Arctique.

Nicolas Escach (dir), Benoît Goffin (dir), Arctique, Collection Odyssée, villes-portraits, ENS Editions, 2023

Troisième volume (1) d’une collection originale qui veut présenter une géographie subjective, faite plus de ressenti et d’émotion que d’analyse rationnelle, Arctique présente dix villes (2) telles que des universitaires et journalistes les ont perçues, lors d’une résidence plus ou moins longue.

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De la Baltique à la mer Noire
Atlantique

De la Baltique à la mer Noire + Atlantique

De la Baltique à la mer Noire et Atlantique sont les titres des deux premiers volumes de la collection « Odyssée, villes-portraits », publiés par ENS Editions sous la direction de Nicolas Escach et Benoît Goffin. Ils viennent de paraître en avril 2021 et l’éditeur annonce pour 2022 deux autres volumes : Arctique et Balkans. Disons-le d’emblée, c’est une réussite éditoriale, bâtie sur une collaboration originale entre des géographes et des artistes, pour faire dans chaque volume le portrait de dix villes entre géographie subjective et littérature de voyage.

Les auteurs (universitaires, écrivains, journalistes, architectes…) n’hésitent pas à donner leurs impressions et leurs ressentis pour mieux faire comprendre l’espace urbain décrit. Quant aux illustrateurs ils composent plusieurs types de dessin à partir de différents documents fournis par les auteurs pour rendre compte de la variété des configurations spatiales. Les dessins du volume De la Baltique à la mer Noire ont tous été réalisés par Marie Bonnin, ancienne élève de l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs. En revanche, les dessins du volume Atlantique ont été l’œuvre d’une dizaine d’anciens élèves de l’école Estienne (un illustrateur différent pour chacune des dix villes). (suite…)

Terres agricoles des villes : des expériences innovantes d’agriculture

Christophe-Toussaint Soulard, Pascale Scheromm et Camille Clément
Chercheurs à l’INRA, UMR Innovation, Montpellier.

 

Comment se met en place l’agriculture urbaine dans un contexte qui n’est pas traditionnellement celui de l’agriculture ?

 

I. L’agriculture urbaine : de quoi parle-t-on ?

 

L’agriculture urbaine, c’est l’ensemble des activités de production de denrées alimentaires (ou d’autres denrées notamment ornementales, fourragères, médicinales etc.) qui vont être pratiquées dans l’espace urbain ou en périphérie.

Les agricultures urbaines peuvent concerner toutes les productions végétales et animales. Les pratiquants agricoles sont très divers : certains sont des professionnels, d’autres des amateurs. Par ailleurs des associations voire même des institutions s’investissent dans cette activité. L’agriculture urbaine peut se pratiquer sur sol ou sans sol : sur les toits ou sur les murs des maisons par exemple. Les agricultures urbaines sont souvent des agricultures sociales et militaires : elles renvoient à des projets liés, par exemple, à l’éducation alimentaire, à l’insertion sociale par l’emploi, à l’amélioration de la santé physique et mentale. Par ailleurs, les projets d’agriculture urbaine sont souvent des projets de mobilisation citoyenne pour permettre de conserver des espaces de production dans le tissu urbain. De nombreux projets en effet prônent l’idée que l’agriculture urbaine est un moyen pour permettre aux populations défavorisées de produire et de développer une alimentation de qualité.

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Quel avenir pour le commerce en centre-ville ?

66ème café de Géographie de Mulhouse 29 Avril 2013
Bernadette Mérenne-Schoumaker

Phénomènes généraux

Le commerce a toujours été un secteur qui change et cette évolution touche bien sûr les centres-villes.

Pourquoi des changements ?

Le commerce est le reflet de la société qui évolue sans cesse. Les technologies ont toujours favorisé les changements comme les transports, les cartes de crédit et l’e-commerce mais il se passe des choses très différentes dans des villes similaires selon les pays.

Plusieurs acteurs influencent le commerce ainsi : les pouvoirs publics qui ne peuvent cependant porter seuls le poids des responsabilités, les distributeurs qui décident des implantations et les consommateurs qui pèsent beaucoup en orientant le commerce par leur comportement et leur choix.

Évolutions de la demande

Plusieurs facteurs interviennent pour expliquer les changements. Des facteurs socio-économiques comme l’accroissement global des revenus des ménages et la bipolarisation des extrêmes [très riches et très pauvres], la réduction de la taille des ménage, le vieillissement des populations , le multiculturalisme, de nouvelles valeurs plus hédonistes qui priment : la santé, la famille, le plaisir, l’écologie… et des facteurs spatiaux liés à la mobilité comme l’étalement urbain des classes moyennes qui induit une segmentation des espaces.

