L’impact du tourisme de masse sur les sites UNESCO

 

Pour l’INSEE, « le tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans le lieu visité. » (https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1094)

 

L’activité touristique, en croissance continue depuis plusieurs décennies, constitue un atout majeur pour le développement économique. Il crée plus de 200 millions d’emplois/an à travers le monde et représente désormais 10% du PIB mondial. Cependant, le tourisme de masse excède parfois les capacités d’accueil de certains sites comme ceux du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. Dans ces cas de surexploitation, des impacts négatifs interviennent sur la société, l’environnement et la culture de ces destinations. Le tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans le lieu visité.

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Le patrimoine naturel du Monténégro : défis touristiques et enjeux de préservation

Le Monténégro est un petit pays des Balkans dont l’essor touristique résulte en bonne part d’un riche patrimoine naturel. En même temps, il est l’objet de mesures de protection importantes depuis plus d’un demi-siècle : quatre parcs nationaux, sites classés à l’UNESCO, etc.

L’intérêt du sujet réside dans les liens ambigus entre l’essor touristique, devenu très important depuis deux décennies, et la protection du patrimoine naturel. Le développement de cette protection attire une clientèle touristique avide de milieux préservés mais, parallèlement, l’afflux touristique occasionne diverses atteintes du patrimoine naturel qui nécessitent des mesures de protection susceptibles de contrôles les flux de visiteurs

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Les militaires et le changement climatique

Le changement climatique provoque partout dans le monde des analyses et des remises en question qui n’épargnent pratiquement aucun domaine. Le secteur militaire n’échappe pas à la règle. Les dirigeants politiques créent des instances de réflexion et de recherche pour mesurer l’impact du dérèglement climatique sur l’outil militaire et adapter le rôle des armées aux nouveaux défis environnementaux. En 2015, le chef d’état-major des armées françaises soulignait que les effets des changements climatiques risquaient d’accroître la nature des missions confiées aux forces armées ainsi que leur volume. Début 2019, un amiral américain déclarait devant la Commission des armées du Sénat que le changement climatique allait probablement alimenter des troubles sociaux et pourrait même menacer certaines bases militaires américaines. Le 29 août dernier, à Helsinki, les ministres de la Défense de l’Union européenne se penchaient pour la première fois sur les liens entre défense et changement climatique.

Les interventions vont davantage être orientées vers des opérations de sécurité civile en lien avec les catastrophes naturelles (Source: ministère des armées)

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Trieste, du déclin à la renaissance ?

La ville de Trieste aujourd’hui. Au premier plan, le Grand Canal construit au XVIIIe siècle qui a permis l’entrée des bateaux au cœur de Trieste. (https://www.lepoint.fr/voyages/trieste-concentre-de-culture-22-03-2011)

 

Situé au pied des Alpes dinariques sur la mer Adriatique, le port de Trieste fut longtemps le principal débouché méditerranéen du Saint-Empire romain germanique puis de l’Empire austro-hongrois. L’histoire complexe de la ville s’explique par une position en Europe au carrefour des influences latine, germanique et slave. La fondation romaine (Tergeste), la rivalité avec Venise, l’installation de nombreux juifs après 1492, l’intégration dans l’Empire des Habsbourg (port franc en 1719), constituent quelques étapes marquantes de cette histoire.

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La tour qui ne prend pas garde…

 

La Tour Jean sans Peur à Paris © Michèle Vignaux

 

Paris n’aime pas les tours. Elle adule son caractère haussmannien et se méfie de toute construction qui dépasse les six étages. Les tours du XIIIème arrondissement sont considérées comme médiocres et tout projet de tour nouvelle, même proche du périphérique, suscite les pétitions indignées des riverains et de tous « les amoureux de la capitale ».

Bien sûr il y a des exceptions. Il y a celle qui se hausse du col au milieu du Champ de Mars, exploit d’ingénieur et non œuvre d’architecte, aussi célèbre que les pyramides égyptiennes malgré son jeune âge (moins d’un siècle et demi). Il y a aussi la Tour Saint Jacques, ni très haute, ni très large, mais qui a su faire de la place autour d’elle. La tour Montparnasse n’a d’attrait que pour les clients du restaurant du dernier étage. On ne parlera pas des tours de La Défense… des banlieusardes.

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Reconstruire Notre-Dame-de-Paris. Comme les arbres, les foules monteront-elles jusqu’au ciel ?

© Studio NAB. Le projet imaginé par le studio d’architecture NAB. (Studio d’architecture NAB)

 

Il ne fallait pas attendre bien longtemps pour voir les grandes signatures de l’architecture se manifester pour la reconstruction de Notre-Dame. C’est un peu comme Le Corbusier sous les bombes de la débâcle en 1940 qui rêvait du réaménagement de la France.

