Le 22 mars 2014, le soir tombe sur Rochefort lorsque je tente ce cliché. Sous la conduite dynamique de Maryse et de Gabrielle, les géographes en herbe des Cafés géo ont sillonné les terres, du Pertuis d’Antioche au Pertuis de Maumusson, de La Rochelle à Marennes en passant par Fouras. S’ils n’ont point omis de prendre un temps afin de rendre hommage aux Japonaises qui, après les Portugaises, peuplent les bassins ostréicoles, ils ont crapahuté des fortifications de Brouage au chantier rochefortais de l’Hermione (reconstruction d’une frégate du dix-huitième siècle).
Depuis une trentaine d’années, la cigarette n’est plus en odeur de sainteté. Autrefois prônée, comme pendant la guerre, pour ses vertus sur la respiration (!), l’industrie du tabac est aujourd’hui très limitée dans sa communication, en particulier en France. Loin de moi l’idée de remettre en cause l’avancée sanitaire, mais cela va au-delà désormais : la guerre est déclarée à l’encontre des fumeurs. Avec des espaces faits pour eux, qui changent l’espace de chacun, voici une petite géographie face à la fumée.
À force de modestie et de légèreté, on pourrait accuser Pierre Salvadori de proposer un cinéma drôle et divertissant mais inoffensif. Un cinéma n’ayant rien à dire sur la société et tirant sans relâche sur la corde du duo improbable. En quelque sorte, un cinéma à la Griffith[1], mettant en parallèle ou en présence des individus issus de milieux différents, pour profiter des potentialités comiques de ces associations tout en se gardant d’interroger les rapports de force et de domination, pas plus le destin collectif dont les individus sont porteurs, en lien avec leur bagage socioculturel.
Documentaire, France
Date de sortie: 23 avril 2014
Durée: 1h48
L’appel de l’eau réclame en quelque sorte un don total, un don intime. L’eau veut un habitant.
Gaston Bachelard, L’eau et les rêves, 1942.
En quête du bon gouvernement
Actions et acteurs
Comme dans l’histoire d’un ruisseau, La ligne de partage des eaux commence par une source pour nous mener à l’embouchure de la Loire. Entre temps, le film marque des étapes à thèmes. On marche avec des agents du Parc National observant les fluctuations de moules perlières dans une portion de cours d’eau, on arpente avec des habitants un terrain qu’ils destinent à bâtir durablement. Plus loin, on roule avec un paysagiste proposant une belle analyse de la physionomie changeante des bords de route en fonction de leur capacité à permettre la vitesse. Enfin, c’est avec le géographe Jean Renard que l’on traverse le périurbain nantais. On observe aussi de l’intérieur : une base logistique de Bridgestone, l’espace en attente d’une infrastructure magique (une zone d’activité de 500 hectares) en périphérie de Châteauroux, la réunion d’une commission locale de l’eau , une autre d’élus considérant la pertinence d’un redécoupage intercommunal intégrant la petite ville voisine… On dit souvent que le documentaire doit concentrer son propos, marquer à la culotte ses personnages, Dominique Marchais, comme dans son premier long Le Temps des Grâces (2009) fait le choix d’un certain éclatement et ce pour épouser l’échelle qui lui semble la plus pertinente pour son récit : le bassin versant.
