Les Cafés Géographiques ont organisé un court voyage en Basse Bretagne.
Nourrie par sa vocation maritime, la cité du Ponant s’est forgée un caractère singulier. Richelieu puis Colbert en ont fait le plus grand port de guerre de France. C’est à ce titre qu’elle fut anéantie pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, Brest a relevé le front et achevé une reconstruction en phase avec son temps.
A Brest, tous les chemins mènent aux ports. La ville haute, depuis la falaise domine les ports successifs : ceux de l’armée à l’abri de la Penfeld, puis celui du commerce et de la pêche, enfin le port de plaisance. A Brest, on peut appliquer la phrase de Christian de Portzamparc : « une ville, c’est un petit espace qui contient beaucoup de temps ».
Brest, figure de proue du continent européen, Brest finis terrae, mais aussi Brest, où tout commence.
SITE EXCEPTIONNEL MAIS SITUATION EXCENTRÉE
Aux confins de la péninsule armoricaine, dans ce Finistère qui plonge dans l’Atlantique, Brest est une confrontation permanente de la terre et de la mer, de l’homme et de la nature.
« Le site de Brest est marqué par la géographie pour être un haut lieu de notre destin » a écrit Charles de Gaulle, en 1965.
Le berceau de la cité, ce sont les berges de la Penfeld, modeste fleuve côtier dont l’estuaire offre un refuge sûr aussi bien contre les tempêtes que contre les envahisseurs. Un estuaire est une vallée ennoyée, appelée ria ou aber en Bretagne.
Ainsi s’est constituée la rade de Brest, protégée de la houle par un goulet, vaste et profonde et cernée par les plateaux, du Léon au nord, et de Cornouaille au sud.
Cependant la topographie du site est très accidentée et les fortes pentes entre les plateaux et la mer ont présenté beaucoup d’obstacles à l’installation des hommes. Il a fallu multiplier les ponts et les escaliers.
Rares sont les écrivains qui ne se sont pas attardés sur l’atmosphère particulière qui baigne la ville. On peut citer Jacques Prévert (1900-1977) qui écrit « Rappelle toi Barbara, il pleuvait sur Brest, ce jour là » ou encore Mac Orlan (1882-1970) qui évoque « une pluie chaude et douce, familière et purificatrice, honorée comme une divinité païenne ».
L’interpénétration terre-mer et le passage du Gulf Stream, expliquent un climat toujours humide et doux : 11 ° de moyenne en hiver et 21 ° en été. C’est aussi grâce à ce courant chaud que les fraises de Plougastel sont renommées.
Une péninsule excentrée, c’est « un cul de sac », en quelque sorte.
Périphérique, elle l’est tout autant à la France qu’à La Bretagne. Avant la construction du pont Albert-Louppe sur l’Elorn, en 1930, seul un bac permettait de joindre Brest à la Cornouaille.
C’est un terminus ferroviaire et une seule ligne y aboutit, depuis Paris-Montparnasse. Construite en 1865, elle n’est que partiellement à grande vitesse et seulement depuis 2017 !
Si le port est important, le désenclavement maritime n’a pas eu le succès escompté. La fonction de port transatlantique pour passagers, a échoué au profit du Havre. Il n’y a pas de liaison maritime directe par ferries avec les îles Britanniques, ni avec la péninsule ibérique.
Enfin la construction d’une Union européenne à 28 a déplacé le centre de gravité de l’Europe toujours plus à l’est et Brest est devenue ultrapériphérique. Un aéroport modeste, situé sur la commune de Guipavas, peut accueillir 1,8 million de passagers / an.
A l’échelle de l’agglomération, le réseau de transport s’est fortement amélioré : aux voies express qui la contournent ou la relient à Rennes ou Nantes, se sont ajoutés un dense réseau de bus, puis un tramway depuis 2012 et un téléphérique depuis 2016.
UN PORT AVANT D’ÊTRE UNE VILLE. DES DESTINÉES MULTIPLES
Le « castellum » romain
Et Rome…pourrait-on dire, fonda Brest dès le IV è siècle après.J.C. Le camp fortifié était défendu par des légionnaires berbères venus d’Afrique du Nord. Il reste des vestiges d’une muraille de 189 m de long au pied du château actuel. Inachevé, le camp fortifié fut abandonné pour cause de cessation d’Empire, conclut l’amiral Bellec. Pour autant, la fonction militaire de Brest n’a jamais cessé, ce qui ferait du château, classé Monument historique en 1923, le plus ancien bâtiment militaire encore en activité.
En effet, les comtes du Léon ont agrandi le camp romain pour en faire une véritable forteresse, convoitée par les Vikings. Mais ils la vendirent en 1240 au duc de Bretagne.
Brest, enjeu entre Bretagne et Angleterre
De 1341 à 1397, la ville est occupée par les Anglais et même le brave et rusé Du Guesclin ne parviendra pas à s’en emparer. En 1397, elle redevient possession des ducs de Bretagne.
