L’Égypte : carrefour ou impasse migratoire ?

Présentation par Julie PICARD, Maîtresse de conférences, Université de Bordeaux, INSPE de l’Académie de Bordeaux.

Ce Café Géo a eu lieu le mercredi 20 Novembre 2019 au 14.80, brasserie Sainte-Cécile (Albi) à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Moins médiatisée que ses voisins nord-africains lorsque sont évoqués les flux migratoires en Méditerranée, l’Égypte accueille pourtant depuis le début des années 1990 des migrants originaires du sud du Sahara, dont les nationalités et les statuts se sont progressivement diversifiés (demandeurs d’asile, réfugiés, étudiants, autres migrants, etc.). Pour la majorité d’entre eux, l’objectif initial n’était ni d’atteindre l’Europe, ni de rester durablement en Égypte. Pourtant, en dépit de conditions de vie difficiles (discriminations, racisme, absence de politiques d’accueil gouvernementales, instabilité locale), beaucoup se sont finalement installés au Caire (métropole de plus de 23 millions d’habitants), depuis parfois plus de 20, voire 30 ans.

Les recherches de Julie Picard (menées sur place depuis 2005) lui ont permis d’identifier un certain nombre de parcours et de profils de migrants et de mieux comprendre comment ces processus d’ancrage territorial « non prévus » se réalisaient (quartiers d’installation, emploi, réseaux sociaux). Certains acteurs confessionnels (ONG, anciennes Églises missionnaires) mais aussi les propres croyances et pratiques religieuses des migrants sont apparus comme des ressources particulièrement actives dans la vie quotidienne de ces migrants africains, afin de mieux vivre l’exil, l’arrivée et l’« attente ». Julie Picard tentera ainsi de montrer que, malgré leur sentiment d’être « en transit » de longue durée, ces étrangers subsahariens possèdent de multiples compétences afin de s’ancrer et de prendre discrètement place dans la ville

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Rapports sociaux en périnatalité chez les élites migrantes en France

Clélia Gasquet-Blanchard © Maryse Verfaillie

Parmi les huit Cafés Géo programmés au FIG 2019, celui-ci a traité d’un sujet novateur qui a beaucoup intéressé un large public présent au bar L’Actuel, samedi 5 octobre à partir de 11h.

 

Les auteures de ce travail :

Clélia Gasquet-Blanchard (EHESP / UMR ESO / CNRS / Université de Rennes, France)

Paula Cristofalo (EHESP / EA MOS, France)

Maud Gelly (CRESPPA-CSU CNRS ; Hôpital Avicenne de Bobigny AP-HP, France)

Marielle LeRumeur (EHESP, CNRS ESO)

 

Le contexte

Les travaux sur les inégalités sociales de santé s’inscrivent rarement dans la sociologie des classes sociales (Gelly, Pitti, 2016) et portent en général sur la santé des classes populaires, voire sur leurs fractions les plus précarisées (Niewiadomski, Aïach, 2008), et sur la santé des personnes migrantes en situation de précarité administrative et sociale (Desgrées du Loû, Lert, 2017 ; Cognet, 2012). Une analyse des effets des rapports sociaux sur les pratiques de santé nécessite une enquête sur les pratiques de santé des classes supérieures, en affinant l’analyse selon la structure des capitaux (économique et culturel) détenus. Si les pratiques sociales, culturelles, résidentielles et matrimoniales de la bourgeoisie constituent des objets familiers pour la sociologie critique (Pinçon, Pinçon Charlot, 2016), les pratiques de santé de cette classe sociale restent peu explorées. En France, les effets des rapports de domination sur les pratiques gynécologiques ont été explorés sous l’angle de la racialisation, (Sauvegrain, 2012, 2013) mais plus rarement dans les rapports des soignants aux classes supérieures.

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