En 52 chapitres très courts, Marcel Cassou nous invite à découvrir, sinon à partager, la vie au quotidien d’une concession minière au Congo devenu RDC (République Démocratique du Congo).

Marcel Cassou est un polytechnicien qui a effectué une carrière industrielle puis bancaire. Il a déjà publié une demi-douzaine d’ouvrages dont : Le Transsaharien : l’échec sanglant des missions Flatters, Feu nucléaire sur l’Iran, Les routes de la faim, comment survivre au Sahel, Otages au Mali.

Dans cet ouvrage, trois mondes entrent en confrontation dans une concession qui abrite un gisement de quelques 50 minerais dont 17 métaux nommés « terres rares » et dont les nouvelles technologies sont si friandes :

– le monde occidental (ici la Belgique) qui colonisa une grande partie de la planète (1)
– le monde africain qui ne sait comment résister aux envahisseurs ou comment les subvertir (2)
– le monde chinois qui vient se substituer aux colonisateurs précédents (3)
Les personnages, réels ou fictifs, de cet ouvrage nous expliquent comment se déroule le travail lorsqu’un gisement est découvert : on doit forer, dynamiter, concasser, transporter les minerais, puis les séparer, les sécher, les exporter dans les ports le plus proches.

Avec ce récit qui est à la fois un reportage sur le terrain (Marcel Cassou a arpenté bien des fois, tel un géographe aguerri, des gisements miniers) et un roman « policier » plein d’humour, le constat amer est celui d’un monde à la dérive, corrompu du haut en bas de l’échelle sociale.

Un accord, signé en 2008 (4), a permis à la Chine d’installer une base minière dans la Province du Kivu de la République démocratique du Congo (5), pour y extraire ces terres rares, minerais de plus en plus indispensables pour de nombreuses industries (écrans de télévision, batteries, radars, moteurs des éoliennes, etc.). La Chine, qui est déjà le ptrmier producteur mondial avec 137 000 tonnes en 2024, veut garder son rang pour ces minerais, dont les réserves mondiales sont actuellement estimées à environ 197 000 tonnes, et à 261 000 tonnes en 2029. La taille financière de ce marché se monte à 16 milliards de dollars US en 2024 et pourrait atteindre 30 milliards en 2029.

La Chine maîtrise et domine l’ensemble de la chaîne de valeur, ne vendant quasiment plus de matières premières mais fabriquant des produits à forte valeur ajoutée. L’exemple le plus frappant est qu’elle produit 92 % des aimants permanents.

Mais que sera la vengeance annoncée dans le titre ? Le lecteur en découvrira les raisons et pourra alors méditer les 2 proverbes suivants, un africain (« Ce qui est plus fort que l’éléphant, c’est la brousse ») et un chinois (« La plus grande faute est de ne pas se contenter », de Lao Tseu).

NOTES :

1) A la Conférence de Berlin en 1885, qui définit les règles de la colonisation et du partage de l’Afrique entre les grandes puissances, le roi des Belges, Léopold II, a reçu, à titre personnel, le bassin du fleuve Congo. 177 peuples ou groupes ethniques se sont trouvés éparpillés sur plusieurs Etats.
2) Jusqu’en 1960, la colonisation belge fut d’une brutalité inouïe. Confiée à des intérêts privés, supervisée par des fonctionnaires royaux, ce fut une mise à sac, orientée sur la récolte du caoutchouc (pour l’industrie automobile européenne) et la collecte de l’ivoire.
3) En Chine l’année 2006 fut déclarée « année de l’Afrique ».
4) La Chine s’engage alors à investir 20 milliards de dollars paran pour développer les infrastructures et le commerce et en contrepartie elle reçoit l’accès aux matières premières dont elle a besoin. « C’est gagnant-gagnant » !
5) Notons que le Congo belge est devenu indépendant en 1960. Il prend le nom de Zaïre entre 1971 et 1997. Depuis 1997, il adopte le nom de République démocratique du Congo (RDC).

Maryse Verfaillie, juillet 2025