Mais les Anglais la convoitent toujours et pour se prémunir des raids, on fortifie encore le château et la ville qui se développe à ses côtés devient aussi une ville close.
Désormais, à côté de la fonction militaire, qui reste essentielle et occupe les deux rives de la Penfeld, se développe un port de commerce où s’échangent sel, vin, poissons séchés, draps, etc.
Tour à tour forteresse, résidence princière ou prison, on y accueille la reine de France, Anne de Bretagne, la princesse Azénor, le premier préfet maritime en 1800, des forçats, des prêtres réfractaires, des résistants à l’Allemagne nazie au siècle dernier. Actuellement il abrite un musée et la préfecture maritime.
En rive droite de la Penfeld (à l’ouest) un petit bourg de pêcheurs s’organise autour de la chapelle de Notre Dame de Recouvrance. Les seigneurs de Chastel le fortifient et y édifient l’actuelle Tour Tanguy, qui servit de siège de la justice seigneuriale. C’est aujourd’hui un musée, cerné d’immeubles récents.
Mais en 1532, le roi François Ier, qui a épousé la fille de la duchesse Anne, met définitivement fin à la souveraineté bretonne.
Brest devient une ville royale
Pendant les guerres de Religion, Brest reste fidèle à Henri IV, qui lui accorde en récompense, en 1593, le droit de bourgeoisie et donc celui d’élire un maire. Mais en 1600, on ne compte encore que 500 habitants.
Brest, la pensée de Richelieu, la main de Louis XIV, écrit Michelet
Pour faire face aux attaques de l’Angleterre, Richelieu (1585-1642), fait réunir la flotte française du Ponant dans 3 ports : Le Havre, Brest et Brouage [3 ports visités au cour de voyages organisés par Les Cafés géo et dont les comptes rendus sont sur le site].
C’est à Brest que Richelieu attribue les principaux financements : en 1631 l’arsenal s’installe le long des quais de la Penfeld avec une corderie, des forges, des chantiers naval et des formes de radoub. En 1671, le port peut accueillir 200 vaisseaux. Il est fortifié par Vauban.
L’essor du port nécessite beaucoup de main d’œuvre, elle accourt de toute la France et même d’Irlande, d’Ecosse et d’Allemagne. La ville atteint alors 15 000 habitants, mais manque cruellement de quoi les loger.
En 1680, Louis XIV décide donc du rattachement du bourg de Sainte Catherine (Recouvrance aujourd’hui) à Brest. Puis un nouveau quartier, en rive gauche, celui de Kéravel voit le jour autour de l’église Saint-Louis… la bien nommée ! La ville est aussi choisie par Louis XIV pour recevoir les ambassadeurs du Siam afin de développer des relations commerciales avec l’Orient. Ainsi la rue Saint-Pierre de Brest est-elle devenue rue de Siam [il existe aujourd’hui à Bangkok, une rue de Brest –en français-]
L’apogée de Brest au XVIII ème
A la différence de nombreuses villes dont les origines se perdent dans la nuit des temps, Brest naît véritablement au XVII ème siècle quand Richelieu puis Colbert décident d’en faire le plus grand port de guerre de la France. Le destin de Brest est désormais indissociable de celui de la Marine royale, impériale puis nationale.
En 1780, l’Arsenal emploie plus de 9 000 ouvriers, aux statuts et métiers très divers. Des magasins sont édifiés, un hôpital, une prison et même un bagne. De 1749 à 1858, les bagnards ont accompli, gratuitement, les tâches les plus pénibles. Un tiers des 70 000 forçats passés à Brest y moururent. Mais pas le célèbre Vidocq, qui réussit à s’en échapper.
En 1752 est créée l’Académie de Marine, qui regroupe scientifiques et explorateurs, influencés par l’esprit des Lumières. Ainsi Brest devient le point de départ des expéditions de Kerguelen ou de Bougainville. En 1766, Bougainville fait le tour du monde sur la Boudeuse. En 1785, c’est au tour de La Pérouse de partir explorer le Pacifique. Louis XVI s’intéresse beaucoup à cette expédition préparée sur deux frégates, la Boussole et l’Astrolabe. Elles disparurent au large de l’actuel Vanuatu. D’autres navigateurs partirent à leur recherche comme Dumont d’Urville ou Kerguelen. C’est en hommage à ces voyageurs intrépides qu’à été conçu le Jardin des Explorateurs à Recouvrance : on y admire une collection de plantes venues du monde entier. Mais Louis XVI s’intéresse aussi aux Amériques.
Brest et l’Amérique
La guerre de Sept Ans (1755-1763) est le premier conflit se déroulant à une échelle mondiale. De Brest partirent 70 000 marins, pour sauver le Canada français, mais en vain. Il passe sous la souveraineté britannique.
