Repas russe

Association Café Géo de Paris, Repas russe du 3 décembre 2013, au Da-Niet, Bistrot russe (5, rue de Lancry à  Paris 10ème). Repas animé et commenté par Jean Radvanyi.

Jean Radvanyi, professeur à l’INALCO, vient d’assurer pendant 4 ans  la direction du Centre franco-russe en Sciences Sociales, à Moscou. Son dernier ouvrage : « Retour d’une autre Russie, plongée dans  la Russie de Poutine ». Editions Le Bord de l’Eau. 2013

La cuisine russe dont on parle ici est une cuisine familiale, faite le plus souvent par les femmes, même si bien sur certains hommes se mettent aussi au fourneau. On mange quotidiennement dans la cuisine, pièce petite où on se serre, mais s’il y a une fête le repas peut être plus élaboré dans une salle à manger où très souvent, à l’époque soviétique, quelqu’un dormait. Les appartements collectifs ont à peu près disparu (sauf pour les migrants). Ils comportaient une cuisine commune à plusieurs familles (parfois même plusieurs cuisines) et chaque famille s’entassait dans une pièce.

En Russie quand on arrive, la table est festive, déjà chargée de victuailles (les « zakouski » ou hors d’œuvre) et de boissons. Jean Radvanyi nous lit un texte de Constantin Véréguine du début du XX° siècle où il est question du repas de rupture du carême dans une famille noble et fortunée de Yalta. Au centre un énorme koulitch aux quatre coins une paskha, pyramide de fromage blanc. Et puis, des jambons, des viandes, des poissons. Vins et vodka.
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Quand les montagnes donnent froid

atlas-des-montagnes_9782746731677Café géographique « Quand les montagnes donnent froid », animé par Bénédicte Tratnjek, avec Xavier BERNIER (géographe, Université de Savoie), le mercredi 20 novembre 2013 au Café de La Cloche (Lyon).

Le Café Géo du 20 novembre 2013 accueille Xavier Bernier, maître de conférences à l’Université de Savoie et chercheur à EDYTEM (Chambéry). Il est l’auteur en 2013 avec C. Gauchon de l’Atlas des montagnes – Espaces habités, mondes imaginés chez Autrement. Après une thèse sur les  Transports, communications et développement en Himalaya central : le cas du Népal, il a élargi son cadre de recherche notamment aux Alpes et aux enjeux des mobilités et travaille en particulier sur le traverser (http://www.espacestemps.net/auteurs/xavier-bernier/).

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L’intervenant commence par la projection d’un petit film, Valhalla, où des skieurs nus dévalent les pentes dans un paysage de montagnes enneigées. Ce film sorti cette année et imaginé par un collectif de cinéastes canadiens et états-uniens, Sweatgrass, pose la question d’un retour aux origines d’un héros qui cherche à retrouver ses sensations de jeunesse. L’étymologie du mot froid Frigidus fait référence au froid thermique, mais a aussi le sens de terne ou de fade. Le froid brûle également. A la lumière de ce premier paradoxe, il s’agit de montrer le caractère agressif ou rugueux du froid. Derrière une approche biologique, une autre complémentaire doit être abordée à l’aide du film projeté : le bonheur d’un retour à la nature via le froid. Entrer par le froid c’est aussi poser la question de la saisonnalité. En termes de représentations notamment publicitaires, le froid est souvent identifié comme polaire ou montagnard, notamment pour les fabricants de vêtements (comme Damart ou les vêtements de sports), deux qualités combinées dans l’identification récente d’un record de froid en Antarctique (-93°C cf. Le Point.fr). La relation ambivalente avec le froid et la montagne peut ressembler à « un je t’aime moi non plus ». Le froid est tantôt relié à des mondes menaçants ou repoussants, tantôt à un cadre propre au repoussement. Mais les associations se révèlent parfois complexes : le yéti apparaît par exemple très souvent en Occident dans un cadre hivernal tandis qu’il est d’abord représenté l’été chez les Sherpas népalais. Sur ces associations, sont fondés aussi bien des légendes que des produits culturels : dernier en date, La Reine des Neiges de Disney sortie en 2013 est l’adaptation d’un conte d’Andersen La Reine des Glaces. Une des deux sœurs transforme en froid tout ce qu’elle touche. La sœur maudite habite en montagne dans un monde chromatiquement froid mais aussi froid en termes de paysages. Il faut rappeler que le mot froid est utilisé pour des températures, mais aussi des couleurs voire des personnes.
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Le caviar fait la fête
Le caviar reste un produit de fête prestigieux même si la géographie de sa production a bien changé depuis deux décennies (source : www.caviarpassion.com )

