Énergies et minerais. Des ressources sous tension, Bernadette Mérenne-Schoumaker, La Documentation française (Documentation photographique n° 8098), 2014, 64 p.
La question des ressources a longtemps été au cœur du raisonnement géographique. Pourtant, la thématique a connu un relatif effacement, avant de réapparaître sur le devant de la scène, dans la mouvance des préoccupations environnementales actuelles.
C’est à l’aune des tensions qu’elles suscitent que le présent ouvrage explore la thématique cruciale des énergies et des minerais. En effet, les énergies et les minerais sont sources de tensions de plusieurs types. D’abord, l’augmentation de la demande en énergies, dans un monde en développement, fait peser une pression croissante sur les ressources. Ensuite, le décalage entre les lieux reproduction et les lieux de consommation fait des énergies un enjeu et une arme géopolitique redoutables (ce qu’illustre la pression stratégique exercée par la Russie, autour d’une ressource gazière dont elle est la deuxième productrice au monde). Enfin, la montée de la préoccupation environnementale rend désormais nécessaire la mise en place d’un tournant énergétique radical, fondé sur des ressources durables (c’est à dire à la fois renouvelables, peu polluantes et accessibles à tous, dans les conditions techniques actuelles).
Fidèle aux attentes de la collection, ce numéro de la Documentation photographique permet d’aborder de façon claire, précise et synthétique la question des ressources énergétiques et minérales. Les principales ressources (comme le cuivre, le charbon ou les terres rares) font l’objet d’une étude détaillée. Les exemples classiques donnent lieu à un exposé richement illustré (on notera, d’ailleurs, la variété des illustrations proposées, avec le recours à des documents aussi divers que les cartes, les statistiques, les caricatures ou les affiches de films – pour ne citer que les principaux). Les thématiques les plus actuelles sont évoquées (avec, notamment, une fiche fort bienvenue sur le présent et l’avenir du nucléaire, après l’accident de Fukushima).
On regrettera seulement l’absence relative des grandes échelles d’analyse (présentes uniquement à travers l’exemple pertinent, mais trop vite éludé, des vols de câbles en cuivre), et l’attention moindre accordée aux pratiques individuelles de consommation (ce, alors même que les ménages figurent parmi les premiers consommateurs d’énergie, et qu’une transition énergétique ne pourra se dispenser de véritables transformations des modes de vie et des mentalités). Toutefois, ces quelques nuances ne sauraient effacer l’intérêt d’un ouvrage qui éclaire avec une précision louable une thématique centrale du monde contemporain.
Natacha Cousy