Café géographique du 11 janvier 2018 avec Mickaël CHÉTRY (université fédérale fluminense, rio de janeiro, Brésil )

La ville de Rio est au centre des attentions aujourd’hui et connaît une situation critique : l’État est en faillite, de nombreux fonctionnaires ne sont plus payés, le chômage augmente et on assiste à une recrudescence de la violence. On ne peut comprendre la crise alarmante touchant actuellement cette métropole internationale, dont l’agglomération compte pas moins de 11 millions d’habitants, sans revenir sur sa trajectoire historique et notamment le fait que pendant plus de 200 ans elle a été la capitale de l’empire puis de la république : pourquoi la crise nationale actuelle touche-t-elle tout particulièrement Rio de Janeiro ?

La particularité de cette ville réside dans le fait qu’elle a été conçue comme un espace national. Rio a été fondée en 1565 ; elle était originellement une petite ville portuaire et un poste militaire. La fondation de la ville repose sur un double enjeu stratégique : celui de sécuriser la côte pour protéger le territoire colonial portugais d’éventuelles intrusions, en permettant dans le même temps l’exploration et l’exploitation des ressources de l’intérieur des terres. La position géographique de la ville, à la fois ouverte sur la baie de Guanabara et surplombée par de hauts reliefs, répond particulièrement bien à ce double objectif.

Pendant un siècle et demi, la ville reste relativement modeste, ce qui change au XVIIe grâce à la découverte de l’or dans la région voisine qui deviendra l’État du Minas Gerais : l’axe économique de la colonie portugaise se déplace alors du Nordeste (jusqu’alors très dynamique grâce au cycle du sucre de canne) vers le Sudeste, ce qui élève Rio de Janeiro en position de principal centre d’exportation de métaux précieux. Le port voit aussi son flux d’importation d’esclaves et de nourriture accru. Cette transition économique s’accompagne en 1763 du transfert de la capitale du vice royaume de Salvador à Rio de Janeiro afin de mieux contrôler cette nouvelle économie et réduire les évasions fiscales. L’importance acquise par la ville portuaire mène à une diversification des activités économiques et des exportations, cependant l’intégralité des exportations reste alors destinée au Portugal.

En 1808, l’importance de la ville se renforce avec la venue de la cour portugaise, qui fuit les invasions de Napoléon Ier . Cet épisode accroît la centralité économique et politique de la ville : en effet, le seul effectif de la cour représente 15 000 personnes (alors que la population totale est estimée à 50 000 personnes), soit presque un tiers de la population urbaine. Le profil de la ville se voit aussi radicalement transformé : Rio connaît une diversification économique mais aussi sociale avec l’apparition de nouvelles classes telles que la bourgeoisie et l’aristocratie. D’abondants investissements publics commencent à affluer vers la ville pour subvenir à cette nouvelle population, permettant la construction de bibliothèques, de banques, de théâtres… Le poids et l’importance de la ville augmentent significativement, ce qui n’est pas sans effet sur l’espace.

L’âge d’or de Rio commence en 1822 avec la déclaration officielle de l’indépendance du Brésil. 1834 marque la consécration de la ville comme centre politique d’autant que le développement en parallèle du cycle du café, qui a un impact bien plus marqué que celui de l’or, fait encore croître le dynamisme économique de la ville : les richesses affluent abondamment vers la ville qui devient le principal port importateur et exportateur à l’échelle nationale ; la ville acquière ainsi une position de domination économique incontestable. Cette domination est aussi démographique puisque la population carioca connaît une croissance rapide : elle passe de 275 000 en 1872 à 520 000 en 1890. L’expansion démographique de la ville apporte cependant un certain nombre de difficultés, notamment des problèmes récurrents d’insalubrité, le développement de maladies et une aggravation générale des conditions de vie. En 1889, avec la proclamation de la République brésilienne, Rio devient capitale fédérale du pays. Afin de la rendre compatible avec son nouveau statut de capitale républicaine, elle va faire l’objet d’importants investissements de l’État visant à moderniser la ville. Sur le modèle de la reforme de Paris par Hausmann, on assiste à la construction de grandes avenues, à des opérations d’assainissement (création de canaux) et à des travaux d’embellissement (places, théâtres).