Le caviar reste un produit de fête prestigieux même si la géographie de sa production a bien changé depuis deux décennies (source : www.caviarpassion.com )

Chaque année en décembre, les pages des magazines consacrées aux repas de fêtes n’omettent rien des différentes variétés de caviar qui doivent figurer sur les meilleures tables. Le caviar garde son aura de mets de luxe malgré de profondes transformations dans sa production et sa commercialisation. Là aussi, la mondialisation est passée par là et, pour prendre un seul exemple,  le caviar made in France livre depuis quelques années une bataille impitoyable au caviar made in China. De leur côté, ignorant la part de marché croissante accaparée par les supermarchés, les grandes maisons qui commercialisent le produit aux œufs d’or (noir, gris ou brun) ne sont pas en reste en matière de compétition en fourbissant leurs armes, à grands renforts de communication et de nouveaux rituels de dégustation.

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1925 quand l’Art déco séduit le monde

Cité de l’architecture et du patrimoine, 16 octobre 2013- 17 février 2014

expo_art_decoA Paris, la Cité de l’architecture et du patrimoine consacre à l’Art déco une vaste et passionnante exposition qui rappelle l’exceptionnelle influence de l’art français dans le monde entier pendant cette période des Années Folles où la France, sortie finalement victorieuse de la Grande Guerre, veut honorer son rang de grande puissance. En réalité, l’Art déco n’est pas né en 1925 avec l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels modernes qui se tient à Paris et va, bien plus tard, donner son nom à ce style, quelque peu oublié après 1945, mais suscitant depuis les années 1970 un engouement croissant qui se traduit par le succès des ventes publiques, des campagnes de restauration et de nombreuses expositions partout dans le monde. En fait, dès les années 1900, plusieurs mouvements d’artistes, d’artisans et d’architectes en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Autriche questionnent les orientations de l’art décoratif français en promouvant une nouvelle créativité aussi bien artistique que technique.

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Des expositions

Cette rubrique propose principalement des comptes rendus d’expositions présentées surtout à Paris, mais aussi en province et même à l’étranger. Elle cherche également à rendre compte de grands événements culturels comme l’inauguration du Louvre-Lens ou la réouverture du Musée Picasso.

Notre regard géographique nous conduit parfois sur des chemins originaux qui éclairent d’une lumière différente des représentations artistiques.

• Retrouvez également toutes les archives des comptes rendus d’expositions au format PDF.

Les repas géo

Où donc est la géographie, plus que sur la table où nous mangeons, où abondent les références géographiques des plantes, des lieux d’où elles viennent, des plats tous issus d’une culture, d’une civilisation qui les a façonnés, des eaux, de la bière et des vins, produits très souvent estampillés par un terroir, une origine, un nom même qui signe une culture, des saveurs qui ont voyagé avec les conquérants, les colons, les missionnaires, les soldats et, maintenant, les touristes ou les travailleurs ?

Notre pari est donc de faire cette géographie-là, à table, dans des restaurants « ethniques », lorsqu’on est membre de l’association. Passer de la carte de géographie à la carte du restaurant pour y décrypter ce qu’il y a de plus intime comme relation entre l’homme et son milieu : manger les valeurs portées par ce milieu, cette société, les incorporer jusqu’au plus près de nous. Les anthropologues ont montré combien cette expérience d’ingestion du monde était fondatrice de notre identité. Encore faut-il que nous lui donnions du contenu et du sens. C’est ce que font les géographes qui cherchent comment s’est tissé le lien entre le producteur et le mangeur, comment le cuisiner s’est approprié tel ou tel produit et comment il le restitue aux mangeurs, à quel paysage il fait référence dans son expérience à table.

