Compte rendu du Café Géographique du 24 novembre 2015 à Paris (Café de Flore)

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Ce mardi 24 novembre, la salle du premier étage du Café de Flore est comble pour  un café géo consacré au sujet de géographie de l’année 2015-2016 des classes préparatoires au concours de l’ENS Ulm. Plutôt que l’intitulé officiel (« Géographie des patrimoines et des patrimonialisations ») le café géo a préféré un libellé un peu différent pour souligner la diversité de la notion de patrimoine et des processus de patrimonialisation (« Patrimoine et patrimonialisation, de l’objet à la relation »).

Deux éminentes spécialistes de cette question ont été invitées : Maria Gravari-Barbas, Professeur de géographie à l’IREST (Institut de Recherche et d’Etudes Supérieures du Tourisme) de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et Edith Fagnoni, Professeur de géographie à l’Université de Paris-Sorbonne-Paris 4. Elisabeth Bonnet-Pineau est chargée d’animer la soirée.

Elisabeth Bonnet-Pineau commence par introduire le sujet. Elle rappelle la définition du patrimoine relevée dans le Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés de Jacques Lévy et Michel Lussault : « Ce qui est censé mériter d’être transmis du passé, pour trouver une valeur dans le présent » (…) « Le patrimoine est un ensemble d’attributs, de représentations, de pratiques fixé sur un objet non contemporain (chose, œuvre, idée, témoignage, bâtiment, site, paysage, pratique) dont est décrétée collectivement l’importance présente. » Puis la définition de la patrimonialisation : « processus s’appliquant aussi bien à un objet qu’à une réalité idéelle », définition qu’on peut compléter par celle d’Edith Fagnoni, pour qui « la patrimonialisation est un processus de reconnaissance et de mise en valeur d’édifices, d’espaces hérités, d’objets et de pratiques », et d’ajouter l’attribution d’une valeur et d’un sens collectif d’appartenance commune.

La problématique du patrimoine est d’abord l’affaire des historiens avec le rapport Guizot de 1830 sur le classement des monuments historiques, et la loi de 1913 sur les monuments historiques qui reste à ce jour le fondement du dispositif de la protection et de la conservation du patrimoine monumental et mobilier. La loi Malraux de 1962 étend la procédure d’inventaire à «  l’ensemble des monuments et  richesses artistiques de la France ». Bien après les historiens, les urbanistes, les sociologues et les ethnologues, les géographes vont s’impliquer dans la question du patrimoine par le biais de l’aménagement et du développement local, des constructions identitaires, des jeux d’acteurs, des conflits, des jeux de pouvoir, etc.

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