Mais cet âge d’or carioca débouche sur une lente décadence : dès le début du XXe siècle cette prédominance économique commence à s’éroder en raison d’un nouveau transfert économique qui s’opère au profit de la ville de São Paulo. Ce tournant a deux causes : il s’explique d’abord par la crise du café, moteur économique de la ville, liée à une surproduction et à une dégradation de l’état des productions, ainsi que par le bouleversement du commerce mondial dans le contexte de la première guerre mondiale ; les deux activités principales de la ville, à savoir le commerce caféiier et l’activité portuaire, sont affectées. Cela constitue le point de départ de la perte d’hégémonie économique de la ville au cours du XXème siècle.

Malgré tout sa fonction de capitale lui permet de conserver un certain dynamisme et d’attirer les investissements. La ville concentre des services sophistiqués liés au commandement économique et politique : elle héberge entre autres les sièges de grandes banques et de grandes entreprises étatiques comme Petrobras, ou Vale (à l’époque CRVD). Comme capitale, elle continue de recevoir des investissements publics en infrastructures dans la santé, l’éducation et les transports lui permettent de poursuivre sa modernisation.

Ainsi, la ville s’est construite comme un espace d’envergure nationale : tout d’abord comme principal port brésilien puis comme capitale qui en ont fait le centre culturel, économique, politique du pays. Mais cette tendance s’infléchit plus radicalement à partir des années 1960, avec le transfert de la capitale fédérale à Brasília en 1960. Cela constitue un véritable tournant dans la trajectoire de la ville : Rio devient alors une simple capitale d’État fédéré, ce qui conduit à une érosion non plus seulement économique mais aussi social, culturel et politique.

Ces effets du transfert de capitale ne sont cependant pas immédiats : ils ne se font véritablement ressentir qu’à partir des années 1980, caractérisées comme la « décennie perdue ». Le pays entier est alors touché par une inflation sans précédent et s’endette fortement. La ville de Rio se retrouve particulièrement affectée par cette crise nationale en raison de sa grande dépendance aux investissements publics et fédéraux, ce qui explique le lien très étroit entre la trajectoire du pays et celle de la ville. Rio est en effet très dépendant de l’État fédéral brésilien : 20 ans après le transfert de capitale à Brasília, dans les années 1980, elle accueillait encore 20% des sièges de l’administration fédérale, ainsi que les sièges de nombreuses entreprises publiques ; les quelques secteurs industriels de l’économie de Rio (sidérurgie, mécanique, chimique ou naval) sont dépendants du marché interne et des investissements directs de l’Etat (via des achats et des subventions). Ce profil de l’économie carioca explique pourquoi la crise des années 1980 crises se répercute intensément à Rio. Cette crise s’accompagne de l’augmentation du chômage, de la diminution des revenus, mais aussi d’une augmentation significative des populations des favelas. La ville connaît un long cycle de dégradations économique, sociale et urbaine, d’autant plus durement perçue par les cariocas habitués à l’imaginaire de la ville merveilleuse.

Le retour de la croissance et l’entrée du pays dans une conjoncture économique beaucoup plus favorable à partir des années 2000 ont largement bénéficié à Rio, si bien qu’on parle parfois de cette période comme du « miracle carioca ». La ville connaît un renouveau dynamique général : elle est désignée successivement pour accueillir le mondial de football de 2014 et les JO de 2016. Mais surtout ce dynamisme est lié au boom du pétrole : on assiste à une augmentation de la production avec l’expansion de production grâce à la découverte d’immenses gisements de pré-sel au large de la cote de Rio combiné avec l’augmentation du prix du baril. Les industries implantées à Rio bénéficient grandement de cet élan, industries pétrochimiques en particulier, mais aussi l’industrie navale (construction de plates-formes par exemple), créant dans le même temps de nouveaux emplois. Par ailleurs, municipalités et Etat vont voir leur budget augmenté sensiblement grâce aux versements de royalties en échange de l’exploration du pétrole. Cette manne financière va se traduire par des investissements publics massifs à Rio de Janeiro que ce soit de la part de la municipalité, de l’Etat ou du gouvernement fédéral conduisant à un cycle de régénération urbaine. On assiste, entre autres, à une grande modernisation des infrastructures de transport de la ville en lien avec l’accueil des grands événements sportifs ; la rénovation urbaine de la zone portuaire ; la mise en place véritable politique de sécurité publique avec l’implantation de police de proximité dans certaines favelas, les UPP (Unités de Police Pacificatrices).

