Paysages terrestres, paysages célestes


Les deux livres qui ont servi de supports au café géo sur les paysages qui s’est tenu au Café de Flore (Paris 6e) mardi 27 septembre 2022

Si les paysages terrestres sont familiers du géographe, les paysages célestes le sont moins. Ce sont ces deux domaines dont Martine Tabeaud, professeur émérite de géographie à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est venue nous entretenir au Flore, le second en évoquant ses recherches sur Les ciels de la Grande Guerre (en collaboration avec Xavier Browaeys, sur les aquarelles d’André des Gachons) (1), le premier en présentant Arpenter le paysage (2), ouvrage de Martin de la Soudière qui n’avait pu être avec nous ce jour-là. Daniel Oster a été le modérateur de la soirée.

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Le dessin du géographe n°84. Un confinement normand

J’ai choisi de rester à la campagne, dans un village du pays de Caux, en Normandie, situé à 2 km de la Manche pendant la période de confinement du printemps 2020. Je résidais dans un ancien moulin, abandonné par la rivière, au Bourg Dun, commune de 420 habitants.

Cette expérience dans un espace resserré d’un rayon de 1 km, entre une vallée arborée, les vallons abritant les hameaux et le plateau, a entraîné une certaine réceptivité aux objets du paysage et aux voisins croisés de temps en temps mais restés à distance. D’où cette petite égo-géographie un peu particulière, centrée sur les paysages et diluée dans le temps.

Le cercle de 1km. Les < indiquent les angles de vue des trois figures. Source : Orthophotographie Géoportail (prise de vue du 18/04/2018).

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Remonter une rivière (3/3) : la Marne de Jean-Paul Kauffmann

remonter-la-marneAvec 525 kilomètres, la Marne est la plus longue rivière française, traçant un arc de cercle depuis sa confluence avec la Seine à Charenton-le-Pont jusqu’à sa source sur le plateau de Langres. Cependant, elle occupe une place restreinte dans la mémoire nationale, même si elle est associée à une bataille décisive de la Grande Guerre, celle du sursaut de septembre 1914. C’est pourtant cette rivière que Jean-Paul Kauffmann a choisi de remonter à pied tout au long de son parcours, pour procéder à un inventaire personnel du pays auquel il est attaché par une relation de « dépendance psychique et physique », cette France qui l’a façonné par son histoire, sa littérature, sa langue, ses églises et ses paysages. Lui qui est né dans un village des marches de la Bretagne revendique « un fort tropisme de l’Est »,  probablement dû à ses lointaines origines alsaciennes, et son choix d’un périple marnais au sein d’un territoire largement méconnu ne résulte sans doute pas du seul concours des circonstances mais peut-être aussi d’une aspiration inconsciente à arpenter une sorte de territoire des origines. D’ailleurs, la question de suivre la Marne vers l’aval ou vers l’amont ne s’est pas posée, la remontée de la rivière vers sa source s’est imposée naturellement, comme pour aller vers la vie et la renaissance. De cette expérience qui a duré un mois et demi, à la fin d’un été et au début d’un bel automne, est né un livre-quête[i] tout en retenue, laissant s’échapper parfois quelques fulgurances pour mieux rendre compte du génie des lieux mais aussi de l’ambiguïté des choses et des êtres.

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