Évolutions de l’offre

On constate la montée en puissance des grandes enseignes internationales omniprésentes mais aussi la transformation des modes de vente avec la banalisation du libre-service, de l’e-commerce, du discount. Se multiplient les « offres bouquet » : « tout pour l’enfant » et on voit apparaitre de nouveaux produits et services. Le plus grand changement est la généralisation de la distribution périphérique, d’une banalité évidente sur le plan paysager à l’inverse des centres-villes. L’opposition centre-périphéries s’accroit et le commerce urbain se reconcentre sur quelques petites rues alors qu’à l’inverse, on constate une dégradation des quartiers non centraux.

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Et au dessous coule la Bièvre

Balade du samedi 6 avril 2013

Et au dessous coule la Bièvre – Permanences, renouvellement urbain, Paris 13e & 14e

Cette journée vous a été proposée par Maryse Verfaillie pour les Cafés géographiques de Paris.
Marie-Paule Caire, professeur honoraire en CPGE au lycée Lakanal, a été notre intervenante tout au long d’un parcours qu’elle a établi, en lisière des 13è et 14 è arrondissement, au-dessus de la Bièvre enfouie, ou du moins de son souvenir.
Que reste-t-il des chiffonniers, des blanchisseuses, des glaciers, des meuniers, des tanneurs qui vivaient dans la vallée de la Bièvre, affluent de la Seine, entré dans Paris par la poterne des Peupliers ? Que reste-il de cette « petite banlieue », devenue 13è et 14 è arrondissements de Paris en 1860 ?
De la Place d’Italie à la Butte aux Cailles, de la place de Rungis jusqu’au parc Montsouris et à la Cité universitaire, des villas d’artistes jusqu’à la place Denfert-Rochereau, les permanences rivalisent avec les renouvellements urbains.

Première partie : Les renouvellements urbains des XIX è et XX è.

Le nord des 13è et 14 è arrondissements, porte la marque de l’enceinte des Fermiers Généraux, barrière fiscale édifiée de 1784 à 1789. L’affaire avait fait grand bruit, « le mur murant Paris rendait Paris murmurant ».
Le sud des 13è et 14è arrondissements porte la marque de l’enceinte de Thiers, enceinte militaire édifiée de 1840 à 1844. L’affaire était sérieuse : les fortifications faisaient bien 140 m de largeur et elles dominaient une zone non-aedificandi de 250 m…. où s’installèrent discrètement « des zonards » !

Entre deux enceintes au XIX e siècle

13&14 plan reseau

Schéma des contraintes physiques sur les marges des 13è et 14 è

L’enceinte des Fermiers Généraux englobe le faubourg Saint Marcel (aujourd’hui 5 e arrondissement), et le nord des 13è et 14è dans Paris. La deuxième enceinte permet de doubler la superficie de la capitale et de gagner 8 arrondissements, ceux « de la petite banlieue » en 1860.
Un gigantesque remue-ménage se développe alors ! L’entre deux murs, composé de petits villages, perd toute identité. Le baron Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à 1870, et maître d’œuvre des grands travaux du Second Empire en fut le principal instigateur.
– La première enceinte fut rasée et remplacée par les grands boulevards, portant aujourd’hui les noms de Vincent Auriol, Auguste Blanqui, Saint Jacques. Des rues en radiales partent des places (place d’Italie, place Denfert-Rochereau) permettant d’irriguer leur quartier.
– La révolution industrielle célébra le chemin de fer sous toutes ses formes et les emprises au sol furent nombreuses ! Les usines se multiplièrent à proximité, remplaçant les ateliers des artisans.

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Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture

Café-géo de Montpellier du mardi 29 janvier 2013

Boris Grésillon (professeur de géographie à l’université d’Aix-Marseille, responsable de l’équipe “Villes, culture et grands projets” au sein du laboratoire Telemme), auteur du livre paru en 2011 Un enjeu “capitale” : Marseille-Provence 2013, Paris, Editions de l’Aube,171p.,

Clotilde Berrou (Architecte DENSAIS, Urbaniste, Mention au Prix Tony Garnier d’Urbanisme 2003 de l’académie d’Architecture, chef de projet ARM Architecture).

L’élection de Marseille comme capitale européenne de la culture a donné lieu à la création de projets audacieux, originaux et quelques fois assez fous dans tout le département des Bouches-du-Rhône, mais c’est un territoire complexe, donc difficile à fédérer. 600 évènements au total : des expositions, la construction de nouveaux musées, mais également des projets décalés comme la conception d’un « GR 2013 » qui ferait découvrir aux touristes toutes les zones de Marseille qu’ils n’auraient jamais visitées comme les quartiers « sensibles », l’aéroport ou les usines de la ville. La réputation de Marseille est aujourd’hui acquise à travers l’image qu’elle véhicule. Boris Grésillon parle de « marketing urbain et culturel » de Marseille : l’attractivité de la ville et le potentiel succès de cette opération ne peuvent s’effectuer sans l’intermédiaire des médias. Le projet Marseille-Provence 2013 peut être abordé sous l’aspect spécifique de la géographie sociale : on peut se rendre compte de nombreux dysfonctionnements qui amènent à leur tour des questions et des problèmes liés à la ségrégation sociale, à la gestion politique, ou encore aux conflits d’intérêts grandissants.

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