Cette reprise économique sera toutefois de courte durée ce que va mettre en évidence la crise que traverse la ville et le pays depuis 2014. Plus généralement, celle-ci révèle les fragilités économiques structurelles de Rio de Janeiro. C’est une économie faiblement industrialisée et fortement dépendante du marché des matières premières (à l’image du pays dans son ensemble) et en particulier du pétrole. Or en 2014 le prix du baril s’effondre : il passe de 140$ en 2009 à 50$ aujourd’hui, ce qui entraîne inévitablement une baisse des investissements et des recettes publiques. C’est le revers du phénomène de reprimarisation de l’économie du Brésil. Cette dépendance est décuplée à Rio puisque 90% des exportations et 60% du budget de l’État de Rio dépendent du pétrole. Cette situation critique a de multiples effets, comme l’arrêt des politiques sociales, de sécurité (les UPP), ainsi que le profond retentissement sur tous les emplois liés au secteur du pétrole. La crise de l’industrie pétrolière et navale a en effet pour conséquence majeure l’augmentation nette du chômage.

Ainsi, au-delà des interprétations conjoncturelles (corruption, aux dépenses astronomiques des Jeux Olympiques) souvent avancées pour expliquer la crise actuelle, on ne peut omettre que si celle-ci touche fortement Rio de Janeiro (comme les précédentes d’ailleurs) c’est en grande partie en raison de la fragilité structurelle de son économie. Et celle-ci trouve ses origines dans la trajectoire singulière de cette ville qui a été pendant plus de 200 ans la capitale du Brésil et qui la rendue extrêmement dépendante aux investissements et aux décisions de l’État Fédéral. Cependant il faut se rappeler que sous cette fragilité économique se cachent des (non) choix politiques, eux-mêmes largement influencés par son héritage de capitale.

QUESTIONS

Q: Depuis peu, la municipalité de Rio est dirigée par Crivela, un maire qui est aussi évêque évangélique ; en quoi ce mandat peut-il être représentatif de la crise politique actuelle qui se double d’une crise morale ?

Cet exemple est tout à fait symptomatique de cette double crise que connaît actuellement le Brésil. Il faut cependant remettre l’élection du maire dans son contexte : Crivela, soutenu par une bonne partie des classes populaires de la périphérie, a été élu face à un candidat du PSOL, un parti de gauche aux positions très progressistes, soutenu par le parti communiste. Cela renvoie plus globalement à une certaine crispation de la société brésilienne : on observe en effet une polarisation importante de la société, le débat a une très grande tendance à tourner à l’affrontement plus qu’à la discussion d’idée, ce qui constitue un véritable obstacle dans le champ politique. Cet exemple est aussi assez symptomatiquede la force de l’électorat évangéliste, notamment dans une ville pourtant reconnue pour sa culture festive et ouverte.

Q. : Le groupe médiatique Globo, qui est né à Rio, semble détenir un pouvoir spectaculaire : peut-on en parler comme d’un « quatrième pouvoir » ?

Le siège du groupe médiatique Globo est un des éléments qui permettent de parler de Rio comme de la capitale culturelle du pays. Globo possède le principal journal de Rio et du pays, mais surtout le plus important réseau de télévisions et de médias. Il détient un quasi-monopole médiatique et, en effet, une très grandeinfluence notamment sur les questions sociales avec les novelas mais surtout politiques : le mouvement de destitution de Dilma Rousseff ou le traitement des manifestations de 2013 permettent de constater la position politique affichée de ce média et son pouvoir de diffusion de ses idées. Lula, qui projette de se présenter à nouveau pour les prochaines élections, a justement l’intention de réglementer ce marché médiatique.