Au-delà des Anciens et des Modernes, je note l’intérêt évident de « touristifier » la toiture du bâtiment en en faisant un point d’attraction, alors que la charpente avait surtout l’objectif de porter la très lourde toiture en plomb. Là où seuls les artisans et ceux qui ont entretenu « la forêt » étaient présents sous l’œil de Dieu, on va convoquer les foules.

La transparence s’impose dans notre modernité, comme pour la coupole du Reichstag, à un moment où le Ciel lui-même est devenu bien transparent. Pourquoi alors ne pas faire monter la Terre au Ciel ? diront certains, avec l’engazonnement des toitures, ou faire pousser une forêt, cette fois au sens propre dans les combles de l’édifice. A mon avis, un peu déplacé. Pourquoi ne pas imaginer une biblique arche de Noé ? Sans doute un peu étroit pour accueillir toutes les espèces menacées de disparition.

Dans les symboles, le choix collectif ou présidentiel de la reconstruction va être intéressant : va-t-on déifier l’Histoire, la Technique, l’Environnement … le Touriste ? Quelle place alors pour le Religieux, même si c’est bien l’Etat laïc qui est aux commandes et qui risque de faire peu de cas de la théologie, sinon la sienne ?

La transparence est bien la clé de ce XXIème siècle débutant, pas étonnant qu’il s’invite dans les hauts lieux de notre patrimoine : un plaisir scopique et un programme politique, voire technologique avec l’ouverture des données publiques et personnelles.

Mais peut-on opposer transparence et consistance ? Ce serait trop simple.  Le débat qui s’ouvre après les porte-monnaie va s’avérer passionnant et révélateur.

 

Antoine Beyer, avril 2019

 

 

Amour et colère de Roland Castro pour le Grand Paris

Dans une récente intervention à la Fondation Jean Jaurès, Roland Castro a usé de toute sa fougue pour dévoiler quelques points forts du rapport qu’il a remis au président de la République, il y a quelques mois, sur le projet du Grand Paris. Tout l’humanisme de ce texte est contenu dans son joli titre à la Prévert : « Du Grand Paris à Paris en grand ».[1]

Pour l’architecte passionné qui se définit comme « un artiste égaré en politique urbaine », la dernière pensée urbaine est celle des Jauressiens, telle qu’elle s’est exprimée lors du Front Populaire, dans les cités-jardins par exemple. A la situation dégradée actuelle de la métropole parisienne, il donne deux raisons principales.

La première repose sur un réquisitoire sévère contre Le Corbusier, architecte génial mais « penseur assassin », dont la Charte d’Athènes qui instaure un zonage de la ville entre quatre fonctions (habiter/travailler/recréer/circuler), est baptisée « totalitaire ».

La seconde tient à la suppression du département de la Seine en 1964, qui casse le système permettant une sorte d’unité entre communes pauvres et communes riches. Cette fois c’est la pensée technocratique de Paul Delouvrier, promoteur des villes nouvelles oublieuses de la géographie, qui est accusée.

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Choses vues boulevard Saint-Germain, à Paris, samedi 1er décembre 2018, 14 h

Paris, Boulevard Saint-Germain, samedi 1er décembre 2018 (Cliché Michel Giraud)

Ils arrivent ! Le temps de tourner la tête, ils sont là, peut-être une trentaine, à tout casser. Non pas qu’ils cassent tout d’ailleurs, ces gilets jaunes : ils déplacent et renversent une roulotte de chantier. Un restaurateur tente bien de s’interposer, mais il est vite repoussé : « vous êtes pour le gouvernement ! », lui lance une jeune femme bien remontée. En quelques instants, le boulevard Saint-Germain est barré, dans une atmosphère de relative tranquillité. Nous sommes loin, très loin de l’avenue des Champs-Élysées, où le ministère de l’Intérieur comptait bien parquer la « peste brune »i. Loin, très loin de la police, des CRS, des grenades lacrymogènes. Égarés rive gauche, entre la montagne Sainte-Geneviève et Jussieu, ces « Gaulois réfractaires au changement »ii progressent sans slogan ni banderole, mais avec tout l’équipement réglementaire du « séditieux »iii de base : masque de plongée, masque anti-pollution, lampe frontale, sac à dos bien lesté, drapeau français. Sans même un regard vers les immeubles haussmanniens, ils s’en vont du côté du jardin des Plantes. Le restaurateur aidé de quelques riverains s’emploie déjà à remettre la baraque sur ses roues et sur le bas-côté. Et le trafic automobile reprend, à peine interrompu. Mais lundi, quel chantier découvriront les ouvriers à l’intérieur de la roulotte ?

Michel Giraud, 4 décembre 2018

i – Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, le 25 novembre 2018, lors de l’émission le Grand Jury RTL, le Figaro, LCI : « Ce ne sont pas les ‘gilets jaunes’ qui ont manifesté, c’est la peste brune. Ce n’est pas parce que vous mettez un ‘gilet jaune’ que vous ne portez pas une chemise brune en dessous« .
ii – Emmanuel Macron, président de la République française, le 29 août 2018.
iii – Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, le 24 novembre 2018.

