Jean RIEUCAU et Mohamed SOUISSI (sous la direction de), Les lieux symboliques complexes au Maghreb et au Machrek, L’Harmattan, 2020.

 

Pour éclairer le futur lecteur, il faut sans doute préciser ce qui se cache derrière le titre de cet ouvrage collectif, réalisé après un colloque tenu à Sfax en 2018. Des deux grands ensembles géographiques du monde arabo-musulman, le Maghreb a la part belle puisqu’un seul article concerne le Machrek avec un ensemble d’oasis du désert libyque (on est par contre surpris que la frontière guyano-brésilienne soit le sujet d’une communication). Les lieux sont symboliques par leur caractère religieux, leur longue histoire, leur diversité culturelle et ils sont complexes par leurs nombreuses utilisations successives ou simultanées.

Les lieux étudiés sont qualifiés d’« antimondes » car ne relevant pas des règles sociétales ordinaires ou définis d’ « hétérotopiques » car véhiculant un imaginaire en rupture avec le quotidien. Ils peuvent être des micro-lieux comme une avenue ou un tombeau ou des méga-lieux comme un ensemble d’oasis.

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Le dessin du géographe n°79. Dessins d’exode

 

Couverture de l’ouvrage reprenant un dessin de Régine Laurenson : l’exode sur la route de Paris à Fontainebleau (Seine et Marne), 13 juin 1940.

     

Les éditions Taillandier ont publié en 2003 un remarquable ouvrage intitulé « Dessins d’exode » (142 p., 29 euros). Cet ouvrage centré sur les dessins des élèves, est accompagné de textes très éclairants de Yves Gaulupeau, Directeur du Musée National de l’Education à Rouen, et d’Antoine Prost, comme lui historien.

La couverture reproduit un dessin de Régine Laurenson intitulé « L’exode sur la route de Paris à Fontainebleau (Seine et Marne) 13 Juin 1940 ». C’est un recueil de dessins tout-à-fait inhabituels réalisés par des élèves d’une classe féminine de primaire supérieur dans la période 1936-1940, sous l’égide de leur professeur de dessin, qui était en même temps un peintre de grande qualité, Adrienne Jouclard.

Les élèves de primaire supérieur suivaient une formation de type professionnel : il s’agissait en particulier des métiers de la couture. Pourtant ce livre nous offre tout autre chose : Adrienne Jouclard  a incité ses élèves à dessiner des épisodes vécus par elles. De ce point de vue, Yves Gaulupeau souligne dans une introduction la différence avec les dessins correspondants de la guerre de 14-18 : ces derniers sont imaginés par les élèves à partir de récits des « poilus ». Ceux de notre période ont pour base le vécu personnel des jeunes élèves.

A cette occasion, un texte d’Antoine Prost éclaire utilement les conditions de cette production artistique.  Si l’on possède un nombre considérable de témoignages sur le vécu de la Première Guerre Mondiale, ceux de la Seconde sont concentrés sur l’Occupation, la Shoah, la Libération. L’effondrement de mai 40, traumatisme majeur de la nation, est passé sous silence. Aucun peuple ne fête volontiers ses défaites. On sera sans doute surpris de trouver l’évocation très patriotique du 11 Novembre 1936. Antoine Prost souligne que, contrairement au discours contemporain, on observe après 1938 une recrudescence du patriotisme, à partir du moment où la société française se convainc que la guerre est inévitable. Ces dessins sont ainsi l’occasion de remettre en cause un récit historique convenu.

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La crise sanitaire du coronavirus est aussi une crise écologique

 

C’est « la plus grave crise sanitaire » que la France affronte depuis un siècle. Cette crise, de dimension mondiale, n’est pas seulement sanitaire, elle est également économique et financière, et son volet politique ne saurait être négligé avec ses replis nationaux et l’absence d’une véritable coordination globale. Pour les spécialistes qui réfléchissent aux liens entre la biodiversité et la santé, derrière la crise du coronavirus, il y a, à l’évidence, une crise écologique qui est en rapport avec l’anthropisation croissante de la planète et la globalisation des échanges.

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Union européenne-Royaume-Uni, vers un nouveau partenariat

Au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), le 20 février 2020, le Forum Europe accueille Michel Barnier, négociateur en chef pour l’Union européenne chargé de mener les négociations liées au Brexit. Il évoque le nouveau partenariat entre l’UE et le Royaume-Uni.

Organisé par la chaire « Union européenne, institutions et politiques » sous la direction de Nicole Gnesotto, le Forum Europe a pour objectif d’aider au déchiffrage des interactions nouvelles qui se tissent entre l’Union européenne et le processus de mondialisation économique.