Q. : Le mouvement de contestation dans les transports publics, qui s’est ensuite diffusé à plusieurs autres villes brésiliennes, fait partie des déclencheurs de la crise générale actuelle. Il fait partie des missions de services publics dont la défaillance peut avoir des effets sociaux retentissants : qu’en a-t-il été à Rio ?

La contestation a commencé avec l’augmentation du prix des tickets de transport à São Paulo. Ce mouvement s’est amplifié et s’est diffusé à d’autres villes comme Rio en réaction à la forte répression policière contre les manifestants à São Paulo. Plus largement, il devenait un élan de contestation et de revendication d’une meilleure qualité de vie dans les grandes villes, preuve qu’alors même que des sommes astronomiques étaient dépensées dans les travaux d’infrastructures liés à l’accueil de la coupe du monde et des jeux olympiques à Rio, la qualité de vie des villes continuait à se dégrader dans les transports, les hôpitaux, l’éducation… Le mouvement a eu pour effet de cristalliser le mécontentement social et il est assez annonciateur de la crise actuelle, dans la mesure où dès cette période commençaient à apparaître des signes de faiblesse économique. Par ailleurs, certaines analyses postérieures montrent qu’une frange des manifestants avait une visée beaucoup plus politique qu’il n’y paraissait, en s’inscrivant largement dans une démarche de contestation à Dilma Rousseff, qui se fera réélire de très peu en 2014;. On peut aussi faire le rapprochement avec un certain ressentiment de la classe moyenne qui cherchaient à se distinguer de ce qu’on a appelé la  « nouvelle » classe moyenne issue de la croissance économique et des politiques sociales qui ont eu lieu sous le gouvernement du PT , et aujourd’hui retournée dans la catégorie des classes populaires avec la crise.

Q : La comparaison fréquente avec d’autres mouvements dans certaines grandes villes, comme Occupy à New York ou Hong Kong, n’est donc pas si évidente ?

Ce rapprochement est en effet fréquent. Mais à mon sens Occupy s’inscrit plutôt dans la recherche de solutions alternatives et la dénonciation d’un système politique et économique qui ne fonctionnement plus. IL a été montré que ce mouvement brésilien était beaucoup plus hétérogène allant de revendications très concrètes pour l’amélioration de la qualité de vie à une contestation contre le gouvernement Dilma et l’ensemble du PT par des secteurs plus conservateurs ; ce n’est pas étonnant au vu de la longévité notable de la gouvernance du PT, au pouvoir pendant 14 ans.

Q : On peut donc inscrire ce mouvement dans le grand mouvement de balancier actuel en Amérique latine, caractérisé par la remise en cause généralisée des pouvoirs démocrates progressistes ?

En effet, avec la destitution de Dilma Roussef on peut faire la comparaison avec l’Argentine de Macri, ou avec le Chili de Pinera. Mais la situation est complexe : la crise politique est aiguë, les scandales de corruption éclatent de toute part. Temer a actuellement 3% d’opinion favorable, mais peu lui importe puisque son objectif est avant tout d’imposer la rigueur et de servir les élites qui avaient perdu leur mainmise sur le pays .

Peut-on parler d’une compétition entre Brasília et Rio de Janeiro ?

Pas vraiment. Rio de Janeiro c’est la vitrine du Brésil avec ses plages, sa vie culturelle et festive, , le Christ rédempteur, les touristes, etc…), alors que de Brasília est très centrée sur sa fonction administrative et politique. Aussi les deux villes ne sont pas sur le même registre : il ne semble donc pas y avoir de compétition entre les deux villes à proprement parler.

Q : Souvent, on constate en période de crise un report vers la périphérie, parfois plus éloignée , des dynamismes, des catégories sociales élevées ; observe-t-on un tel phénomène de basculement centre-périphérie dans le cadre de Rio, voire à l’échelle de l’État tout entier ?

La crise touche l’État dans son ensemble mais 75% de la population et 75% des richesses de l’État de Rio se concentrent dans la seule métropole de Rio de Janeiro, ce qui lui donne une grande visibilité et un écho bien plus important que le reste de l’État.

