Atlantique

Nicolas Escach, Benoït Goffin. Atlantique. Collection Odyssée, villes-portraits. ENS Edition, 2021

Atlantique est le deuxième ouvrage de la « Collection Odyssée, villes-portraits » (ENS Editions) que Daniel Oster a déjà présentée sur notre site (https://cafe-geo.net/de-la-baltique-a-la-mer-noire-atlantique/). Des textes courts livrent le ressenti de géographes, d’architectes ou de journalistes sur une ville à laquelle ils sont particulièrement attachés. Ce ne sont ni des métropoles mondiales, ni des bourgades mais des villes plus ou moins grandes marquées par un long passé qui a laissé des traces dans l’imaginaire collectif, imaginaire parfois en décalage avec la situation actuelle.  Chaque article est illustré par des dessins réalisés par des étudiants de l’Ecole Estienne.  Le parti pris est celui de la simplicité : quelques couleurs primaires, des perspectives différentes (plongée, contre-plongée, horizontalité) et des symboles simples comme dans les cartes anciennes (arbre, montagne, maison). (suite…)

Congo. Un fleuve à la puissance contrariée. Roland Pourtier, CNRS Editions, 2021

Les Editions du CNRS ont confié à Thierry Sanjuan et Marie-Pierre Lajot la direction d’une nouvelle collection baptisée « Géohistoire d’un fleuve ». Il ne s’agit pas seulement d’y étudier un fleuve dans son hydrographie, ses paysages spécifiques, ses aménagements, mais aussi de prendre en compte son histoire et les imaginaires qu’il a engendrés. (suite…)

Le Monde à l’heure chinoise

Éric Chol, Gilles Fontaine, Il est midi à Pékin, Fayard 2019

La Chine nous fascine depuis toujours. Les titres d’ouvrages qui lui sont consacrés en témoignent : Quand la Chine nous précédait, Quand la Chine s’éveillera, etc. Aujourd’hui, nul ne l’ignore, la Chine veut redevenir l’empire du Milieu. Elle veut effacer les « 150 années d’humiliations » (1799-1949) vécues sous les dominations coloniales des Occidentaux et des Japonais.
Le 1er octobre 1949, est proclamée la République Populaire de Chine. Pékin retrouve son statut de capitale et pour assurer l’unité nationale, Mao Zedong décide de supprimer les 5 fuseaux horaires en vigueur depuis 1912, au profit d’un seul, celui de Pékin. Actuellement, une même pendule règle la vie quotidienne de 1,4 milliard de Chinois sur les 5 000 km d’Est en Ouest de l’empire du Milieu.
Xi Jinping l’affirme : « Les pays qui ont tenté de poursuivre leurs objectifs de développement par l’usage de la force ont échoué. C’est ce que l’histoire nous a appris. La Chine s’est engagée à maintenir la paix et à construire une communauté de destin pour l’humanité ».
Ces paroles, brutales, illustrent la volonté du Dragon, aujourd’hui bien éveillé, de rattraper puis de dépasser la puissance des Etats-Unis. (suite…)

De la Baltique à la mer Noire
Atlantique

De la Baltique à la mer Noire + Atlantique

De la Baltique à la mer Noire et Atlantique sont les titres des deux premiers volumes de la collection « Odyssée, villes-portraits », publiés par ENS Editions sous la direction de Nicolas Escach et Benoît Goffin. Ils viennent de paraître en avril 2021 et l’éditeur annonce pour 2022 deux autres volumes : Arctique et Balkans. Disons-le d’emblée, c’est une réussite éditoriale, bâtie sur une collaboration originale entre des géographes et des artistes, pour faire dans chaque volume le portrait de dix villes entre géographie subjective et littérature de voyage.

Les auteurs (universitaires, écrivains, journalistes, architectes…) n’hésitent pas à donner leurs impressions et leurs ressentis pour mieux faire comprendre l’espace urbain décrit. Quant aux illustrateurs ils composent plusieurs types de dessin à partir de différents documents fournis par les auteurs pour rendre compte de la variété des configurations spatiales. Les dessins du volume De la Baltique à la mer Noire ont tous été réalisés par Marie Bonnin, ancienne élève de l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs. En revanche, les dessins du volume Atlantique ont été l’œuvre d’une dizaine d’anciens élèves de l’école Estienne (un illustrateur différent pour chacune des dix villes). (suite…)

Géopolitique de l’art contemporain. Une remise en cause de l’hégémonie américaine ?

Géopolitique de l’art contemporain. Une remise en cause de l’hégémonie américaine ? Nathalie Obadia, Le Cavalier Bleu, 2019.

Le patrimoine d’un pays ne se résume pas à sa géographie ou à ses richesses naturelles, industrielles ou technologiques. Il est aussi constitué de son « aura » culturelle au-delà de ses frontières. Au XXIe siècle, l’art reste plus que jamais, un marqueur de puissance pour un pays, dans le sens géopolitique du terme. Certes, l’utilisation de l’art comme vecteur de puissance a toujours existé, mais ce sont les Etats-Unis qui l’ont perfectionné pour devenir ce que le professeur Joseph Nye, en 1990, a appelé « soft power », défini comme instrument d’influence avec des moyens non coercitifs.

Ce soft power a appartenu au Vieux Monde avant d’être approprié par les E-U après le 2GM. Aujourd’hui se sont les nouvelles puissances économiques qui le convoitent, dont la Chine.
Quelques chiffres donnent le tournis : le marché de l’art, en 2017, représente un volume de 63 milliards de dollars, dont les E-U, la Chine et le Royaume Uni représentent à eux seuls 83 %, laissant à la France 7% et à l’Allemagne 2%.