Quinze ans plus tard, la France prend sa revanche en apportant un soutien décisif aux Insurgents des jeunes Etats d’Amérique. En 1780, Louis XVI dépêche depuis Brest, 50 bâtiments et 6 000 hommes commandés par le général de Rochambeau pour venir aux secours des patriotes américains. Deux victoires mémorables contre les Anglais (pourtant supérieurs) sont commémorées ici : celle de la Belle Poule et celle de la Surveillante.
On connaît aussi l’histoire de l’Hermione, venue de Rochefort et qui participa à l’expédition américaine. A l’issue de la guerre d’indépendance américaine (1775-1783) Brest devient le port de la liberté pour les Américains.
On compte alors 30 00 habitants dont 1/3 travaille à l’Arsenal. Et trois enceintes, agrandies par Vauban, protègent la cité du Ponant. Le cours Dajot est construit comme lieu de promenade et d’installation des familles de la bourgeoisie et des officiers. Aujourd’hui s’y affichent aussi le pouvoir judiciaire (Palais de Justice) et le pouvoir administratif (Sous-préfecture).
Brest et la Révolution
Les Brestois sont enthousiastes, comme en témoignent les cahiers de doléances. Ils s’emparent de l’hôtel de ville et créent une garde nationale forte de 4 500 hommes. En 1792, Brest se proclame républicaine.
Mais la décision d’exécuter Louis XVI provoque la création d’une vaste coalition européenne contre la France qui se retrouve sous le blocus de la flotte britannique. Les activités portuaires de Brest sont anéanties, le chômage et la misère se généralisent.
Un convoi américain de 127 bateaux avait néanmoins réussi à sauver un temps la France de la disette. A noter aussi qu’un ingénieur américain, Robert Fulton a inventé à Brest le Nautilus, le premier sous-marin, afin de lutter contre le blocus. Il a inspiré le roman de Jules Verne, 20 000 lieues sous les mers.
Brest décline au XIX ème
Les technologies évoluent, le temps de la marine à voile est compté. Désavantagée par sa situation excentrée, Brest se laisse distancer par Toulon. Le Second Empire lui donne un sursis, avec sa politique impériale ambitieuse et ses expéditions en Chine et au Mexique.
Le plateau des Capucins, qui accueille les ateliers de constructions navales, est modernisé. Un pont tournant sur la Penfeld est construit en 1861. Les rives du fleuve sont alors entièrement réservées à la marine. Il faut construire un nouveau port de pêche et de commerce. Le choix se porte sur l’anse de Porstrein, au pied du cours Dajot. Enfin, une ligne de chemin de fer relie Brest à Paris en 1865.
En 1900, la cité vit toujours de la marine militaire, on compte 10 000 marins, 5 000 retraités de la marine, 4 000 ouvriers dans l’arsenal. La ville étant toujours corsetée de remparts, on annexe une partie de la commune de Lambézallec, qui offre 150 ha.
Cependant la misère est énorme, les logements sont insalubres, et la tuberculose fait des ravages. Le premier syndicat brestois est créé en 1894 et les ouvriers de l’Arsenal obtiennent le droit de se syndiquer en 1902, puis la journée de 8 heures (11 h auparavant). Les années d’avant guerre sont marquées par des luttes et des affrontements violents avec les autorités, la ville devient « Brest la rouge ».
Brest face aux guerres du XXème siècle
Avec la Première Guerre mondiale, Brest devient le port de l’armée américaine en Europe et voit transiter 900 000 hommes en route pour le front. C’est aussi par Brest que le président américain Woodrow Wilson vient participer à la conférence de paix et à la signature du traité de Versailles.
Dominant le cours Dajot, s’élance l’étrange tour de granit rose, édifiée en 1932 par les Etats-Unis pour commémorer les faits de bravoure des forces navales françaises et américaines pendant la première Guerre mondiale.
La Seconde Guerre mondiale va détruire la ville, successivement occupée par les troupes anglaises d’octobre 1939 à mai 1940, puis par les troupes allemandes à partir de juin 1940.
Les Allemands y installent leurs navires pour que les Anglais ne puissent ravitailler la France. Ils construisent aussi une base sous marine.
En 1943, le maire de Brest, Victor Eusen ordonne d’évacuer le maximum de civils et fait construire pour les autres des abris antiaériens, dont l’abri Sadi Carnot. La visite de cet abri est très émouvante. Il a abrité des civils Français et Allemands, simplement séparés par une cloison de bois. Mais le 9 septembre 1944, des munitions entreposées ont explosé provoquant des centaines de morts, dont le maire Eusen.
BREST, LA BRETAGNE ET LES BRETONS
C’est un monde étrange que le monde breton, un monde passionné et passionnant, une péninsule qui avance loin en mer et finit par s’y dissoudre en d’âpres îlots. Terre peuplée, active et inquiète, elle s’interroge sur la difficulté d’être, dans une Europe dont l’axe vital est bien loin d’elle.
