En descendant les fleuves russes
La Lena près de Iakoutsk

La Lena près de Iakoutsk

Ils s’y sont mis à deux pour écrire les carnets d’un voyage qu’ils ont fait ensemble en 2010 dans les contrées lointaines et largement ignorées de l’Extrême-Orient russe1. Deux auteurs, deux photographes, deux mains, mais une seule voix dont on ne sait pas trop qui elle est en vérité, tellement nos deux écrivains-voyageurs, Eric Faye et Christian Garcin, ont réussi leur entreprise fusionnelle qui permet au lecteur de descendre ces fleuves en solitaire.

Un voyage dans l’Extrême-Orient russe ? C’est vite dit car la distinction avec la Sibérie n’est pas toujours très claire comme le suggère le nom « Transsibérien » du train qui arrive à Vladivostok. Vue d’Europe occidentale, on croit le savoir depuis longtemps, la Russie comprend une partie européenne jusqu’aux monts Oural et, au-delà vers l’Est, il y a l’immense Sibérie qui s’étend jusqu’à l’océan Pacifique. En fait, l’organisation administrative russe considère que la Lena forme la limite orientale de la Sibérie tandis que l’Extrême-Orient regroupe toute la partie est du continent eurasiatique, entre Iakoutie et Kamtchatka.

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Un voyage en Roumanie (juin 2015)

Un groupe de 23 adhérents des Cafés géographiques a participé du 16 juin au 26 juin 2015 à un voyage en Roumanie organisé par Arts et Vie selon l’itinéraire et les modalités proposés par l’association. L’itinéraire a suivi une boucle à partir de Cluj-Napoca pour parcourir la Transylvanie et la Moldavie. Plusieurs thématiques ont été privilégiées comme les paysages et l’histoire complexe du pays, d’autres aspects ont été aussi abordés comme la géopolitique, la vie quotidienne, et bien d’autres encore. Quelques contacts directs avec les habitants ont pu avoir lieu, à Brasov en particulier. Le modeste compte rendu qui suit n’a qu’une seule ambition, celle de suggérer la richesse des enseignements qui ont permis aux participants de faire la connaissance d’un pays européen méconnu, riche d’un patrimoine exceptionnel et de potentialités de développement incontestables.

Devoir de mémoire au cimetière juif de Sighetu Marmatiei dans le Maramures, tout près de la frontière ukrainienne (cliché Daniel Oster, juin 2015)

Devoir de mémoire au cimetière juif de Sighetu Marmatiei dans le Maramures, tout près de la frontière ukrainienne (cliché Daniel Oster, juin 2015)

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L’imaginaire géographique

Compte rendu du Café Géographique du 26 mai 2015 (Paris, Café de Flore)

Intervenant :

Pierre Jourde, écrivain, universitaire, polémiste

Modérateur :

Daniel Oster.

Universitaire, romancier, poète, polémiste, auteur d’un blog sur le site de L’Obs, Pierre Jourde accorde à la géographie, ou plus exactement à l’imaginaire géographique, une place importante dans son œuvre, ainsi qu’en témoignent plusieurs titres de ses ouvrages (par exemple Géographie de Vialatte, de l’Auvergne à la Rhénanie, Champion, 2000). Sa thèse, Géographies imaginaires (José Corti, 1991), tente de déceler la logique des géographies imaginaires principalement mises en scène par quatre œuvres de Gracq, Borges, Michaux et Tolkien.

Pierre Jourde (photo JP Muller/AFP)

Pierre Jourde (photo JP Muller/AFP)

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Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie

Exposition « Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie », Musée d’Orsay, du 17 mars au 19 juillet 2015

Depuis trente ans l’œuvre de Pierre Bonnard (1887-1947) fait régulièrement l’objet de grandes expositions à Paris qui prouvent l’actualité contemporaine de l’artiste. D’abord la grande rétrospective du Centre Pompidou en 1984, puis celle du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 2006, et enfin celle d’aujourd’hui au Musée d’Orsay.

Le fil rouge de cette dernière, « Peindre l’Arcadie », souligne le thème qui unifie le mieux les différentes périodes du peintre, celui d’une « recherche passionnée entre l’homme et la nature » (Guy Cogeval). Au gré de 150 peintures et photographies d’époque, l’exposition montre un Pierre Bonnard arcadien, surtout soucieux d’explorer sa propre intimité. Mais derrière le « peintre de la joie de vivre » dont les meilleures armes sont un sens aigu de la lumière et l’attrait pour les couleurs vives se cache un artiste doué d’ « une incroyable propension à aller vers un monde idéal ».

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Voyager au XIXème siècle

Intervenants : Sylvain VENAYRE, professeur d’histoire contemporaine  à l’Université Pierre-Mendès-France  Grenoble II et Agnès DESQUAND, conférencière à l’Institut Pasteur.
Modérateur : Daniel  OSTER

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Le « voyage », pratique aussi familière au géographe qu’au touriste moyen, a une histoire. Pour mieux l’appréhender, il faut définir le terme : qu’est-ce qui distingue le « voyage » du « trajet », du « déplacement », de la « migration »… ?

Sylvain Venayre rappelle la subjectivité du terme. Il y a plusieurs compréhensions personnelles du voyage, mais ce qui s’impose à tous, c’est qu’un voyage est avant tout une « rencontre », rencontre de soi-même et rencontre des autres. Ce mode de connaissance qui passe par l’expérience sensible  de l’espace, des lieux et des gens est la « seule connaissance qui vaille » pour les philosophes de l’impression de la fin du XVIIIème siècle, période où le voyage connaît un grand engouement.

