Le FIG (Festival international de géographie) a fêté en 2023 sa 34e édition. Le thème choisi cette année m’intriguait : Urgences. Le pays invité était le Chili.
Le FIG (Festival international de géographie) a fêté en 2023 sa 34e édition. Le thème choisi cette année m’intriguait : Urgences. Le pays invité était le Chili.
Café géo du 30 septembre 2016 au K. Kiss Bar (Saint-Dié-des-Vosges)
Fast Cash, Fast Track, Fast and Furious… Comment la ville va plus vite ? avec Renaud Le Goix
A l’occasion du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges édition 2016, Renaud Le Goix, professeur de l’Université Paris 7 Paris-Diderot, a choisi un titre peu banal pour son Café géographique : « Fast cash, Fast Track, Fast and Furious … »
Debout, devant un public nombreux réuni au K. Kiss Bar, il s’est interrogé sur « Comment la ville va plus vite ? ».
Renaud Le Goix présente d’abord son expérience américaine.
Il a vécu à Los Angeles et ironise sur le tout automobile qui a couvert l’agglomération d’autoroutes… elles-mêmes saturées de voitures… alors va-t-on vraiment plus vite à L.A. ? Le tramway du début du siècle avait laissé la place à l’automobile. Aujourd’hui, le tram est de retour (depuis 1990, light rail) dans l’agglomération et jusqu’à Santa Monica (Expo line, 2012). Et depuis 1993 il y a même le métro ! Eternel recommencement !
Renaud Le Goix s’amuse ensuite (et le public avec lui) à justifier son titre « ébouriffant ». La vision du film Speed (1994) a surdéterminé sa vision de la métropole angelenos alors qu’est mise en scène les parcours de mobilité. Le film résume bien les contradictions du rapport de la métropole de L.A. et de la vitesse. Le film raconte l’épopée d’un bus de la ville de Santa Monica (Big Blue Bus) dans lequel une bombe a été placée, bombe qui doit exploser si la vitesse du bus tombe au-dessous de 55 mph. Le bus doit rouler sur des autoroutes urbaines saturées et bouchées, conduisant le spectateur dans un tour de L.A., depuis Santa Monica jusqu’au Downtown par l’autoroute 10, puis du centre vers l’aéroport LAX (freeways 110 et 105). Au-delà du prétexte initial, cette fiction rend compte d’une réalité vécue par de nombreuses métropoles américaines, les pressions exercées par le lobby automobile (les constructeurs automobiles, les industries pétrolières, les entreprises de pneumatique…) dans les années 1930 pour y supprimer les réseaux de tramway (ces firmes sont condamnées en 1959). L’argument développé est que le transport en commun est trop lent et gêne le transport automobile… Aujourd’hui, le mouvement est inverse avec le retour des transports en commun dans les grandes métropoles américaines mais aussi dans les métropoles européennes.
Renaud Le Goix évoque ensuite Fast and Furious (dont le premier opus est dédié à la ville de Los Angeles) film qui raconte un concours de voitures entre gangs rivaux, infiltrés par des policiers. Le réalisateur du film s’est tué peu après au volant d’une Porsche … à grande vitesse.
Tous les ans, au début de l’automne, la géographie donne rendez-vous à ses aficionados à Saint-Dié-des-Vosges. Cette année, c’est la 26e édition du Festival International de Géographie avec au programme « Les territoires de l’imaginaire. Utopie, représentation et prospective » et l’Australie comme pays invité. Pendant trois jours, conférences, tables rondes, cafés géographiques, Salon du Livre, Salon de la Géomatique, Salon de la Gastronomie, animations de toute sorte, lectures et débats de toute nature, drainent un public important, d’autant plus que cette année le beau temps s’est invité et que le thème de l’imaginaire choisi pour cette édition interpelle de nombreux participants.
En effet, le FIG s’est consacré au fil des ans à des sujets souvent « classiques » tels que des continents, des activités économiques, des milieux, etc., même si quelquefois des thèmes plus originaux comme la santé en 2000 et les religions en 2002 ont également été proposés. Mais un quart de siècle après sa création, le FIG a choisi de traiter de l’imaginaire, suscitant des réactions très diverses, souvent de l’enthousiasme, parfois de l’étonnement, plus rarement de la réprobation. Enfin ! Pour les uns : « La géographie assume sa mue esquissée depuis les dernières décennies, ce n’est pas trop tôt ! ». Ah bon ? Disent d’autres : « mais qu’est-ce que la géographie vient faire dans cette galère ? ». Pour ma part, il n’y a aucun trouble mais au contraire une adhésion enthousiaste à explorer les multiples facettes de l’imaginaire à l’aide des lunettes de la géographie.
Saint-Dié, Bar de l’Hôtel de France, 4 octobre 2007
Introduction de Pierre Gentelle
Si j’ai proposé un tel sujet pour la réunion de ce soir, ce n’est pas pour parler des Chinois en tant que chinois. C’est pour que nous nous en servions d’exemple, de manière à tester ensemble notre position personnelle sur la grande question de l’identité. Qui suis-je, où vais-je ? Qui associé à où, cela sent furieusement la géographie. Montesquieu avait déjà posé la bonne question : « mais comment peut-on être persan ? ». Ce qui ne l’empêchait pas, dans ses Lettres persanes, de prendre comme protagoniste principal son cher Ouzbek qui, comme son nom l’indique, est un Turc. Aujourd’hui, la question de l’identité fait débat en France. Je voudrais donc apporter dans le débat, au passage, un regard porté par un non-chinois sur un pays lointain, la Chine, à partir d’une attitude la plus neutre, la plus « scientifique » possible, au sens des sciences humaines, ce qui signifie que nul ne peut s’y affranchir de sa subjectivité.
Dans le territoire de la Chine, cet empire aux dimensions maximales et à la population maximale, il y a trois sortes principales d’habitants : ceux de la capitale et de tout ce qui fait capitale, ceux des « pays » peuplés par ceux qui acceptent d’être appelés aujourd’hui les Han, ceux enfin de la périphérie qui constituent le reste, l’équivalent – mutatis mutandis – des colonies françaises pour la France.