 

Michel Barnier et Nicole Gnesotto au CNAM, le 20 février 2020

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L’efficacité de la gestion de crise du coronavirus dépend-elle du régime politique ?

Le Président chinois, Xi Jinping, en visite mardi 10 mars 2020 à Wu Han, la ville où s’est déclaré le coronavirus en décembre 2019 et qui est toujours en quarantaine (https://www.la-croix.com/Monde/Asie-et-Oceanie/Coronavirus-A-Wuhan-Xi-Jinping-garde-crier-victoire-2020-03-11-1201083349).

 

Depuis le 11 mars dernier, l’épidémie du Covid-19 est qualifiée de « pandémie » par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Les chiffres à ce jour : 6 000 morts, plus de 150 000 personnes contaminées, 120 pays affectés. Pour l’OMS, l’Europe est devenue l’épicentre de la pandémie avec la situation la plus préoccupante tandis que la Chine semble avoir contenu le coronavirus, même si le doute persiste sur la fiabilité des statistiques officielles du géant asiatique. Les autorités de Pékin n’hésitent plus à vanter les mérites de sa gouvernance autoritaire et cela d’autant plus qu’il y a du règlement de compte dans l’air. En effet, elles dénoncent les médias occidentaux, accusés d’avoir critiqué la Chine pour sa gestion de l’épidémie dans les premiers temps de la crise sanitaire. Mais les critiques ne viennent pas seulement des États-Unis, d’Europe ou d’Australie. Jeudi 12 mars, des rapports de scientifiques chinois ont été repris par les journaux de Hongkong. Selon ces travaux, le virus aurait été identifié dès le 17 novembre dans la province du Hubei, mais l’information aurait été cachée par les cadres du Parti communiste chinois. Beaucoup d’experts pensent toujours, en Chine comme en Occident, que la Chine a perdu au moins cinq semaines au moment où le coronavirus commençait son œuvre mortifère. La raison de ce retard à l’allumage serait liée à la nature même du régime chinois : « hypercentralisation de la décision politique, obsession du contrôle social, répression de la moindre espèce de dissidence, fût-elle médicale (Alain Frachon, Le Monde, 13 mars 2020). Aujourd’hui, trois mois après le début de la crise sanitaire, la visite de Xi Jinping à Wuhan a été suivie par des manifestations contre la vie chère et le manque de soutien de l’État alors que les habitants sont en quarantaine depuis deux mois. Cela n’empêche pas la presse chinoise de dénoncer la « propagande américaine » et de souligner l’efficacité du « socialisme à la chinoise » qui a permis de gagner la guerre contre le virus.

Est-ce à dire que du côté de la démocratie libérale la gestion de la crise est plus transparente et plus efficace ? On peut en douter quand on regarde du côté des États-Unis où la démocratie dans sa version « trumpienne », autrement dit un « populisme à tendance narcissique » (A. Frachon, Le Monde, 13 mars 2020), énonce d’abord des contre-vérités d’ordre climatique, puis accuse des boucs émissaires (les démocrates, l’Union européenne). Pourtant, républicains et démocrates de la Chambre des représentants se sont unis pour adopter un ensemble de mesures exceptionnelles : gratuité du dépistage, fonds fédéraux pour les frais de santé des Américains les plus modestes, accès facilité à l’assurance chômage… Au Royaume-Uni, après le choix controversé de « l’immunité collective », le gouvernement de Boris Johnson s’est décidé à prendre des mesures drastiques. En tout cas, selon Alain Frachon, éditorialiste au Monde, le Covid-19 met à mal les gouvernements, qu’ils soient autoritaires ou démocratiques.

 

Daniel Oster, 16 mars 2020

 

 

Réflexions géographiques sur la Chine et le coronavirus

Depuis son apparition à Wuhan (Chine) à la mi-décembre 2019, l’épidémie de coronavirus a beaucoup fait parler d’elle jusqu’à inquiéter aujourd’hui (6 mars 2020) le monde entier. Le coronavirus, nommé officiellement « covid-19 » par l’OMS, a déjà causé plus de 3 400 décès tandis que le nombre de 100 000 personnes infectées dans une soixantaine de pays va être dépassé ces jours-ci. Certains n’hésitent plus à parler d’une véritable psychose collective qui se répand largement grâce à la médiatisation planétaire et la puissance des réseaux sociaux. La France n’échappe pas à cette vague déferlante malgré la gestion raisonnée des pouvoirs publics. Il nous semble qu’une réflexion géographique, même succincte et parcellaire, a toute sa place dans le flot des innombrables commentaires de toute nature que le coronavirus suscite, ne serait-ce que pour mettre en évidence quelques simples faits spatiaux qui ne manquent pourtant pas d’importance.

