Déambulation dans les marais salants de Guérande

Déambulation dans les marais salants de Guérande animée par Armel Jorion et Gildas Buron, samedi 7 septembre 2019

Cet article fait suite à un week-end (7 et 8 septembre 2019) organisé pour les Cafés Géographiques par Micheline Huvet-Martinet en prolongement du café géo du 14 décembre 2017. Dans le cadre de cette sortie dans les « territoires du sel » (voir le compte rendu de Micheline Huvet-Martinet), Armel Jorion, paludier, et Gildas Buron, conservateur du Musée des marais salants sis à Batz-sur-Mer, ont organisé une déambulation dans les marais de la presqu’île de Guérande. Cette déambulation a justifié cet article qui donne des informations sur les marais salants ainsi que sur deux unités hydrauliques de Guérande (Hascouet ou « saline aux moines » et Leni-Cormerais).

 

Une partie des marais salants de Guérande © 2019 Google données cartographiques

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Découverte d’un territoire du sel Atlantique : le pays de Guérande

Week-end (7 et 8 septembre 2019) organisé pour les Cafés Géographiques par Micheline Huvet-Martinet en prolongement du café géo du 14 décembre 2017 (voir https://cafe-geo.net/tag/micheline-huvet-martinet/).

 

Le Pays de Guérande © M. Huvet-Martinet d’après cartographie AFDEC

 

Le sel, généreusement dispensé à l’état naturel, a joué un rôle essentiel dans les diverses cultures humaines. Indispensable aux êtres vivants, présent dans chaque foyer, il est le condiment par excellence ; il permet de conserver les aliments tout en jouant un rôle biologique essentiel dans l’équilibre de l’organisme. Consommé par tous quotidiennement, il a aussi une valeur rituelle, symbolique, voire magique.

Le sel est devenu tellement banal de nos jours que le consommateur ne se préoccupe guère de sa provenance alors qu’il fut autrefois très recherché : notons que les grandes civilisations antiques (Mésopotamie, Egypte, Chine) se sont épanouies à proximité de régions où le sel abondait.

En France, les ressources en sel sont quasiment inépuisables et nous sous-utilisons nos capacités de production. La place importante des sels marins (environ 40% de la production) provenant des salins méditerranéens mécanisés est une originalité. Les temps de la concurrence entre sels méditerranéens et sels atlantiques sont révolus. Actuellement la production de toute la côte atlantique demeure modeste et marginale (environ 4% du sel français) mais jouit d’une très bonne image car destinée uniquement à l’alimentation.

Le pays de Guérande s’étend sur les communes regroupées dans la communauté d’agglomération de Cap Atlantique entre Loire et Vilaine et est délimité à l’est par la Grande Brière. Il présente des paysages anthropiques originaux, alliant l’eau et la mer ; il constitue aussi une entité ethnographique et linguistique en étant la partie bretonnante la plus orientale de l’ancien Duché de Bretagne.

Notre déambulation, centrée sur la thématique du sel s’est concentrée sur la presqu’île guérandaise avec ses marais salants (de Guérande à Batz-sur-mer en passant par Saillé) et son espace portuaire du Croisic.

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Sous la direction d’Anne Sgard & Sylvie Paradis, « Sur les bancs du paysage. Enjeux didactiques, démarches et outils »

 

 

En avril 2019, Anne Sgard et Sylvie Paradis ont dirigé et publié aux Editions MetisPresses, un ouvrage intitulé « Sur les bancs du paysage. Enjeux didactiques, démarches et outils ».

Anne Sgard est géographe, professeure conjointement au Département de géographie et environnement et à l’Institut de formation des enseignants de l’Université de Genève. Sylvie Paradis est géographe, architecte-urbaniste et chercheure associée à l’UMR (Unité mixte de recherche) Territoires de l’Université de Clermont-Ferrand.