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Tirer des flèches vers le ciel, Pierre Gentelle, 7 décembre 2004
1 Tirer des flèches vers le ciel.pdf
Le monde tel qu’il va : essai sur les mécanisme (le textile), Pierre Gentelle, 10 décembre 2004
2 Le monde tel qu’il va – essai sur les mécanismes.pdf
Le monde tel qu’il va : essai sur les mécanismes (le charbon), Pierre Gentelle, 12 décembre 2004
3 Le monde tel qu’il va – le charbon.pdf
Le géographe entre risques et certitudes, Pierre Gentelle, 02 janvier 2005
4 le géographe entre risques et certitudes.pdf
La résilience dans la société chinoise, Pierre Gentelle, 12 janvier 2005
5 La résilience de la société chinoise.pdf
Aux abris : les honnêtes gens arrivent !, Pierre Gentelle, 04 février 2005
6 Aux abris les honnêtes gens arrivent.pdf
La grande grue grise, Pierre Gentelle, 14 février 2005
7 La grande grue grise.pdf
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Grand Palais, Galeries nationales
[5 mars-21 juillet 2014]
Le Grand Palais accueille pour la première fois une exposition de vidéos. Elle est consacrée au vidéaste américain Bill Viola qui travaille depuis quarante ans déjà et qui n’avait pas encore connu un tel honneur en France, alors que les grands musées américains (New York, Los Angeles) et européens (Londres, Berlin) avaient déjà porté son œuvre devant le grand public. Une vingtaine d’œuvres majeures ont été scénographiées.
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Viva la Libertà (Roberto Andòn, Italie, 2013), L’Expérience Blocher (Jean-Stéphane Bron, France/Suisse, 2013).
Quel point commun entre Viva la Libertà, du romancier-désormais-cinéaste Roberto Andò, et L’expérience Blocher, du documentariste Jean-Stéphane Bron ? Entre la chronique imaginaire d’un technocrate gagné par l’incertitude, et le quotidien d’un tribun que jamais l’ombre d’un doute ne semble assaillir ? Entre le chef d’une social-démocratie qui n’en finit plus de voir ressurgir l’insubmersible – ou presque – Cavaliere, et le leader d’une extrême-droite voulant à toute force jouer le parti d’opposition alors qu’elle est depuis plusieurs années la première formation du pays ? Entre le dandy italien, amateur de cinéma, élégant, charmeur et discret, et l’homme d’affaires brassant les millions et les toiles de maîtres en accusant les étrangers de prendre le travail des ouvriers suisses et de menacer l’identité helvétique ? Un point commun, sans doute le seul : la voiture.
En préparation du CAPES, on nous enseigne beaucoup de vocabulaire pour penser en géographe. Pendant que mes collègues historiens essaient d’ingérer ces mots parfois barbares, j’ai réfléchi à ce jargon.
Il me semble que le radical reste, mais que le suffixe change pour analyser les objets en géographie. Urbanisme, urbanisation, urbanité, en 30 ans, nous passons de l’idéologie aux processus puis au concept. Qu’est-ce que cela nous apprend sur la géographie ?
La cour de Babel, Julie Bertuccelli
France, 1h29, documentaire, sortie 12 mars 2014
Géographies citées
« Nous distinguerons donc la mondialisation réduite à l’unification économique par le marché (globalisation), d’un phénomène de beaucoup plus longue durée : l’humanisation et la civilisation de la Terre des hommes qui se poursuivent au point que Babel s’en trouve rachetée »
Denis Retaillé, Les Lieux de la Mondialisation, page 13
Entretien avec Jean-Loïc Portron, co-réalisateur de Braddock America (sortie le 12 mars 2014)
France – 1h43 min
Scénario : Jean-Loïc Portron
Image : Jean-Loïc Portron
Son : Gabriella Kessler
Montage : Véronique Lagoarde-Ségot
Musique : Valentin Portron
« No dirt, no job »
Au Nord-Est des Etats-Unis, la ville de Braddock, ancien bastion sidérurgique, a aujourd’hui perdu de sa superbe. Pourtant, une communauté ébauche au quotidien une action solidaire pour dessiner l’avenir. Dans cette Small town de la « Rust belt », ville « rétrécissante », Jean-Loic Portron filme à travers ce documentaire, co-réalisé avec la new-yorkaise Gabriella Kessler, ce qui sépare Braddock d’une Dead city (Mike Davis).
Entretien avec un historien passionné de géographie, lecteur de Pierre Deffontaines, d’Yves Luginbühl ou encore de Philippe Gervais-Lambony. Il partage avec ce dernier le terrain sud-africain sur lequel il va revenir dans son prochain projet. On retrouve aujourd’hui l’auteur des séries Paysages et Foyers de Création pour Arte, pour la sortie de son long métrage, au cinéma.