorraine et à l’I.N.U Champollion d’Albi.
Ce Café Géo a eu lieu le mardi 13 décembre 2016 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Les résultats du référendum du 23 juin 2016 sur l’appartenance du R-U à l’Union européenne, organisé par David Cameron, ont surpris nombre de sondeurs, commentateurs et hommes politiques britanniques et européens. Plus de la moitié des Britanniques, 51,9%, a choisi de quitter l’UE, avec une participation massive à ce scrutin (72%).  Les conséquences de ce choix sont énormes. Quarante-trois ans après son intégration au sein de la Communauté européenne, le R-U et les institutions européennes préparent donc le Brexit et cherchent à fixer les modalités de nouveaux accords entre ce pays et l’UE.

Ce résultat est-il vraiment si surprenant ? Comment comprendre ce vote à partir d’une analyse géographique et géopolitique du vote ? Quelles peuvent-être les conséquences internes et externes de ce vote pour le R-U ?

Pour y répondre, nous nous attacherons à expliquer la place singulière du R-U dans la CEE, puis l’UE, ainsi que l’ancienneté et la persistance de l’euroscepticisme britannique. Nous rappellerons que ce Brexit s’inscrit également dans un contexte géopolitique européen de défiance largement partagée dans de nombreux pays vis-à-vis des institutions européennes. Nous reviendrons ensuite sur le contexte géopolitique de ce référendum et expliquerons le résultat par une analyse géographique et sociale du vote à partir de plusieurs études de cas montrant une société profondément clivée et un territoire morcelé, pour enfin aborder les conséquences de ce Brexit pour le R-U et pour les relation entre ce pays et les autres pays de l’UE.

The International New York Times, 23 juin 2016

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Quelle géographie dans les séries modernes ?

Présentation par Bertrand PLEVEN, Professeur à l’Espe Paris IV et doctorant à Géographie-Cités.
Ce café géo a eu lieu le mardi 12 janvier 2016 au Saint James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Les séries dites de « dernières générations » (M. Winckler) se caractérisent, notamment, par des univers spatiaux profonds. Elles reproduisent des imaginaires géographiques autant qu’elles créent des géographies imaginaires. Le café géographique se donne pour objectif de réfléchir aux « territoires » qu’elles produisent et qu’elles mettent en partage à l’échelle mondiale. La réflexion se veut ouverte aux fans (que peut leur apporter une lecture géographique ?) comme aux novices (comment envisager ces « nouveaux territoires » télévisuels ?), mais surtout à ceux qui sont intéressés aux manières de réfléchir à la fiction (audiovisuelle) en géographie.

Schématisation du générique de Hung, HBO

Il s’agit, dans un premier temps, de suggérer que ces séries s’appuient sur un imaginaire géographique et notamment un impensé cartographique. Quelques génériques (Games of Thrones, Hung) permettront de discuter collectivement de cette première hypothèse.

Néanmoins, les séries ne font pas que recycler les imaginaires géographiques communs, elles sont aussi des promesses de voyages et portent –par leurs formats spécifiques- des expériences géographiques plus ou moins inédites pour le spectateur. La série The Affair, et plus précisément un épisode de cette dernière sera le support d’une analyse de la manière dont une série crée des lieux, ses lieux.

Bien loin d’être des univers clos, les séries interagissent avec le monde, l’actualité, par un système d’écho, parfois vertigineux. Le cas de Homeland et de la saison 5 (située en Allemagne et traitant notamment d’une attaque terroriste à Berlin) sera l’occasion d’interroger la manière dont les séries débordent le cadre et brouillent les limites entre réel et fiction.

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Santiago et le reste du territoire chilien : quelles relations ?

Présentation par Fransisco MATURANA, professeur de géographie à l’Université Alberto Hurtado, Chili.
Ce Café Géo a eu lieu le mardi 11 octobre 2016 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Au Chili, 85% de la population est urbaine et sur ce total, approximativement 40% des habitants vivent dans la région Métropolitaine, où se trouve la capitale du pays : Santiago. Cette concentration est un processus qui se développe depuis le début de la conquête du pays par les Espagnols et qui se concrétise aujourd’hui par une telle ampleur.