Ainsi que le définissent les auteures, « Cette recherche est née de la volonté d’une dizaine d’enseignants-chercheurs de réfléchir à leurs pratiques pédagogiques, d’échanger sur leurs outils et leurs terrains et d’identifier ce qui peut nourrir une didactique du paysage afin de renouveler les formations au et par le paysage. »

Ce livre est l’aboutissement d’un programme de recherche international de trois années (2015-2018), financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) et intitulé « Didactique du paysage.  Mutualisation des expériences et perspectives didactiques à propos des controverses paysagères. »

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Les outre-mers européens

Le dernier Café de la saison est assuré par Jean-Christophe Gay. Ses thèmes de prédilection sont bien connus des géographes : aussi comprendrons-nous qu’il conclue l’année en proposant une immersion dans les proches, mais exotiques outre-mers européens. L’occasion, pour lui, de présenter un numéro de la Documentation Photographique sorti l’an dernier sur cette question « difficile », car très peu traitée, au regret du géographe qui y a consacré une grande partie de sa carrière. A la Nouvelle-Calédonie il a dédié un Atlas, comme à la Polynésie ; Jean-Christophe Gay a également enseigné à la Réunion. Son parcours et ses publications sont récapitulés à cette adresse.

Ce compte-rendu présente une réflexion balayant un large spectre de thématiques, et appuyée sur un grand nombre d’exemples. La plupart d’entre eux sont développés et richement illustrés dans le numéro de la Documentation Photographique susmentionné.

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Pontoise : « ville d’art et d’histoire »… ou ville de la glorification de la France coloniale

Photographie de la rue Thiers à Pontoise, (vue sur la cathédrale Saint-Maclou, dont la statue jouxte le côté sud), prise par Mélyna Lair-Mendes, le 25 avril 2019 à 19h.

 

Au premier plan, les escaliers mènent à la rue de la Bretonnerie. Dans la partie centrale, sous l’arche, le blason de la ville est identifiable par la représentation du château, dont ne subsiste aujourd’hui qu’une partie des remparts. Le pont rappelle la proximité de l’Oise, tandis que les deux fleurs de lys évoquent le passé prétendu prestigieux de la ville, notamment son statut de « bonne ville » du royaume de France. Au second plan, les escaliers sont coiffés de la statue du général Leclerc. Celui-ci possède une posture que revêtent nombre de « grands hommes » français : du haut de ses 3 mètres, il se dresse, en uniforme, prenant appui sur le pommeau de son épée, le regard fier et portant au loin. Les escaliers monumentaux offrent au général une vue dégagée de la rue Thiers, pentue, conduisant à la gare de Pontoise, située au pied de la vallée. Juché sur son piédestal, Charles Victoire Emmanuel Leclerc a le regard posé sur les individus pénétrant la ville. Avec la cathédrale Saint-Maclou et son clocher, il est le premier élément du paysage que le voyageur sortant de la gare peut apercevoir face à lui. Le général devient de plus en plus imposant à mesure que l’on s’en approche en remontant la pente. Pratiquement situé à la même altitude que les immeubles latéraux encadrant les escaliers, il est spatialement dans une position de pouvoir, de domination face à nous. La lumière du soleil couchant illuminant le mur de la cathédrale attire le regard vers le général, qui dans la lumière voit sa majesté et sa pompe rehaussée. Il est, pour la commune, l’incarnation de la réussite : si les remparts de la ville ont longtemps constitué l’image que cette dernière donne à voir d’elle-même, le général Leclerc représente désormais le nouveau visage de la commune. Considéré comme « l’enfant de la ville » par Christian Duvivier, directeur des musées pontoisiens Camille Pissarro et Tavet-Delacour, Charles Victoire Emmanuel Leclerc naît à Pontoise en 1772, au sein d’une ancienne famille originaire du quartier Notre-Dame. Proche de Napoléon, il épouse sa sœur Pauline et soutient son beau-frère lors du coup d’Etat du 18 brumaire. Si elles ne sont pas visibles sur la photographie, les batailles auxquelles le général a participé sont inscrites sur son piédestal. La commune met à l’honneur un vaillant guerrier, faisant de celui-ci un emblème de la ville. A l’échelle nationale, le général est également glorifié : à sa mort, il reçoit les honneurs d’un deuil national et ses funérailles sont célébrées au Panthéon. Depuis 1869, se dresse au sommet de la rue Thiers, la statue de Charles Victoire Emmanuel Leclerc, offerte par sa sœur à la ville de Pontoise.

