A propos de Saisons du voyage de Cédric Gras : éloge du piétinement géographique

 

Cédric Gras a reçu une formation de géographe. Il figure dans la petite cohorte des géographes de sa génération qui se sont « évadés » vers la littérature, avec Sylvain Tesson et Emmanuel Ruben. « Évader » n’est pas le terme propre qui suppose une géographie ceinte de murs malaisés à franchir. A coup sûr, en tout cas, Cédric Gras s’est évadé du langage géographique et du ton académique, dès les premières phrases de son livre. Un des grands mérites de C. Gras réside dans la qualité de son écriture.

Ce livre est une réflexion sur l’expérience du dépaysement plutôt que du voyage. Il comporte des chapitres très autobiographiques, mais il dépasse sans cesse cette dimension personnelle.

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Voyage à travers la banlieue parisienne

Mardi 26 novembre 2019, au Café de Flore à Paris. C’est un voyage à travers la banlieue parisienne que le Café géo de cette soirée se propose de faire en compagnie de l’unique intervenante, Marie-Hélène Bacqué, sociologue, professeur d’études urbaines à l’Université de Paris-Nanterre, et auteur du livre « Retour à Roissy. Un voyage sur le RER B » (Éditions du Seuil, 2019). Ce livre relate un voyage de près d’un mois, en mai-juin 2017, dans la banlieue parisienne en suivant la ligne B du RER, presque trente ans après le livre de l’écrivain-éditeur François Maspero qui était accompagné de la photographe Anaïk Frantz. Dans les deux cas, un voyage à deux (Marie-Hélène Bacqué était accompagnée du photographe André Mérian) et un livre à deux voix (un texte et des photos en noir et blanc).

La première partie du Café Géo a consisté en un échange d’une heure environ entre l’intervenante, Marie-Hélène Bacqué (MHB) et le modérateur, Daniel Oster (DO), dont le but était d’exposer les grandes problématiques du sujet avant la deuxième partie où l’intervenante a répondu aux questions de la salle pendant une heure également.

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L’éducation au voyage

COMPTE RENDU CAFÉ GÉO NANTES 26 MARS 2019 – L’ÉDUCATION AU VOYAGE

Emmanuelle PEYVEL, maître de conférences en géographie à l’université de Brest (UBO) a dirigé l’ouvrage L’Éducation au voyage, pratiques touristiques et circulation des savoirs. Paru aux presses universitaires de Rennes en janvier dernier, l’ouvrage se veut pluridisciplinaire. Ses différents chapitres regroupent des auteurs issus d’horizons variés : anthropologie, sciences de l’éducation, STAPS, histoire, géographie, sociologie…

L’ouvrage part de l’interrogation suivante : Pourquoi sommes-nous de plus en plus nombreux à faire l’expérience du tourisme? De fait, nous sommes passés de 25 millions touristes internationaux en 1950 à 1 326 000 000 en 2017, le cap du milliard ayant été dépassé en 2012. En 2017, ce domaine a généré un chiffre d’affaire s’élevant à 1 340 milliards d’euros dans le monde selon l’OMT.

L’espace géographique européen – où le tourisme est né représente 51% des arrivées internationales. Cependant, le centre de gravité de la mondialisation touristique penche aujourd’hui vers l’Est. En effet, l’Asie Pacifique arrive en deuxième position en termes de recettes comme d’arrivées internationales. Les principaux facteurs souvent convoqués pour expliquer cette croissance du tourisme sont la hausse du niveau de vie et les infrastructures de transport, alors même qu’il ne s’agit que de moyens permettant de faire du tourisme, pas de causes profondes. (suite…)

Zellidja, carnets de voyage

BNF, site François-Mitterrand 17 mai 2013-3 août 2013

tamise

Serge Marteau, dessin extrait de son voyage à Londres, 1952


Après le très grand succès de l’exposition sur les cartes marines (23 octobre 2012- 27 janvier 2013), le département des Cartes et plans de la BNF nous propose une autre très belle exposition, cette fois-ci sur les carnets de voyage, à partir d’une centaine de rapports de voyage produits dans le cadre des bourses Zellidja. Les documents présentés dans la galerie des donateurs de la BNF (site François-Mitterrand) ont été choisis parmi les quelque 3000 rapports qui ont été donnés à la BNF en 2010-2011, ils nous renseignent sur le regard porté sur le monde par la jeunesse française pendant plus d’un demi-siècle. Dessins et photographies illustrent des journaux de route qui racontent autant d’expériences initiatiques en France, en Europe, mais aussi en Afrique, en Amérique et en Asie. Et au bout du voyage…il y a la découverte de soi !

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Et au dessous coule la Bièvre

Balade du samedi 6 avril 2013

Et au dessous coule la Bièvre – Permanences, renouvellement urbain, Paris 13e & 14e

Cette journée vous a été proposée par Maryse Verfaillie pour les Cafés géographiques de Paris.
Marie-Paule Caire, professeur honoraire en CPGE au lycée Lakanal, a été notre intervenante tout au long d’un parcours qu’elle a établi, en lisière des 13è et 14 è arrondissement, au-dessus de la Bièvre enfouie, ou du moins de son souvenir.
Que reste-t-il des chiffonniers, des blanchisseuses, des glaciers, des meuniers, des tanneurs qui vivaient dans la vallée de la Bièvre, affluent de la Seine, entré dans Paris par la poterne des Peupliers ? Que reste-il de cette « petite banlieue », devenue 13è et 14 è arrondissements de Paris en 1860 ?
De la Place d’Italie à la Butte aux Cailles, de la place de Rungis jusqu’au parc Montsouris et à la Cité universitaire, des villas d’artistes jusqu’à la place Denfert-Rochereau, les permanences rivalisent avec les renouvellements urbains.

Première partie : Les renouvellements urbains des XIX è et XX è.

Le nord des 13è et 14 è arrondissements, porte la marque de l’enceinte des Fermiers Généraux, barrière fiscale édifiée de 1784 à 1789. L’affaire avait fait grand bruit, « le mur murant Paris rendait Paris murmurant ».
Le sud des 13è et 14è arrondissements porte la marque de l’enceinte de Thiers, enceinte militaire édifiée de 1840 à 1844. L’affaire était sérieuse : les fortifications faisaient bien 140 m de largeur et elles dominaient une zone non-aedificandi de 250 m…. où s’installèrent discrètement « des zonards » !

Entre deux enceintes au XIX e siècle

13&14 plan reseau

Schéma des contraintes physiques sur les marges des 13è et 14 è

L’enceinte des Fermiers Généraux englobe le faubourg Saint Marcel (aujourd’hui 5 e arrondissement), et le nord des 13è et 14è dans Paris. La deuxième enceinte permet de doubler la superficie de la capitale et de gagner 8 arrondissements, ceux « de la petite banlieue » en 1860.
Un gigantesque remue-ménage se développe alors ! L’entre deux murs, composé de petits villages, perd toute identité. Le baron Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à 1870, et maître d’œuvre des grands travaux du Second Empire en fut le principal instigateur.
– La première enceinte fut rasée et remplacée par les grands boulevards, portant aujourd’hui les noms de Vincent Auriol, Auguste Blanqui, Saint Jacques. Des rues en radiales partent des places (place d’Italie, place Denfert-Rochereau) permettant d’irriguer leur quartier.
– La révolution industrielle célébra le chemin de fer sous toutes ses formes et les emprises au sol furent nombreuses ! Les usines se multiplièrent à proximité, remplaçant les ateliers des artisans.

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