En effet, il y a plusieurs moments dans l’histoire du pays qui expliquent une telle concentration à Santiago. Le premier, se réfère à la conquête espagnole et la forte résistance exprimée par les Indiens Mapuche, qui ont empêché l’articulation des centres urbains au sud du pays au cours des 200 premières années de la conquête. Un deuxième élément, qui est associé au point antérieur sur les conditions de paix à Santiago, est que cette ville a été la première à avoir développé une infrastructure urbaine, des liaisons ferroviaires, le contrôle sur les exportations, entre autres. Tout ceci a contribué à la concentration économique et au contrôle politique sur les autres villes. Un autre aspect à prendre en compte a été la crise du salpêtre qui a touché le nord du Chili entre les années 1920-1930. Cette crise a produit une migration de population du nord vers le sud du pays, mais Santiago a été la ville qui a le plus attiré la population vers elle. Un autre élément à relever est l’inexistence d’un centre urbain qui fasse contrepoids à la puissance de la ville de Santiago. A tout cela, nous ajoutons le processus migratoire ville-campagne qui agit depuis les années 1940 vers les différents centres urbains du pays, Santiago étant la ville la plus attirante. Ainsi, cette hypermacrocéphalie est un exemple des fortes disparités spatiales qu’il est possible de trouver au Chili.

Si nous analysons la distribution du PIB par habitant, il est possible de voir que la région minière d’Antofagasta dans le nord du Chili possède un PIB par habitant 10 fois plus élevé que celui de la région avec le plus faible PIB dans le pays, La Araucania1. Ainsi, nous avons une région avec des valeurs similaires aux pays européens comme la France ou l’Italie, mais par contre, sur quelques kilomètres, nous avons des territoires dont les revenus ressemblent à ceux que nous pouvons observer au Nigeria et au Soudan.

C’est dans ce contexte que cet exposé veut discuter le rôle de cette ville dans la structure du système de villes du pays. Il s’agira de montrer le contraste socio-économique du pays, le processus historique et l’évolution de la concentration de la population qui constituent aujourd’hui cette hypermacrocéphalie. Nous discuterons les théories et arguments pour répondre aux questions suivantes : comment arrivons-nous à un tel point de concentration ? Quels événements historiques ont contribué à la formation d’un tel processus ? Quel est le rôle de l’Etat dans cette concentration ?

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La tragédie malienne: comment en est-on arrivé là?

Compte rendu du café géo albigeois du 10 décembre 2013
Présentation par Stéphanie Lima et Patrick Gonin,
Géographes, MCF au Centre universitaire J.-F. Champollion d’Albi, LISST-CIEU, et Professeur des Universités à l’Université de Poitiers, Migrinter.

Depuis juillet 2013, la France se désengage militairement du Mali après une opération de plusieurs mois, mais, pour autant, le Mali est-il revenu à une situation de stabilité ?

Sur le terrain, la menace djihadiste semble contenue, et les élections présidentielles et législatives ont pu avoir lieu dans des conditions satisfaisantes pour les observateurs internationaux. Cependant, le pays est-il sur le chemin de la reconstruction ?

Ramener la tragédie malienne à la montée en puissance de l’islam radical dans cette zone de turbulences qui va de la Somalie à la Mauritanie serait réducteur. Une lecture purement internationale de la crise peut s’avérer trompeuse : le Mali est en réalité confronté à de graves défis internes, que pas un de ses gouvernements n’est jusqu’alors parvenu à résoudre (par exemple la réforme de décentralisation, la gestion des migrations).

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Patrick Gonin, introduit son propos en contextualisant la place du Mali dans le monde. Pour comprendre comment le Mali s’est retrouvé dans cette situation instable, il propose une approche de géographie politique et de géostratégie. Il existe plusieurs causes profondes qui expliquent le conflit : la faillite de l’Etat depuis plusieurs années, la montée d’un islam radical (qui s’étend de la Somalie à la Mauritanie en passant par le Sahara), un djihadisme local très ancien (qui remonte à plusieurs décennies, voire plusieurs siècles) le terrorisme transnational, les poussées indépendantistes, des zones de non droits (trafic de drogue, d’armes, et de migrants), les tentatives sécessionnistes (cinq révoltes Touaregs avant et après l’indépendance), les émeutes de la faim (insécurité alimentaire).

Ainsi, on peut se demander s’il existe une dimension globale à cette crise ? L’hypothèse centrale du livre La tragédie malienne  (Editions Vendémiaire) est donc que pour comprendre le nord du pays, il faut aussi regarder le sud. Il faut également s’intéresser de plus près aux problèmes internes du pays.

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