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Préparer la question « Asie du Sud-Est » au CAPES externe et aux agrégations externes d’Histoire et de Géographie avec les ressources des Cafés géographiques

  • FUMEY Gilles, « Géopolitique de l’Asie (Pierre Gentelle) », Cafés géographiques, Rubrique Des Livres, 9 février 2007.

http://cafe-geo.net/wp-content/uploads/geopolitique-de-l-asie_p-gentelle.pdf

Pierre Gentelle explique d’emblée que l’idée d’Asie n’existe pas dans l’esprit des Chinois et des Japonais. En dissipant ce malentendu, il a les mains libres pour présenter ce «continent» par des «blocs ethniques»et des «minorités», des terres fermes et des archipels, des aires religieuses et une construction régionale qu’il positionne par rapport à d’autres grands ensembles du monde, l’Europe, les États-Unis et la Russie. Cette présentation thématique en ondes concentriques a le mérite de casser le déterminisme physique en superposant différents types de données qui déterminent un objet qu’on appelle «l’Asie» mais qui n’a de réalité que chez ceux qui le désignent comme tel.

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Se promener à Paris – La Coulée verte

Où peut-on se promener à Paris aujourd’hui ? La question semble incongrue tant sont nombreux les boulevards, avenues, jardins, galeries…Et la promenade n’est-elle pas l’activité la plus naturelle et banale qui soit ? Pourtant les travaux historiques démentent cette fausse évidence.

Se promener n’est pas se déplacer d’un lieu à un autre. Ce n’est pas visiter un endroit avec un objectif précis. Flânerie et déambulation demandent de l’oisiveté, de la curiosité devant l’inconnu, un goût de l’inattendu. L’observation sollicite la mémoire, la rêverie interprète les choses vues. « Arriver à n’avoir plus besoin de regarder pour voir » écrit L.-P. Fargue dans son ouvrage, Le Piéton de Paris (1), où il décrit son plaisir renouvelé d’arpenter les boulevards parisiens.

L’historien québécois Laurent Turcot nous apprend que la promenade est un comportement historiquement construit (2). Le mot « promenade » n’est employé pour la première fois en français qu’en 1618 et un des premiers promeneurs-écrivains est sans doute Germain Brice dont la Description de la ville de Paris et de tout ce qu’elle contient de plus remarquable ne paraît qu’en 1684 (3).

Le promeneur parisien est d’abord une figure essentiellement aristocratique. Au XVIIe siècle, on se promène en carrosse sur les Cours (par exemple le Cours-La-Reine) alors qu’au XVIIIe siècle le marcheur prend toute sa place dans la capitale mais, pour protéger ses chaussures et ses bas, il lui faut marcher près des murs des maisons (tenir le « haut du pavé »).

C’est le XIXe siècle qui fait de Paris la ville où il fait bon se promener. Quel est le lieu par excellence de la flânerie ? Ce sont les boulevards, célébrés par les écrivains avant et après les travaux haussmanniens. La marche favorise le mouvement de la pensée et le spectacle de rue stimule l’imagination. Un des premiers, Balzac exalte ce que les boulevards parisiens ont d’incomparable : « La Perspective (de Saint Pétersbourg) ne ressemble à nos boulevards que comme le strass ressemble au diamant, il y manque ce vivifiant soleil de l’âme, la liberté… de se moquer de tout, qui distingue les flâneurs parisiens Oh ! A Paris, là est la liberté de l’intelligence, là est la vie ! Une vie étrange et féconde, une vie communicative, une vie chaude, une vie de lézard et une vie de soleil, une vie artiste et une vie amusante, une vie à contrastes. Le boulevard, qui ne se ressemble jamais à lui-même, ressent toutes les secousses de Paris : il a ses heures de mélancolie et ses heures de gaieté, ses heures désertes et ses heures tumultueuses, ses heures chastes et ses heures honteuses » (4). L’affaire est entendue : la promenade n’offre pas seulement une détente physique ; c’est aussi une activité intellectuelle et sensuelle.