Bannir simplismes et caricatures pour comprendre le mouvement des « gilets jaunes »

 

 

Ce petit texte est né de l’exaspération suscitée par les doctes assertions de plusieurs figures médiatiques sur l’état de la société française alors même que bien souvent elles ne font qu’asséner des schémas simplistes, voire caricaturaux. L’autre raison de son écriture, intimement liée à cette exaspération, est de contribuer à la diffusion d’un remarquable article[1] du géographe Aurélien Delpirou démontrant avec grande rigueur qu’en réalité le mouvement des « gilets jaunes » « ne reflète pas une France coupée en deux, mais une multiplicité d’interdépendances territoriales ».

Aurélien Delpirou n’a pas la prétention d’expliquer à chaud tous les enjeux qui se mêlent dans ce mouvement plus complexe qu’il n’y paraît. Il se contente de chausser les lunettes du géographe pour exploiter au mieux les différentes sources d’information à sa disposition (voir les notes de bas de page et la bibliographie des références utilisées). Pour cela il a choisi de répondre à quatre questions qui apparaissent comme autant de pistes explicatives, toutes bâties sur des oppositions binaires, « entre villes et campagnes, entre centres-villes et couronnes périurbaines, entre bobos et classes populaires, entre métropoles privilégiées et territoires oubliés par l’action publique ».

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Au commencement était le créateur ?

Un mardi midi dans le Quartier Latin à Paris. Cliché S. HERRMANN, octobre 2018

Les « géographies des sexualités ne s’attachent pas à la seule définition d’un nouveau thème de recherche, à savoir la dimension spatiale de la sexualité. Elles s’intéressent à la façon de « faire géographie », aux concepts, démarches et méthodologies utilisés au sein de la discipline et souhaitent contribuer à la redéfinition des pratiques et au renouvellement de la pensée géographique et du changement social. » (Duplan, 2012).[1] L’émergence d’une légitimité scientifique des questions du genre et des sexualités au sein de la géographie française a été tardive, en dépit des apports anglo-saxons à la recherche.  Le « sentiment de déterritorialisation des questions du genre » (Gui Di Méo, 2012) observé par certains géographes ou celle de la « dilution » dans d’autres domaines des sciences sociales (Marius et Raibaud, 2013) posent souvent la question de la légitimité géographique du sujet. Les liens possibles entre ces géographies et les travaux de la géographie française sous l’influence de la mouvance postmoderne, méritent pourtant attention.  Elles reflètent les questionnements et l’épistémologie à l’œuvre dans le champ de la géographie actuelle. Tant les démarches que les outils se rattachent à ceux de la géographie. Le texte suivant n’est ainsi pas exempt d’une dimension multi-scalaire et évoque plusieurs échelles micro-géographiques : abordant d’abord l’espace par le biais du quartier puis de la rue, le prisme se refermant sur l’échelle micro-locale de la Sorbonne. L’observation de l’espace public au prisme du genre est intéressante de ce point de vue. Si ce texte n’a pas vocation de remise en cause, il s’agit cependant  d’inciter à la réflexion et la déconstruction de la fabrique de l’urbain.

Paris, le Quartier Latin, sa myriade d’étudiants, ses Universités. En face de l’entrée -solennelle, majestueuse – d’un des susdits bâtiments historiques, le nouveau logo de Sorbonne Université trône. Rien de bien étonnant donc dans ce paysage parisien. Et pourtant, donnons-nous un instant la peine d’analyser ce visuel offert aux regards de tout un chacun dans l’espace public. On peut lire « SORBONNE UNIVERSITE Créateurs de futurs depuis 1257 ». Le travail graphique que l’on peut observer avec le choix des majuscules capitales en gras fait ressortir le nom intemporel « Sorbonne ». Il est porteur de l’identité et de la marque de l’université, rayonnant aussi bien en France qu’à l’international. De même, le choix d’intégrer la coupole de la Sorbonne symbolise une référence historique forte. Mais l’élément le plus signifiant dans le logo est le slogan en dessous. Il donne un éclairage intéressant sur l’invisibilisation de la reproduction des normes de genre.  Cette question de la reproduction des normes de genre dans l’espace public, héritée des réflexions sur la dichotomie de l’espace entre Homme/Femme et Public/privé se renouvelle dans les années 1990 avec la question de savoir comment l’hétéronormativité influence l’espace public. L’espace public et a fortiori les espaces urbains sont conçus selon les normes hétérosexuelles. La géographie avec le genre comme catégorie d’analyse s’attache à « expliciter les transcriptions spatiales des systèmes de relations hiérarchisées entre hommes et femmes » et à montrer que « … les espaces et les lieux, tant sociaux que matériels, ont été socialement construits de façon à refléter et à renforcer l’inégalité des rapports sociaux de sexe » (Dias et Blecha, 2007).

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