Voyager avec Michel Sivignon

Ce texte du géographe Amaël Cattaruzza a été lu le 9 novembre 2024 par son auteur lors de l’hommage au géographe Michel Sivignon (1936-2024) organisé à l’Institut de géographie de Paris par l’association Les Cafés géographiques.

Contrairement à mes collègues (Julien Thorez et Jean Gardin), j’ai rencontré Michel Sivignon un peu plus tardivement après la soutenance de ma thèse. Je connaissais évidemment ses travaux sur la Grèce et les Balkans. Mais je n’avais pas eu l’occasion de le rencontrer réellement. Ma première vraie rencontre et discussion avec lui date d’un café géopolitique sur les Balkans organisé le 1er février 2007. A la fin de la conférence, on commence à discuter.  Il me parle de son projet d’ouvrage sur la géopolitique des Balkans fondé sur son expérience de la Yougoslavie socialiste. Ce qui était très agréable pour moi, jeune docteur, c’était la simplicité et la proximité qu’il introduisait tout de suite avec ses interlocuteurs. On était tout de suite rassuré et en confiance. Et il avait un vrai talent de conteur, par rapport à son expérience des Balkans. Le courant est donc tout de suite passé. Et dans le fil de la discussion, il me demandait s’il serait possible de venir observer la situation des Balkans post-conflit avec moi.

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L’exploration des grands fonds marins : pour quoi et comment ? « Les Mardis de la mer » à l’ICP, 14 janvier 2025

 

La découverte des grands fonds marins nourrit autant l’imaginaire des poètes que des chercheurs chez qui le mythe de l’Atlantide trouve encore quelque écho. Ils gardent encore beaucoup de leurs mystères malgré les grands progrès accomplis depuis l’époque du capitaine Nemo. Pour nous en dévoiler quelques-uns, l’ICP reçoit ce mardi 21 janvier 2025 deux représentants d’Abyssa, compagnie française d’exploration des grands fonds sous-marins, fondée en 2019 : son président Jean-Marc Sornin, titulaire d’une thèse de géologie marine et ancien chercheur à l’IFREMER, et Carla Frier.

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« TERRES ». Dossier spécial FIG 2024 de la revue La Géographie (n°1594, automne 2024)

Ce dossier s’intéresse aux « Terres », thème du Festival international de géographie de Saint-Dié en octobre 2024.

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Le dessin du géographe

Un certain nombre de géographes dessinent  lors d’excursions sur le terrain ou de missions scientifiques. Certains en ont même fait une activité régulière, et en illustrent leur production. Mais cette activité demeure presque confidentielle. Beaucoup de dessins restent dans les tiroirs, n’ayant bénéficié que d’un regard furtif et admiratif des collègues qui jettent un coup d’œil sur le carnet. Rares sont les géographes qui comme Pierre Deffontaines en ont fait l’argument central d’un ouvrage (Petit Guide du voyageur actif, réed.1980 Presses d’Ile de France). Nous souhaitons sortir cette activité artistique et scientifique de cet anonymat.

En même temps les dessins géographiques qui ont illustré les publications de nos prédécesseurs méritent d’être revus (et relus comme on le fait dans les recherches sur l’épistémologie de la  Géographie)

Il conviendra alors de distinguer le croquis fait par le géographe sur le motif ou d’après nature, du croquis d’après photographie qui fut beaucoup pratiqué aussi longtemps que l’appareil photographique demeura lourd et encombrant. Le croquis du géographe professionnel diffère aussi du croquis à usage pédagogique des manuels de l’enseignement primaire et secondaire, croquis le plus souvent supervisé et contrôlé par un géographe.

Le croquis à finalité géographique a changé de place au cours du temps. Les expéditions de découverte, de recherche scientifique, de conquête coloniale ont souvent été accompagnées par des artistes dessinateurs et ont produit des croquis qu’on peut considérer comme les premiers paysages géographiques, puisqu’ils avaient une finalité documentaire et qu’ils ont souvent été repris ensuite par les premiers ouvrages de géographie (cf les relations des voyages d’Alexandre von  Humboldt  ou les images de la géographie universelle d’Elisée Reclus,). Et les « pères fondateurs » de la science géographique, dans les écoles allemande, française, américaine, ont été parfois de bons dessinateurs sur le terrain.

A la fin du XIX° siècle, quand se met en place l’enseignement de la géographie dans sa forme moderne, les manuels sont illustrés de nombreux dessins ; les photographies sont rares, pour des raisons techniques, dont la qualité de l’impression et du papier. Puis les photos élargissent leur champ au détriment des dessins.

En même temps surgit avec Vidal de la Blache une géographie si soucieuse des paysages qu’elle en fait une des bases fondamentales de sa réflexion. La géographie est alors conçue comme une description raisonnée des paysages. Les paysages incitent au croquis. La prééminence de la géographie physique et à l’intérieur de celle-ci,  la domination de la géomorphologie encouragent alors l’usage du dessin et du bloc-diagramme dont de Martonne se fait le chantre et le propagandiste.

Notre propos n’est pas de retracer une histoire du croquis géographique : cette histoire se construira d’elle-même chemin faisant. Elle est plutôt de sortir de l’oubli une pratique et de la raccrocher au devenir de la géographie, comme nous avons pu le faire par ailleurs pour la chanson des géographes. Enfin, la technique du croquis reste une pratique d’aujourd’hui et chacun des lecteurs peut proposer ses croquis, si leur esprit se raccroche à cette rubrique.