Le 11 mars 2021, une œuvre d’art numérique signée de Mike Winckelmann (ou Beeple) s’est vendue chez Christie’s 58 millions d’euros. C’est le 3e artiste vivant le plus cher du monde.
On reste bouche bée devant cette démesure, au royaume de l’art contemporain.

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Nouveaux territoires, nouveaux noms de la France

Roger Brunet, Nouveaux territoires, nouveaux noms de la France, Hermann, 2021, 238 p., 32 €.

Poursuivant son ambitieuse entreprise toponymique commencée en 2016 avec Trésor du terroir. Les noms de lieux de la France (CNRS Editions), Roger Brunet consacre son dernier ouvrage à la néotoponymie française, c’est-à-dire aux milliers de nouveaux noms créés durant la dernière décennie pour désigner les nouveaux territoires administratifs (communes nouvelles et intercommunalités, nouveaux cantons, nouvelles régions, métropoles…), les nombreux territoires correspondant aux divers dispositifs d’intervention (zones, bassins, pôles, quartiers urbains, nouveaux espaces d’activités, parcs et sites…) et les schémas et périmètres de toutes sortes qui forment un véritable maquis particulièrement complexe. Comme Roger Brunet le souligne d’entrée, « le choix de ces noms n’est pas anodin. Il en apprend beaucoup sur leurs inventeurs, un peu sur les lieux, et il contribue même à éclairer la toponymie traditionnelle. » A l’aide de très nombreuses illustrations (80 cartes et croquis à différentes échelles), l’auteur conduit son étude selon un plan géographique bien adapté à ses objectifs pour conclure sans ambiguïté sur « l’illusion nominaliste » qui l’a trop emporté sur l’action. Tout compte fait, la toponymie est pour Roger Brunet un excellent moyen de réfléchir, parfois avec malice, aux difficultés de l’organisation et de la gestion des territoires français. (suite…)

ATLAS DES MONDES URBAINS

Cet atlas est l’œuvre du géographe Eric Verdeil, et de L’Atelier de cartographie de Sciences Po. Eric Verfeil est professeur des universités, chercheur au CERI (Centre de recherches internationales), et il enseigne à l’École   urbaine de Sciences Po, où il est responsable scientifique du master Stratégies territoriales et urbaines.

L’Atelier de cartographie réunit Thomas Ansart, Benoît Martin, Patrice Mitrano et Antoine Rio. Ils accompagnent, avec leur création graphique, les enseignants, les étudiants et les chercheurs. Cet ouvrage est paru en octobre 2020, aux presses de la Fondation nationale des sciences politiques. L’éditeur souligne qu’il a été imprimé en France, sur du très beau papier d’ailleurs, issu d’une gestion forestière durable et avec des encres végétales.

Dans un monde qui fascine autant qu’il inquiète, on peut tout remettre en cause, mais les solutions pour un avenir urbain moins destructeur de l’environnement ou socialement moins inégalitaire restent limitées. Merci à Eric et à l’Atelier de Sciences Po de nous proposer leurs réflexions.

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Alain CORBIN, Terra Incognita. Une histoire de l’ignorance. XVIIIe-XIXe siècle, Albin Michel, Paris, 2020.

Une fois de plus Alain Corbin nous surprend et nous séduit par l’originalité de sa démarche historique. Sur ce que nos ancêtres savaient de la Terre (nous parlerions aujourd’hui de sciences de la Terre, mais aussi de météorologie, d’océanographie, de glaciologie…), il ne fait pas une présentation des connaissances progressivement acquises. Il étudie ce qu’on en ignorait (par rapport à nos connaissances actuelles) et ce que cette ignorance impliquait dans le regard qu’on portait sur le monde. L’historien, plus que tout autre, doit se méfier du péché d’anachronisme. Alors qu’aujourd’hui nos contemporains les moins curieux sont familiers des nombreuses images de la Terre que nous envoient les satellites, les documentaires sous-marins et les bulletins météo, comment imaginer la perception du monde d’un paysan des plaines qui n’avait jamais vu un rivage ni un massif montagneux en réalité ou en image.

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Les Cafés Géographiques soutiennent la création du prix du livre de géographie

Création du Prix du Livre de Géographie des lycéens et étudiants de CPGE.
En 2020 a été créé le Prix lycéen du Livre d’Histoire, magnifique initiative qui a largement inspiré la création du Prix du Livre de Géographie des lycéens et étudiants de CPGE (Classes Préparatoires aux Grandes Écoles). Pour le Prix du Livre de Géographie des lycéens et étudiants de CPGE, un comité de sélection composé à parité d’enseignants dans le Secondaire, en CPGE et à l’Université, choisit les ouvrages en compétition.

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Jean RIEUCAU et Mohamed SOUISSI (sous la direction de), Les lieux symboliques complexes au Maghreb et au Machrek, L’Harmattan, 2020.

 

Pour éclairer le futur lecteur, il faut sans doute préciser ce qui se cache derrière le titre de cet ouvrage collectif, réalisé après un colloque tenu à Sfax en 2018. Des deux grands ensembles géographiques du monde arabo-musulman, le Maghreb a la part belle puisqu’un seul article concerne le Machrek avec un ensemble d’oasis du désert libyque (on est par contre surpris que la frontière guyano-brésilienne soit le sujet d’une communication). Les lieux sont symboliques par leur caractère religieux, leur longue histoire, leur diversité culturelle et ils sont complexes par leurs nombreuses utilisations successives ou simultanées.

Les lieux étudiés sont qualifiés d’« antimondes » car ne relevant pas des règles sociétales ordinaires ou définis d’ « hétérotopiques » car véhiculant un imaginaire en rupture avec le quotidien. Ils peuvent être des micro-lieux comme une avenue ou un tombeau ou des méga-lieux comme un ensemble d’oasis.

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