Après le SRAS apparu en 2003, un nouveau coronavirus est parti de Chine en décembre 2019 pour ensuite se propager dans le reste du monde (Source: https://img.medscape.com/thumbnail_library/is_200117_china_map_800x450.jpg)

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L’impact du tourisme de masse sur les sites UNESCO

 

Pour l’INSEE, « le tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans le lieu visité. » (https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1094)

 

L’activité touristique, en croissance continue depuis plusieurs décennies, constitue un atout majeur pour le développement économique. Il crée plus de 200 millions d’emplois/an à travers le monde et représente désormais 10% du PIB mondial. Cependant, le tourisme de masse excède parfois les capacités d’accueil de certains sites comme ceux du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. Dans ces cas de surexploitation, des impacts négatifs interviennent sur la société, l’environnement et la culture de ces destinations. Le tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans le lieu visité.

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Le patrimoine naturel du Monténégro : défis touristiques et enjeux de préservation

Le Monténégro est un petit pays des Balkans dont l’essor touristique résulte en bonne part d’un riche patrimoine naturel. En même temps, il est l’objet de mesures de protection importantes depuis plus d’un demi-siècle : quatre parcs nationaux, sites classés à l’UNESCO, etc.

L’intérêt du sujet réside dans les liens ambigus entre l’essor touristique, devenu très important depuis deux décennies, et la protection du patrimoine naturel. Le développement de cette protection attire une clientèle touristique avide de milieux préservés mais, parallèlement, l’afflux touristique occasionne diverses atteintes du patrimoine naturel qui nécessitent des mesures de protection susceptibles de contrôles les flux de visiteurs

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Du populisme et du nationalisme en Hongrie et en Pologne

La Hongrie et la Pologne : des populismes bien implantés (http://files.newsnetz.ch/story/2/4/8/24829055/3/topelement.jpg)

 

La jolie maison de Jean Monnet à Bazoches-sur-Guyonne accueille régulièrement des colloques et conférences sur l’Union européenne, ses réalisations, ses travaux et les menaces qui pèsent sur elle. La semaine dernière, était évoqué un sujet qui inquiète beaucoup de citoyens européens, au-delà des deux pays évoqués, « Le réveil des nationalismes et des populismes en Europe : les violations de l’Etat de droit et des libertés individuelles en Pologne et en Hongrie ».

La volonté n’est pas de stigmatiser deux États voisins mais de montrer comment l’intolérance y est de plus en plus institutionnalisée et les principes fondateurs de l’UE bafoués, même si on peine à trouver un vocabulaire adéquat car « nationalisme » se réfère aussi à la formation de nouveaux États aux XIXe et XXe siècles et « populisme » est un terme ancien qui a été réinstitué récemment.

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Le dessin du géographe N°78 – Christian GRATALOUP, caricaturiste d’Espaces Temps.

Notre collègue Christian Grataloup s’est maintenant fait un nom dans la géohistoire. En témoigne le remarquable Atlas Historique Mondial que viennent de publier les éditions L’Histoire et les Arènes (2019, 655 pages)

Mais il a d’autres talents, qu’il a exprimés dans les premiers numéros d’Espaces Temps dès 1976, où il donnait dans la caricature politico-géographique. Il signait alors CEGER.  Sans doute ne reprendrait-il pas aujourd’hui tous ces dessins : c’était il y a longtemps et on a parfaitement le droit d’évoluer dans ses visions et ses partis pris.

Avec le recul de ce presque demi-siècle (le premier numéro date d’octobre 1975) on peut dire que la critique épistémologique avancée par Espaces Temps rendait un son neuf. C’est bien ce qu’avait compris Maurice Le Lannou, qui prit à partie les initiateurs dans son feuilleton du journal « Le Monde »  intitulé « Des géographes contre la Géographie » les 8-9 février 1976. A quoi d’ailleurs les concepteurs de la revue répondirent dans les mêmes colonnes du quotidien les 14-15 mars 1976 : « Des géographes pour une autre géographie ».

Le débat sur notre discipline sortait du cadre des colloques et séminaires pour apparaître au grand jour.

Il ne s’agit pas de revenir sur cette polémique mais de présenter quelques-uns des dessins de Christian Grataloup issus des premiers numéros d’Espaces Temps d’octobre 1975 à 1979.

 

PREMIÈRE  CARICATURE  Espaces Temps 1977 N° 5.

« La géographie en réponses. Autoportrait d’une incertitude 2 »

Illustration d’une question dans un sondage adressé aux géographes :

« L’importance des travaux en géographie rurale et tropicale est-elle significative d’une vision primitiviste des rapports sociaux ? »

Il paraît qu’à l’époque on pouvait reconnaître le géographe qui bout dans la marmite. 

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