Il s’agit de rappeler que la ville de Rio a longtemps été séparée administrativement de ce qui est aujourd’hui sa périphérie et le reste de l’Etat, de par son statut ancien de capitale fédérale : ainsi il y a toujours eu un déphasage de développement entre Rio et le reste de l’Etat, qui n’a pas bénéficié au long de ces années du dynamisme économique de la capitale. L’essor du pétrole a permis d’opérer un changement par la spécialisation de villes aux alentours de Rio dans le secteur pétrochimique ; il a donc joué un rôle dans cette déconcentration de la dynamique économique mais aussi démographique vers le reste de l’État. Ainsi, quelques îlots de prospérité économique se sont constitués dans l’Etat, mais ceux-ci restent largement ponctuels.

Au sein de la métropole, on peut parler d’une dynamique de centre-périphérie qui se traduit par une disparité importante entre la ville de Rio et sa périphérie. Ce modèle s’est constitué entre 1940 et 1980, au moment de l’expansion de la métropole qui s’est faite de manière précaire et inégale. Ces disparités se sont quelques peu atténuées grâce à des investissements plus importants dans la périphérie par l’amélioration du système de transport ou des infrastructures. Mais la dynamique globale reste une dynamique de développement assez inégale, qui viabilise encore le modèle centre-périphérie.

En terme d’écart entre les habitants, qu’en est-il des favelas ? Ont-elles toujours l’apparence stéréotypée de quartiers sous-développés , sous-intégrés, ou ont-elles connu des évolutions, des améliorations ?

Les favelas de Rio sont très hétérogènes, elles diffèrent notamment en fonction de leur emplacement dans la ville et de leur ancienneté. Dans les dernières années, les autorités ont entrepris plusieurs programmes d’urbanisation des favelas. Plus récemment a été mené une politique de pacification des favelas, sorte de police de proximité, dans le contexte de l’accueil des grands événements sportifs. Tout cela a permis une amélioration relative des conditions de vie dans celles qui ont bénéficié de ces politiques : les « mieux placées », souvent situées dans les zones résidentielles valorisées ou « les plus exposées » ce qui a permis aussi d’attirer des investissements privés dans certaines d’entre elles, en particulier dans le tourisme. Mais à côté de ces favelas pacifiées, d’autres favelas présentent un visage beaucoup plus précaire notamment dans la périphérie : on retrouve les composantes stéréotypées : la violence quotidienne et des conditions de vie et d’infrastructures plus précaires…

Par ailleurs, avec l’État en faillite la politique de pacification est quasiment à l’arrêt et, on assiste au retour de gangs et la multiplication des conflits dans les favelas. Ce « retour de violence » fait aujourd’hui couler beaucoup d’encre. si elle impacte la ville dans son ensemble, les premières victimes sont bien évidemment les habitants des favelas.

Combien représente la proportion des favelas « vraiment pauvres » à Rio ?

On estime qu’un peu plus de 20% de la population de la ville de Rio de Janeiro vit aujourd’hui dans les favelas. Mais ce chiffre est certainement sous-estimé et ne prend pas en compte les communes périphériques. Les données montrent que les périodes de crise présentent un impact urbain visible, qui se traduit par l’augmentation de la population dans les favelas par rapport à la population de la ville, notamment dans les zones périphériques qui présentent encore des espaces libres. A l’inverse, les favelas consolidées des zones plus centrales connaissent aujourd’hui une croissance limitée par faute d’espace.

Ces nouveaux habitants des favelas sont-ils plutôt originaires des villes ou des campagnes ?

Durant la phase de forte expansion urbaine de Rio, la majorité des migrants étaient originaires du Nordeste, qui quittait les campagnes pour venir travailler dans les grandes villes. Depuis les années 1980, on assiste à un changement : les mouvements de populations sont désormais essentiellement intra-métropolitains. Les frontières sont assez poreuses, certains arrivants peuvent très bien venir de la ville formelle.

CR établi par Laetitia Quévy vérifié et validé par Michaël Chétry.