D’autres lieux de promenade sont créés entre 1822 et 1840, les passages, ces traverses urbaines creusées dans la chair même de la ville. Mais ce sont des écrivains du premier XXe siècle qui ont été fascinés par leur nouveauté esthétique et poétique : lumière crépusculaire, décor en métal, miroirs multipliant le spectacle des vitrines… Aragon parle de « lueur verdâtre, en quelque manière sous-marine », « glauque, abyssale, de l’insolite », comparant à des « aquariums humains », ces « lieux que l’on nomme de façon troublante des “passages”, comme si dans ces couloirs dérobés au jour, il n’était permis à personne de s’arrêter plus d’un instant »(5). Walter Benjamin (6) a rendu hommage à l’auteur du Paysan de Paris avec lequel il partage le même émerveillement pour ces ruelles intérieures, propices aux promenades « esthético -politiques ».

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Sur les traces de la Mission Foureau – Lamy : la découverte du puits « Flatters »

La découverte et la conquête du Sahara ont été l’occasion, à partir de 1850, de lancer de nombreuses expéditions, dont certaines échouèrent de manière sanglante, comme les Missions Flatters en 1880-81. Il revint à Foureau et Lamy de réussir la 1ère traversée du Sahara en 1898-1900. Le présent article évoque un point particulier de cette Mission.

L’arche du massif Obbazer peinte par Maryvonne Haumesser

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Les ségrégations dans l’enseignement supérieur au prisme des dispositifs d’affectation : des inégalités liées à ParcourSup ?

Présentation par Leïla FROUILLOU, Docteure en Géographie et Maitresse de Conférence en Sociologie, Université Paris Nanterre

Ce Café Géo a eu lieu le mercredi 05 décembre 2018 à la Brasserie des Cordeliers à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Il existe des ségrégations universitaires, définies par analogie avec les ségrégations scolaires (écarts sociaux et scolaires entre les publics de différents établissements, se traduisant par des inégalités sociales).

Lors de ce café géographique, Leïla Frouillou analyse non seulement les hiérarchies disciplinaires mais aussi la concurrence entre établissements à partir des seize universités publiques franciliennes ces dernières années. Les dispositifs d’affectations tiennent un rôle central dans la genèse de ces écarts de publics, par exemple à travers la mise en place de priorités académiques qui constituent des inégalités d’accès aux universités. Ces inégalités peuvent être discutées à partir du récent dispositif Parcoursup. Ce dernier assouplit encore la sectorisation tout en promouvant une figure du candidat aux études supérieures auto-entrepreneur de son parcours scolaire dans un contexte de mise en concurrence des formations comme des candidats, et de saturation des capacités d’accueil dans certaines formations.

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Trieste, du déclin à la renaissance ?

La ville de Trieste aujourd’hui. Au premier plan, le Grand Canal construit au XVIIIe siècle qui a permis l’entrée des bateaux au cœur de Trieste. (https://www.lepoint.fr/voyages/trieste-concentre-de-culture-22-03-2011)

 

Situé au pied des Alpes dinariques sur la mer Adriatique, le port de Trieste fut longtemps le principal débouché méditerranéen du Saint-Empire romain germanique puis de l’Empire austro-hongrois. L’histoire complexe de la ville s’explique par une position en Europe au carrefour des influences latine, germanique et slave. La fondation romaine (Tergeste), la rivalité avec Venise, l’installation de nombreux juifs après 1492, l’intégration dans l’Empire des Habsbourg (port franc en 1719), constituent quelques étapes marquantes de cette histoire.

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