Isolée, la Bretagne le fut assurément dans l’histoire. L’épanouissement de la civilisation des mégalithes, l’arrivée des Bretons aux Vème et VIème siècles, la survivance de la langue, le tardif rattachement à la France, en attestent.
. Plus récemment, en témoignent encore, la lenteur du développement des voies de communication, de l’industrialisation, de l’urbanisation. Aussi, bien des Bretons ont dû s’exiler pour vivre : nombreux et prolifiques, ils ont essaimé partout, en une immense diaspora où ils entretiennent avec amour leurs liens et traditions. Le quartier de la gare Montparnasse à Paris a vu débarquer un grand nombre « de chapeaux ronds ».
Mais qu’est-ce que la Bretagne ? Il existe une multitude de pays bretons, ceux de l’Armor et ceux de l’Arcoat, ceux de la côte nord et ceux de la côte sud. On ne peut tous les énumérer : le Léon, le Trégor, la Cornouaille, le Penthièvre, les Montagnes (Monts d’Arrée, Montagnes Noires), les Landes de Lanvaux, le pays de Retz …
Les grandes villes qui l’animent, Brest, Rennes, Nantes, sont excentrées et rivales. Nantes n’est même pas dans la Bretagne officielle, alors qu’elle abrita le château de la duchesse Anne.
Le Breton conteste ardemment, parfois violemment, mais dans l’ensemble il élit des hommes d’ordre et de tradition. Il reproche à l’Etat d’oublier la Bretagne mais il critique l’envahissant Parisien. Il dénonce le « génocide »culturel » mais la langue et la culture bretonnes sont ardemment défendues. Cultiver son originalité, c’est se préserver. Alors, têtu comme un Breton, ou seulement opiniâtre ? Cette obstination lui a permis de conserver, même à partir de François Ier, ses institutions : le parlement de Rennes et ses Etats.
La Révolution lui est moins favorable. La Bretagne se retrouve découpée en 5 départements. Celui du Finistère réunit une partie de la Cornouaille, tout le Léon et une partie du Trégor. La Constitution civile du clergé (1791) perturbe la vie des paroisses. Dans le Léon, l’Eglise apparaît toute puissante au point que certains osent le mot de « théocratie ».
A l’opposé, les Monts d’Arrée votent « à gauche ». En 1675, s’y déroule déjà la jacquerie des « Bonnets Rouges », très hostile au clergé et à la noblesse et cruellement réprimée. Les « Bonnets Rouges » se manifestent encore ces derniers temps.
Au début du XXème, de très fortes tensions opposent la III ème République et l’Eglise. Le socialisme prend solidement pied à Brest.
Dans les années 1930, émerge le mouvement corporatiste paysan des « chemises vertes » qui deviendra l’un des piliers du régime de Vichy. Le Parti nationaliste breton est indépendantiste est pro-nazi.
La naissance en 1950-51 du CELIB (Comité d’Etudes et de Liaison des Intérêts Bretons) prône un « régionalisme fonctionnel ». Il fédère les élus des 5 départements et constitue un groupe de pression qui parvient à faire adopter un Plan d’Aménagement, de modernisation et d’équipement de la Bretagne en 1953.
Reste la question institutionnelle des limites de la région « Bretagne » : 4 ou 5 départements ?
Un FLB (Front de Libération de la Bretagne) s’est fait connaître par une série d’attentats dans les années 1970…. Sans résultats jusqu’ici.
Nantes et la Loire-Atlantique semblent s’accommoder fort bien de cette situation
Brest enfin est un foyer de francophonie dans un monde bretonnant. Etonnant, non ?
C’est la présence de la Royale qui explique cette spécificité. En 1902, Brest est l’une des 3 communes du Finistère où l’enseignement du catéchisme se fait exclusivement en français alors que dans les autres communes il est pour moitié bilingue ou pour moitié exclusivement donné en breton. En plein Léon « terre de prêtres et conservatrice » Brest, enclave d’Etat en pays breton est aussi « terre animée par un vigoureux mouvement ouvrier », grâce à l’arsenal.
LA CITE DU PONANT AUJOURD’HUI
La morphologie de Brest, jusqu’à la 2GM, comporte 3 ensembles :
– les rives de la Penfeld où naît le bourg avant d’être occupées par la Marine nationale
– la rive gauche, francophone et bourgeoise, développée autour du château
– la rive droite restée populaire et bretonnante, dominée par la tour Tanguy
La guerre a presque tout détruit en rive gauche et beaucoup moins en rive droite.
C’est donc dans l’immédiat après-guerre que la Reconstruction s’opère en rive gauche, et c’est seulement dans les années 1980 qu’un ambitieux projet de renouvellement urbain se met en place en rive droite, aux Capucins.
