Dessin du géographe n° 56

L’une des principales difficultés photographiques au Japon est de prendre des panoramas. Car bien souvent, il y a de la brume, due à la forte humidité atmosphérique, surtout en été, période où je me trouvais dans les îles Gotô (Japon). On peut le voir sur la photo prise du mont Tainohana 鯛の鼻, alias « le Nez de la daurade » (446 m) : au-delà des premiers contreforts, le paysage devient flou (fig.2).

Du coup, la tentation est grande de faire un dessin (fig.1). Cela permet aussi d’élargir la focale et d’avoir une vue d’ensemble sur les îles au large. La perspective du croquis part dans la même direction que celle de la photo (axe nord-est / sud-ouest), mais elle est plus large. La photo correspond en gros au quart inférieur droit du croquis, là où se trouve le tampon (à l’envers car il figure de l’autre côté de la page, le papier du carnet japonais — un Style Notebook B 6 mm x 20 kô— s’avérant manifestement un peu léger) qui a été pris le lendemain dans la ville d’Ômura.

Le croquis permet donc de représenter et de situer davantage de lieux.

J’y inscris également les idéophonogrammes, non pas par cuistrerie mais pour permettre, par la suite, d’en vérifier la prononciation qui offre quelque piège (ainsi, comme on peut le voir par un barré, j’avais d’abord lu Chinohana et non Tainohana). Dans la foulée, j’utilise l’habitude japonaise qui permet d’écrire dans tous les sens, même dans les journaux, soit horizontalement, soit verticalement, mais le recours à l’alphabet latin oblige à tourner le carnet selon les cas.

Le Tainohana est l’un des plus hauts sommets de l’île de Hirado-jima 平戸島 qui, administrativement, ne fait pas strictement partie de l’archipel des Gotô, mais qui se situe dans la même région, au large occidental du département de Nagasaki dans le Kyûshû. Elle partage également la même histoire, notamment celle des « chrétiens cachés » (kakure kirishitan かくれ切支丹), que je raconte dans Les îles Gotô, voyage aux confins de la Japonésie (Le Cavalier bleu, 2015).

Au premier plan sont les pentes du Tainohana, avec le village de Takagoe. À droite se profile l’île d’Ikitsuki-jima 生月島, désormais rattachée à Hirado-jima par un pont (1991), elle-même rattachée par un autre pont à Kyûshû (1977), qui sont hors cadre. Cette jonction a permis l’arrivée en Ikitsuki d’animaux jusque-là inconnus comme singes et blaireaux…

À gauche du croquis, Shijiki-yama 志々山 (347 m) (et non pas Shishiki comme je l’ai écrit initialement) est une péninsule de Hirado-jima dont on devine le profil fragmenté. Fûsha désigne des éoliennes, rapidement représentées. Neshiko 根獅子, en bas, est un site important du martyrologue chrétien, ce que j’ai appris et écrit (en violet) par la suite.

Au fond, sont représentées les deux îles septentrionales des Gotô, Uku-jima 宇久島 à droite et Ojika-jima 小値賀島 (que j’ai appelée Ojiga).

Pas d’échelle, même approximative, ce qui est scandaleux !

Philippe Pelletier.

Fig.1 : Panorama du littoral de l’île de Hirado-jiùa (archipel des Gotô, Japon) depuis le mont Tainohana vers le sud-ouest  et la mer de Chine orientale (croquis de l’auteur : une erreur graphique a estompé la mer sur la partie inférieure de l’image, et une presqu’île et les îles dans la partie supérieure)

Fig.1 : Panorama du littoral de l’île de Hirado-jiùa (archipel des Gotô, Japon) depuis le mont Tainohana vers le sud-ouest  et la mer de Chine orientale (croquis de l’auteur : une erreur graphique a estompé la mer sur la partie inférieure de l’image, et une presqu’île et les îles dans la partie supérieure)

 

Fig.2 : Panorama du littoral de l’île de Hirado-jiùa (archipel des Gotô, Japon) depuis le mont Tainohana vers le sud-ouest  et la mer de Chine orientale : le village de Takagoe au premier plan (photo de l’auteur)

Fig.2 : Panorama du littoral de l’île de Hirado-jiùa (archipel des Gotô, Japon) depuis le mont Tainohana vers le sud-ouest  et la mer de Chine orientale : le village de Takagoe au premier plan (photo de l’auteur)

 

Fig.3 : Image 3D oblique Google earth du littoral de l’île de Hirado-jiùa vers le sud-ouest  et la mer de Chine orientale, dans le champ de laquelle sont compris les panoramas des deux figures précédentes.

Fig.3 : Image 3D oblique Google earth du littoral de l’île de Hirado-jiùa vers le sud-ouest  et la mer de Chine orientale, dans le champ de laquelle sont compris les panoramas des deux figures précédentes.