L’association a élargi la palette des expériences aux vins et aux boissons en général, aux repas pouvant être des expériences sensorielles fortes comme un repas « dans le noir », elle le fait aussi sans que cela donne toujours lieu à un compte-rendu avec des produits comme les fromages, les épices, etc. Toujours pour faire de la géographie autrement.

L’Afrique du Sud, 20 ans après, est-elle nouvelle ?

C’est la question posée à  Philippe Gervais-Lambony lors du  Café géo du 26 novembre 2013 au Café de Flore.

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Philippe GL se propose de répondre à cette question en quatre temps.

Les inerties spatiales

– Le nouveau paysage politique

– Mémoires et nostalgies

– Le changement social

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La représentation de la conquête de l’Ouest investit le Nord

the_frontier_in_american_historyLe concept de frontier attribué à Frederick Jackson Turner au tournant des XIXe et XXe siècles a encore de beaux jours devant lui. Définie comme la limite du monde civilisé en 1935 dans The Frontier in american history, la frontier de Turner est un concept associé à un espace (ici l’Ouest américain) doté d’une nature qu’il faut dompter pour pouvoir ensuite aménager le territoire nouvellement conquis. Aujourd’hui, la frontier (que les géographes ne traduisent pas en français pour la distinguer de la frontière comme limite de souveraineté) nous permet d’évoquer des espaces pionniers qui, selon la formulation de Roger Brunet, « avancent dans l’inconnu ». C’est donc sans surprise que l’on y retrouve l’Arctique. Le sujet en géographie n’est pas nouveau, il est  d’ailleurs présent dans les programmes de l’enseignement secondaire.

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Le monde de la rose, une filière mondiale

Café géographique à Toulouse, 30.01.13

Le monde de la rose
Une filière mondiale 

Professeur de géographie à l’Université de Bordeaux 3, Bernard CALAS, spécialiste de géopolitique et de géographie politique, travaille sur les villes d’Afrique orientale et les patrimoines africains. Il a été directeur de l’IFRA (Institut français de recherche en Afrique) à Nairobi de 2007 à 2010 et s’intéresse à la rose, aux roses et à leur filière mondiale qui le conduit du Kenya ou de l’Ethiopie à l’Inde en attendant Amsterdam, le Kazakhstan et le Japon…

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Les séries TV, miroirs obscurs de la géographie urbaine ?

Café géo « Les séries TV, miroirs obscurs de la géographie urbaine ? », avec Pauline Guinard (ENS Ulm), David Buxton (Université Paris 10), Anne-Marie Paquet-Deyris (Université Paris 10, Crea), Amélie Flamand (ENSA Clermont-Ferrand, CRH-UMR Lavue) et Bertrand Pleven (IUFM Paris 4 – Paris 1), le mardi 28 mai 2013, à 19h30 au Café de Flore.

« Les séries constituent ainsi de véritables terrains d’observations des villes nord-américaines et peut-être au-delà, des miroirs tantôt déformants, tantôt grossissants où se reflète une condition urbaine, dans laquelle nous nous reconnaissons confusément. On comprend alors mieux pourquoi elles nous fascinent, à défaut de nous rassurer. » (Philippe Simay et Stéphane Tonnelat, 2011, « La ville des séries télé », Métropoliques, 7 novembre 2011).

Pour lancer ce café géo, Bertrand Pleven emprunte quelques lignes de l’ouvrageLes miroirs obscurs. Grands séries américaines d’aujourd’hui[1] de Martin Winckler, qui a inspiré le titre du café géo de cette soirée :

« Les fictions constituent un miroir de la société américaine et de ce qui la fait bouger, intimement, intérieurement – tout particulièrement depuis le 11 septembre 2001. A l’heure où le monde est en proie à de nombreux conflits, ouverts ou larvés, les séries sont, plus que jamais, par leur gravité et leur sombre description – directe ou métaphorique – de la réalité, les “miroirs obscurs” de la société américaine ».

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