Pour relier les deux rives, il y a désormais un tramway et un téléphérique.
Naguère limitée à « Brest même » et à Recouvrance, la ville englobe depuis 1945 trois puis huit communes. Elle devient « communauté urbaine » en 1974, puis « Brest métropole océane en 2005 » puis « Brest métropole » en 2015.
Brest dont il ne reste rien…
Oh Barbara / Quelle connerie la guerre / Qu’es-tu devenue maintenant /Sous quelle pluie de fer / De feu d’acier et de sang / Et celui qui te serrait dans tes bras / Amoureusement / Est-il mort disparu ou bien encore vivant / Oh Barbara / Il pleut sans cesse sur Brest
Brest dont il ne reste rien…Jacques Prévert a peut-être un peu exagéré, mais pas tant que cela.
Si les quartiers périphériques ont été touchés à des degrés divers, « Brest même » a vu sa mémoire littéralement effacée. Il ne reste que 8 immeubles de ce quartier nommé aujourd’hui Centre-Siam. Les remparts qui cernaient « Brest même » ont été méthodiquement détruits et balancés dans les fossés, où ils se trouvent toujours !
A la Libération, les Brestois font le choix de rebâtir une ville adaptée aux exigences du XX ème siècle. En traçant les rues de l’ancien Brest deux siècles plus tôt, Vauban lui aussi avait satisfait aux besoins de l’époque…Ainsi Brest est une ville marquée par la modernité.
Brest était jadis l’une des villes les mieux fortifiées de France. L’opinion communément admise est que ses remparts ont disparu lors de la Libération.
C’est oublier que la ville possède toujours, face à la mer, un spectaculaire ensemble fortifié de la fin du XVII ème, s’étendant sur 650 m le long du cours Dajot. Jusqu’à la création du port de commerce, en 1859, des maisons de pêcheurs s’adossaient aux remparts et les vagues caressaient le pied de la falaise. En 1867 fut construit ce double escalier que les femmes de pêcheurs, grimpaient pour apporter les produits de la mer, aux halles du centre-ville. Il entre dans la légende en 1939, lorsque le réalisateur Jean Grémillon vient tourner le film Remorques, avec Jean Gabin, Madeleine Renaud et Michèle Morgan.
La Reconstruction : Brest la ville blanche
Jusqu’à la construction du pont de Recouvrance, en 1861, entre les deux rives, Brest est un port avant d’être une ville. Certes, il y eut un « castellum » romain, sur les ruines duquel fut édifié le château, mais il faut attendre Henri IV pour que le bourg obtienne droit de cité. Et plus encore, il faut attendre Vauban pour qu’une ville en damiers, ceinte de remparts prenne naissance.
Depuis Vauban, la Royale impose sa loi et la plus haute autorité de Brest réside à la préfecture maritime, au cœur du château ! Pas question de toucher aux rives du fleuve, couvertes d’infrastructures militaro-industrielles. La Marine est à la fois nourricière et tutélaire.
La 2GM a presque entièrement détruit « Brest même » et la Reconstruction eut raison des vestiges que la guerre avait épargnés. Le bagne et la corderie, sur la rive gauche, furent rasés pour faire place au boulevard Jean Moulin.
Le centre ville est reconstruit selon les plans de Jean-Baptiste Mathon (1893-1971). Il est débarrassé de ses remparts et le plateau est aplani et rehaussé d’environ 30 mètres. Le plan en damier est préservé autour d’un axe majeur, la rue de Siam, qui court jusqu’au pont de Recouvrance au sud et qui s’ouvre sur la place de la Liberté au nord, ce qui permet de relier Brest à son faubourg de Saint-Martin. A l’emplacement des remparts, une coulée verte prend place. Le nivellement de Brest après-guerre a fait disparaître les accidents du relief et bon nombre d’escaliers.
On a dit tout et son contraire de la reconstruction de Brest, comme de celle du Havre par Auguste Perret. On dit de « Brest même » que c’est une Brest blanche et monotone, mais on peut observer la diversité relative des façades. Les îlots, de même hauteur, sont séparées par des voies rectilignes et larges. La ville est aérée. On l’affirme moderne quand d’autres l’affirment classique !
Plusieurs bâtiments sont aujourd’hui emblématiques de ce quartier central.
La ville blanche est dominée par une église impressionnante, l’église Saint-Louis.
Presque rasée, l’ancienne église de style jésuite a été reconstruite dans le style dépouillé des années 50. Le mur ouest, est un immense mur aveugle (que des Brestois surnomment le mur des Lamentations) et qui est prévu pour résister aux vicissitudes du climat. Il est visible de très loin. A l’intérieur, la nef de béton semble démesurée et sur le mur est, on ne peut qu’admirer une série de vitraux de Maurice Rocher.