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Promenade dans le Paris Art déco

Promenade dans le Paris Art déco
(samedi 21 mars 2015 après-midi)

Après la journée Paris Art nouveau en 2014, les Cafés géographiques ont  proposé à leurs adhérents pour le début du printemps 2015 un après-midi Paris Art déco, sous la conduite de la même conférencière, Sylvie Gazannois.

Dans un périmètre circonscrit aux quartiers limitrophes des XVIe et VIIIe arrondissements, une promenade relativement courte a permis d’apprécier de nombreuses réalisations Art déco qui ont marqué l’urbanisation parisienne des années 1920-1930.

Près du palais de Tokyo , le groupe des Cafés géo, Tokyo très attentif aux propos éclairés de la conférencière Sylvie Gazannois (cliché de Daniel Oster)

Près du palais de Tokyo , le groupe des Cafés géo, Tokyo très attentif aux propos éclairés de la conférencière Sylvie Gazannois (cliché de Daniel Oster)

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La randonnée : une expérience géographique 

Jean-Louis Tissier, professeur émérite de géographie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, présente brièvement Antoine de Baecque, l’intervenant de la soirée consacrée à ” la randonnée, une expérience géographique “. Antoine de Baecque, historien, professeur à l’ENS, vient de publier un ouvrage, La traversée des Alpes.Essai d’histoire marchée. (Gallimard, Bibliothèque des histoires, 2014), qui interroge le géographe intéressé par l’exercice de la randonnée.

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En septembre 2009, pendant un mois, l’historien-randonneur a marché tous les jours sur le chemin du GR5, du lac Léman jusqu’à la Méditerranée. Résultat : 650 km, 30 000 m de dénivelée, 30 cols majeurs gravis avec 17 kg sur le dos. Pour Jean-Louis Tissier, cette aventure équivaut à une véritable géographie à pied d’œuvre. Confronté à la pente, forcé d’avoir recours aux cartes pour résoudre ses problèmes d’itinéraire, obligé de se concentrer sur son orientation pour rattraper ses bifurcations malheureuses, Antoine de Baecque a fait en quelque sorte de la géographie à l’ancienne avec un goût prononcé pour les paysages alors que la géographie contemporaine préfère, elle, “traverser le monde sur coussin d’air en évitant les territoires” (dixit Jean-Louis Tissier).

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La Normandie d’Annie Ernaux

La Normandie d’Annie Ernaux

Même si le dernier livre d’Annie Ernaux a pour titre Le vrai lieu (Gallimard, 2014), le lecteur géographe de cet écrivain n’est sans doute pas le mieux placé pour appréhender une œuvre qui, pour l’essentiel, instaure un jeu de regards des classes sociales les unes sur les autres. Pourtant, l’espace joue un rôle important dans cette œuvre qui n’entend pas saisir la particularité d’une expérience mais, au contraire, sa « généralité indicible ».

Après trois livres d’inspiration autobiographique, Annie Ernaux publie en 1984 La place, un récit qui marque une rupture essentielle dans son travail d’écriture. Dans cette œuvre sur le père, l’écrivain jette le masque de l’affabulation romanesque pour partir à la recherche d’une vérité objective, plus précisément pour mettre en évidence les signes d’une réalité familiale. Et pour cela, les lieux et l’espace participent à la compréhension de la quête.

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 La campagne cauchoise

Dans La place, la campagne constitue la terre des origines, celle de la famille paternelle.

« L’histoire commence quelques mois avant le vingtième siècle, dans un village du pays de Caux, à vingt-cinq kilomètres de la mer. (…) Mon grand-père travaillait donc dans une ferme comme charretier. (…) Comme les autres femmes du village, elle (ma grand-mère) tissait chez elle pour le compte d’une fabrique de Rouen (…) »

Jamais décrit pour lui-même, l’espace n’intervient que dans la mesure où il influe sur les personnages. Le père a vécu dans une famille de paysans pauvres pour qui l’environnement rural est avant tout celui du travail et d’une existence difficile. La nature n’a rien de bucolique, il faut la dompter et l’exploiter pour survivre.

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Cabu et les serres d’Auteuil
Dessin de Cabu, mai 2012 dessin-cabu-auteuil-03

Dessins de Cabu, mai 2012

Ces trois dessins de Cabu s’inscrivent dans le contexte de mobilisation citoyenne née en 2010 pour sauver les serres d’Auteuil, menacées par le projet d’extension et de modernisation de Roland-Garros soutenue par la Mairie de Paris. En mai 2012, notre ami Jean-Louis Tissier, professeur émérite de géographie à l’Université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne, membre du Comité de soutien des serres d’Auteuil, s’était chargé de montrer  le site des serres d’Auteuil au dessinateur Cabu, soucieux d’apporter sa contribution à la mobilisation citoyenne.

 

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L’agriculture mondiale et le risque de pénuries alimentaires

Café géographique à Paris (Café de Flore) le 16-12-2014.

Avec André Neveu (ingénieur agronome, économiste, membre de l’Académie d’Agriculture de France) et Jean-Paul Charvet (géographe, Professeur émérite des Universités, correspondant  national de l’Académie d’Agriculture de France)

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La soirée est introduite par notre ami Michel Sivignon qui présente le thème de la soirée et les deux participants, éminents spécialistes des questions agricoles. André Neveu a une double formation d’agronome et d’économiste, il a réalisé de très nombreuses missions dans le monde entier au cours de sa carrière et continue de jouer un rôle très actif de réflexion au sein de l’Académie d’Agriculture de France (section 10 « économie et politique »). Notre collègue Jean-Paul Charvet apporte ici son regard averti de géographe sur cette question de l’agriculture mondiale, cruciale pour le XXIe siècle.

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