Les carnets de terrain illustré à la main gardent leur séduction : l’édition et les expositions en témoignent. Si l’appareil photo numérique est devenu un outil quasi indispensable, les perfectionnements technologiques de ce dernier, ne lui confèrent pas la puissance analytique d’un croquis de terrain qui trie et hiérarchise les éléments du paysage : et aide à comprendre le monde avec  une feuille de papier et un crayon.

Remarques importantes :

*Le dessin de paysage (naturel, rural, urbain) proposé sur le site, sera accompagné d’un court commentaire, qui l’identifiera (auteur, date, lieu, site représenté, source) et le situera dans la production géographique de l’auteur en question : contexte, place du dessin dans l’analyse,  dans l’illustration du texte, des faits décrits…, afin de le resituer dans la production générale de dessins géographiques.

*Chaque proposition devra se préoccuper des droits d’auteur et de reproduction de l’image sur le site des cafés géo : Les droits de l’auteur (propriété intellectuelle) s’éteignent  70 ans après sa mort (et jusque là leur édition dépend de l’autorisation des ayant-droit). Mais les droits de reproduction de l’image, liés à la source dont elle a été tirée (éditeur d’un ouvrage, musée, bibliothèque, archives, etc…) sont plus difficiles à connaître et souvent plus compliqués à obtenir.

Roland Courtot, Michel Sivignon

• Retrouvez également la liste des dessins du géographe

Michel Sivignon : une géographie sensible. Le dessin du géographe n° 102.

Michel Sivignon a disparu au printemps dernier.

Parmi les multiples facettes de son œuvre de géographe, la rubrique « Le Dessin du Géographe » du site internet des Cafés Géographiques tient une place à part qui révèle un peu une face cachée de son talent. Par-delà une grande érudition, un souci de recherche des nœuds entre géographie, histoire et cultures, il prenait le dessin comme un moyen de développer une géographie spontanée (comme il l’a décrite dans un texte de Géographie Humaine de 2016).

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Le Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges, 4-5-6 octobre 2024

Affiche officielle du FIG 2024 (adfig@ville-saintdie.fr)

Pour sa 35ème édition, le FIG, fondé par Christian Pierret, convie toujours les géographes et leurs amis à Saint-Dié pour le premier week-end du mois d’octobre. La thématique retenue cette année s’intitule sobrement « Terre » et le territoire à l’honneur est une chaîne de montagne, les Alpes.

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Il n’y a pas que des ours dans l’Arctique…

Pour la majeure partie des touristes qui choisissent les eaux arctiques et péri-arctiques comme destination de croisière, l’attraction majeure est la rencontre des ours, baleines, phoques…qui ont émerveillé leurs albums d’enfants. On y admire encore la beauté des icebergs qui captent la lumière du soleil couchant. Mais il y a aussi des hommes qui sont venus par voie de terre ou par bateaux, quelques millénaires avant notre ère. ou plus récemment, s’installer sur ces rivages où l’hiver amène le blizzard et des températures très basses. C’est à eux que nous nous intéresserons en revivant notre périple, de la côte occidentale du Groenland au territoire de Saint-Pierre-et-Miquelon.

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Sélection 2025 du Prix du Livre de géographie des Lycéens et Etudiants

 

– Rémi Barbier et Sara Fernandez (dir), Idées reçues sur l’eau et sa gestion, Le Cavalier bleu

– Marie Bonte, Nuits de Beyrouth, ENS éditions

– Marc Brosseau, Tableau de la géographie littérairePuppa

– François-Michel Le Tourneau, Chercheurs d’or, CNRS éditions

– Sylvain Genevois, Matthieu Noucher et Xemartin Laborde, Le blanc des cartes, Autrement

Michel Bruneau, un « géographe de transitions »

Michel BRUNEAU, Parcours d’un géographe de transitions. L’Harmattan, 2023

Ce « parcours » est le parcours d’une vie, d’une vie professionnelle de géographe bien sûr, mais aussi d’une vie personnelle où amitiés et rencontres intellectuelles jouent un grand rôle, dans le milieu universitaire français comme sur ses terrains d’études en Thaïlande ou en Asie Mineure. En utilisant le terme « transitions » pour qualifier une carrière de plus de 60 ans, Michel Bruneau se réfère à l’espace -passage de l’Asie du Sud-Est au terrain pontique de la Grèce au Caucase -, mais aussi à son évolution personnelle sur les plans méthodologique et épistémologique.

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Géopolitique des céréales

Géopolitique des céréales, sous la direction de Sébastien ABIS,
Editions EYROLLES, 2024

Cet album, de taille modeste mais au contenu très dense, traite de ce qui constitue la moitié des calories consommées sur la planète, les céréales, cultivées, transformées, transportées, utilisées à des fins politiques. Sur les 40 fiches proposées, 20 sont consacrées au blé, à deux échelles, mondiale et française, 20 traitent des autres céréales et des produits alimentaires les plus populaires conçus à partir des céréales. Chaque thème est abordé par un texte de deux courtes pages, un « focus » qui en développe un aspect majeur ou peu connu et une illustration (carte, graphique ou schéma).

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