A l’est du centre, arrive le train qui dessert la ville haute. Une gare majestueuse, dominée par une tour-campanile, accueille les arrivants, matelots ou touristes. Inaugurée en 1937, elle affiche un style Art déco dépouillé. Elle a été construite par Urbain Cassan (père de la gare transatlantique du Havre et de la tour Montparnasse à Paris). Elle est classée aux Monuments historiques depuis 2018.
Les embellissements se sont poursuivis dans les années 1980 Aujourd’hui, le tram peut emprunter la rue de Siam et desservir la place de la Liberté sur laquelle s’ouvre l’hôtel de ville. Construit par Maurice Léon Génin, en 1961, il affirme haut et fort la domination du pouvoir politique sur la ville. La rue de Siam est devenue piétonne, ornée par les fontaines de l’artiste Marta Pan (1988).
Si vous aimez les livres, la librairie Dialogues a plus d’une histoire. Située au carrefour entre la rue de Siam et l’axe secondaire de la ville, elle prospère sur deux niveaux, ayant conservé l’un des innombrables escaliers de Brest.
Recouvrance
Après guerre, la rive droite fut aussi débarrassée de ses remparts. Elle avait été moins touchée par les bombardements et le tissu urbain ancien, dans sa partie basse, n’a pas été remodelé.
Des efforts récents ont redonné du tonus à ce quartier, dynamisé aussi par l’arrivée du tram. A l’ombre de la tour Tanguy, devenue musée, la Recouvrance restait populeuse, celle des indigènes, des Bretons, des petits marins. Le long des ruelles fortement déclives et des escaliers, elle reprend des couleurs. De vieilles maisons sont restaurées.
C’est la plus vieille maison de Brest, elle date de 1693. Dans l’angle, une fontaine a été édifiée en 1761, sur l’ordre du maire qui y fit graver : « si ta soif, Brestois, grâce au maire Lunven, est apaisée par cette onde, gardes-en souvenir dans ton cœur reconnaissant ».
Enfin, notons aussi la création du Jardin des Explorateurs, en hommage aux aventuriers partis de Brest au XVIII ème, dont Louis-Antoine de Bougainville. Ce petit jardin est un conservatoire de plantes exotiques et depuis les murs qui l’entourent, la vue sur la ville est magnifique.
Les Capucins
Le plateau des Capucins, c’est une presqu’île enclavée sur les hauteurs qui dominent la Penfeld. La Marine détenait la rive droite et le plateau des Capucins qui la surplombe. Mais en 1976, les deux porte-avions le Clemenceau et le Foch, jusque-là affectés à l’escadre de l’Atlantique quittent Brest pour Toulon, leur nouveau port d’attache. C’est un séisme. La Marine doit céder du terrain et particulièrement le plateau des Capucins qu’elle abandonne à la collectivité en 2010.
Les Capucins, c’est aussi une longue histoire. Une communauté de Capucins obtient de Vauban en 1672, l’autorisation de s’installer. On forme ici des aumôniers pour la Marine.
En 1790, la Marine récupéra les lieux pour en faire des casernes et des usines où peinèrent les bagnards qui les construisirent, puis les ouvriers qui y travaillèrent.
Puis la Marine a vogué vers d’autres lieux, d’autres tâches, et a cédé des lieux devenus friches industrielles à la collectivité. Un autre récit naît sur ces hauteurs.
L’architecte-urbaniste Bruno Fortier est choisi pour aménager le plateau. C’est un projet ambitieux avec des logements, des bureaux, une pépinière d’entreprise high tech, un cinéma, une médiathèque, des commerces…
Ce que l’on appelle les Ateliers, ce couvent-caserne-usine-friche industrielle, a été épargné par les bombardements de la 2GM et c’est tant mieux car il s’agit de beaux bâtiments, en forme de cathédrale de pierre, couverte par des verrières, édifié au milieu du XIX ème.
Sur ce site de 16 ha, Bruno Fortier a choisi de transformer la forte pente en trois terrasses successives qui regardent vers la Penfeld. En bas du plateau s’édifie une Cité internationale qui doit accueillir des chercheurs étrangers spécialisés en sciences de la mer.
Les Ateliers sont au cœur du projet et c’est devant leur terrasse que le téléphérique de Brest dépose Brestois et touristes. Brest est très fière d’être la première ville de France à s’être dotée d’un moyen de transport qui est aussi une attraction touristique et qui désenclave le quartier des Capucins.
Les Ateliers ont conservé la mémoire ouvrière. Dans les années 1980, 600 personnes y travaillaient encore dans des ateliers de fonderie, de chaudronnerie, de zingage, d’outillage. On a conservé plusieurs machines dont le tour qui a usiné les porte-hélices de la Jeanne d’Arc, une raboteuse, des aléseuses et un spectaculaire marbre. Ce marbre est une vaste plate-forme d’acier sur laquelle sont tracées les pièces à usiner et où se juchaient les responsables syndicaux pour prendre la parole. Les Ateliers abritent aussi, sur 25 000 mètres carrés, une médiathèque, des commerces, des lieux de détente, des restaurants, etc. Ce quartier rénové et récompensé en 2009 avec le label Eco-Quartier, n’a qu’un défaut : il risque de devenir « une réserve à bobos ». Un cinéma s’y installe pour faire venir d’autres populations…
En amont des Ateliers, des îlots de logements se sont construits vers le pont de l’Harteloire et sont desservis par le tram. Quelques 560 logements offrent une forte mixité sociale.
La Penfeld
Berceau de Brest mais longtemps caché aux regards, confisqué en somme par l’arsenal, les rives de la Penfeld restent mystérieuses. La première édition des Fêtes maritimes, en juillet 1992, marque un tournant puisque la Marine ouvre ses rives au public. Une association revendique aussitôt « le droit des Brestois au cœur historique de la ville. Un dialogue est entamé entre la Marine et la Ville. Trois étapes sont annoncées.
En premier, le port du Château, longtemps réservé aux voiliers de la Marine, devient un vrai port de plaisance ouvert à tous, idéalement situé à l’entrée de la Penfeld, en plein centre ville. Inauguré en 2008, il offre 625 places, à flot. Il est protégé par la digue La Pérouse. Il est désormais le lieu de départ et d’arrivée de grands exploits sportifs à la voile.
La 2ème étape, étudiée ci-dessus, est la cession des Capucins en 2010.
Une 3è étape est à l’étude et concerne les emprises situées au-delà du pont d’Harteloire. En dehors des formes de radoub, le reste est déjà largement en friches… et pourrait être cédé.
Le projet vise à équilibrer la ville entre ses deux rives et à refaire de la Penfeld, le cœur de Brest
Brest, les nouveaux usages de la mer. Quel avenir ?
Ville fière mais inquiète, Brest mène une rude bataille face au risque de décrochage de la Basse Bretagne, menacée par la montée en puissance de l’axe Rennes-Nantes.
Brest devrait compter 400 000 habitants pour avoir le titre de métropole… elle n’en a que 215 000 ! Et le chef-lieu du département se trouve à Quimper.
Elle cherche à diversifier ses activités, mais elle demeure une ville d’Etat, habituée à ce que le service public serve de locomotive. Elle reste la préfecture maritime de l’Atlantique, installée dans le château, qui abrite aussi le commandement de la Force océanique stratégique de l’Atlantique.
La base de Défense Brest-Lorient génère 600 000 emplois directs, indirects et induits. Et 2,3 milliards d’euros sont injectés chaque année dans l’économie locale.
Cependant le plan Horizon Marine 2025 prévoit de réduire encore la voilure et Brest doit trouver de nouveaux usages de la rade et de la mer.
Elle a échoué dans sa volonté d’être un port transatlantique, tout comme elle a échoué dans sa volonté d’être un port pétrolier et les polders construits sont restés vides.
Mais elle a obtenu une cale sèche de 260 m de long, ce qui lui a permis de rester un grand port de constructions navales, militaires et civiles.
Le port de pêche, avec sa criée, installé depuis le Second Empire, au pied des falaises, reste actif et accueille 70 navires côtiers et 120 marins-pêcheurs.
Enfin, n’oublions pas le succès d’Océanopolis, tout à la fois centre de culture scientifique, aquarium et parc d’attractions. Il se dresse sur le terre-plein du 2è port de plaisance du Moulin Blanc. Il offre 1 400 anneaux et jouxte une station balnéaire prisée par la bourgeoisie brestoise au début du XX ème siècle.
Le port du Château est devenu un haut lieu du nautisme de compétition où Olivier de Kersauson a ses habitudes. Du Trophée Jules Verne au Tour du monde à la voile, une vingtaine de records mondiaux y ont été enregistrés.
Les fêtes maritimes, organisées en juillet, tous les quatre ans, sont l’occasion de faire se croiser dans la rade, les embarcations et les gréements les plus divers.
Tardivement dotée d’une université, la ville accueille aussi, l’Ecole navale, l’Ifremer, le CEDRE (qui travaille sur les marées noires) et le Technopole Brest-Iroise.
La DCNS, héritière des arsenaux y a aussi installé un incubateur de recherches liées à la mer.
Enfin la ville se dote de salles de spectacles : de danse (salle Mac Orlan) de rencontres sportives (Brest –Arena) des arts de la rue (Le Fourneau) ou des arts (La Passerelle) dans le quartier Saint-Martin.
Lundi 17 juin 2019 : Rendez-vous avec la préfecture maritime de l’Atlantique
Sous bonne escorte et en bus, Les Cafés géographiques ont bénéficié d’une journée exceptionnelle.
Visite de la base le matin
Où que vous alliez dans Brest, il faut se rendre à l’évidence, vous vous heurtez à des panneaux « accès interdit ». Partout, des murs se dressent devant vous, rehaussés par des grillages, des barbelés, des systèmes électrifiés. Bien peu engageant ! Vous me direz que c’est fait exprès…et vous n’aurez pas tort !
Les emprises militaires des rives de la Penfeld puis de la rade sont gigantesques. Une fois la porte franchie, l’identité déclinée, le badge d’entrée validé, alors s’ouvre l’antre de la Royale.
Le guide, Stéphane (Premier Maître) nous indique rapidement les fonctions des immeubles qui se succèdent : bureaux, entrepôts de munitions ou de vivres, usines de construction, de réparation ou d’entretien, on ne peut tout retenir.
Puis, nous avons le privilège de visiter un Bâtiment Hydrographique (B H) qui a pour nom La Pérouse, ce navigateur exceptionnel chargé par Louis XVI. d’une expédition autour du monde.
En deux groupes successifs nous parcourons la passerelle, la salle des cordages (aussières), la cambuse (le chef cuisinier est sympa) les dortoirs des marins, ceux des officiers, une salle de musculation, des salles à manger et des salons (minuscules) avec télévision. Le quotidien des gens de la mer s’ouvre à nous. Il est difficile, tout un chacun le sait et aujourd’hui les vocations sont moins nombreuses.
Revenus sur la terre ferme, on nous présente différents bâtiments dont un bateau furtif
Le car poursuit son itinéraire et nous découvrons, à l’extrémité ouest de la rade, la base sous marine construite en 500 jours par les Allemands, pendant la 2GM.
Une masse de béton armé, un toit de 6 mètres d’épaisseur ont protégé jusqu’au bout les sous marins logés dans les 15 alvéoles. D’autres bases ont été construites, à Lorient, à Bordeaux et on ne sait ni les détruire (coût exorbitant) ni leur affecter une autre fonction. Bordeaux essaye d’en faire un lieu d’exposition, ainsi que Lorient.
Le bus nous transporte alors au pied du château où se trouve le restaurant nommé Le Grand Duc. Un déjeuner nous est offert, dans un espace réservé, suivi d’un café en terrasse, le soleil étant revenu. L’après-midi, nous sommes accueillis par le SHD, qui est à l’extérieur des emprises de la Marine et donc visible par tous.
Visite du SHD (Service historique de la défense de Brest)
Ici aussi nous sommes accueillis et aussitôt divisés en deux groupes.
L’un part avec la responsable de la bibliothèque et l’autre avec le responsable des archives. Tous les deux sont passionnés et donc passionnants.
La bibliothèque contient des trésors inestimables parmi lesquels un ouvrage de Nicolas Copernic, un grand atlas réalisé autour du voyage de La Pérouse.
Enfin, les géographes et amis de la géographie ont pu voir les œuvres de l’un d’entre eux, le génial précurseur Elisée Reclus.
L’archiviste, avec autant de fierté, nous ouvre des registres royaux, tout aussi émouvants.
Nous retenons des lettres de Louis XVI qui râle contre le retard pris par l’expédition puis ordonne de renommer les bateaux de La Pérouse.
On nous indique qu’il y a 13 km linéaires d’archives. Tonnerre de Brest !
Nous n’avons qu’entrevu qu’une minuscule partie de ces trésors, mais nous sommes comblés.
Nous remercions une longue chaîne de personnes qui de l’amont à l’aval et d’octobre 2018 à juin 2019 ont permis la réalisation de cette journée exceptionnelle : Emilie, Adélaïde, Sabine, Ondine, puis Stéphane, notre guide et le conducteur fort obligeant du bus, les personnels de La Pérouse qui nous ont accueillis à bord toute la matinée, les personnels de cantine qui nous ont restaurés de belle manière et enfin les responsables de la bibliothèque et des archives qui nous ont ouvert leurs portes.
Quand il pleut sur le port, tout devient irréel et embrouillé. On ne sait plus très bien où commence la mer et où finit le ciel. Les rives se déplacent au grès de l’imagination, écrit Mac Orlan, en 1966.
Ville ouverte aux vents et aux embruns, ville d’espace et d’horizon, elle est tricolore : Brest la Rouge, Brest la Blanche et Brest la Bleue.
Brest est faite pour la mer et par la mer…pour le pire et pour le meilleur.
Maryse Verfaillie, juin 2019
Bibliographie
Brest, une histoire illustrée, Yann Le Gat, édition Dialogues, 2017
Les Capucins, le nouveau visage de Brest, Thierry Guidet © Place Publique
Brest, Secret et Insolite, de Bruno Calvès, Edition Les beaux Jours, 2019
http://cafe-geo.net/la-bretagne-demain-quels-enjeux-quel-territoire
http://cafe-geo.net/louest-a-grande-vitesse